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uns prétendant qu'il faut lire S. Uriac. Nous croyons qu'il n'y a pas de doute possible, car: 1° les gens du peuple prononcent Saint Teria, ce qui nous reporte parfaitement à la forme Turiavus. Le c orthographique a dû s'introduire par analogie avec les terminaisons de ce genre si communes dans cette partie de la Bretagne. M. Loth me signale St Sulia Suliaw, transformé en St Suliac; 2° nous avons d'anciennes pièces qui remontent au XIII° siècle et dans lesquelles ce village est appelé bourg de Sancto Turiano, ou de Sancto Turiavo (1).

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VII. SAINT-THURIAN ET SAINT-THURIEN

S. Turiaw est le patron de Saint-Thurian, paroisse du Morbihan. Il est bon de remarquer que les paysans prononcent Sant Teliai, Teriai, qui sont, m'apprend M. J. Loth, les formes haut vannetaises régulières de Turiaw.

Il ne faut pas confondre cette paroisse avec celle de StThurien, qui a d'ailleurs le même patron et qui se trouve dans le Finistère.

M. J. Buléon croit qu'il faudrait écrire plutôt St Urien. M. Loth regarde cette lecture comme certaine et compare Lann-Urien.

VIII. LANVOLLON

La vie du saint dit qu'il fut originaire du bourg où se trouve le monastère de Vallon.

D'où l'on a conclu que le bienheureux naquit à Lanvollon (diocèse actuel de Saint-Brieuc).

En tout cas l'on a placé dans cette église une statue de St Turiaf, à l'autel du Sacré-Cœur!

(1) Fondation par Brien de Boismoran à l'abbaye de Boquen (t. III, p. 250). Donation du prieuré de St Turiac à l'abbaye de Léhon (t. IV, p. 370) in Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy. Anciens évêchés de Bret.

IX. AUTRES PAROISSES

En plus, S. Turiaw est patron de Berric, de Crac'h, de Plumergat.

Il a des chapelles à Baud, à Plévin, à Plougoumelin, à Plounévez-Moëdec, à Plumieux.

Enfin à Lamballe, il a une statue du XVIIe siècle.

Il est invoqué par le populaire pour la guérison de la fièvre. (D'après M. Gaultier du Mottay, Essai d'iconographie et d'hagiographie bretonnes in Mém. de la Soc. archéol. des Côtes-du-Nord, t. III, Saint-Brieuc, Prud'homme, 1857-1869). Dans son calendrier des saints bretons, M. René Kerviler ajoute qu'il est invoqué pour purifier l'air.

(Annuaire de Bretagne, Rennes, Plihon-Hervé, 1897.)

Il est fàcheux qu'on n'ait pas précisé dans quels lieux de la Basse-Bretagne le bienheureux obtient ce culte des paysans. Mais comme les invocations populaires reposent presque toujours sur des jeux de mots, nous ne devons pas oublier, pour l'explication de celles dont nous venons de parler, que les prédicateurs ont dû répandre la fameuse étymologie thuriavus = filius thuris (et par suite Thuriau destructeur de miasmes) et que l'analogie de Turian avec le vannetais terhyan (= fièvre) a suffi pour transformer notre saint en médecin de cette maladie.

X. LANDIVISIAU

M. Cariou, curé de cette paroisse, a composé un cantique breton (1) en l'honneur de S' Thivisio, « archevêque de Dol », et a bien voulu me donner les renseignements qui suivent.

« Pour mes paroissiens, S' Turiau s'appelle S Thivisiau. >>> Nous avons ici en son honneur une belle fontaine, et deux

(1) Imprimé à Brest, chez Dumont.

476 DOCUMENTS LITURGIQUES SUR SAINT TURIAW, ÉVÊQUE-ABBÉ.

>> belles statues, l'une en granit et l'autre en vieux chêne. Ses >> reliques sont portées tous les ans par des notables de la » paroisse au jour du grand pardon, qui se fait le dimanche » qui suit le 11 juillet, jour de la fête du saint dans notre » diocèse actuel de Quimper (1) ».

APPENDICE

Aux diverses formes du nom de Turiaw qui ont été indiquées au cours de cette étude, nous pouvons ajouter les suivantes :

St Thuriaf,

St Truffer,

(in M. Gaultier du Mottay, loc. cit., mais je laisse à cet auteur la responsabilité de la seconde identification).

St Turreau,

(in Cahier, Caractéristiques des saints dans l'art populaire, t. II, p. 859).

Le nom de famille Thuriot ou Turiot pourrait bien avoir pour ancêtre Thuriavus.

Je n'ai vu St Thuriaw représenté qu'avec les insignes d'évêque ou d'archevêque. Cependant le jésuite Cahier, dans son beau travail sur les Caractéristiques des saints dans l'art populaire (Paris, Poussielgue, 1867), le met parmi les bienheureux représentés avec les attributs de la profession pastorale (t. I. p. 134) ou avec une colombe sur l'épaule (t. I, p. 241).

(1) Les paroissiens de M. Cariou sont évidemment innocents de cette confusion. Leur saint est S Thirisiau, que quelque lettré mal inspiré aura identifié avec St Turiau. (J. LOTH).

L'ADMINISTRATION

DU DUCHÉ DE BRETAGNE

SOUS LE REGNE DE JEAN V

(1399-1442)

(Suite et fin).

CHAPITRE II

LA NOBLESSE ET JEAN V

I. Jean V triomphe des anciens apanagistes et, s'il n'évite pas assez, peut-être, d'en créer de nouveaux, cette faiblesse n'a pas de fâcheuse conséquence pour l'autorité ducale. II. Il exerce, avec habileté et modération, tous ses droits sur les grands seigneurs. - III. L'exercice des droits des seigneurs, dans leurs propres domaines, est subordonné à son autorisation expresse. — IV. Les nobles ne lui sont pas moins entièrement dévoués et se montrent heureux de se mettre à son service. Il est pour eux moins un suzerain qu'un véritable maître.

Les grandes maisons féodales bretonnes sont, en face du duc, dans une situation qui n'est pas sans analogie avec celle des grandes maisons féodales françaises, un ou deux siècles plus tôt leurs chefs, des barons puissants, presque aussi puissants que leur suzerain et qui ne tiennent de lui leurs terres que par une sorte de fiction, doivent pourtant reconnaitre son autorité. Mais, au lieu de ne l'accepter qu'en frémissant, comme les grands seigneurs français du XII et du XIIIe siècle, les grands

seigneurs bretons du XVe siècle ne font pas difficulté de se soumettre à leur prince; tout au plus contestent-ils quelques détails de leur obéissance. La petite noblesse est encore plus docile elle ne demande qu'à servir. Aussi, en général, Jean V a-t-il peu à faire pour maintenir ou accroître son pouvoir sur tous ses nobles.

I

Les embarras causés en France à la royauté par les représentants de la plus haute noblesse venaient, alors, surtout des apanages. En Bretagne, les apanages causèrent à Jean V des embarras analogues, quoique moins graves, et dont il triompha assez aisément.

Contrevenant aux prescriptions de l'Assise au comte Geffroy(1), Jean III(2) avait commis l'imprudence, en 1317, de relever, au profit de son frère Gui, l'apanage de Penthièvre (3). Cette faiblesse avait eu pour conséquence de bouleverser la Bretagne pendant un demi-siècle (4), et Jean V lui-même avait eu à subir les dernières secousses de cette agitation. Il est vrai que, tout jeune, il ne sut pas d'abord contenir ses sentiments à l'égard de ces Penthièvre qu'on accusait d'avoir empoisonné

(1) Cette Assise fameuse ordonnait, par son art. Ier, que « l'ainzné tenust enterinement la seignorie et porveist aux joveignors et lor trovast ce que mestier lor seroit selun sun poier » PLANIOL, op. cit., Ass. et Const., no 1, art. 1, p. 323. La pseudo-ordonnance du Jean II avait confirmé cette prescription pour les baronnies: «Baronnie ne se depart mie entre freres. » PLANIOL, op. cit., Text. div., no III, p. 474.

(2) Jean III, descendant à la quatrième génération de Pierre Mauclerc, régna de 1312 à 1341.

(3) Cet apanage avait été constitué en 1034 par Alain III en faveur de son frère Eudon; c'est l'héritière de ce domaine apanager que Gui, frère de Jean III, épousa.

(4) La fille de Gui et de l'héritière des Penthièvre, reconnue par Jean III comme son héritière au détriment de son frère Jean de Montfort, vit celui-ci lui disputer la possession du duché. Elle et son mari, Charles de Blois, luttèrent jusqu'à la mort de ce prince (1364); même alors Jean IV, fils de Jean de Montfort, ne jouit pas en paix de sa conquête; une guerre qui dura plus de vingt ans (1372-1395) faillit lui être fatale: Charles V songea à confisquer le duché.

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