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grande utilité, sur-tout le premier, qui nous servira de guide en cette matière.

Les anciens habitans de l'Europe ne savaient ni lire ni écrire. Ils avaient cela de commun avec la plupart des autres nations de la terre, qui ont ignoré cet art pendant long-temps. Parmi les anciens Thraces, dit Elien (1), il n'y en avait aucun qui connût les lettres; en général, tous les barbares établis en Europe regardaient comme la chose du monde la plus basse et la plus honteuse de s'en servir, tandis que l'usage en était commun parmi les barbares de l'Asie. Les Prêtres du paganisme, au lieu de combattre cet étrange préjugé, l'appuyaient de tout leur pouvoir. Suivant César (2), les Druides ne voulaient pas que les sciences dont ils étaient dépositaires devinssent communes; ils insinuaient au peuple que la mémoire se perdrait aussitôt que l'on commencerait à se confier au papier; que personne ne voudrait plus se donner la peine d'apprendre par cœur ce qu'on pourrait trouver en tout temps dans les livres.

(1) Elianus, Variæ Hist. L. 8, cap. 6, pag. 535, edit. Gronovii, 1731, in-4.o Ex veteribus Thracibus neminem aiunt litteras novisse; immo turpissimum esse putarunt omnes Europam inhabitantes barbari, litteris uti. Asiatici vero, ut traditur, magis sunt iis usi.

(2) Cæsar. Comment. de Bello Gall., L. 6, cap. 14, pag. 220, edit. Lugd. Batav. 1713. Neque fas esse existimant ea literis mandare, quum in reliquis fere rebus, publicis privatisque rationibus, Græcis literis utantur. Id mihi duabus de caussis instituisse videntur; quod neque in vulgus disciplinam efferri velint; neque eos qui discunt, literis confisos, minus memoriæ studere, quod fere plerisque accidit, ut præsidio literarum, diligentiam in perdiscendo, ac memoriam remittant.

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A l'égard des nations qui demeuraient dans le milieu de la Germanie, et qui n'entretenaient aucun commerce avec des peuples policés, il semble que les lettres leur étaient inconnues. Les hommes et les femmes, dit Tacite (1), ignorent également le secret de l'écriture. Dans la vie de Charlemagne, on remarque qu'il y avait sous la domination de ce Prince des peuples dont les lois n'avaient pas encore été rédigées par écrit (2). On est porté à croire qu'avant leurs émigrations, les Francs ne connaissaient pas l'art d'écrire (3). Ils chantaient, comme les Germains auxquels ils sont assimilés (4), des vers en l'honneur

(1) Tacit. de Morib. Germanor., cum Comment. Lipsii, lit. A, pag. 443. Litterarum secreta viri pariter ac fæminæ ignorant. Lipsius aliique de litteris occulte missis interpretantur.

(2) Du Chesne, Histor. Francor. Scriptor., tom. II, pag. 103. Omnium tamen nationum, quæ sub ejus dominatu erant, jura, quæ scripta non erant, describere ac litteris mandare, fecit.

(3) G. Joan. Vossius, de Hist. Latin. L. 2, in Hunibaldo, pág. 255. Nec enim veteres Germani gesta sua mandabant litteris, quas nesciebant. Vide etiam Genebrard. ad an. 428.

(4) Hickesius, in Thesauro Linguar. Septentrion., cap. 1, pag. 1 et seq., tom. I, part. 2, apposite sermocinatur : Quemadmodum enim Theotisca lingua, qua usi sunt Francones, Karlo M. regnante, vetus Germanica seu Theotonica ( alias Teutonica) nunc dicitur: sic Gothica illa magis primæva sive vetustior Theotonica, quam magnifico ore, non tantum Ariovisto regnante, ante MDCCXL annos, sed quam Faramundo imperante, ante mille et ducentos circiter annos, locuti sunt Germani, vetus quoque Theotisca sive Germanica non poterat non dici, quo tempore Eginhartus scripsit, nono scilicet sæculo; carminaque et poemata in ea, quibuscunque finge litteris scripta, non potuerunt non æque barbara apud Francos, nobilissimam Germanorum gentem, tunc temporis sonare, ac Otfridi carmina ante octingentos circiter annos condita, apud posteros eorum non tantum Franco-Gallos, sed Franco-Germanos jam nunc sonant.

de leurs Dieux et de leurs héros, dit Tacite (1), ce qui leur servait de monumens et d'annales; celebrant carminibus antiquis (quod unum apud illos memoriæ et Annalium genus est) Tuistonem Deum terra editum, et filium Mannum, originem gentis conditoresque. Au rapport d'Eginhart (2), Chancelier de Charlemagne, ce grand Prince recueillit leurs chants barbares pour les transmettre à la postérité. A l'entrée des Francs dans les Gaules, leur langue, mêlée avec la Moeso Gothique et l'Anglo-Saxone, en dut éprouver plus facilement des altérations et des changemens, et elle dégénéra en plusieurs dialectes dont le Flamand et le Hollandais sont en partie dérivés. Il n'est pas aisé de fixer l'époque à laquelle il faut rapporter le premier écrit en Tudesque: est-ce à celle de Charlemagne ? Du moins, on ne connaît dans cet idiome aucun écrit, que je sache, antérieur au huitième siècle. Pour ce qui concerne les Diplomes émanés en Flamand, ils ne datent que du treizième siècle. On croit communément que la première Chartre écrite en Flamand est de Henri I.er, Duc de Brabant, et de son fils aîné, en 1229 (3); elle est relative à des affaires de ce Duché.

(1) Tacitus, de Moribus Germanor., cum Comment. Lipsii, lit. C, pag. 434. (2) Eginhardus, in Vita Caroli Magni: Barbara et antiquissima carmina quibus veterum Regum actus et bella canebantur, scripsit memoriæque mandavit. Vide Du Chesne Histor. Francor. Scriptor., tom. II, pag. 103.

(3) Cette Chartre contient des priviléges accordés à la ville de Bruxelles. L'original, en Tudesque, existait autrefois dans le trésor des priviléges de cette ville. Divæus en donne une notice en Latin, dans son Abrégé de l'Histoire du Brabant, Rerum Brabanticarum Libri XIX, pag. 113 et 114. L'ouvrage Flamand, intitulé Luyster van Braband, pag. 37 et 38, nous en a conservé une copie authentique en langue Flamande.

Le premier Diplome en cette langue, qui appartienne à la Province de Flandre en particulier, est attribué généralement à Marguerite, Comtesse de Flandre, et à son fils Gui; il est consigné aux archives de la ville de Bruges, et il date de l'an 1 2 5 2 (1). Cependant les Quatre Offices (de Vier Ambachten), Assenede, Bouchaute, Axel et Hulst, obtinrent leurs Coutumes et Franchises de Thomas, Comte de Flandre et de Hainaut, et de sa femme Jeanne, Comtesse de Flandre et de Hainaut, en Flamand, l'an 1242, comme nous l'avons fait observer dans notre grand Recueil (2). On ne trouve point d'acte public écrit en langue Germanique, avant Rudolphe I.er qui fut élevé à l'Empire en 1273 (3).

La merveilleuse analogie entre la langue Persane et la

(1) Le Diplome commence par ces mols: Wy Margriete, van Vlaenderen ende van Henegauwe, Graefnede, ende ik Guide, haer sone, Grave van Vlaenderen. Voyez Vredius, Sigilla Comit. Fland., pag. 42.

(2) Livre Blanc, fol. 5, verso. Le titre de ces Priviléges porte: Hier beghinnen de privilegien van den vier ambachten ghemaect bi den Grave Thomaes ende vrauwe Jehanne sine wive int jaer MCC en XLII. La Chartre commence par ces mots: In den name svaders en soens en shelichs gheests amen. Ic Thomaes Grave van Vlaendren ende van Henegouwe, ende Johane myn wyf Graefnede van Vlaendren en van Henegouwe. Wy zweeren, etc. M. Scharp, Ministre de la Religion réformée à Axel et Zuiddorpe, a fait imprimer ces Priviléges, en 1787, mais d'après une copie fautive. (Geschiedenis en Costumen van Axel, door Jan Scharp, tweede stuk, pag. 1, te Middelburg, by Willem Abrahams, 1787.) Voyez notre grand Recueil, pag. 451.

(3) Généalogie Diplomatique de la Maison d'Habsbourg, par le P. Hergott, tom. II, pag. 502. L'Auteur discute ce point dans une note, à l'occasion d'une Chartre de l'année 1281, écrite en langue Germanique. Voyez notre premier Supplément, pag. 195,

Tudesque, nous arrêtera un instant, en y ajoutant divers vocabulaires choisis, non seulement dans l'idiome Persan, mais encore dans la langue Moso - et - Suio-Gothique, et celle qu'on parle chez les Bas-Bretons et les Provinces de Galles et de Cornouailles en Angleterre. Nous prouverons, d'après César, Tacite et d'autres Auteurs, que le langage des Bretons, au moins de ceux qui occupaient les côtes maritimes opposées à la Gaule, était peu différent de celui des Gaulois; et que ces mêmes Gaulois ont fait usage de la langue Tudesque du temps du conquérant des Gaules, quoiqu'il pût y avoir en quelques lieux certains accens ou dialectes particuliers. La Préface de S. Jérôme, dans son Commentaire de l'Epître aux Galates, est décisive sur ce point. Suivant l'Itinéraire d'Antonin et de Ptolémée, il y eut des Belges, des Atrebates, des Parisiens (Parisi) dans la Grande-Bretagne. Nous recueillerons une infinité de mots Gaulois Latinisés, dans lesquels on découvre, presque au premier coup-d'œil, des traces remarquables du Tudesque, aujourd'hui même encore en usage. Les voici, suivant l'ordre alphabétique: Adelinga. Adelingus. Alode. Ambacti. Bannus. Banwerc. Barca. Bardo-Cucullus. Beccus. Bivangium. Braccæ. Bracco. Brachile. Briga. Brunus. Buccus. Bulga. Bunnarium. Campus. Camus. Capulare. Carrus. Cauculator. Clocca. Coggo. Drappus. Dunum. Durpilum. Fano. Fayda. Flasco. Foderum. Forbannum. Ganza. Gelda. Gisiles. Hagia. Helmus. Hertum. Hornegeldum. Hova. Isarnodorum. Landridderes. Lantwere. Leitihund. Leudes. Liedus. Mancare.

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