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INTRODUCTION.

Les origines de presque toutes les nations sont si obscures, que ceux qui ont entrepris de les rechercher ou de les expliquer ne nous ont donné le plus souvent que l'incertain pour le certain, que le faux pour le vrai (1). Ceux qui se sont appliqués à découvrir l'origine des Celtes, des Germains et des Gaulois, ne nous racontent ordinairement que des fables, ou ils ne s'appuient que sur des conjectures destituées de fondement ces puérilités doivent être mises à l'écart, et l'on ne réfutera point un Bodin, un Bécan et une infinité d'autres. Pour relever la gloire de leur nation, ils en font descendre toutes les autres, sans en donner d'autres preuves que des visions forgées dans le délire de leur propre imagination.

Il est en effet très-difficile de déterminer de quelles contrées ces peuples venaient originairement. L'Histoire et les anciennes traditions ne fournissent rien de clair et de précis sur les pays

(1) Boxhornius, in Originib. Gallic., cap. i, pag. 3. Origines celeberrimarum etiam gentium ut plerumque obscuræ sunt, ita in iis eruendis opera multum ac studii præclara ingenia olim hodieque merito posuere. Cæterum cum desint fere et jampridem defuerint, paria aut proxima earum initiis Scriptorum, aut alia Antiquitatis monumenta, fit ut sæpius incerta pro compertis, et falsa pro veris in medium adferantur,

d'où ils sont sortis dès l'origine. Ils avaient passé en Europe dans un temps auquel l'Histoire ne remonte point. Les Ecrivains se sont pourtant beaucoup exercés sur cette matière; mais la plupart n'ont pris pour guide que des préjugés dont on se dépouille rarement. Les Géographes mêmes se sont long-temps attachés, mais presque sans succès, à indiquer le pays où ces nations ont pris naissance. Leurs recherches les ont conduits à des opinions si opposées, que la question n'en est devenue que plus obscure. Mais il faut pardonner d'autant plus volontiers aux géographes modernes les erreurs dans lesquelles ils peuvent être tombés en traitant cette matière, que les anciens ne sont point d'accord entr'eux, et qu'ils ont même beaucoup embrouillé l'origine de ces peuples.

Ammien Marcellin (1), Historien du temps de l'Empereur Julien, assure que les anciens Ecrivains n'ayant rien de positif sur la première origine des Gaulois, nous en ont laissé une connaissance très-imparfaite, et où il reste la moitié des difficultés; mais Timagènes (2), dit-il, qui était Grec et qui avait les talens propres à cette nation, a tiré de divers écrits bien des

(1) Ammianus Marcellinus, tom. II, L. 15, cap. 23, tit. Constantius et Julianus, pag. 426, in Collect. Script. Lat. Veter. Ambigentes super origine prima Gallorum Scriptores veteres notitiam reliquere negotii semiplenam: sed postea Timagenes, et diligentia Græcus et lingua, quæ diu sunt ignorata, collegit ex multiplicibus libris ; cujus fidem secuti, obscuritate dimota, eadem distincte docebimus et aperte.

(2) Rhéteur d'Alexandrie. Voyez Suidas. Item Sénèque, de la colère, L. 3, cap. 24.

choses qu'on avait long-temps ignorées. M'appuyant donc sur son témoignage, après avoir écarté ce qu'il y a d'obscur dans ce sujet, je vais les exposer ici avec autant de franchise que de clarté. Cependant ce qu'il en rapporte lui-même, d'après Timagènes, ne nous éclaire pas davantage. Suivant FlaveJosephe (1), les Historiens Grecs, renommés par leur exactitude, n'ont presque rien dit de vrai touchant les Gaules et l'Espagne. Sans donc vouloir entrer dans beaucoup de détails, aussi incertains qu'ennuyeux et fatigans, au sujet de ces anciennes nations; sans examiner si le Nord fut peuplé par les descendans de Japhet (2), et si toutes les langues du Nord

(1) Flavius Josephus contra Apionem, L. 1, n. 12, pag. 444, tom. II, edit. Havercampi, 1726. Gallorum etiam et Hispanorum res usque adeo ignotæ iis (Græcis) fuerunt, qui accuratissimi Scriptores fuisse videntur.

(2) Idem Antiquitat. Judaicar. L. 1, cap. 6, pag. 20. Qui enim nunc a Græcis Galatæ appellantur, olim vero Gomarenses dicti, Gomarus condidit. Au rapport de Flave-Josephe, les Galates ou Gaulois viennent de Gomer, fils aîné de Japhet: Gomer, dit-il, fut le père et le fondateur des Gomarites, que les Grecs appellent Galates ou Gaulois. S. Jérôme, S. Isidore, Eustathe d'Antioche, Joseph Gorionide et plusieurs autres Ecrivains donnent la même origine aux Gaulois. S. Hieron. Quæst. Hebraic. in Genes., tom. II, pag. 515, edit. Paris. 1699. Sunt autem Gomer Galatæ. — S. Isidor. Hispal. Etymol. L. 9, 'cap. 2, n. 26, pag. 213, tom. I, edit. Matriti 1778. Filii Japhet septem nominantur: Gomer, ex quo Galatæ, id est Galli. — S. Isidore de Séville est précis sur la descendance des Celtes ou Gaulois. Nous savons, dit-il, que Japhet a eu sept fils; le premier est Gomer, duquel sont venus les Galates ou Gaulois. Ce texte si clair fait évanouir toutes les difficultés que l'on pourrait former sur l'identité des Galates et des Gaulois. Eustathius Antiochenus, Comment. in Hexam., pag. 51. Gomer Gomaritas constituit, quos nunc Galatas vocamus. Josephus Gorion in Histor. apud Bochart. Filii Gomer sunt Franci, qui

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tirent leur origine de la Japhétane ou Hébraïque, comme le soutiennent des Auteurs graves, nous nous bornerons à quelques réflexions générales.

Les Celtes, les Germains et les Gaulois semblent avoir eu la même origine, et ont vraisemblablement parlé la même langue. Il n'est pas moins difficile de fixer l'origine des langues que celle des peuples, et l'on ne saurait jamais être instruit parfaitement de l'Histoire d'un idiome, si l'on ne connaît celle des hommes qui l'ont parlé. Les siècles ont jeté sur ces deux questions une obscurité qu'il est impossible de dissiper.

Il est certain (1) qu'à mesure qu'une grande famille se séparait pour en aller former de nouvelles dans des terres encore inhabitées, les individus qui les composaient devaient nécessairement inventer des expressions appropriées aux objets inconnus qu'il fallait désigner, soit que la nature les leur présentât, soit qu'ils fussent produits par les progrès de l'industrie. Il est probable que ces termes nouveaux furent d'abord analogues aux anciens, et qu'ils eurent les mêmes terminaisons que celles de leur langue habituelle; mais à la longue tout cela dut non-seulement s'altérer, mais encore se dénaturer, de manière à faire perdre de vue toute étymologie. L'art d'écrire n'étant pas découvert, ce n'était que par tradition ou par des

habitant in Francia ad flumen Seina. Auctor Chronici Paschal., pag. 26. Gomer, a quo Celta orti sunt.

(1) Voyez la Préface du Diction. Roman, Wallon, etc.

monumens grossiers que les hommes conservaient la mémoire des faits antérieurs à la génération présente; à peine se ressouvenaient-ils du lieu d'où leurs ancêtres étaient partis; comment en auraient-ils pu conserver le langage? De progression en progression, comment celui de la peuplade primitive eût-il été entendu par des colons dont les uns avaient occupé le Nord et les autres le Midi? Et les découvertes que l'art et le besoin faisaient journellement dans les productions de la nature, les divers fruits de la terre, nommés différemment par chaque horde particulière, n'ont-ils pas dû créer autant d'idiomes distingués qu'il s'était formé de nations? Ainsi les hommes parvinrent à ne se pouvoir plus entendre, quoique même les idiomes propres à chaque société dérivassent tous de la langue-mère et y ressemblassent plus ou moins, suivant que la douceur ou l'âpreté du climat en avaient altéré les inflexions. Mais quelle était pour nous cette langue primitive? C'est ce qu'il n'est pas aisé de deviner. Nous essaierons de prouver, sur-tout historiquement, que la racine de la langue Celtique, Germanique et Gauloise est la même (1), n'importe laquelle

pas

(1) Boxhornius in Originibus Gallicis, pag. 5. Galli veteres et Germani, ut pleraque alia omnia, ita linguam imprimis, communia et eadem habuere; eadem ergo utrique genti origo. Nous montrerons dans la suite que les anciens confondent les Celtes avec les Germains et les Gaulois. Il n'est hors de propos d'avertir le Lecteur que, suivant les mêmes principes, nous nous servons indifféremment des termes, langue Celtique, langue Germanique, langue Teutone langue Tudesque, langue Gauloise, etc. Voici l'observation de Pelletier (Bénédictin de la Congrégation de S. Maur), dans son Dictionnaire de la Langue

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