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de ces trois langues nous mettions sur le premier rang, quoique la Celtique semble devoir obtenir la préférence; et que c'est chez les Celtes, chez les Germains et chez les Gaulois qu'il faut chercher le principe de la langue de nos ancêtres. La langue de ces peuples était donc du nombre de celles que l'on appelle langues-mères, c'est-à-dire qui ont donné naissance à plusieurs autres. Il est vraisemblable que ces nations ayant reçu de nombreuses colonies du dehors, leur langue s'en est ressentie. Les Celtes ayant occupé les mêmes pays que les Grecs, et ayant demeuré long-temps mêlés avec eux, se communiquèrent mutuellement leurs termes propres et familiers. Il est cependant très-probable que la langue Celtique étant plus ancienne que la Grecque, les Grecs empruntèrent des Celtes qui les avaient vaincus, leurs usages et sur-tout une quantité de mots dont ils ont formé et enrichi leur langue. Platon qui a peu réussi dans l'explication des étymologies, aurait été plus heureux s'il avait connu une langue qu'il regardait comme un idiome barbare. C'est cependant de ce jargon que sont dérivés tant de mots Grecs dont on chercherait inutilement la source ailleurs. Reor equidem, dit-il dans son Cratyle (1), multa nomina Græcos a barbaris, eos præsertim qui

Bretonne, pag. 2, dans la Préface: L'allemand, dit-il, que l'on peut regarder comme la mère de toutes les langues du Nord, de la Flamande et de celle des Hollandais, a un si grand nombre de mots Bretons, et une si grande affinité avec la Celtique, qu'il est évident que ces deux langues n'en faisaient qu'une autrefois.

(1) Platonis Cratylus, pag. 281. Platonis Opera, edit Francofurti, 1602.

sub barbaris sunt, habuisse. Quant à la langue latine, il ne faut, pour s'en convaincre, que se rappeler qu'elle a été formée, tant du Grec, que des dialectes des Aborigènes, des Sabins, des Ombriens et des Osques: or tous ces peuples étaient Celtes. Il n'est donc pas surprenant si l'on trouve dans le Latin un si grand nombre de mots Celtiques. Le docte Varron, qui a écrit plusieurs livres d'étymologies, faute de savoir la langue des Celtes, a fait de vains efforts pour découvrir celles de plusieurs mots de sa langue.

Nous n'entreprendrons pas de suivre la langue Celtique dans toutes les altérations qu'elle a subies: il faudrait pour cela écrire l'Histoire des Celtes, marcher sur les traces de ces peuples dans leurs différentes émigrations, et s'arrêter avec eux dans toutes les colonies qu'ils ont établies. Alors encore nous ne pourrions que former des conjectures hasardées, et faire étalage d'une vaine érudition, sans dissiper les doutes. Ce que nous pouvons conclure avec quelque vraisemblance, de la dispersion de tant de peuples sortis de la même tige, c'est qu'ils parlaient tous originairement la même langue: mais leurs courses dans divers climats ont altéré peu à peu la langue primitive, et les établissemens qu'ils ont formés dans des régions éloignées les unes des autres, ont insensiblement produit des dialectes différens, qui tous ont conservé quelques traits de leur mère commune. Dès le temps de César, cette altération de la langue Celtique était déjà sensible dans les Gaules; car quoiqu'il soit vraisemblable que chez les Gaulois

la langue Celtique était la langue commune, appelée aussi Gauloise, il y avait cependant de la diversité dans le langage. Comme les Germains les avoisinaient au Nord et à l'Est, et qu'ils touchaient aux Espagnols au Midi, ces deux nations pénétrèrent dans les Gaules; elles se mêlèrent avec les naturels du pays, et elles apportèrent à ces deux extrémités d'autres mœurs, des usages nouveaux et des dialectes différens de ceux que l'on parlait dans les Gaules. C'est dans cet état que César trouva les Gaules. La langue Celtique ou Gauloise était donc déjà altérée du temps de César, au Nord, à l'Est et au Midi de la Gaule, et elle n'avait conservé sa pureté que dans cette partie située entre la Belgique et l'Aquitaine, que César appelle Celtique proprement dite.

Voici à peu près le projet que nous nous proposons d'exécuter. Nous ne parlerons des Vandales, des Alains, des Quades, des Marcomans, des Gépèdes, des Hérules, des Suèves, des Saxons, des Bourguignons, qui en 406 se précipitèrent sur la Gaule, et de tant d'autres peuples sanguinaires, conduits en 45 1 par le féroce Attila, Roi des Huns, que pour faire remarquer que ces nations barbares, étant d'origine Celtique ou Germaine, se servaient de la langue Tudesque. On nous dispensera aussi de parcourir toutes les langues Septentrionales, comme la Runique, la Cimbrique, la Norwégienne, la Danoise et tant d'autres dont on découvre la racine dans la Celtique, la Germanique ou la Teutone. Nous nous étendrons un peu sur l'idiome des Goths, des Lombards, des

Anglo-Saxons et des Francs, parce que, d'après les débris qui nous restent de leur langage, on observe qu'il ressemble beaucoup à celui des Belges. Quant aux Goths, des monumens anciens (1) assurent que ce ne fut que vers l'an 369, sous le Roi Attanaric, qu'ils commencèrent à faire usage de l'écriture, sub isto (Attanarico) Gothi legem et litteras habere cœperunt. En effet, vers l'an 370, Ulphilas (2), Evêque de Moesie, traduisit en langue Gothique la Bible, à l'exception des Livres des Rois, s'il faut en croire Philostorgius, son contemporain (3); il ne nous en reste plus que les quatre Evan

(1) Duchesne, Historia Francor. Scriptores, tom. I, pag. 818, refert Chronologiam Reg. Gothor. ex veteri Codice manuscripto Coenobii Moissiacensis, quæ incipit his verbis: Primum (ad an. 369) in Gothis Attanaricus regnavit annis XIV. Iste primus per Valentem Imperatorem in hæresim Arianam cum omni Gothorum gente intravit. Sub isto Gothi legem et litteras habere cœperunt.

(2) L'Empereur Valens avait envoyé l'Evêque Ulphilas chez les Goths de la Masie, pour les attirer à l'Arianisme.

(3) Ulphilam Gothorum Episcopum, inventorem fuisse litterarum Gothicarum, atque in linguam Gothicam Biblia Sacra convertisse circa tempora Valentiniani et Valentis, testantur Socrates Scholasticus, Sozomenus, Nicephorus Callisti, Philostorgius, aliique. Socratis hæc sunt verba (Hist. Ecclesiast. L. 4, cap. 33, pag. 251, edit. Paris. 1668, in-fol.): Ulfila, Gothorum Episcopus, Gothicas litteras excogitavit, et Sacris Scripturis in Gothorum sermonem conversis, effecit ut barbari Divina Eloquia perdiscerent. (Vixit Socrates sæculo quinto. ) Sozomenus (Histor. Ecclesiast. L. 6, cap. 37, pag. 698 ejusdem edit. ) sic ait: Primusque (Ulphila) apud eos inventor extitit litterarum, et Sacros Libros in patrium sermonem convertit. (Vixit Sozomenus sæculo quinto.) Hos plane sequitur Nicephorus Callisti, in Histor. Ecclesiast. L. 2. cap. 48. Philostorgius, Ulphila coætaneus (in Historia Ecclesiastica, L. 2, cap. 5, a Photio in epitomen redacta), dicit, Urphilam, ut eum ubique vocat, litteras Gothicas invenisse,

giles (1) et quelques chapitres de l'Epître de S. Paul aux Romains. L'un de ces précieux manuscrits est conservé dans la Bibliothèque du Roi de Suède à Upsal; l'autre se trouve dans celle de Wolffenbuttel (2). Ils nous seront d'une

et totam Sacram Paginam Gothice transtulisse, præter Libros Regum, qui res bellicas tractant. Isidorus Hispalensis (in Chronico, tom. I, pag. 148, edit. Matriti, 1778) ait: Gilfulas, Gothorum Episcopus..... Gothis tunc reperit litteras, et utrumque Testamentum linguam in propriam transtulit. Glossa in eodem loco sic: Nicephorus, L. 2, cap. 48, eum vocat Ulphilam; Rodericus Toletanus, L. 2, cap. 1, Gudilam; Ado, Ulfilam. Sunt qui Gulfiam, et Gulfilam. Eadem repetit Isidorus in Gothorum Historia, tom. I, n. 6, pag. 240.

Jo. Georgius Eccardus (in Historia Studii Etymolog. Ling. German., edit. Hanov. 1711, cap. 6, pag. 74 et seq.) succincte contexuit Historiam eorum, quæ circa Ulphila Evangeliorum translationem Gothicam diversis in regionibus contígere; et D. Johannes Diecmannus (in Specimine Glossarii Latino-Theotisci, pag. 2, Brema 1721,) sic ratiocinatur: versionem quatuor Evangeliorum antiquissimam.... non tantum cum Vulcanio Gothicam Usserius, Whelocus, Mareschallus, Junius, Stiernhielmus, Salanus, Verellius, Heupelius et plures vocant, sed sed quoque Ulphila Gothorum Episcopo adscribunt. Enim vero nondum a quoquam demonstratum est, Gothicam linguam a veteri Teutonica diversam, illo Codice contineri, et Ulphilam istius versionis Auctorem esse. Ultimæ huic Diecmanni enuntiationi non suffragamur. Si Ulphilam versionis istius notissimæ Auctorem esse demonstratum non sit, opinio hæc maximis fulta auctoritatibus, maximum equidem probabilitatis gradum meretur.

(1) Ce Manuscrit est appelé le Codex Argenteus, parce que la reliûre est d'argent massif, et parce qu'il est écrit en lettres d'argent, sur parchemin violet, avec des initiales en or. Voyez Mascou, L. 8, cap. 40, pag. 323. — Pelloutier, Histoire des Celtes, tom. I, L. 1, pag. 283. - Des Roches, Recherches sur l'ancienne Belgique, pag. 38, in-4°.

(2) Franciscus Antonius Knittel Metropol. Eccles. apud Guelpherbytanos Archidiaconus, edidit Ulphila versionem Gothicam nonnullorum capitum Epistolæ Pauli ad Roman., ex manuscripto in Bibliotheca apud Guelpherbytanos adservato. L. H. E. C. principale apud Brunovicenses, Orphanotropheum.

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