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TABLEAU ANTIQUE,

AVEC UNE INSCRIPTION,

On conserve dans l'Eglise Cathédrale de Saint Bavon, à Gand, un tableau antique, portant une inscription du même temps. Il fut transporté de l'ancienne Abbaye de Saint Bavon, établie par Saint Amand au septième siècle, et supprimée et démolie par ordre de Charles-Quint, en 1540 (r). Ce tableau, de vingt-neuf pouces et demi de hauteur et de quarante-trois pouces de largeur, est divisé en huit compartimens, sur lesquels est représenté l'enterrement solennel du corps de Saint Bavon. On voit sur trois de ces compartimens un autel auquel trois Saints (2) Evêques, ayant le nymbe autour de la tête, célèbrent le Saint Sacrifice de la Messe; le tombeau où repose Saint Bavon y est aussi figuré. Ce tableau est peint sur bois; il était autrefois exposé dans l'Eglise Cathédrale, à côté de la sacristie; mais aujourd'hui il est placé à l'entrée de la salle où le Chapitre s'assemble..

(1) La mémoire de ce fait s'est conservée sur une médaille que j'ai acquise. On voit d'un eôté l'Aigle éployé, avec la légende: QUA DEI DEO. QUÆ CÆS. CÆSARI. L'inscription du revers porte: CAROLI V IMPERATORIS MANDATO. Au milieu CEPIT GANDAVI CASTRUM CONSTRUI 1540. Je ne trouve cette médaille ni dans Van Mieris (Historie der Nederlansche Vorsten), ni dans aucun autre auteur. Voyez notre grand Recueil, pag. 51. (2) On remarque autour de la tête des trois Evêques qui y sont représentés, le nymbe ou le cercle de lumière que les peintres mettent autour de la tête des Saints: on a donc indubitablement voulu figurer ici Saint Amand, Saint Eloi et Saint Liévin, dont on fait mention dans l'inscription du tableau.

Une observation qui mérite de trouver place ici, c'est que les figures dont on a chargé ce tableau sont tout-à-fait barbares sans goût, sans dessin, sans proportion, marque évidente du dépérissement total des beaux-arts dans ce siècle malheureux; mais toutefois il nous apprend le costume et l'habillement de ce temps. Le tableau et l'inscription portent l'empreinte du commencement du treizième siècle.

Ce monument est sur-tout curieux et intéressant pour les amateurs de l'Histoire et des Arts, qui habitent le Département de l'Escaut, parce qu'il existe à Gand, dans l'Eglise Cathédrale, où Saint Bavon est vénéré comme Patron. Il rappelle plusieurs traits consignés dans la Vie de ce Saint, que nous trouvons plus ou moins conformes à nos Annales. Il y est dit:

1.° Que Saint Bavon décéda en six cent trente-un.

2.° Que Saint Amand officia pontificalement dans ses funérailles. 3.° Que Saint Liévin célébra des Messes sur son tombeau. 4.° Que Saint Eloi fit glorieusement l'Elévation du corps de Saint Bavon.

Nous examinerons plus bas tous ces faits, d'après la critique des doctes Bollandistes et d'autres Savans.

Voici l'inscription, comme elle se trouve littéralement au bas du tableau.

TE DESEN GRAVE BY DAGE BY NACHTE DEDE
SENTE BAVEN ZYN PENITENTIE GEHERTICH

HY VOER TEN HEMELS LATENDE PEERDSCHE STEDE
ALS MEN SCHREEF ZES HONDERT ENDE EEN EN DERTICH.

ALS MEN SENTE BAVEN BEGROUF WEET DAT VOORWAER

CELEBREERDE HIER ZYN VUTVAERT SENTE AMANT

VOOR SENTE BAVENS ZIELE DEDE HIER OOC DAER NAER
DERTICH MESSEN SENTE LIEVIN DIE HELICH LANT.

SENTE ELOY HIER OOC MESSE LAS

ALS HY SENTE BAVENS LICHAMS VERHIEF

SENTE MACHARIS MUENICHDE HIER TVOLC

ALST GHENAS DER PESTILENTIE WANT HY DE DOOD BESIEF

TRADUCTION FRANÇAISE.

SAINT BAVON FIT PRÈS DE CE TOMBEAU, SOIT PENDANT LE JOUR, SOIT PENDANT LA NUIT, UNE PÉNITENCE SINCERE;

IL PRÉFÉRA LE CIEL AUX BIENS D'ICI-BAS,

L'AN SIX CENT TRENTE-UN.

LORS DE SON ENTERREMENT,

SAINT AMAND OFFICIA DANS SES FUNÉRAILLES;

LIÉVIN, CE SAINT HOMME,

CÉLÉBRA PLUS TARD TRENTE MESSES POUR LE REPOS DE SON

AME.

AUSSI SAINT ÉLOI DIT LA MESSE,

LORSQU'IL RELEVA LE CORPS DE SAINT BAVON.

SAINT MACHAIRE INSTRUISIT LE PEUPLE DE GAND,

QUI FUT GUÉRI DE LA PESTE, DONT SAINT MACHAIRE MOURUT,

Nous croyons que ce tableau et l'inscription ci-jointe ont été formés d'après la notice de la Vie de ce Saint, laissée par Thierri, Abbé de Saint-Tron, Auteur crédule et peu exact, quoique d'ailleurs il ne soit pas sans mérite; car sans lui on ignorerait plusieurs

circonstances de la Vie de ce Saint Anachorète. Entr'autres, c'est lui seul qui raconte qu'à l'heure de la mort, il a été reporté dans sa cellule où il avait été enfermé comme pénitent, et que c'est là qu'il a été enseveli une seconde fois par Saint Amand (1). Expletis igitur quæ necessaria erant funeri, cum lampadibus et cereis et psallentium choris in locum agonis sui, hoc est, in reclusionis suæ cellulam reportatur, ibique ex officio Sancti Episcopi Amandi iterum (2) sepelitur.

Le jour de la mort de Saint Bavon est fort incertain, comme le

(1) Vita altera S. Bavonis Confessoris, Auctore Theodorico Abbate, Acta Sanctor. Belgii selecta, tom. II, n. 41, pag. 528.

(2) Ce mot iterum, une seconde fois, doit être rapporté à l'Histoire dont le même Thierri fait mention, n. 28, pag. 522. Accersito dehinc Sancto Pontifice Amando et venerabili Abbate Florberto, non modo pedum, sed totius macerati corpusculi integram reclusionem obsecrat, et vix aliquando impetrat. Artam specum medio domus æquore ad capacitatem erecti hominis effoderat, quæ introgressum non nisi stantem sustineret, et quasi crucifixi corporis suspensum vultum in neutram partem deflecti permitteret. Eam orationis crucem sibi præparaverat; in ea inter canonicas horas suspendi magis quam stare elegerat: nec facile labor, licet difficillimus, poterat dissuaderi; quia menti, totum jam seculum in Christo triumphanti, nil poterat laboriosum videri. Data die, evocato Clero et populo, cum crucibus et thymiamateriis, universoque Ecclesiastico apparatu ad reclusionis cellulam convenitur, et Sancti Pontificis manibus hostia Christi Bavo, teste Ecclesia, sepelitur magis quam recluditur, quinto Idus Novembris, qui erat annus sexcentesimus vicesimus nonus Dominica Incarnationis. Sepelitur, inquam, seculo, vivus Deo, cui quia indesinenter adhæserat, vitam certe suam sursum absconderat. Monet hic Perierus, Bollandista, errorem hic latere annorum facile viginti trium, ae multa rei narrata adjuncta, quæ hoc et præcedenti numero continentur, esse dubia vel non satis probata. Vide Acta S. Bavonis, alias Alloini, etc. collegit Perierus. Antwerp. 1765, in-4°.

remarque Mabillon (1); annum quo Sanctus Bavo ad Superos migravit, dit-il, non facile est definire. Si in numeris lapsus non est Auctor sive librarius, Bavo POST POENITENTIÆ CONFESSIONEM QUAM A BEATO AMANDO PONTIFICE PERCEPERAT, ANNIS TRIBUS PRÆTER QUADRAGINTA DIERUM ABSTINENTIAM (2) superstes fuit. Ad meliorem frugem, adeoque ad pœnitentiam adductus est, dum Amandus Trajectensi Cathedræ impositus, Hasbaniensem pagum, Trajectensibus contiguum, Bavonis natale solum prædicatione illustrabat. Amandus Sedem Trajectensem anno DCXLVII inüsse videtur: post triennium deseruit; et suos Gandavenses revisens, Bavonem secum adduxit, eumque Monachum factum ad insulam Chavelaus dictam, Evangelii disseminandi gratia anno DCLI comitem habuit. Bavo deinde variis Monasteriis perlustratis, Gandam rediit, ibique reclusus vixit usque ad obitum, qui anno DCLIII contigisse videtur.

Donc Saint Bavon, suivant le calcul de Mabillon, décéda en 653. Perierus place le jour de sa mort en 654 (3); Henschenius, en 657; Lecointe, en 649. Thierri (4), Abbé de Saint-Tron, le

(1) Mabillon, Acta Sanctorum Ordin. S. Benedicti, sæcul. secund. Vita S. Bavonis Confessoris Gandensis, Auctore anonymo fere coævo, ex Codicibus MSS. Monaster. Compend. et Conchens., pag. 403.

(2) Ces paroles sont puisées dans les autres Actes de S. Bavon. Voyez Perierus, Acta S. Bavonis, n. 27, pag. 122.

(3) Idem Perierus, n. 93, pag. 63. Nos itaque, servatis usque ad annum 651 Henschenii calculis, de Sancti Amandi primordiis in Episcopatu Trajectensi, ejusdem abdicatione, itinere Romano, redituque in Belgium, ac de perfecta conversione Sancti Bavonis, hujus obitum signamus circa annum 654: non improbantes idcirco sententiam eorum, qui signarunt uno anno citius, dummodo serventur ea quæ n. 89 proposuimus.

(4) Primigenium illud Opus (Acta Sancti Bavonis ab Auctore fere coavo)

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