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provoquant les naturalisations par les concessions gratuites de terrains. On rapporte à ce sujet qu'un M. Robinson, des Etats-Unis, a conçu le projet d'un grand établissement de culture dans l'intérieur, et dans une position telle qu'il puisse recevoir un entrepôt de marchandises pour l'approvisionnement de Santa-Fé de Bogota.

D'un autre côté, la Colombie ne se montre nullement disposée à cultiver les arts industriels. Elle sera donc long-tems tributaire du travail de l'Europe, et, sous ce rapport, elle offre à l'ancien monde un riche avenir. Néanmoins, les échanges avec l'étranger n'ont eu jusqu'à ce jour que peu d'activité; ce qu'il faut attribuer, d'une part, aux événemens de la guerre, et de l'autre, au vice de l'ancien systême commercial, qui défendait aux étrangers d'effectuer eux-mêmes leurs ventes et leurs achats, et les forçait de recourir, pour les moindres opérations, à l'entremise de consignataires nés dans le pays ou naturalisés. Ces consignataires, indépendamment de la commission qu'il fallait leur payer, se permettaient des abus de confiance, des prévarications, des vexations journalières, envers les navigateurs et les marchands étrangers, qui ne contribuaient pas faiblement à les éloigner des ports de la Colombie.

Les Anglais, il est vrai, avaient trouvé le moyen de s'affranchir de tant d'entraves, et d'échapper au réglement des consignataires, en formant, tant à la Trinité qu'à la Jamaïque, des entrepôts où les Colombiens étaient attirés par l'avantage d'opérer leurs achats avec plus de sécurité, sous les lois anglaises, que dans leur pays.

D'un autre côté, la situation de Caracas avait permis aux Hollandais d'imiter ces entrepôts des colonies anglaises, et d'en retirer les mêmes fruits.

Heureusement, il n'existe aujourd'hui plus de traces de ce systême. Un décret du 28 juillet 1824 a restreint le monopole des consignataires, et tout étranger a le droit de faire lui-même ses propres affaires, en payant les taxes directes ou indirectes auxquelles sont soumis les naturels.

Quels que puissent être les avantages que l'Angleterre et la Hollande trouvent dans la priorité de leurs relations avec la Colombie, la France lutte avec succès et peut y aspirer à la suprématie commerciale, en usant des ressources que lui offre la prédilection des habitans. Cette prédilection a pour base la conformité de religion, ainsi qu'un goût prononcé pour nos mœurs. Il en est résulté jusqu'à ce jour que nos cargaisons ont été préférées à celles des Anglais pour beaucoup d'articles, sauf toutefois les toiles de coton blanches et la draperie commune.

Du reste, le port le plus fréquenté de la Colombie est aujourd'hui, malgré le peu de sécurité qu'il offre aux navigateurs, celui de la Guaira. C'est probablement à sa proximité de Caracas qu'il est redevable de cet avantage. Carthagène est loin d'offrir le même spectacle de prospérité, quoique sa rade soit l'une des plus belles de l'Amérique.

Par la loi des 3 et 4 avril 1826, des ports d'entrepôts sont établis dans la Colombie, sur l'Atlantique, à Puerto-Cabello, à Carthagène, et sur la Mer Pacifique, à Guayaquil. Toutes les marchandises et effets importés pour l'entrepôt sont assujettis au paiement

d'un droit annuel de 4 pour 100, calculé sur le prix de facture, à partir du jour où ils sont entrés dans les magasins, jusqu'à celui où ils en auront été retirés pour la consommation ou pour l'exportation.

Les effets et marchandises transitant par l'isthme de l'Atlantique à la Mer Pacifique,. et de la Mer Pacifique à l'Atlantique, paieront seulement 2 pour 100 de droit de transit, calculé sur le prix de facture.

Ces entrepôts ont déjà les plus heureux résultats.

Informations sur le choix des cargaisons.

LES articles d'importation, à l'exception des armes et munitions de guerre, sont presque les mêmes que du tems des Espagnols.

Les habitans préfèrent toujours les vins de Catalogne aux vins de Bordeaux; de même les eaux-de-vie d'Espagne, le savon et les papiers de l'ancienne Métropole, sont préférés aux articles semblables provenant de France.

Notre mercerie est très-recherchée; mais les Anglais ont la préférence pour la quincaillerie et les cotonnades.

Nos perkales et nos mousselines imprimées paraissent d'une telle perfection de goût et d'une telle supériorité pour la fixité des couleurs, que nous n'aurions point de concurrens, si nous étions moins chers. On peut en dire autant de nos draps et autres lainages.

Nos bretagnes sont de tous les tissus de fil ceux dont la consommation est la pus générale. Bien choisies, et sur-tout bien pliées et bien calandrées, elles sont assurées d'un grand débit.

Les batistes, les dentelles, les blondes, les gazes, et autres objets de toilette, les bas de soie brodés ou à jour, sont d'une vente facile; enfin, nos soieries sont préférées à toutes les autres; mais il faudrait n'en porter que dans la qualité de 5 à 6 fr. l'aune, prix de manufacture.

Indépendamment de ces articles de choix, tous autres articles de marchandises sont susceptibles d'être importés dans la Colombie.

Les marchandises importées par navires anglais paient les mêmes droits que si l'importation avait eu lieu par navires colombiens, d'après un traité conclu le 18 avril 1825 avec Angleterre.

Par la nouvelle loi des 8 et 13 mars 1826, tous les droits d'entrée antérieurement connus sous diverses dénominations, sont réunis en un seul, appelé droit d'importation. Pour faciliter la perception de ce droit, les marchandises sont divisées en six classes. Mais, par un décret du 7 décembre suivant, ces marchandises ont été assujetties en outre à une taxe additionnelle, dite alcabala, de cinq pour cent du prix de vente.

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Exportations.

D'après la loi des 9 et 13 mars 1826, ne paient aucun droit d'exportation, les produits manufacturés dans la république, le café, le quinquina, le coton, le riz, le maïs, et les autres denrées de première nécessité, ainsi que les métaux monnayés.

Est prohibée l'exportation du platine et de l'or, et de l'argent en lingots ou en poudre, à l'exception de l'or en poudre ou en barres, et de l'argent en barre ou en lingots, provenant des mines du département de l'isthme, ou qui auraient été importés de l'étranger dans le même département, lesquels pourront être exportés sous le paiement des droits établis.

Du reste, le pouvoir exécutif peut, pendant la durée de la présente guerre, prohiber temporairement la sortie, par les ports de la république qu'il jugera convenable de désigner, des mules, des chevaux, ou de tous autres articles de première nécessité pour la vie.

PÉROU.

Le Pérou, borné, au nord, par le Popayan, à l'est, par le pays des Amazones, au sud, par le Chili, à l'ouest, par la mer du Sud, et ayant six cents lieues de long du nord au sud, sur cinquante lieues de large; le Pérou, divisé aujourd'hui en deux gouvernemens séparés, sous les noms de la république du Pérou et de la république de Bolivia ou du Haut-Pérou (1), mais que nous considérons ici en grand, a été jusqu'à ce jour trop agité par les discordes civiles, pour qu'on puisse se rendre un compte exact du degré de prospérité commerciale auquel il peut un jour atteindre. On peut toutefois affirmer que, tant que ne seront pas rétablies avec sûreté ses relations avec Quito,

(1) Le Haut-Pérou, qui compose la nouvelle république de ce nom, contient plus d'un million d'habitans. Cette population possède des qualités qui paraissent devoir l'appeler à des destinées aussi prospères que celles des autres états de l'Amérique méridionale. Les hommes y sont laborieux, sobres et patiens.

Malheureusement Bolivia ne possède qu'un port de mer, si même on peut appeler ainsi Bobija, petit hâvre situé sur la mer Pacifique, dans la province d'Atilama. Un désert sablonneux sépare Bobija de la ville d'Atilama, qui est elle-même éloignée de cent trente lieues de celle du Potosi. Le libérateur paraîtrait avoir l'espérance d'obtenir de la république du Pérou le port d'Arica, situé dans la province d'Arequipa. Le projet du libérateur paraît être de transférer le siége du gouvernement à Cochabamba, qui jouit d'une température très-douce. Les richesses de Bolivia ne consistent pas seulement dans ses mines, mais aussi dans ses productions agricoles. ( Notice extraite du Courrier du 30 juin 1827).

TOM. II.

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Guayaquil et Mexico, les affaires des Européens y seront nécessairement bornées, parce que les productions de ces dernières contrées, la cochenille, la vanille, le quinquina, le cacao, les laines et les cuirs, forment une grande partie des cargaisons de retour.

Le commerce de ce pays n'a été jusqu'à ce jour exploité que par les Anglais et les Français. Ces derniers toutefois ne figurent que pour un quart dans la masse des affaires des deux nations. Les Anglais ne doivent leur prépondérance qu'à la supériorité de leurs capitaux et aux soins qu'ils ont eus d'établir des maisons de commerce à Lima, capitale de ces vastes contrées.

Les bénéfices qu'ont produits jusqu'à ce jour les expéditions françaises, peuvent être évalués au taux moyen de vingt-huit pour cent; on en cite qui ont rapporté jusqu'à cent pour cent. Mais ces bénéfice exorbitans n'ont pas toujours été le prix de la bonne foi; ce qui nous désaffectionne les habitans, et apporte un grand obstacle à l'extension de nos rapports commerciaux.

En effet, si l'on doit en croire quelques rapports, on se plaint de ce que des pacotilleurs français n'hésitent pas à tromper les naturels du pays sur la qualité de leurs marchandises, et cette fraude prend au Pérou un caractère d'autant plus odieux, que presque tous les marchés se faisant par contrebande, les acheteurs sont obligés de s'en rapporter à la loyauté des vendeurs, et prennent livraison des colis sans examen.

Informations sur le choix des cargaisons.

Les articles qui sont le plus demandés au Pérou sont,

1o. Les toiles de lin de toutes les qualités; les qualités moyennes de six aunes à la pièce se vendent ordinairement de 135 à 140 piastres; les cotonnades blanches, les bas de coton, les calicots pour chemises, les cotonnades rayées et à carreaux bleus.

2o. Les draps, sur-tout les draps bleus, verts, noirs et bruns; les premières qualités sont de 9 à 10 piastres, les secondes de 7 à 8 piastres; les velours et les rubans de toutes espèces, ainsi que les bonnes soies et les bons satins en toutes les couleurs; les flanelles, les casimirs, les schalls et les mouchoirs.

3o. Toute espèce de verrerie et de poterie.

4°. Le fromage de Gruyère, les jambons fumés.

5°, Les cires blanches et jaunes; elles se vendent ordinairement 120 fr. le quintal.

6°. Les objets de luxe, tels que les dentelles, voiles, schalls et bijouterie; mais ils ne doivent être envoyés qu'en petite quantité.

Il ne faut importer au Pérou que de bonnes qualités. L'expérience prouve que les premières qualités sont celles qui donnent le plus de bénéfice.

Marchandises de retour.

Les articles de retour sont les cotons, les écorces, les laines de mouton et de vigogne, les peaux de daim, de chèvre et autres; la cochenille, la vanille et le cacao

de Guayaquil; mais tous ces produits sont rares, et les cargaisons se forment difficilement. D'où il suit que les retours se font ordinairement en espèces.

Les changemens politiques qui se sont succédé au Pérou pendant les dernières années, n'offrent aucuns documens certains, quant à l'application des tarifs et réglemens commerciaux. Les ports de Callao et de Huacho sont ouverts à tous les bâtimens des puissances neutres ou amies du Pérou, sous l'obligation imposée aux capitaines de se soumettre au paiement des droits, et d'observer les formalités prescrites.

Toute contrebande entraîne la confiscation du navire et des marchandises.

CHILI.

LE Chili, grand pays fertile et facile à cultiver, situé le long de la mer du Sud, ayant près de trois cents lieues de longueur sur quinze à vingt de largeur; le Chili, découvert en 1525, est resté colonie espagnole jusqu'en 1818. Depuis, il forme un état indépendant divisé en treize provinces. Il comprend, en outre, l'Archipel de Chiloë, sur la côte sud. Santiago en est la capitale.

Si on en jugeait par ce seul fait que la consommation du pays, réunie à celle du Pérou, ne s'élève pas au-dessus de vingt ou vingt-quatre chargemens de produits européens, il paraîtrait que le commerce extérieur n'eût pris jusqu'à ce jour qu'une extension médiocre dans le Chili. Les cargaisons de retour se forment avec lenteur et difficulté, et souvent les navires reviennent sur lest. Cependant, cet état de choses est trop incompatible avec la fertilité du sol de cette contrée, ainsi qu'avec les avantages de sa position géographique, pour qu'on puisse lui assigner une longue durée. Aussi, les Anglais n'ont-ils pas négligé d'y former plusieurs établissemens.

On nous donne pour certain qu'on compte au Chili douze maisons de commerce appartenant à cette nation. Dès lors on doit peu s'étonner de la supériorité que les Anglais ont acquise pour la vente de leurs produits. On estime qu'ils font à eux seuls, de même qu'au Pérou, les trois quarts des affaires commerciales du pays; le reste est exploité par les Français, dont les maisons de commerce, fort peu nombreuses, honorent toutefois leur patrie par leur amour du travail et leur probité.

Le Chili ne semble pas moins offrir d'élémens de succès à la France, pour son com merce, que les autres parties de l'Amérique du Sud, avec le secours du tems et de la persévérance; et en se contentant de bénéfices modérés, elle n'y aura plus à craindre aucune rivalité. Mais on déconsidérerait le commerce français parmi cette nation, si l'on usait envers ses habitans de fraude et de supercherie.

On doit faire remarquer que le commerce extérieur du Chili est principalement arrêté dans son essor par l'établissement d'une compagnie qui s'est chargée de fournir annuellement au Gouvernement une somme de 365,000 piastres, formant l'intérêt d'un emprunt contracté en Angleterre, moyennant la concession qui lui a été faite de la vente

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