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des Célestins. Les enfants de ces deux catégories cherchèrent à établir entre eux des points de contact, et voici ce que nous apprend M. Guillié :

Ils avaient déjà reçu, les uns et les autres, quel"qu'instruction; car je n'imagine point quel serait le "mode de communication qui pourrait s'établir entre des " aveugles et des sourds-muets qui seraient sans aucune "instruction. Leur situation serait, je crois, celle d'un "enfant sans expérience, avec lequel il faut convenir de "tout. Aussi, n'est-ce pas de l'aveugle à l'état de nature dont je vais parler, mais de l'aveugle instruit.

"Quand les aveugles apprirent que les sourds-muets ་་ parlaient entre eux dans l'obscurité, en écrivant sur leur dos, ils pensèrent que ce moyen devait leur réus"sir pour les entendre, et il leur réussit en effet. Ce » nouveau langage devint bientôt commun aux deux fa"milles. Les sourds-muets, qui trouvaient pénible de » laisser écrire sur leur dos ce qu'ils pouvaient très-bien " voir, essayèrent de faire écrire les aveugles en l'air, » comme ils écrivent eux-mêmes. Ce moyen, qui était " aussi long que le premier, leur parut de plus infidèle, " parce que les aveugles écrivaient mal de cette manière; » ils préférérent donc se servir, pour dialoguer, des " caractères à l'usage de ces derniers; mais ces carac"tères ne pouvant être transportés facilement, les muets " enseignèrent aux aveugles leur alphabet manuel, et les "uns par la vue, les autres par le toucher, reconnais"saient facilement, à l'inspection des doigts, les lettres que

" forment entre eux leurs différentes combinaisons. Néan" moins, cet alphabet manuel ne peignant que des mots, " ralentissait singulièrement la conversation. Ils sentirent "le besoin d'une communication plus rapide, et les naveugles apprirent la théorie des signes des sourds"muets alors chaque signe représentant une pensée, la " communication fut parfaite. Cette étude fut longue et " pénible, parce qu'elle suppose une connaissance assez " complète de la grammaire; mais le désir de parler "l'emporta sur les dégoûts, et en peu de mois, les signes, parfaitement connus, remplacèrent tous, les " autres moyens jusqu'alors employés. Voici comment l'échange se faisait :

"Lorsque l'aveugle avait à parler au sourd-muet, il "faisait les signes représentatifs de ses idées, et ces " signes, plus ou moins exactement faits, transmettaient " au sourd-muet la pensée de l'aveugle. Quand le sourd"muet, à son tour, voulait se faire comprendre, il le "faisait de deux manières : ou en se plaçant debout, les "bras tendus et sans mouvement au devant de l'aveugle, » qui les lui saisissait un peu au-dessus des poignets, n sans les serrer, et les accompagnait dans tous les mou"vements qu'ils faisaient. S'il arrivait que les signes n'eus"sent pas été compris, l'aveugle se mettait à la place du " sourd-muet. Celui-ci lui prenait les bras de la même "manière, et leur faisant faire les mouvements qu'il " aurait faits lui-même avec les siens devant un clair"voyant, il remplissait les lacunes restées dans la pre

"mière opération, et complétait ainsi la série d'idées " qu'il avait voulu communiquer à son compagnon.

"Mais le degré d'instruction n'étant pas le même pour " tous les élèves, ils ne pouvaient se servir également " bien des signes ; ils y suppléaient par tous les moyens » que leur imagination inventive leur suggérait. C'était " un singulier spectacle que celui d'une pantomime jouée " dans le plus profond silence par 150 enfants jaloux de " se comprendre les uns les autres, et ne le pouvant pas "toujours, ennuyés, parfois, d'avoir fait de longues et " inutiles tentatives, et finissant très-souvent, comme au"trefois les enfants de Babel, par se séparer sans s'être " compris, mais non toutefois sans s'être donné des " preuves réciproques de leur mauvaise humeur, les uns, "en frappant comme des sourds, les autres, en criant " comme des aveugles. "

Il ne nous reste plus, Messieurs, qu'à vous donner nos conclusions. Votre Commission est convaincue que, bien que M. Larivière ait été aidé par la bienveillance qu'il a rencontrée à l'Institution des aveugles de Nancy, et par les conversations sur les inventions qui lui ont été révélées par le Directeur et par les professeurs, il a trouvé un procédé tout spécial d'impression. La simplicité de l'appareil, l'inutilité de connaitre l'alphabet des clairvoyants, le bon marché de l'instrument, son petit volume, la possibilité d'ajouter avec un stylet une signature à la lettre imprimée, celle de faire un jour, peut-être, considérer devant la loi, comme document olographe, une

impression signée, tous ces avantages donnent à l'invention de M. Larivière un cachet de haute utilité.

En destinant à l'Institution des Aveugles de Nancy les résultats de son génie inventif, M. Larivière a mérité votre estime, et l'Institution, qui peut aussi revendiquer sa part dans un succès qui signale dignement ses débuts, a droit à notre reconnaissance.

M. Larivière, ancien fournisseur de l'Ecole de médecine de Nancy, vous est déjà connu, et ce ne sont point seulement ses derniers travaux qui militent en sa faveur. Le 12 juin 1842, votre Rapporteur a eu l'honneur de vous présenter un travail sur les instruments de M. Larivière, lors de l'exposition générale des produits de l'industrie du département que l'Académie avait mission d'apprécier. A cette époque, vous avez encouragé M. Larivière par une médaille. Aujourd'hui, vous ne pouvez que féliciter l'artiste et le remercier, mais vous partagerez, nous n'en doutons pas, l'espoir que vos commissaires ont conçu de voir M. Larivière récompensé lors de l'exposition universelle à laquelle figurera son utile invention.

L'Académie adopte les conclusions du rapport.

NOTE SUR LE RHYTHME

DES

BATTEMENTS DU CŒUR,

A PROPOS D'UNE FISSURE STERNALE OBSERVÉE CHEZ

L'HOMME,

PAR M. LÉON PARISOT.

Les hommes habitués à la contemplation des phénomènes du monde inorganique sont surpris du peu d'accord qui existe entre les observateurs, lorsqu'il s'agit de rendre compte des manifestations des êtres vivants. Leur étonnement cesserait, s'ils réfléchissaient que la vie n'est pas un impondérable comme la lumière et l'électricité ; que son essence nous restera toujours cachée et que la complexité et la mobilité forment ses principaux attri– buts. Avec elle, en effet, nous ne pouvons, comme en physique, faire naître les phénomènes à volonté pour les étudier à notre loisir; le calcul ne saurait en prédire les résultats avant que l'expérience ne les ait démontrés. Néanmoins, l'analyse n'a pas craint d'aborder les mystères de la nature vivante. Mais l'histoire de ces tentatives de l'intelligence humaine nous apprend que la générali– sation des phénomènes du monde organique donne souvent des résultats peu satisfaisants et que les assertions

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