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paix à Lunéville le 9 février 1801. L'armée du Rhin fut naturellement dissoute et les officiers de santé, devenus trop nombreux, furent en partie licenciés. H. Braconnot qui ne figurait pas parmi les intrépides et qui n'avait jamais quitté les hôpitaux, fut licencié un des premiers. A la date du 7 mai 1801, le ministre de la guerre lui fait connaitre cette disposition et l'invite à lui indiquer le lieu où il compte fixer sa résidence (Doc. IV).

Son parti fut bientôt pris, ses maitres vénérés, Hermann et Ehrmann, étaient morts à peu de distance l'un de l'autre. Le docteur Lorentz, son protecteur aux hòpitaux, venait de succomber au typhus au quartier général devant Salzbourg, les hasards de la guerre avaient dispersé ses condisciples Mougeot, Nestler et Duvernoy, et M. Huvet avait été appelé à l'hôpital militaire de Nancy; le vide s'était fait autour du studieux jeune homme à Strasbourg, de mauvais procédés l'attendaient dans sa famille à Nancy, et d'ailleurs il venait d'être atteint de la divine étincelle, sa vocation s'était déclarée, il l'a reconnue.

Bien décidé à se vouer aux sciences physiques il devait continuer ses études à Paris. Il désigna cette ville au ministre comme sa résidence future, fit taire les reproches intéressés de M. Huvet en lui promettant d'accepter une place dans une pharmacie, et se mit gaiment en route avec la résolution de ne recourir au service pharmaceutique qu'à la dernière extrémité. La perspective d'une vie de privations l'effrayait peu, n'en

avait-il pas fait l'apprentissage à Strasbourg? Peu lui importait d'être sans place et peut-être sans pain, ses besoins étaient d'un autre ordre; avide de s'instruire, il ne rêvait plus que Paris, depuis qu'il était devenu libre; lui-même nous l'apprend dans son naïf langage: "Le séjour de presque tous les hommes célèbres, le foyer de toutes les lumières, Paris attira mes regards, je sentais qu'il était nécessaire à mon existence de voir de près et les sciences et les savants, de respirer pour ainsi dire, le même air qu'eux... (Doc. V.) "

Braconnot à Paris.

II.

Ses succès. Ecole de médecine de Nancy. - Premier mémoire. Retour à Nancy.

Braconnot quitta Strasbourg vers la fin de mai 1801; il mit pied à terre à Nancy pour embrasser sa mère qui habitait, depuis quelque temps déjà, l'ancienne capitale de la Lorraine. Plus que jamais, M. Huvet l'appela M. Bonà-Rien, et le fait du licenciement dont le jeune sousaide venait d'être l'objet, n'était pas de nature à lui faire changer d'opinion. Fatigué des railleries de son beaupère, sentant bien qu'elles étaient peu fondées, notre chimiste hate son départ; il arrive à Paris vers la fin

de 1801; il y trouve son frère, licencié comme lui et qui avait pris les devants.

Nous avons de lui une lettre du 27 pluviose an II (15 février 1802), qui bien que n'étant pas la première qu'il ait daté de Paris, nous donne néanmoins une idée de l'impression que l'aspect de la capitale lui a causée, cette lettre est adressée à sa mère :

Je jouis, dit-il, de l'espérance que vous m'avez donnée de venir voir Paris; hâtez-vous donc de voir cette source inépuisable de beautés qui ont fait ma plus grande admiration..... Ce qui m'a mis en extase c'est lorsque je suis entré dans le salon superbement décoré qui renferme les statues dont les formes et les contours surpassent la nature en élégance et en perfections. Je n'ai pas moins été surpris d'admiration à la vue de ces tableaux ravissants où on a si bien imité la nature, qu'ils paraissent animés et remplis de vie. J'ai admiré le cabinet d'histoire naturelle qui représente, dans son immensité, l'abrégé de la nature. Ce qui m'a encore frappé de surprise est le cabinet minéralogique de l'Ecole des Mines où je suis le cours de minéralogie.

"On ne peut rien voir de plus admirable: les marbres précieux, les grandes colonnes, l'or, les peintures fines, la plus élégante architecture, tout le précieux est employé avec profusion pour orner cette magnifique salle, autour de laquelle tous les minéraux du globe sont rangés par ordre, en brillante tapisserie.

"Le Palais royal est beau, le Louvre aussi, mais je

d

croyais voir quelque chose de plus magnifiqué encore. «

Or, pendant que Braconnot ne trouve pas dans le Louvre réel le Louvre de ses rêves, il ne songe pas que par son extravagante description de l'Ecole des Mines, il prépare à sa mère une déception analogue. Mais, en ce moment, il s'agissait de décider la bonne dame à venir à Paris, fût-ce au prix d'une déception. Il en fut pour ses frais d'exagération; ce voyage tant désiré de part et d'autre ne devait pas encore se réaliser, M. Huvet ayant déclaré qu'il préférait que M. Bon-à-Rien vienne ́ passer quelques jours à Nancy.

Le jeune homme s'en garda bien; il avait des comptes à rendre et aima mieux s'en acquitter à distance; en partant de Nancy, il avait promis soit d'entrer dans une pharmacie de Paris, soit de prendre des inscriptions de médecine, et le voilà, depuis près de six mois, dans la capitale sans s'être acquitté de sa promesse. Je fréquente, dit-il, les cours qui sont relatifs à mon état, en attendant qu'une occasion favorable se présente pour que j'entre dans une pharmacie. Je ne serais même pas fâché que cela tardât un peu, parce que je regarderais comme perte de quitter aussi promptement les leçons des grands maitres que nous suivons avec activité. Si j'ai balancé quelque temps avant d'adopter la pharmacie pour mon état, j'ai changé d'avis; je préfère m'y adonner afin d'approfondir la chimie que j'ai toujours aimée avec passion, peut-être qu'en suivant cette marche je ne serai pas confondu dans la foule des médiocrités.

On voit que la vocation s'est fait jour et que le chimiste se dessine; une belle et noble ambition l'anime, celle de ne pas se confondre dans la foule des médiocrités et de n'arriver à s'en distinguer que par des voies honorables. Désormais, le jeune homme est sauvé; il a son fil conducteur, et on ne lui fera pas embrasser une carrière qui ne cadre pas avec ses goûts.

Il ne veut pas devenir médecin, c'est convenu; mais il a été tant tourmenté à ce sujet par son beau-père qu'il veut se faire une idée générale là-dessus. "

Dans une lettre du mois de novembre 1802, il dit : Les cours de l'Ecole de santé sont recommencés, les autres vont incessamment s'ouvrir. Je vais depuis quelques jours à la clinique, c'est-à-dire que j'assiste aux leçons du plus grand médecin de Paris; il explique les maladies graves de certains malades; quoique je ne veuille pas être médecin, je suis bien aise d'avoir des idées générales là-dessus. Je me convaines de plus en plus, qu'entre les mains du plus grand médecin, la médecine est un art extrêmement obscur, incertain; que ce n'est que par à peu près que le médecin porte des jugements et qu'il est parfaitement ignorant de ce qui se passe dans nos corps malades; cette ignorance, qui fera toujours de la médecine une science imparfaite et remplie d'erreurs, m'éloigne du désir de pénétrer dans ses labyrinthes tortueux et je ne regrette pas de ne pas l'avoir prise pour mon état. »

L'opinion qu'il manifeste en 1802 sur la médecine,

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