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honneurs obtenus n'assureront jamais aux grands hommes un asile inviolable et en quelque sorte sacré, où leur vieillesse s'écoule en repos, sinon entourée des hommages qui lui sont dus, au moins à l'abri de toute insulte?» Cette déclaration et les éloquentes paroles qui la terminaient, firent impression, non-seulement sur l'assemblée, mais sur les accusateurs eux-mêmes. Ils dirent qu'ils examineraient ce qu'exigeaient d'eux les droits et les devoirs de leur magistrature. L'assemblée du peuple congédiée, le sénat se réunit ; et cet ordre eh corps, surtout les anciens et les consulaires, donna d'éclatans témoignages de gratitude à Ti. Gracchus, pour avoir sacrifié à la république ses ressentimens particuliers. Les Petillius, au contraire, essuyèrent de violens reproches, pour avoir voulu s'élever aux dépens d'autrui, triompher de Scipion l'Africain et s'enrichir de ses dépouilles. L'affaire de l'Africain fut ensuite assoupie; il passa le reste de ses jours à Literne, sans regretter Rome. On rapporte qu'avant de mourir il donna ordre de l'inhumer dans ce lieu champêtre, et qu'il s'y fit élever un tombeau, ne voulant pas que les derniers devoirs lui fussent rendus dans son ingrate patrie. Ce grand homme, dont le nom méritait de vivre dans la postérité, fut toutefois plus célèbre dans la guerre que dans la paix. La première partie de sa vie jeta plus d'éclat que la dernière, parce que sa jeunesse appartint tout entière à la carrière des armes; mais sa renommée s'éclipsa avec l'âge, et son génie languit faute d'aliment. Quelle gloire son second consulat, même en y ajoutant sa censure, ajouta-t-il au premier? que dire de sa lieutenance en Asie, rendue inutile par la maladie dont il fut atteint, disgracieuse d'abord le malheur de son fils, et, par

LIV. Morte Africani crevere inimicorum animi, quorum princeps fuit M. Porcius Cato, qui vivo quoque eo adlatrare ejus magnitudinem solitus erat : hoc auctore existimantur Petillii et, vivo Africano, rem ingressi, et, mortuo, rogationem promulgasse. Fuit autem rogatio talis: «Velitis, jubeatis, quæratur, quæ pecunia capta, ablata, coacta ab rege Antiocho est, quique sub ejus imperio fuerunt; quod ejus in publicum relatum non est, uti de ea re Ser. Sulpicius prætor urbanus ad senatum referat: quem eam rem velit senatus quærere de iis, qui prætores nunc sunt? » Huic rogationi primo Q. et L. Mummii intercedebant : senatum quærere de pecunia non relata in publicum, ita ut antea semper factum esset, æquum censebant. Petillii nobilitatem et regnum in senatu Scipionum accusabant. L. Furius Purpureo consularis, qui in decem legatis in Asia fuerat, latius rogandum censebat : non quæ ab Antiocho modo pecuniæ captæ forent, sed quæ ab aliis regibus gentibusque, Cn. Manlium inimicum incessens. Et L. Scipio, quem magis pro se, quam adversus legem, dicturum adparebat, dissuasor processit is post mortem P. Africani fratris, virį

après son retour, par la nécessité ou de subir un jugement, ou de quitter sa patrie pour s'y soustraire? Du moins à lui seul appartient la gloire d'avoir terminé la seconde guerre punique, la plus importante et la plus dangereuse que les Romains aient jamais eue à soutenir.

et

LIV. La mort de l'Africain enhardit ses ennemis. Le principal d'entre eux était M. Porcius Caton, qui, envieux de sa grandeur, n'avait cessé d'invectiver contre lui pendant sa vie même. On pense que ce fut à son instigation, que les Petillius poursuivirent l'Africain de son vivant, et, après sa mort, présentèrent au peuple un projet de loi ainsi conçu : « Voulez-vous, ordonnezvous qu'il soit fait une enquête au sujet de l'argent pris, enlevé, extorqué au roi Antiochus et à ses sujets, et qui n'a point été porté dans le trésor public; que Ser. Sulpicius, préteur de la ville, en fasse un rapport au sénat, que le sénat charge de la poursuite de cette affaire celui des préteurs actuels qu'il jugera à propos? » Q. et L. Mummius formèrent d'abord opposition à cette requête ; ils soutenaient que le sénat devait se borner à faire informer contre les détenteurs des deniers publics, comme cela s'était toujours pratiqué auparavant. Les Petillius s'élevaient contre les grands et contre le pouvoir exorbitant des Scipions dans le sénat. L. Furius Purpuréon, personnage consulaire, l'un des dix commissaires qu'on avait envoyés en Asie, cherchait à faire donner plus d'extension au projet de loi; il voulait que l'information portât sur l'argent tiré, soit d'Antiochus, soit des autres rois et peuples, espérant faire comprendre par-là dans le procès Cn. Manlius son ennemi. L. Scipion, qui semblait devoir songer davantage à se défendre qu'à attaquer la loi proposée, s'avança pour la combattre. Il se

omnium fortissimi clarissimique, eam exortam rogationem est conquestus. « Parum enim fuisse, non laudari pro Rostris P. Africanum post mortem, nisi etiam accusaretur. Et Carthaginienses exsilio Annibalis contentos esse: populum romanum ne morte quidem P. Scipionis exsatiari, nisi et ipsius fama sepulti laceretur, et frater insuper, accessio invidiæ, mactetur. » M. Cato suasit rogationem (exstat oratio ejus de pecunia regis Antiochi), et Mummios tribunos auctoritate deterruit, ne adversarentur rogationi. Remittentibus ergo his intercessionem, omnes tribus, uti rogassent, jusserunt.

LV. Ser. Sulpicio deinde referente, quem rogatione Petillia quærere vellent, Q. Terentium Culleonem patres jusserunt. Ad hunc prætorem, adeo amicum Corneliæ familiæ, ut, qui Romæ mortuum elatumque P. Scipionem (est enim ea quoque fama) tradunt, pileatum, sicut in triumpho ierat, in funere quoque ante lectum isse, memoriæ prodiderint, et ad portam Capenam mulsum prosecutis funus dedisse, quod ab eo inter alios captivos in Africa ex hostibus receptus esset: aut adeo inimicum eumdem, ut propter insignem simultatem ab ea factione, quæ adversa Scipionibus erat, delectus sit potissimum ad quæstionem exercendam; ceterum ad hunc nimis æquum aut iniquum prætorem reus extem

plaignit amèrement de ce qu'on avait attendu la mort de son frère P. Scipion l'Africain, le plus brave, le plus illustre de tous les Romains, pour présenter une semblable loi. « Ce n'était point assez de refuser à P. Scipion l'Africain après sa mort les éloges qui lui étaient dus, il fallait encore l'accuser. Les Carthaginois s'étaient contentés de l'exil d'Annibal; mais la mort même de P. Scipion n'avait pu assouvir la fureur du peuple romain, qui voulait flétrir sa gloire jusque dans le tombeau, et, de plus, sacrifier son frère à l'envie. » M. Caton conseilla l'adoption de la loi (son discours au sujet de l'argent du roi Antiochus s'est conservé jusqu'à nos jours); et l'autorité de son suffrage porta les tribuns Mummius à se désister de leur opposition. Il résulta de ce désistement que toutes les tribus votèrent en faveur de la loi.

LV. Ensuite les sénateurs, consultés par Ser. Sulpicius, ordonnèrent à Q. Terentius Culléon de mettre à exécution la loi Petillia. Culléon ne pouvait agir avec impartialité dans cette circonstance; car il fallait ou qu'il fût tout dévoué à la famille Cornelia, lui qui, aux funérailles de P. Scipion (car une autre tradition rapporte qu'elles eurent lieu à Rome, et même qu'il y était mort), marcha devant son lit funèbre, comme il avait marché devant son char de triomphe, la tête couverte du bonnet d'affranchi, et qui, à la porte Capène, avait fait distribuer du vin miellé à ceux qui avaient accompagné le convoi, en reconnaissance de ce qu'en Afrique Scipion l'avait retiré des mains des ennemis, au pouvoir desquels se trouvait un certain nombre de prisonniers dont il faisait partie; ou qu'il fût devenu ardent adversaire de cette même famille, puisque la faction contraire aux Sci

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