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du mérite des autres villes. Pour moi, je vous avoue que je suis pour vous dans une peur épouvantable; et je ne me consolerois de ma vie si vous veniez à être pendu.

M. DE POURCEAUGNAC.

Ce n'est pas tant la peur de la mort qui me fait fnir, que de ce qu'il est fâcheux à un gentilhomme d'être pendu, et qu'une preuve comme celle-là feroit tort à nos titres de noblesse.

SBRIGANI.

Vous avez raison; on vous contesteroit après cela le titre d'écuyer. Au reste, étudiez-vous, quand je vous menerai par la main, à bien marcher comme une femme, et à prendre le langage et toutes les manieres d'une personne de qualité.

M. DE POURCEAUGNAC.

Laissez-moi faire; j'ai vn les personnes du bel air. Tout ce qu'il y a, c'est que j'ai un peu de barbe.

SBRIGAN I.

Votre barbe n'est rien; il y a des femmes qui en ont autant que vous. Cà, voyons un peu comme vous ferez. (après que M. de Pourceaugnac a contrefait la femme de condition.) Bon.

M. DE POURCEAUGNAC.

Allons donc, mon carrosse; où est-ce qu'est mon carrosse ? Mon dieu! qu'on est misérable d'avoir des gens comme cela! Est-ce qu'on me fera attendre toute la journée sur le pavé, et qu'on ne me fera point venir mon carrosse ?

Fort bien.

SBRIGAN I.

M. DE POURCEAUGNAC.

Hola! ho! cocher, petit laquais. Ah! petit frippon, que de coups de fouet je vous ferai donner tantôt! Petit laquais, petit laquais. Où est-ce done qu'est ce petit laquais? ce petit laquais ne se trou.

vera-t-il point? ne me fera-t-on point venir ce petit laquais? Est-ce que je n'ai point un petit laquais dans le monde?

SBRIGAN I.

Voilà qui va à merveille. Mais je remarque une chose: cette coëffe est un peu trop déliée ; j'en vais quérir une un peu plus épaisse, pour vous mieux cacher le visage en cas de quelque rencontre.

M. DE POURCEAUGNAC.

Que deviendrai-je cependant?

SBRIGANI.

Attendez-moi là, je suis à vous dans un moment; vous n'avez qu'à vous promener.

(M. de Pourceaugnac fait plusieurs tours sur le théâtre, en continuant à contrefaire la femme de qualité. )

SCENE III.

M. DE POURCEAUGNAĆ, DEUX SUISSES.

PREMIER SUISSE, sans voir M. de Pourceaugnac.

Allons, dépêchons, camerade; ly faut allair tous deux nous à la Creve, pour regarter un peu chousticier sti montsir de Porcegnac, qui l'a été contané par ortonnance à l'être pendu par son cou. SECOND SUISSE, Sans voir M. de Pourceaugnac. Ly faut nous loër un fenestre pour foir sti choustice.

PREMIER SUISSE.

Ly disent que l'on fait téja planter un grand potenee toute neuve, pour ly accrocher sti Porcegnac.

SECOND SUISSE.

Ly sira, ma foi, un grant plaisir d'y regarter pendre sti Limossin.

PREMIER SUISSE.

Oui, te ly foir gambiller les pieds en haut tefant tout le monde.

SECOND SUISSE.

Ly est un plaisant trôle, oui: ly disent que s'être marié troy foie.

PREMIER SUISSE.

Sti diable ly fouloir troy femmes à ly tout seul; ly être bien assez t'une.

SECOND SUISSE, en appercevant M. de Pourceaugnac.

Ah! pon chour, mameselle.

PREMIER SUISSE.

Que faire fous là tout seul?

M. DE POURCEAUGNA C.,

J'attends mes gens, messieurs.

SECOND SUISSE.

Ly être belle, par mon foi.

M. DE POURCEAUGNAG.

Doucement, messieurs.

PREMIER SUISSE.

Fous, mameselle,,fouloir finir rechouir fous à la Creve? Nous faire foir à fous un petit pendement pien choli.

M. DE POURCEAUGNAC.

Je vous rends grace.

SECOND SUISSE.

L'être un gentilhomme limossin, qui sera pendu chantiment à un grand potence,

M. DE POURCEAUGNAC.

Je n'ai pas de curiosité.

PREMIER SUISSE.

Ly être là un petit téton qui l'est trôle.

M. DE POURCEAUGNAC.

Tout beau.

PREMIER SUISSE.

Mon foi, moi couchair pien afec fous.

M. DE POURCEAUGNA C.

Ah! c'en est trop; et ces sortes d'ordures-là ne se

disent point à une femme de ma condition.

SECOND SUISSE.

Laisse, toi; l'être moi qui veux couchair afec elle.

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Parti, toi, l'afoir menti toi-même.

M. DE POURCEAUGNAC.

Au secours! à la force!

SCENE IV.

M. DE POURCEAUGNAC; UN EXEMPT, DEUX ARCHERS, DEUX SUISSES.

L'EXEMPT.

Qu'est-ce? Quelle violence est-ce là? Et que voulez-vous faire à madame? Allons, que l'on sorte de là, si vous ne voulez que je vous mette en prison.

PREMIER SUISSE.

Parti, pon, toi ne l'afoir point.

SECOND SUISSE.

Parti, pon aussi, toi ne l'afoir point encore.

SCENE V.

M. DE POURCEAUGNAC, UN EXEMPT.

M. DE POURCEAUGNAC

Je vous suis obligée, monsieur, de m'avoir délivrée de ces insolents.

L'EXEMPT.

Quais! voilà un visage qui ressemble bien à celui que l'on m'a dépeint.

M. DE POURCEAUGNAC.

Ce n'est pas moi, je vous assure.

L'EXEMPT.

Ah! ah! qu'est-ce que veut dire...?

M. DE POURCEAUGNAC.

Je ne sais pas.

L'EXEMPT.

Pourquoi donc dites-vous cela ?

M. DE POURCEAUGNAC.

Pour rien.

L'EXEMPT.

Voilà un discours qui marque quelque chose; et je vous arrête prisonnier.

M. DE POURCEAUGNAC.

Hé! monsieur, de grace!

L'EXEMPT.

Non, non; à votre mine et à vos discours, il faut que vous soyez ce monsieur de Pourceaugnac que Lous cherchons, qui se soit déguisé de la sorte ; et vous viendrez en prison tout-à-l'heure.

M. DE POURCEAUGNAC.

Hélas!

SCENE V I.

M. DE POURCEAUGNAC, SBRIGANI, UN EXEMPT, DEUX ARCHERS.

SBRIGANI, à M. de Pourceaugnac. Ah ciel! que veut dire cela?

M. DE POURCEAUGNAC.

Ils m'ont reconnu.

L'EXEMPT.

Oui, oui; c'est de quoi je suis ravi.

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