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en remontant le Niger, un de ses compatriotes, M. Henry Wilford, essaie de se rendre, par la voie du Kordoufan, dans l'Afrique centrale, tentative qui se rattache d'une manière intime avec celle de M. Linant. Rüppel explore l'Abyssinie.

L'Océanie n'a donné lieu dans ces derniers temps, en fait de travaux privés, qu'à quelques cartes peu remarquables. Nous ne pouvons guère signaler que celle que Hamberger a fait paraître en 1829 à Nuremberg, sous le titre d'Australie, et celle de Wieland publiée sous le même titre à Weimar en 1830.

Ici se termine notre esquisse; nous sentons nous-même tout ce qu'elle a d'incomplet et de superficiel. Ayant à donner une idée générale de tant de faits épars, leur multitude même s'opposait à ce que nous nous livrassions à un examen critique de chacun d'eux. Signaler leur existence à ceux qui ne sont pas à portée des sources est tout ce que nous avons prétendu faire. Nous avons souvent entendu des hommes spéciaux regretter l'absence d'un semblable résumé, travail aride auquel bien peu de personnes ont le temps et la volonté de se livrer. En nous résignant, non sans quelque courage, à cette tâche, nous avons compté qu'on nous saurait gré de l'avoir accomplie.

D'AVEZAC.

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

14 mai 1834.

La commission de la cour des pairs se livre avec activité à ses interrogatoires et à ses enquêtes, et l'on n'est pas bien d'accord sur le résultat de ses travaux. A entendre quelques membres du gouvernement intéressés à grossir les derniers évènemens, déjà assez funestes, la commission aurait déjà découvert les traces d'une vaste ramification qui étend ses réseaux sur toute la France; d'autres, plus impartiaux, assurent, au contraire, que toutes les visites domiciliaires, tous les mandats d'arrêt, toutes les mesures si sévères qui ont été prises, ont donné peu de renseignemens, et laissé beaucoup d'incertitude sur le complot qu'on cherche à découvrir. Quoi qu'il en soit, nous avons entendu quelques pairs dire eux-mêmes combien la présence, dans la commission, d'un membre de la chambre qui est en relations continuelles avec le château, pourrait faire naître de fâcheuses impressions en cette circonstance. La haute impartialité et le mystère, qui doivent être les premiers attributs de la commission d'enquête, seront-ils bien respectés, comme il arriva en 1820, où la cour des pairs se montra si modérée et si digne? On ne peut se dissimuler que le travail auquel se livre la commission, met en ses mains les secrets privés, et peut-être la fortune de quelques milliers de familles, dont les papiers ont été saisis, la correspondance interceptée, et les habitudes ob

servées avec toute la sollicitude que met la police en pareilles choses. Les noms des membres de la cour des pairs offrent sans doute beaucoup de garanties contre l'abus qu'on pourrait faire de pareilles investigations, mais il faut encore que l'opinion soit bien rassurée à cet égard. C'est à la commission elle-même de prouver par ses actes qu'elle n'est pas au-dessous de celle de 1820. Quoi qu'il en soit, la cour des pairs ne se réunira guère qu'au mois de septembre, et un grand nombre de membres, fatigués par la longueur de la session, se disposent déjà à quitter Paris. On ne parle plus d'ailleurs de transférer la cour des pairs à Versailles; c'est une pensée qu'on rejette avec hauteur et dont on se défend, comme si on la croyait suggérée par une timidité qui ne serait pas de saison main

tenant.

Quant aux travaux même de la commission, s'il nous est permis de parler des bruits qui circulent, on assure qu'ils éprouvent quelque embarras dans leur marche. Il paraît, quoique nous ne l'affirmions pas, que la plupart des individus arrêtés les armes à la main n'appartiennent pas aux associations; les membres des associations détenus aujourd'hui auraient, au contraire, été arrêtés dans leurs domiciles, et l'on serait presque complètement assuré qu'ils n'ont pas pris une part active à cette prise d'armes. D'un autre côté, les journalistes qu'on a préventivement écroués, et à qui on veut assigner le rôle de provocateurs, se seraient tirés assez bien de leurs interrogatoires, et l'on en serait à l'impossibilité de lier leurs articles à l'insurrection à main armée, comme à l'impossibilité de trouver des rapports palpables entre l'opposition passive des sectionnaires et l'échauffourée des faiseurs de barricades. Tel serait, du moins à Paris, l'état des choses en ce moment; mais on sent bien que nous n'en sommes encore, ainsi que le public, qu'à des conjectures plus ou moins fondées, et que nous ne pouvons accueillir qu'avec une extrême précaution.

Pour le ministère, il continue hardiment de fonder son système de gouvernement militaire, et des menaces il passe déjà aux effets. Un journal à l'aide duquel on peut souvent pénétrer les pensées des ministres, et dont les directeurs sont admis dans leur intimité, n'a pas pris beaucoup de circonlocutions pour nous préparer au régime du sabre. Il y a 'quelques jours il disait en ces propres termes : « Il est impossible que le gouvernement ne devienne pas un gouvernement militaire, si la faiblesse des lois continue à servir la fureur de la presse.» « Le pouvoir de l'intelligence, ajoutait-il, une fois que vous lui permettrez de se livrer à tous ses caprices, ne peut être contenu que par le pouvoir de la force matérielle, à qui il faudra bien aussi passer ses caprices. » Rien n'est plus clair, ce nous semble. Bonaparte, descendant de cheval à la porte du conseil des Cinq-Cents,

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n'avait pas menacé la législature d'un ton plus haut que ne le font cette fois nos ministres. C'est aux électeurs que s'adressent ces menaces. Le Journal des Débats que nous citons, et qui a cette fois le grand mérite de la franchise, ne le leur cache pas. « La loi sur les crieurs publics et la loi des associations ont commencé l'œuvre, dit-il en terminant; qu'il sorte une chambre qui persévère dans ces mesures salutaires... et nous n'aurons pas besoin de nous réfugier sous le despotisme du sabre pour échapper au despotisme de la plume. » Ainsi voilà les électeurs bien prévenus. Qu'ils se hâtent d'envoyer à la chambre une majorité ministérielle bien dévouée comme la dernière, et le ministère voudra bien leur accorder l'exercice de leurs droits; mais à ce prix seulement, car de leur soumission dépend leur existence et celle du régime réprésentatif tout entier. S'il leur prend quelque velléité d'indépendance, si leurs votes soutiennent l'esprit de la presse qui a l'audace de blâmer souvent les ministres, si leurs choix ébranlent l'existence politique de M. Duchatel, de M. Thiers et de M. Guizot, MM. Guizot, Thiers et Duchatel monteront à cheval, et feront voir à leurs représentans qu'il y a pour le moins autant de fenêtres en 1834 au Palais-Bourbon, qu'il s'en trouvait le 48 brumaire de l'an vIII, à l'orangerie de St.-Cloud. En vérité, jamais le ministère Polignac n'avait osé revêtir d'un langage aussi extravagant la folle pensée qui a renversé le dernier pouvoir!

Nos Cromwells et nos Bonapartes futurs marchent ouvertement à l'exécution de leurs projets, et les motifs de la loi des crédits supplémentaires, présentée à la suite des derniers troubles, n'ont pas non plus un sens bien caché. L'armée semblait suffisamment nombreuse à nos ministres pour se soumettre aux volontés de la sainte-alliance, et se laisser menacer par tous les souverains; elle ne l'est plus assez maintenant qu'il s'agit de menacer la France et de lui serrer le cou. Elle sera donc portée à trois cent soixante mille hommes, et le pays, qui a vaincu la dernière révolte par son bon sens et sa vigueur, en sera récompensé par une augmentation de trente-six millions sur son budget. En attendant, pour préparer l'armée à se mettre en campagne, huit croix ont été distribuées à chacun des régimens qui ont fait leur devoir dans les dernières émeutes. C'est moitié plus que Napoléon n'en donna sur les champs de bataille d'Austerlitz et d'Eylau.

Si le ministère se soucie peu de l'approbation du pays et se met peu en position de l'obtenir, celle de la sainte-alliance ne lui manque pas du moins, et il la recherche avec empressement. On ne s'est pas plus vivement félicité, au château, de la dernière victoire remportée sur l'insurrection que du discours prononcé par M. Pozzo di Borgo, à la tête du

corps diplomatique, à l'occasion de la fête du roi. M. Pozzo di Borgo, qui aime par-dessus tout le séjour de Paris, et dont le chagrin fut bien grand chaque fois que les mésintelligences du gouvernement de juillet et de la Russie le menacèrent de rompre ses habitudes de société, contractées en France depuis tant d'années, tenait beaucoup, dit-on, à mettre dans son discours une phrase qui satisfit l'empereur, son maître. Nos ministres ne demandaient au fond qu'à satisfaire l'empereur Nicolas, et tout ce qu'ils tentent depuis quelque temps contre la liberté, prouve de reste combien ils ont à cœur de réussir; mais l'empereur voulait un témoignage public de l'affinité toute récente qui règne entre ses vues et celles du gouvernement français. Les puissances demandaient, par leurs représentans, que la monarchie de juillet tendit ses mains à la sainte-alliance, mais publiquement, comme elle les livrait autrefois aux grossières étreintes des prolétaires. On assure que la négociation ne fut pas facile, que le ministère hésita quelques momens, qu'il allégua la nécessité où il était de garder encore quelques semblans de libéralisme et de liberté; mais tout finit par s'arranger par condescendance pour les illustres souverains, et il fut arrêté que M. Pozzo di Borgo féliciterait Louis-Philippe de la bonne harmonie qui règne entre toutes les puissances et qui les unit dans la ferme et salutaire résolution d'assurer aux nations les bienfaits de la paix, et de la garantir contre les passions et les erreurs qui tenteraient de la troubler. La réponse royale n'a pas été moins claire; la France a maintenant le bonheur de compter parmi les pays soumis aux vues bienfaisantes de la sainte-alliance.

La loi contre les barricades qu'on a fort bien caractérisée de loi militaire, une des lois les plus terribles dont on ait jamais armé le pouvoir en France, ne suffit déjà plus. On en veut maintenant à la presse et à la liberté de la tribune. En quatre années, le gouvernement de juillet a parcouru les quinze années de la restauration, et comme la restauration, il compte bien que le pays, fatigué de défendre ses libertés une à une, les lui livrera en masse dès qu'il frappera un grand coup. En attendant, c'est sur les colléges électoraux qu'il a fondé son espoir. Rien n'est épargné pour le travail des élections, et jamais le ministère de M. de Villèle ne harcela plus vivement les fonctionnaires pour stimuler leur zèle, jamais il ne mit à leur disposition plus de moyens de séduction et de menaces que ne le fait M. Thiers. Comme c'est de la chambre prochaine que l'on comple obtenir les dernières mesures qui doivent compléter le système d'oppression et d'asservissement si bien commencé par le ministère, on sent toute l'importance des démarches qui se font en ce moment.

Cette pensée des élections occupe tellement le ministère, qu'elle se pré

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