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la vie,

ami, une épouse plus chere que un enfant, gage de tes amours.

Fuis donc, cours dans des pays lointains va traverse la zone brû

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lante, pour chercher les régions du Midi; leur image te fuivra par-tout; elle t'attend déja fur le rivage.

La douleur eft femblable aux bêtes féroces; elle eft plus furieufe qu'un lion enlacé dans des filets: elle ronge comme le ver, comme le vautour elle déchire le cœur.

Qui eft-ce qui s'avance d'un pas lent, & courbé vers la terre ? Son front eft trifte comme l'entrée de la nuit; l'éclat pâle de la lune eft moins: foible que la lumiere de fes yeux; fa tête eft comme un tems couvert & chargé de neige.

C'est la vieilleffe. Mais que montrent fes mains? Qu'est-ce qu'elle trace avec fon doigt? Que veut dire cet monceau de terre qu'elle éleve? C'est le terme de tout, c'eft le tombeau.

Combien en eft-il pour qui le fort a été plus rigoureux encore! La dure pauvreté leur fait fentir fes dents de fer; ils entendent nuit & jour les gé miffemens de tendres enfans qui demandent du pain.

Quoi! la terre n'a-t-elle donc pas. de quoi nourrir tous fes enfans ?O Ciel!... D'autres font accablés la par maladie; elle leur rend la vie infup portable au fein. même de l'abondance.

Souvent avant la fin de tes jours, la fortune te renverfe, & l'on te voit comme un chêne élevé que la fureur des vents a déraciné & renversé

terre.

par

Un homme indigne monte à ta place; la violence détruit ton héritage; le crime & la calomnie teignent tes vêtemens; aucun ami n'ofe entrer dans ta maifon,, devenue le féjour du befoin.

Qu'est-ce que l'homme? Que de puiffance & que de foibleffe! Lorfque.

Pheure frappe, fût-il entouré d'une armée, un Roi tombe de fon trône & fe change en un monceau de cendres & de pouffiere.

Toi, toi feul, Être fuprême & infini! toi, Pere & Monarque de tout ce qui a été & fera! tu n'as point de changement à craindre; jamais le pouvoir de ton fceptre ne fera diminué..

Les fiecles anciens qui font entierement évanouis pour les hommes, les fiecles qui viendront dans les derniers périodes des tems, tu les appelles & ils comparoiffent devant ta face.

Tu les vois flotter aux pieds de ton trâne, femblables à des quilles de vaiffeaux battus par les vents & les flots; l'une eft couronnée de l'olivier de la paix, l'autre eft fouillée defang.

Tu as féparé le tems de l'éternité, c'eft ta main qui as modéré l'effor de fes aîles, afin qu'il ne fût ni trop tardif ni trop prompt à s'envoler.

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Le deftin fe tient à genoux à tes pieds; il lit dans ton livre facré les décrets irréfiftibles de ta volonté; mais lorfque tes yeux le rencontrent, ou tout change ou tout s'arrête.

Là où la lumiere éternelle répand à toute heure un océan de délices qui jaillit du fein du Très-Haut, il ne peut y avoir ni deuil ni trifteffe; la douleur fuit, & la mort périt elle-même.

ARTICLE VII I.

SUITE des Lettres fur les fenfations

A

LETTRE XIII.

Palémon à Euphanor.

SSIS dernierement fur le haut d'une colline, je me livrois à mes profondes fpéculations; notre ami Eudoxe vint m'en retirer. L'agréable

foirée que celle que nous avons paffée!

& combien nous avons defiré que tu fuffes de la partie! Les raifonnemens de Lindamour en faveur du fuicide furent les objets de nos entretiens. Nous dif putâmes de part & d'autre avec chaleur. La nuit étoit plus d'à-moitié de fon cours que nous n'avions pu encore nous accorder. Eudoxe défendoit, avec fa véhémence ordinaire, cette rage introduite en Angleterre ; il aime fon pays, & fa façon de penfer prend en quelque forte la teinte de ce patriotifine, l'idole de tout Anglois. Eudoxe voudroit, fans bleffer la vérité, donner de la force à un préjugé qui

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