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Les écrits il a trop confideré la Religion comme une inftitution politique, quoique dans fon Eloïfe il n'ait préfenté que ce qui tenoit intimément au caractere qu'il décrivoit. Nous pourrions avec autant de juftice reprocher à Richardfon'd'avoir peint un débauché aimable, qu'à Rouffeau d'avoir peint un athée vertueux.

Le Philofophe Génevois a été affez hardi pour repréfenter Eloïfe mariée, unie à un homme dont elle ne pouvoit aimer la perfonne, dont les principes étoient directement oppofés aux fiens, mais dont les procédés méritoient fon eftime, & la rendirent conftamment fidelle à fes devoirs, dans les fituations même les plus délicates & les plus difficiles. Wolmar a l'adreffe de s'attacher les deux amans, & d'enchaîner leur tendreffe mutuelle en mettant fa confiance entiere dans leur honneur & deur amour naturel de la vertu. C'estlà que l'on trouve les plus belles maximes du devoir conjugal, & la defcription la plus couchante qu'on ait jamais faite du mariage & de la vie champêtre. Sans un feul événement intéreffant M. Rouffeau a trouvé le

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fecret de nous attacher à toutes les fituations qu'il a peintes, & nous fommes également touchés de la narration de l'Historien & des leçons du Philofophe.

Mais notre deffein n'eft pas de nous étendre fur tous les détails de cet ouvrage; ceux qui n'ont pas lu la nouvelle Eloïfe ne s'intereffent guere à ces obfervations, qui n'auroient rien de neuf pour ceux qui l'ont lue. Nous terminerons donc ce morceau par remarquer que la maniere dont M. Rouffeau exprime les idées les plus fublimes eft naturelle, mais qu'elle eft quelquefois trop philofophique : quelques lecteurs appelleront cela pédanterie, d'autres affectation; pour nous nous n'y voyons que le résultat d'un génie libre, qui ne peut affujettir ni fes idées ni fon langage aux formes communes. Il n'y a que cet Ecrivain qui ait pu introduire avec propriété les expreffions fuivantes dans les lettres d'une jeune fille à fon amant. « Si » vous ne m'aviez pas défendu la Géometrie, je vous dirois que mon inquiétude eft en raifon compofée des » intervalles du tems & du lieu, &c. »

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«Nos ames fe font • pour ainfi dire, touchées par tous les points » & nous avons fenti par-tout la mê» me cohérence. . ... comme ces ai» mans dont vous mé parliez, qui » ont, dit-on, les mêmes mouvemens » en différens lieux, nous fentirons » les mêmes chofes aux deux extrêmi »tés du monde ». Ce font - là des fentimens naturels mais donr la tournure philofophique paroîtra trop recherchée à ceux qui ne réfléchiront pas que cette jeune perfonne écrit à un Amant qui eft fon maître de Philofophie.

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ARTICLE X.

OBSERVATION fur la tranfmutation des bleds.

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la fin du mois de juin 1758, on fema dans un potager à Copenhague quelques grains d'avoine choifis un àun & placés dans un certain efpace, pour donner plus de liberté à la végétation, Leurs tiges s'éleverent bientôt, & on les coupa à plufieurs reprifes, pour les empêcher de monter en épis; ce qu'on ne leur permit que l'année fuivanté, 1759. Mais ce n'étoit plus de l'avoine, ce fut la plante que les Botanistes appellent bromus fcialis; il n'y eut qu'une feule plante qui produifit plufieurs épis de feigle.

C'étoit déja une opinion répandue avant la naiffance de la vraie Botanique, que le froment, le feigle, l'orge,l'ivraie, le bromus & l'avoine étoient une plante de la même efpece, qui dégénérant par le mauvais terrein & la mauvaise culture, prenoit fucceffivement différentes formes; ainfi le fro

ment devenoit avoine, & l'avoine par des moyens contraires pouvoit redevenir froment. Les obfervations des Naturaliftes firent tomber cette opinion dans le mépris ; ils découvrirent que les efpeces des plantes different effentiellement entre elles comme celles des animaux, & que les plus petites femences renferment en elles la plante qu'elles doivent produire.

Quelques Obfervateurs Suédois eu rent le courage de s'élever contre les nouvelles découvertes & de leur oppofer l'ancienne opinion qu'on avoit abandonnée; mais ils s'appuyerent fur l'expérience qui lui avoit manqué juf qu'a

'alors, & qui eft la feule voie qur mene à la connoiffance des vérités phyfiques. Les mêmes obfervations fe font faites en Saxe avec autant de fuccès; mais comme dans la nouveauté du paradoxe cette innovation qui paroiffoit contraire aux loix de la nature trouva beaucoup de contradiction, il eft à propos de réfoudre ici quelques difficultés qui fe préfenterent à quelques Botaniftes, tandis que d'autres en appelloient à l'expérience. Ces dif

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