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avec les étrangers, & qui ont toujours été Greligieufement attachés à la mémoire de leurs ancêtres, ayent confervé fans altération les ouvrages de leurs Bardes.

Les détails qu'on vient de lire font tirés d'une préface que le même M.Macpherfon a mife à la tête d'une nouvelle collection intitulée : FINGAL, Poëme épique en fix livres, avec plufieurs autres Poëmes compofés par Of cian, fils de Fingal, & traduits de la langue Erfe. Nous ne tarderons pas à faire connoître ces différens morceaux; mais en attendant que nous en donnions l'extrait, nous ne pouvons réfifter au defir de traduire un trait que nous avons remarqué dans l'un de ces Poëmes, & qui nous a paru de la plus haute & de la plus belle Poéfie : c'eft une apoftrophe au Soleil. « O toi, » s'écrie le Poëte guerrier! ô toi, » qui roules au - deffus de nos têtes, » rond comme le bouclier de mes » peres d'où viennent tes rayons, ô "Soleil, d'où vient ta lumiere éter"nelle? Tu t'avances dans ta beauté "majeftueufe, & les étoiles fe cachent » dans le firmament; la Lune pâle & » froide fe plonge dans les ondes de » l'Occident, Mais toi, tu te meus

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» fual, oh, qui peut être le compagnon de ta courfe! Les chênes de » la montagne tombent, les montagnes elles-mêmes fe dégradent avec » les années, l'Océan s'abaiffe & s'é» leve, la Lune elle-même fe perd » dans le ciel; mais tu es toujours le » même, te réjouiffant dans la fplen» deur de ta courfe! Lorfque le monde " eft obfcurci par les orages, lorfque » le tonnerre roule & que l'éclair vole, tu parois dans toute ta beauté » à-travers les nuées, & tu ris de la tempête mais pour Ofcian, (c'eft : » le Poëte) tu brilles en vain; car il » ne peut plus voir tes rayons, soit » que ta chevelure dorée flotte fur les » nuages d'Orient, foit que ton dif» que frémiffant s'avance aux portes » de l'Occident.... Mais peut-être, » comme moi, tu n'as qu'une faifon, » & tes années auront un terme ! Peut» être tu t'endɔrmiras un jour dans le

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fein de tes nuages, & tu cefferas » d'entendre la voix du matin »>! Homere & Milton n'ont point de tableaux plus fublimes; & le feu même de l'aftre qu'invoque Ofcian, n'eft pas plus pur que l'enthousiasme qui brille

Mans cette invocation. Nous auron bientôt occafion de parler plus au long de ce Poëte extraordinaire. Il eft tems de donner la traduction des nouveaux fragmens de Poéfie Erfe que nous avons annoncés,

I.

SHILRIC ET VINVEL A.

(VINVELA) Celui que j'aime eft fils de la Montagne; il pourfuit le chevreuil léger. La corde de fon arc a réfonné dans l'air, & fes chiens noirs font haletans autour de lui...,Soit que tu repofes à la fontaine du rocher, ou fur les bords du ruiffeau de la montagne, lorfque le vent courbe la cime des bruyeres & que le nuage paffe au-deffus de ta tête, que ne puis-je approcher de toi fans être apperçue! que ne puis-je voir celui que j'aime, du fommet de la colline!.... Que tu mẹ parus beau la premiere fois que je te vis! C'étoit fous le vieux chêne de Branno. Tu revenois de la chaffe; tu étois grand, tu étois plus beau que tous tes amis,

(SHILRIC) Quelle eft la voix que j'entends?..... Cette voix eft douce

comme le vent frais dans les ardeurs de l'été..... Je ne fuis point affis à l'abri des bruyeres dont le vent agite & courbe la cime....Je n'entends point le bruit de la fontaine du rocher. Loin de Vinvela, loin de toi, je fuis les guerres de Fingal. Mes chiens ne me fuivent plus, je ne marche plus dans la montagne, je ne te vois plus du fommet de la colline, portant tes pas légers le long des bords du ruiffeau de la plaine, brillante comme l'arc-enciel, belle comme l'aftre de la nuit, lorfqu'il peint fon image fur les flots de la mer du Midi.

(VINV.) O Shilric! tu t'es en allé, & je refte feule dans la montagne... Le chevreuil fe promene fur fon fommet; il y paît l'herbe fans crainte; le bruit du vent, le frémiffement de la feuille ne l'alarme plus. Le Chaffeur eft abfent, il s'eft en allé bien loin, il eft à préfent dans le champ de la mort & des tombeaux. Etrangers, fils des mers, épargnez mon Shilric!

(SH.) S'il faut que je périffe dans le champ de la mort, Vinvela, n'oublie pas de m'élever un tombeau.

Amaffe des pierres noires, amaffe de la terre fur ces pierres. Ce monument de tes mains me rappellera aux tems à venir. Lorfque le Chaffeur s'arrêtera près de ce monument, pour y prendre fon repas à midi, il dira: quelque Guerrier repofe en cet endroit, & mon nom revivra dans fon éloge....O Vinvela ! fouviens-toi de moi, lorfque la terre me couvrira.

(VINV.) Oui, oui, je me ressouviendrai de toi.... Ah, mon cher Shilric périra! Il eft für qu'il périra...Shilric, que ferai-je, que deviendrai-je, lorfque tu feras en allé pour toujours?... J'irai à travers ces montagnes fur le midi, j'irai dans le filence de cette plaine; là je verrai l'endroit où tu te repofois au retour de la chaffe....Il eft für mon Shilric périra......mais je me fouviendrai toujours de lui.

I I.

que

JE fuis affis fur la mouffe qui borde la fontaine, au fommet de la colline des vents. Les branches d'un arbre s'agitent fur ma tête; des eaux bourbeufes roulent fur la bruyere, &

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