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14-15 et 16 novembre. LIVRES RARES et CURIEUX de littérature et d'histoire, nombreux ouvrages sur la chasse et la vénerie, la noblesse, le Blason; réimpressions de livres rares; livres relatifs à l'histoire de Paris et des provinces, etc., etc., composant la bibliothèque de M. le vicomte de M***. Rue des Bons-Enfants, 28.-Me AVRIL, commissaire-priseur, assisté de M. AUG. AUBRY, libraire.

11-25 novembre.LIVRES IMPRIMÉS et MANUSCRITS ORIENTAUX composant la bibliothèque de feu M. REINAUD, membre de l'Institut. Me HAMOUY, commissaire-priseur, LABITTE, libraire.

18-28 novembre. LIVRES RARES et MANUSCRITS provenant de la bibliothèque de M. Le Métayer-Masselin. Me BOULLAND, commissaire-priseur, Schlesinger, libraire.

22 novembre. LIVRES composant la bibliothèque de feu M. le docteur L. VÉRON. En son domicile, rue de Rivoli, 232, à une heure précise. M° AVRIL, commissaire-priseur, assisté de M. AUG. AUBRY, libraire.

25 novembre. Rue Drouot, Vente de Livres de LITTÉRATURE, HISTOIRE, CONCHYOLOGIE, etc. Me DUCHON, commissaire-priseur. A. AUBRY, libraire.

20-26 novembre. LIVRES composant la bibliothèque de feu M. le baron DE LA ROCHE-LACARELLE. Me DELBERGUE-CORMONT, commissaire-priseur, BACHELIN, libraire.

27, 28, 29, 30 novembre, 2, 3, 4 et 5 décembre. LIVRES (Environ 10,000 volumes) provenant de la bibliothèque de M. le marquis de *** rue des Bons-Enfants (salle Silvestre), jurisprudence, théologie, beaux-arts, peinture, littérature française et étrangère, voyages, etc. -Me MARESCHAL, commissaire-priseur, assisté de M. AUG. AUBRY, libraire.

5, 6 et 7 décembre. BIBLIOTHÈQUE de feu M. HIPP. LE BAS, architecte, membre de l'Institut, officier de la Légion d'honneur, professeur honoraire à l'Ecole impériale des beaux-arts. A l'Hôtel des ventes, rue Drouot, salle n° 4, au premier. (Nombreux ouvrages d'architecture, livres à figures et sur les arts, etc., etc.) MMes DELBERGUE-CORMONT et DUGIED, commissaires-priseurs, assistés de M. AUG. AUBRY, libraire.

2-4 décembre. TABLEAUX, DESSINS, ESTAMPES et BRONZES, composant le cabinet de feu M. HIPP. LE BAS. Le catalogue se distribuera chez MMes DELBERGUE-CORMONT et DUGIED, commissaires-priseurs, et M. PETIT, expert, rue Saint-Georges, 7.

VARIETES BIBLIOGRAPHIQUES

LES FANTASTIQUES BATAILLES

DES GRANDS ROYS RODILARDUS ET CROACUS

Rien n'est plus rare que ce petit livre, quoiqu'il ait été réimprimé au moins sept fois. La Bibliothèque Impériale n'en possède aucune édition; la Bibliothèque de l'Arsenal, si riche en curiosités littéraires du XVIe siècle, n'a que l'édition de Lyon, Benoist Rigaud, 1559, in-16. Nous avons lieu de croire que les autres Bibliothèques publiques de Paris ne sont pas mieux partagées, à cet égard, que la Bibliothèque Impériale.

Voici, d'après le Manuel du libraire1, la nomenclature des sept éditions :

1° Les Fantastiques batailles des grands roys Rodilardus ét Croacus, translaté de latin en françois. Imprimé nouuellement, 1534. On les vend à Lyon, en la maison de Françoys Juste, in-8° goth. de 78 feuill.

2o Les mêmes. Paris, par Alain Lotrian, 1534, in-16.

3° Les mêmes. Plaisante inuention d'Homère, traduit nouuellement. Poitiers, à l'enseigne du Pellican, 1535, in-16 goth. de CII feuill. chiffrés.

4o Les mêmes. Lyon, 1536, in-16.

5° Grandes et fantastiques batailles, etc. Blois, Julian Angelier, 1554, in-16.

6o La Bataille fantastique, etc. Lyon, Benoist Rigaud, 1559, in-16 de 123 pag. et 4 de table.

7° La même. Rouan, par Anth. Routhier, 1603, pet. in-12.

(1) Au moment de mettre sous presse nous apprenons la mort du savant Bibliographe J. CH. BRUNET, auteur du Manuel du Libraire et de l'Amateur de Livres.

A. A.

Lorsqu'une de ces éditions a passé dans les ventes, elle n'a pas été disputée avec beaucoup d'ardeur, ce qui prouve une fois de plus que les bibliophiles ont souvent d'inexplicables indifférences et d'étranges aveuglements. Le prix en est donc resté très-bas: l'édition rarissime de François Juste se vendait 4 fr. 25 c. chez La Vallière; celle de Poitiers, 1535, ne s'est pas élevée au delà du prix de 9 fr. à la vente Méon, malgré cette note du Catalogue: «Bel exemplaire d'un livre extrêmement rare;» et la dernière édition, celle de Rouen, 1603, qui se trouvait chez Charles Nodier, a été adjugée à 2 3 fr. 50 c.

Et pourtant Charles Nodier avait mis en note cette recommandation à l'adresse des amateurs, qui d'ordinaire s'en rapportaient à lui: « Cette édition n'est pas une des premières, qui sont fort rares; mais il n'y en a point de commune 1. »

L'opuscule latin de Calentius, dont cet ouvrage est la traduction, ou plutôt l'imitation, a été souvent réimprimé, dans la première moitié du XVIe siècle, sous le titre de: De bello ranarum et murium, libri III, à Strasbourg, en 1511 et 1512; à Båle, en 1517; à Anvers, en 1545, etc.; mais il n'en est pas moins inconnu, en dépit de son mérite littéraire; on l'a tout à fait oublié, quand on ne l'a pas confondu avec la Batrachomyomachie d'Homère, et les critiques l'ont laissé de côté, comme peu digne d'attirer leur attention.

Ce poëme est pourtant un chef-d'œuvre de satyre allégorique, car ces rats et ces grenouilles qui se livrent de si terribles batailles, ne sont autres que des hommes, et leurs grands rois, Rodilardus et Croacus, représentent sans doute des monarques contemporains de l'auteur. On avait pensé que cette invention d'Homère, paraphrasée par Calentius, pouvait s'appliquer à l'expédition de Charles VIII, roi de France, contre Frédéric, roi de Naples.

Mais peu importe; ce n'est pas là ce qui donnera de la valeur à la traduction qui vient d'être réimprimée ici pour la plus grande joie des curieux. Cette traduction, en effet, offre tous les caractères d'une œuvre de François Rabelais.

Quiconque sait par cœur le Gargantua et le Pantagruel reconnaltra, dans les Fantastiques batailles, le style et la langue du maître. C'est là, ce nous semble, la meilleure preuve et la plus in

(1) Un exemplaire de l'édition de 1534, donné par Fr. Juste, faisait partie de la belle bibliothèque de M. Cigongne, aujourd'hui en possession de M. le duc d'Aumale.

contestable qu'on puisse invoquer. Qui est-ce qui écrivait comme Rabelais, à l'époque où parurent les deux premiers livres des immortelles Chroniques publiées sous le nom d'Alcofribas Nasier? Nous ne voyons que Rabelais, qui ait pu translater ainsi en françois le poëme homérique d'Elysius Calentius.

Ce n'est pas tout: il y a, entre les Fantastiques batailles et les batailles décrites dans les deux premiers livres du roman facétieux et philosophique de Rabelais, quelques analogies frappantes, quelques réminiscences caractérisées : la guerre des fouaces de Lerné a plus d'un rapport avec la guerre déclarée par Rodilardus à la reine des grenouilles, laquelle ressemblerait assez au roi Picrochole. Il faut lire, dans Gargantua, le chapitre intitulé: Comment Ulrich Gallet fut envoyé devers Picrochole, et dans les Fantastiques batailles, le chapitre Comment Rodilardus roy des rats feit denoncer la guerre aux grenoilles, par Ciceret. On trouve ici et là des idées congénères et des traits presque semblables.

Mais la similitude est encore plus évidente entre le chapitre de Pantagruel: Du dueil que mena Gargantua de la mort de sa femme Badebec, et le chapitre des Fantastiques batailles: Du grand dueil que feit Rodilardus pour la mort de son fils. L'auteur, dans ces deux chapitres, s'est inspiré d'Homère, en imitant les vers par lesquels le roy Priam se lamente de la mort piteuse de son fils Hector. >

Dans les Fantastiques batailles, le traducteur se sert continuellement des formes de narration que Rabelais affectionne; par exemple : « Le jour uenu, en peu d'heures, deuant le palais du roy Rodilardus furent assemblez bien uingt mille combatans, tant rats que souris, gens bien experts à la guerre, etc.» Ch. IX du 1er livre. <Aucuns toutefois de ces mauuais garniemens rats furent pris, et en fut fait iustice pour donner exemple aux autres; mesmement quatre cens cinquante deux compagnons qui estoient de la bande des souris, gens de pieds, en un uillage furent surprins. » Ch. VI du second livre.

Cà et là, dans l'invention d'Homère, le traducteur se permet des libertés qui sentent leur Rabelais; par exemple: «Ains brusloient souuent, par fin despit, la barbe du c.. à ces pauures barbues, quand elles disoient du contraire. D

On citerait cinquante mots, tels que le verbe esbanoyer, qui sont

de Rabelais et qui ne peuvent se rencontrer dans les Fantastiques batailles par un pur effet du hasard.

Mais arrêtons-nous au prologue des Fantastiques batailles, adressé aux lecteurs: « Je ne ueux pourtant, humains lecteurs, que laissiez uos bons affaires et negoces pour uaquer à la lecture de ce liure; mais uous le pourriez bien faire par maniere de passe-temps, apres qu'aurez donné bon ordre aux affaires qui uous touchent de plus près. Je scay bien toutefois quand vous l'aurez leu, encore le uoudrez auoir, sans soy esloigner de uostre seruice.» Ecoutons maintenant Rabelais dans le prologue du livre second de Pantagruel: « Vous auez naguere ueu, leu, et sceu les grandes et inestimables chroniques de l'enorme geant Gargantua, et comme urays fideles, les auez crues tout ainsy que texte de Bible ou du sainct Euangile.. Et a la mienne uolonté que ung chascun laissast sa propre besongne, ne se souciast de son mestier et meist ses affaires propres en oubly, pour y uacquer entierement, sans que son esperit feust d'ailleurs distraict ny empesché. »

Enfin, rappelons nous que François Juste, le libraire favori de Rabelais, vendait dans sa boutique les Fantastiques batailles, en même temps que les Grandes et inestimables chroniques du grant et enorme geant Gargantua et les Horribles et espouuentables faictz et prouesses du tres renommé Pantagruel. On n'aurait pas de peine à démontrer que François Juste n'a vendu que des livres de Rabelais de ses amis.

Dans l'édition de Paris, Alain Lotrian, 1534, le traducteur est nommé Antoine Milesius; c'est, à n'en pas douter, un pseudonyme dont le véritable sens nous échappe et que Rabelais avait pu se donner, pour se moquer d'Antoine Macault, qui traduisait alors le grand combat des Rats et des Grenouilles, d'Homère, en rime française. Quant au Traité de la nature des rats, qui figure dans cette édition, ne l'ayant pas eu sous les yeux, nous ne saurions en rien dire qui puisse ajouter quelque preuve à l'appui d'une attribution rabelaisienne. Nous ne croyons pas qu'aucune autre édition ait reproduit ce Traité de la nature des rats.

Nous n'avons point à nous occuper ici de l'auteur du poëme latin:

(1) Milesius serait une allusion, par anagramme, à Elisius Calentius, avec l'initiale d'Antoine Macault, qui ne s'est nommé qu'à la fin de sa traduction dans l'acrostiche d'une épigramme du translateur,}

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