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Donc il n'est pas vrai, comme Aristote le prétend, « que Dieu ne puisse agir hors de l'ordre commun de >> la nature et sans l'intermédiaire des corps célestes 1. >> Donc, toujours théologiquement, les corps célestes, bien qu'éternels, sont soumis au mouvement et à la nouveauté 2.

Donc,

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il y a des démons et

des anges leur action, quoique effective, nous échappe seulement, soit à cause de leur subtilité (ex eorum parvitate), soit à raison des prestiges par eux exercés sur nos sens 3.

Pour réussir, pareilles finesses devaient compter sur bien des complaisances ou de secrètes complicités. Les malins ne pouvaient guère se laisser prendre : c'est évidemment la pensée de Boccalini dans ses Ragguagli di Parnasso, quand il fait décider par Apollon que Pomponace sera brûlé, non comme homme, mais comme philosophe.

Pomponace maintient donc sa double thèse de catholique et de libre-penseur :

<< En ce qui touche à la religion, si quelque chose dans > nos paroles nous est montré qui soit contraire à l'Église catholique, ou lui déplaise en quoi que ce » soit, je le rétracte entièrement, et je me soumets avec >> humilité à la correction de cette Sainte Église. Mais,

1. De Incantat., cap. XIII, p. 321. 2. De Incantat., cap. XIII, p. 322. 3. De Incantat., cap. XIII, p. 322.

>> en ce qui tient à la doctrine péripatéticienne, j'en>> tends admettre ce qu'Aristote établit... jusqu'à ce » qu'une meilleure opinion m'apparaisse...

>> Moi Pierre, fils de Jean-Nicolas Pomponace de >> Mantoue, j'ai terminé cette œuvre dans l'illustre Gym>> nase de Bologne, en la chapelle de Saint-Barbatian, » le 16 août de l'an 1520, la huitième année du ponti> ficat de Léon X1. »

1. De Incantat., peroratio, p. 325-327.

CONCLUSION.

INFLUENCE DE POMPONACE.

RÉSUMÉ.

ITRIOMPHI DI CARLO.

Protégée sous main par le Vénitien Bembo, la doctrine de Pomponace chemina dans les esprits, particulièrement à Venise et dans ce pays padouan soumis à l'influence directe de la grande école aristotélique. L'épopée d'un autre Vénitien, Francesco Lodovici, 1 Triomphi di Carlo, offre sur ce point un témoignage décisif.

- Le preux Renaud de Montauban, dans le cours de ses exploits chevaleresques, jeté sur la côte de Barbarie, au pied de l'Atlas, découvre une ouverture au flanc de la montagne. Il en voit sortir à flots des créatures de toute

sorte.

Così Rinaldo là nel occidente

Vide uscir di quel buco creature :

Eran quasi di numero infinito;

Eran fatte ancho a strane et più figure.

Rimase tanto atonito et smarrito

Di maraviglia a quella prima vista

Ch' ei parve bene un' huomo quando è schernito1.

1. Triomphi di Carlo, di Messer FRANCESCO D'I LODOVICI Vinitiano,

Le paladin pénètre dans l'antre, où, après de longs circuits, il se trouve tout à coup en présence de la Dame de ces lieux, Nature, créatrice et formatrice de tous les êtres vivants. Le chevalier assiste à ses opérations : elle lui en explique les lois et la portée, et se livre pour lui aux créations les plus fantasques. Elle pousse la politesse jusqu'à fabriquer sous ses yeux par avance un petit Renaud qui naîtra, au jour fixé par elle, et sans autre concours, de la femme de notre héros demeurée à Montauban.

Renaud devait trouver à son retour ce joli trésor... venu en dormant (c'est bien le cas)!

Dopo lunghi viaggi in suo paese

Trovò 'l fanciul di sua mogliera nato,
Et accordando l'anno e 'l giorno e 'l mese
Vide che quel fanciul quell' era apunto
Che fè Natura alhor tanto cortese 1.

Par une flatterie délicate pour le protecteur de Lodovici, Nature annonce que, le 17 avril 1450, elle créera le doge de Venise Gritti (le poème lui est dédié).

Renaud est curieux. Il presse de questions indiscrètes la Reine de la caverne :

« O Dame, si le même esprit se crée par vous dans les animaux qui sont vivants selon votre idée,

stampato in Vinegia per Mapheo Pasini et Francesco Bindoni compagni al segno dell' Angiolo Raphaello, appresso san Moisè, l'anno della nostra salute MDXXXV, del mese di settembre. Petit in-4°. – Prima parte,

cant. XLIX.

-

1. Triomphi di Carlo, 1a part., cant. LVI.

>> Pourquoi ceux qui sont déraisonnables meurent-ils en tout, et des hommes reste-t-il un autre esprit qui les fait immortels? » Pourquoi la raison se manifeste-t-elle en l'homme? D'où vient qu'il a l'intellect, et qu'en tous les autres l'intellect ou la raison ne s'éveillent jamais?

» Et elle à lui: Dans les bêtes brutes et dans les hommes, j'ai semblablement enfermé des esprits d'une vie égale 1. »

Précieux est l'aveu: Nature le développe avec une audace de précision, où le point de vue biologique moderne, darwinien, dirai-je presque,

nettement.

Ma ben l'intender lor fo differente.

apparaît fort

« Je fais très différents l'un de l'autre leurs entendements. J'entends plus en un chien qu'en un mouton, et plus en une belette qu'en un serpent 2. »

Ch' intendo più in un can che in un montone

Et più in una mustella che un serpente.

Cette expression j'entends plus,

intendo più,

me frappe. C'est déjà la formule de Leibniz: Sensit in animali, cogitat in homine Natura.

<< Je donne au dauphin dans la mer plus de raison qu'à maints autres poissons.....

>> Et ainsi toujours toutes les créatures terrestres que je fais, d'eau et de ciel, autant qu'il me paraît, je les fais pleines d'intellect.

» Dans l'une j'en mets moins, et plus en l'autre, comme peut

1. Triomphi di Carlo, 1a part., cant. LV.

2. Triomphi di Carlo, cant. LV.

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