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On applique à toutes ces pièces, comme nous l'avons vu précédemment, le nom de potin (151). Il faut noter ici une singularité remarquable de cette époque. Parmi les monnaies de quelques Villes, par exemple d'Antioche, en même temps que les pièces d'argent étaient émises à un titre très-altéré, on trouve quelques monnaies d'argent très-pur. Cette singularité est encore à expliquer. Les monnaies des rois Parthes sont aussi d'argent très-altéré.

154. Les Romains ne firent pas fabriquer de monnaie d'argent dans les premiers temps où le monnayage fut adopté chez eux; ils n'en eurent que longtemps après (58): ce fut en l'an 269 avant J.-C. (485 de Rome). Lorsqu'ils admirent les espèces d'argent, ce métal fut employé très-pur: on le trouve tel dans les monnaies Consulaires. Pline rapporte que Livius Drusus, étant Tribun du peuple, fit admettre dans la monnaie d'argent un huitième de cuivre ('). Le même auteur dit que Marc-Antoine, pendant le Triumvirat, fit mélanger du fer à l'argent (2). Il faut encore ici confronter les monumens eux-mêmes avec ces assertions, et celles-ci se trouvent par le fait entièrement démenties. La monnaie d'argent de coin Romain fut de la plus grande pureté jusqu'au règne de Septime Sévère. Ce prince commença à faire altérer le titre usité de ce métal. Caracalla, son fils, suivit cet exemple, et il établit de plus des monnaies d'argent un peu plus grandes que celles qui avaient été en usage jusqu'à cette époque. Sous les successeurs de

(') Lib. XXXIII, 13. (2) Lib. XXXIII, 46.

ces Princes, le titre de l'argent fut successivement baissé. A l'époque d'Alexandre Sévère, les monnaies de ce métal ne contenaient plus qu'un tiers d'argent. Bientôt après, à l'époque de Gallien, la partie d'argent se trouve réduite presque à rien. On donne à toutes ces monnaies d'argent altéré, ainsi qu'on l'a vu précédemment (151), le nom de billon. A cet état de fabrication en succéda un autre plus misérable encore; ce fut l'émission des monnaies couvertes seulement d'une légère teinte argentée, qui sont désignées sous le nom, déjà expliqué (152), de piècessaucées. Ces espèces furent frappées jusqu'au règne de Dioclétien. Cet Empereur rétablit la monnaie d'argent fin, et elle continua à être ainsi frappée sans nouvelles altérations, sauf quelques exceptions dans les temps du Bas-Empire.

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155. Cuivre. Il faudrait beaucoup plus de lumières que nous n'en avons sur les temps de l'antiquité, pour pouvoir faire connaître les mines d'où les anciens tiraient le cuivre qu'ils employaient, les qualités diverses de ce métal qui servirent pour les monnaies, et les procédés chimiques adoptés pour la pré paration de ces matières. Les renseignemens divers que l'on pourrait réunir sur ce sujet seraient loin de présenter un ensemble satisfaisant. L'examen des monnaies elles-mêmes peut fournir à ceux qui voudraient faire des recherches à cet égard les observations les plus importantes et les seules même que l'on puisse réunir avec un résultat intéressant. On trouve en effet une grande variété dans les apparences des cuivres employés par les anciens

pour

leurs

monnaies; toutes les couleurs, toutes les propriétés visibles qui peuvent distinguer les diverses natures de ces matières, se trouvent dans les monnaies antiques, et ceux qui se sont livrés, dans les derniers temps, à des observations chimiques sur les pièces de diverses contrées et de diverses époques, ont trouvé de grandes variétés dans les qualités des cuivres et dans les altérations avec lesquelles ils furent employés pour le monnayage.

On reconnaît donc aisément qu'il ne serait pas possible d'établir, comme il vient d'être fait pour l'or et l'argent, quelles furent les diverses qualités de cuivre employées par les anciens dans le monnayage, ni de faire ensuite l'application de ces données aux monnaies des divers Peuples et des diverses époques.

Mais s'il n'est pas possible de réunir un assez grand nombre de notions locales pour établir des catégories, à cet égard, par contrées et par époques, nous pouvons au moins fixer les points principaux relatifs à l'emploi du cuivre en général dans le monnayage des anciens.

156. Le cuivre pur n'est pas d'un emploi entièrement convenable pour la fabrication des monnaies. Ce métal ne reçoit pas avec facilité l'empreinte des parties délicates et fines du travail des coins; les reliefs déliés sont aisément effacés par le frottement. Enfoui dans la terre, il s'oxide profondément, et les empreintes qu'il a reçues sont assez promptement altérées. Allié avec une partie d'étain, le cuivre acquiert pour le monnayage les qualités contraires aux inconvéniens qui viennent d'être indiqués. Il reçoit

alors aisément l'empreinte des détails de gravure les plus fins, qui ne peuvent être ensuite effacés que par un long usage; il peut séjourner plusieurs siècles dans la terre sans être altéré, et sa durée est pour ainsi dire indéfinie. Un long séjour en terre, loin de lui nuire, lui est au contraire avantageux, comme on le verra bientôt (158).

157. Les anciens reconnurent promptement les inconvéniens du cuivre pur dans le monnayage et les avantages que l'on trouvait à allier ce métal avec l'étain. On pourrait penser que la nature des mines de cuivre qui furent exploitées dans une haute antiquité mit sur la voie à cet égard; les observations métallurgiques sur les mines en général éloignent cette idée ce fut donc un résultat de l'expérience et de l'étude que cette habileté des anciens monnayeurs. Un tel degré de perfection dans les applications des sciences naturelles doit paraître extraordinaire à des époques si reculées, et auxquelles nous supposons généralement que les connaissances n'avaient pas fait de grands progrès.

:

Les monnaies anciennes de cuivre furent donc presque généralement de cuivre allié d'étain. D'après les expériences qui ont été faites, la quantité de cet alliage varie depuis cinq jusqu'à douze pour cent; quelquefois l'étain est encore plus abondant. D'autres substances furent aussi employées comme alliage du cuivre, et spécialement le fer; mais cela n'eut lieu que rarement.

158. Les monnaies de cuivre allié d'étain nonseulement ne sont pas altérées par un long séjour

dans la terre, mais elles y acquièrent un mérite de plus. L'oxidation légère qui s'opère à la surface y produit une couverte naturelle de diverses teintes, suivant les degrés d'alliage et sur-tout suivant la nature des terrains dans lesquels les pièces ont séjourné, et ordinairement d'un verdâtre plus ou moins brun. Cette couverte, adhérente, dure, très-fine, a été nommée patine, du mot italien patina. Elle donne un aspect plus avantageux aux monumens qu'elle recouvre, parce que ses teintes sont plus harmonieuses que les couleurs du cuivre, la lumière n'y glissant pas et ne produisant pas de reflets; elle offre aussi des garanties de plus pour l'authenticité des ouvrages anciens, à cause de la difficulté qu'il y a de la contrefaire. Il sera question d'ailleurs plus en détail des découvertes des médailles et de leur état actuel, Chapitre XVIII.

On peut se convaincre de l'exactitude des notions qui viennent d'être exposées, en comparant aux monnaies antiques de bronze qui sont restées enfouies tant de siècles sans être altérées, des pièces de cuivre pur des siècles derniers, qu'un séjour de quelques années, peut-être, dans la terre a complé tement gâtées.

159. Les motifs qui firent adopter le cuivre allié d'étain dans le monnayage le firent aussi employer pour tous les ouvrages de sculpture. Il y a dans les monumens anciens peu d'exemples contraires, parmi lesquels il faut citer les quatre chevaux de Venise.

160. On a donné au cuivre ainsi allié d'étain le nom de bronze, et on a appliqué aussi ce mot comme

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