Immagini della pagina
PDF
ePub

tendent des écrivains systématiques, qui fondèrent les premières suprématies sociales. Ces avantages, sans la puissance réelle que donnent les richesses, n'eussent pas suffi à ceux qui les possédaient, pour s'élever au-dessus de leurs égaux. Le commerce, l'économie créèrent les premiers chefs, les premiers rois. Celui qui sut, le premier, économiser les vivres qu'il s'était procurés, pour en donner à ceux qui n'en avaient pas, a été le premier roi. Celui qui, le premier, a su laisser à ses fils un amas de denrées échangeables plus considérable que les amas de ses voisins, celui-là a fondé la première dynastie.

L'économie, qui avait servi à fonder le pouvoir, servit aussi toujours à le conserver.

Ces considérations, vraies en théorie, sont prou、 vées par les faits.

3. La civilisation et les richesses s'augmentant, toutes les principales productions naturelles utiles à l'homme furent successivement découvertes ou employées; les métaux furent trouvés, leurs qualités reconnues, et ces précieuses substances devinrent les agens les plus utiles de la civilisation. Rien, en effet, après ce qui sert à la nourriture de l'homme, ne lui offrait de plus grands avantages que les métaux. Leur ductilité, la faculté de recevoir toutes les formes, d'être divisés et réunis à volonté, les rendaient propres à tous les usages domestiques; on en tirait des instrumens pour l'agriculture, des outils pour les métiers, des armes pour la guerre; quant aux métaux précieux, leur éclat invitait aussi à lés employer comme ornemens et comme parures.

4. Les avantages de divers genres que l'on retirait des métaux leur donnèrent donc bientôt une valeur plus usuelle que celle de tous les autres objets d'échange. La facilité qu'on trouvait à les diviser et à en réunir de nouveau les fragmens, en augmenta successivement l'importance comme moyen d'échange. Enfin les métaux, et particulièrement l'or et l'argent, devinrent peu à peu la valeur la plus facilement échangeable, et celle avec laquelle on obtenait plus communément tous les autres objets.

5. Arrivés à ce point, nous ne marchons plus avec des probabilités, qui, bien que certaines, sont enveloppées dans la nuit des premiers âges; nous avons des témoignages écrits des temps où les métaux se donnaient au poids contre les autres valeurs et comme les représentant plus particulièrement toutes. La Bible, Homère (1) et les premiers écrivains en offrent des preuves. Les auteurs anciens plus récens le confirment par beaucoup de témoignages. Cet état de choses dura plusieurs siècles. S'il était nécessaire de s'appuyer de faits plus rapprochés de nous, pour prouver l'usage adopté, dans l'antiquité, de l'emploi des métaux précieux au poids, comme représentant toutes les autres valeurs, on les trouverait chez plusieurs nations orientales, qui conservèrent cet usage bien long-temps après l'invention des monnaies.

6. Cette même propriété qu'ont les métaux d'ètre divisés à l'infini en fragmens que l'on peut réunir de

(1) I., H., 472. - Odyss., A., 430. — II., 4., 702.

nouveau, donna, dans la suite des temps, l'idée d'en former des morceaux de poids uniformes, que l'usage et la commodité rendirent d'une recherche plus générale. Déjà, sans doute, on avait pris l'habitude de marquer sur ces morceaux de métal leurs divers poids. L'uniformité qu'on leur donna devint une nouvelle commodité, une nouvelle simplification dans les transactions. Cette uniformité commença à servir de garantie de leur véritable valeur, et dispensa d'avoir continuellement recours à la vérification du poids. Ces morceaux de métal de poids égaux reçurent des noms particuliers, qui remplacèrent l'indication détaillée de leur poids. Telle fut, sans doute, l'origine des unités monétaires et des fractions qui en formèrent les divisions. Aussi a-t-on donné à ces morceaux de métal le nom de monnaies non frappées.

7. Il n'est pas possible, jusqu'à ces époques, de former aucune conjecture sur le titre des métaux précieux. On a connu long-temps ces substances avant de savoir les analyser, et l'on verra que nous n'avons même que peu de lumières, à cet égard, pour les temps où postérieurement les véritables monnaies furent fabriquées.

8. Après avoir divisé les métaux en morceaux égaux portant les indications du poids, et désignés par des noms particuliers que leur avait donnés l'usage, il ne fallait plus qu'un dernier pas pour trouver la véritable monnaie. On ne tarda pas à le faire, en limitant les diverses espèces de ces morceaux, en établissant des rapports réguliers entre

les poids de ces espèces différentes, en rendant les morceaux très-portatifs par leur forme et leur peu de volume, enfin en les marquant d'empreintes uniformes, au moyen de coins en métaux plus durs ou par le moulage. Cette invention, dont les résultats devaient être si importans pour les destinées futures des hommes, devint un des agens les plus actifs de la civilisation: découverte prodigieuse, si l'on pense aux fruits qu'elle a portés, et qui, commercialement parlant, n'a été égalée qu'après plus de vingt siècles, par l'invention de la lettre de change.

On conçoit combien de progrès les hommes devaient avoir déjà faits dans les sciences et dans les arts, lorsqu'ils parvinrent au point de fabriquer des monnaies. Sans doute, les connaissances chimiques nécessaires pour la fusion, la séparation, l'affinage des métaux étaient peu avancées, les moyens mécaniques pour la fabrication des monnaies étaient encore fort imparfaits; mais l'art du monnayage était créé avec tous les avantages qui devaient en résulter. Les morceaux de métal donnés au poids, que nous nommons avec raison monnaies non frappées, étaient remplacés par des monnaies véritables, multipliées uniformément au moyen de coins, et offrant les trois qualités reconnues, depuis, nécessaires pour constituer une monnaie: métal, poids et type (1).

9. Les beaux-arts ne furent pas étrangers à cette grande découverte, et qui sait même si les inventeurs

(1) Isidore, Orig., liv. XVI, c. 17.

de la monnaie ne furent pas des graveurs sur pierres fines et sur métaux, animés du désir de faire connaître leurs travaux, d'en voir apprécier les beautés, d'en tirer de plus grands avantages et d'en multiplier les produits? Ce qui est certain, c'est que les monnaies les plus anciennes ont un mérite réel sous le rapport de l'art, et attestent que, dès l'origine, des artistes fort habiles se livrèrent à la gravure des coins. Ce n'est point ici le lieu de développer les causes qui portèrent les beaux-arts, dans la Grèce, à un point de perfection si élevé. On trouve ailleurs les explications plus ou moins heureuses de ce concours de circonstances auquel on dut ces artistes si habiles, dont les travaux servent encore de modèles et de règles. Il suffit de dire ici que l'art de la gravure sur pierres fines ou sur métaux était chez les Grecs aussi avancé que celui de la sculpture; que les artistes de ce genre se livrèrent à la gravure des coins de monnaies, dès que le monnayage fut découvert; que dans la suite la gravure des monnaies fut presque toujours confiée dans chaque pays à d'habiles graveurs, et que beaucoup de monnaies antiques offrent des chefs-d'œuvre de l'art, sous le rapport du style, du grandiose et du goût réunis à la pureté du travail. Ajoutons, pour compléter cet aperçu, que les monnaies ont, de plus que la plupart des monumens de la sculpture, l'avantage de porter avec elles l'indication du lieu de leur fabrication et presque toujours celle de l'époque, soit positive, soit approximative, où elles furent frappées.

10. Quel est l'inventeur de la monnaie? A quelle

« IndietroContinua »