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époque fut-elle découverte? ou plutôt à quelle époque précise commença-t-on à faire usage de monnaies uniformément multipliées par le coin?

Nous sommes loin de pouvoir répondre d'une manière certaine à ces questions..

Les écrivains attribuent diverses origines à cette découverte, comme cela a eu lieu pour toutes les inventions qui datent des temps reculés. Le merveilleux, qui se mêlait chez les anciens à tout ce qui n'était pas bien constaté, fut invoqué aussi pour expliquer l'invention du monnayage. On en fit hommage aux dieux; on l'attribua à Saturne et à Janus, et les habitans de l'Italie leur auraient dû ce bienfait. Les monnaies Romaines des premiers temps, qui portent la double tête de Janus, constatent que cette opinion était répandue à l'époque où elles furent fabriquées. Cette découverte fut aussi attribuée à divers personnages des temps anciens, bien antérieurs à l'époque réelle des premières monnaies. Des opinions plus probables furent ensuite répandues. Hérodote assure que la découverte du monnayage fut faite en Lydie, d'autres auteurs à Cyme, à Athènes, à Naxos, à Égine. On en fait honneur à un ancien roi de Thessalie que l'on nomme Jonus ou Itonus, à Numa Pompilius, second roi de Rome. Plusieurs écrivains Grecs enfin désignent comme le véritable auteur de cette découverte Phidon d'Argos, et un des marbres de Paros indique positivement que ce Phidon, Argien, frappa le premier une monnaie d'argent à Égine. Plusieurs villes se disputèrent la gloire d'avoir vu naître Homère. L'art du monnayage

méritait aussi que l'honneur de son invention fût disputé (1).

11. Ces indications, indécises et probablement toutes inexactes, présentent peu d'intérêt. L'origine d'une invention qui date de temps aussi reculés est d'autant plus difficile à constater qu'il est probable que des essais plus ou moins informes mirent successivement sur la voie, et que les premières monnaies furent fabriquées dans divers pays presque à la même époque. Qui pourrait établir le moment précis de l'invention non pas du levier, la première découverte de l'homme, mais celle de la roue, de la charrue, du bateau? Il est vrai que celle des monnaies est d'une époque bien postérieure et demandait une grande masse de connaissances déjà antérieurement répandues; cependant on peut appliquer à cette découverte une partie des considérations qui se rapportent aux autres inventions.

12. Mais, outre les conjectures que fait naître la réflexion, outre les documens puisés dans les anciens écrivains, nous avons d'autres bases de nos investigations sur cet objet. Ce sont les monnaies primitives elles-mêmes. En se livrant à un examen approfondi et complet sur la fabrique de ces pièces,

(1) Il n'est pas inutile de dire ici que l'opinion qui attribue l'invention du monnayage à Phidon d'Argos a été, en apparence, appuyée par une monnaie des Béotiens, portant QIAO, mais cette pièce est d'une époque bien postérieure aux premiers temps de l'art monétaire, et ce nom est celui d'un magistrat en charge quand elle fut frappée.

le style de la gravure, la conformation des caractères, les types et les légendes, on trouve que quelques pays, quelques villes, peuvent être considérés comme ayant frappé les premières monnaies; mais on ne découvre aucun motif raisonnable pour faire spécialement honneur de la découverte à tel ou tel Peuple, à telle ou telle Ville. Les Grecs furent les inventeurs; mais il est impossible de rien établir de plus précis.

13. Il reste à fixer l'époque vers laquelle furent fabriquées les premières monnaies, et il est à propos, 'pour la déterminer, de s'appuyer des écrivains anciens, en comparant leurs récits avec les monnaies primitives elles-mêmes.

Un passage de Plutarque (1) porte que Lycurgue substitua à Lacédémone la monnaie de cuivre à celle d'or et d'argent. Il résulterait de ce passage, s'il était exact, que les Lacédémoniens auraient eu des monnaies d'or et d'argent dans le dixième siècle avant JésusChrist, Lycurgue étant né 926 ans avant l'ère chrétienne, suivant les calculs de Frérét. Mais aucun autre témoignage n'appuie cette assertion; elle ne se trouve non plus justifiée par aucune monnaie Lacédémonienne que l'on puisse rapporter à des temps si reculés: au contraire, un passage de l'Eryxias, dialogue attribué à Platon, porte qu'à cette époque, les Lacédémoniens se servaient de poids en fer pour monnaie; il est donc hors de doute que Plutarque a voulu parler de morceaux de métal donnés au poids, de mon

(1) In Lycurg.

naies non frappées, et non pas de monnaies véritables. Ce passage d'un auteur, dont le témoignage est du reste d'une grande autorité, demandait à être éclairci et réfuté.

Il est convenable de mentionner les anciennes monnaies portant les effigies de personnages qui ont vécu avant l'invention du monnayage, comme Homère, Pythagore, Numa Pompilius, Ancus Martius et autres. Ces pièces ont pû être considérées et citées par des gens peu instruits, comme preuves de l'existence du monnayage aux époques où vivaient les personnages qu'elles représentent. Ce sont des erreurs qui ne méritent d'être réfutées que pour ceux qui n'en sont encore qu'aux élémens de la science numismatique. Ces pièces sont commémoratives. Elles ont seulement l'avantage de prouver le haut degré de réputation dont jouissaient dans l'antiquité les hommes que l'on honorait ainsi long-temps après leur mort, et celui de faire connaître leurs portraits ou du moins les traits que l'on croyait avoir été les leurs.

Depuis l'époque où vivait Lycurgue, on ne trouve rien qui indique positivement la découverte de l'art monétaire. Ce n'est qu'au temps de Solon que les témoignages de l'existence des monnaies commencent à se multiplier. Les lois de ce législateur d'Athènes en font plusieurs fois mention; on y trouve même la peine de mort prononcée contre les contrefacteurs des monnaies (1). Solon avait acquis toute son influence vers la quarante-cinquième olympiade, six

(1) ‹ Demosthenes, Orat. adv. Timocrat.

cents ans avant J.-C. Il fut contemporain de Tarquin l'ancien, cinquième roi de Rome, et de Cyrus, roi de Perse. Des témoignages divers attestent qu'en Italie et en Perse l'art monétaire était pratiqué vers cette même époque.

Si nous nous rapprochons ensuite des premiers temps auxquels on peut, avec toute certitude, attribuer des monnaies déterminées, il faut arriver jusqu'à Alexandre Ier., roi de Macédoine, sous le règne duquel furent incontestablement frappées les monnaies qui portent son nom et qui lui sont attribuées. Ce prince régna depuis l'an 497 jusqu'à l'an 454 avant J.-C.

On voit donc que la découverte de l'art monétaire peut être placée dans le VII. siècle avant J.-C., et que l'on peut regarder comme frappées depuis cette époque jusqu'à l'an 500 avant J.-C. environ, les monnaies primitives, dont les types et les légendes indiquent les premiers temps de l'art. Les époques successives de la fabrication des monnaies seront détaillées dans le Chapitre III.

14. Il est probable que l'art du monnayage se répandit promptement dès les premiers temps de sa découverte. Le nombre de Villes dont on trouve des monnaies primitives ayant les mêmes caractères d'antiquité le fait présumer, d'autant plus que ces villes sont situées à des distances éloignées l'une de l'autre, en Grèce, en Italie et en Sicile.

15. Les monnaies elles-mêmes se répandirent avec rapidité. Le commerce les transporta bientôt dans les diverses contrées; aussi voyons nous que, dès

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