Immagini della pagina
PDF
ePub

leur donner le nom de pièces de fabrique incuse (120).

340. Quelques autres erreurs monétaires moins importantes provenant de la fabrication se rencontrent quelquefois. D'autres particularités, qui pourraient passer pour des erreurs monétaires, doivent être considérées comme tenant à des modes admis de fabrication. Je citerai entre autres les pièces à larges bords, ou frappées sur des flans plus larges que les coins ne l'auraient demandé. Il a été question de ce genre de fabrication dans le Ghapitre VI (125).

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

341. Les institutions les plus utiles entraînent quelquefois des inconvéniens; les hommes pervers abusent des moyens que la civilisation crée pour l'avantage des sociétés; il est rare que le mal ne soit pas à côté du bien. Dès les premiers temps de l'établissement du monnayage, la mauvaise foi s'en fit un moyen de tromper, et l'invention des monnaies fut sans doute rapidement suivie de l'invention des fausses monnaies. Démosthène nous apprend que du temps de Solon, lorsque les monnaies venaient, pour ainsi dire, d'être établies, la fabrication des fausses monnaies était déjà pratiquée chez les Grecs, et qu'elle était punie de la

peine de mort ('). D'autres passages des auteurs anciens nous font connaître que, dans les temps postérieurs, le crime de fausse monnaie fut constamment connu, et que les lois des divers peuples Grecs le punissaient toujours de la peine capitale. Le père de Diogène paraît avoir été coupable de ce crime (1).

342. Aucun témoignage ne nous fournit d'indices sur des altérations frauduleuses dans les monnaies, commises secrètement par les dépositaires de l'autorité publique. Polycrate, týran de Samos, a été accusé d'avoir donné aux Lacédémoniens des pièces de plomb doré au lieu de monnaies d'or; mais cette imputation a été démentie par Hérodote lui-même, qui nous l'a conservée (3).

[ocr errors]

343. Les lois Romaines ne furent pas moins sévères sur ce point; à toutes les époques, elles condamnèrent à mort les faux-monnayeurs. Ulpien dit que ceux qui racleront, teindront, fabriqueront ( frauduleusement par le moulage ou autrement) des monnaies d'or, seront livrés aux bêtes, s'ils sont libres, et punis du dernier supplice, s'ils sont esclaves (4).

344. Nous avons, quant au monnayage chez les Romains, quelques témoignages relatifs aux altérations frauduleuses qui furent faites secrètement aux monnaies par des personnages qui tenaient le pouvoir. On a accusé Marc-Antoine d'avoir mélangé dans les monnaies du fer à l'argent (5), et l'Empereur

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Caracalla d'avoir fait répandre des pièces de plomb doré au lieu de monnaies d'or, et d'autres de cuivre argenté au lieu d'argent (').

Ces reproches demandent à être examinés; la fraude imputée à Marc-Antoine, d'avoir mélangé du fer dans les monnaies d'argent, paraît invraisemblable. L'argent des deniers Romains émis avec le nom de Marc-Antoine n'est point altéré, et ce métal ne pourraît l'être que difficilement avec du fer. Si l'on pense que par là Marc-Antoine a été accusé d'avoir fait fabriquer des monnaies fourrées, en fer recouvert d'argent, sans doute il existe de cette époque de ces sortes de pièces; mais cette fraude, pratiquée par les faussaires, ne pouvait guère être employée en grand restreinte, ainsi qu'elle ne pouvait manquer de l'être, et comme nous le reconnaissons par le nombre de ces pièces même qui nous restent, une telle fabrication n'eût offert que des ressources illusoires à un homme qui dirigeait d'aussi grands intérêts.

Quant à l'imputation faite à Caracalla, d'avoir émis des pièces de plomb fondu au lieu de monnaies d'or, et d'autres de cuivre argenté au lieu d'argent, elle a un autre caractère. C'est sous les règnes de Septime Sévère et de son fils Caracalla que la monnaie d'argent commença à être altérée à Rome. Cette altération fut-elle légalement établie et généralement connue? quand ? comment? et jusqu'à quel point? C'est ce que nous ignorons. Il y a lieu de croire

(') Dion, LXXVII, c. 14.

qu'elle fut frauduleusement établie par le Gouvernement dans les premiers momens. Sans doute, bientôt après, ces tromperies furent connues, et leurs auteurs virent les tristes résultats de ce commencement de dégénération de la monnaie Romaine. Mais il est probable que, dans les premiers instans, ils en recueillirent des bénéfices. Ces premières altérations des monnaies Romaines, faites par le pouvoir, sont, au reste, dignes de celui qui se les permit, et l'homme qui voulut assassiner son père, et qui devint ensuite fratricide, pouvait bien être faux-monnayeur.

Les premières altérations frauduleuses du titre de l'argent dans les monnaies Romaines sont seules à considérer sous le point de vue qui fait l'objet de ce Chapitre. Du moment que ces altérations deviennent publiques et légales, elles rentrent dans les considérations relatives aux titres des monnaies, qui ont été exposées dans le Chapitre VII.

345. Les fraudes de toute nature que les faussaires mettaient en œuvre obligèrent à chercher les moyens de s'en garantir. Les Gouvernemens, outre les lois terribles prononcées contre les faux-monnayeurs, employèrent sans doute d'autres moyens, qui ne nous sont pas connus, pour arrêter et reconnaître leurs travaux occultes. La fabrication des monnaies offre une particularité que l'on a attribuée à l'intention d'empêcher quelques contrefaçons, c'est le genre de monnaies nommées dentelées, qui furent en usage à Rome sous la République et en Syrie. Il en a été question, Chapitre VI (125). On a pensé

que ce genre de monnayage avait pour but de rendre impossible la fabrication des pièces fourrées, les plus dangereuses en effet de toutes les fausses monnaies anciennes. Mais si cette idée a été réellement cause de l'adoption de ce genre de monnaies, on s'était trompé sur l'efficacité de ce moyen; car il existe des monnaies dentelées, fourrées, conséquemment fausses.

Les particuliers cherchèrent aussi tous les moyens possibles de s'assurer de l'authenticité des monnaies. On s'étudia à acquérir à cet égard une expérience préservatrice. Quelques passages d'auteurs anciens nous attestent que l'on s'aidait de la vue, du tact, du son et même de l'odeur des monnaies, pour juger de leur authenticité, de leur altération, ou de leur fausseté.

346. Les monnaies antiques elles-mêmes viennent à l'appui de ces témoignages écrits, car on trouve parmi elles d'assez grandes quantités de pièces fausses de diverses contrées depuis les premiers temps du monnayage jusqu'au terme des diverses séries.

Ainsi, dès l'origine des monnaies, et constamment depuis, la friponnerie tira de cette institution des gains illicites et nuisibles à la société ; les législateurs imposèrent aux faux-monnayeurs les peines les plus sévères, et ces peines ne produisirent pas tous les résultats qu'on en devait attendre, puisque nous avons encore des preuves de ces fraudes coupables, dans des séries presque non interrompues.

Après avoir exposé ces notions générales sur cette

« IndietroContinua »