Immagini della pagina
PDF
ePub

viennent à l'appui de cette opinion. Un marbre publié par Gruter (1) porte : OFFICINATORES. MONETE. AVRARIÆ. ARGENTARIE. CÆSARIS. Si la monnaie de cuivre eût été aussi frappée par les ordres de l'Empereur, elle eût dû être mentionnée dans cette inscription.

Les auteurs anciens et quelques faits historiques connus appuient encore cette opinion. Le Sénat, au rapport de Dion (2), ordonna, après la mort de Caligula et par haine pour sa mémoire, de fondre toutes les monnaies de cuivre portant l'effigie de cet Empereur. Pourquoi les monnaies de cuivre seulement, lorsqu'il s'agissait de donner une preuve de mépris pour la mémoire du mort, si ce n'est parce que celles-là seules étaient dans la juridiction du Sénat? On trouve une grande quantité de monnaies Romaines d'Othon, en or et en argent ; mais de ce prince il n'en existe pas une, en bronze, de coin Romain. Pourquoi le Sénat, s'il eût été chargé de faire frapper les monnaies des trois métaux, en eût-il fait faire pour Othon dans les deux métaux précieux, et non en cuivre, tandis que cette dernière monnaie était la plus usuelle? La séparation du droit de monnayage entre l'Empereur et le Sénat explique ce fait. Othon fit frapper des monnaies à son effigie en or et en argent, usant en cela de son droit; et le Sénat ne fit pas frapper de monnaie de cuivre pour cet Empereur, qu'il avait cependant reconnu et qui était maître de l'Italie. La raison n'en est pas connue.

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]

On pourrait l'attribuer à ce qu'il fut le premier Empereur proclamé par les Prétoriens, ce qui ne dut pas lui concilier l'affection des Sénateurs; on pourrait alléguer aussi le peu de durée de son règne, qui ne fut que de quatre-vingt-dix jours. Mais ces raisons ne sont entièrement satisfaisantes, et il dut y avoir pour pas cette conduite du Sénat des causes que nous ignorons. Tacite dit qu'un des premiers soins de Vespasien, après son avènement à l'Empire, fut de faire frapper à Antioche de la monnaie d'or et d'argent (1); il n'avait donc pas le droit d'en faire frapper de cuivre, de coin Romain.

Pescennius Niger, gouverneur de Syrie, entraîné par des promesses que lui avait fait faire le Sénat après la mort de Commode, et pendant les trou-bles qui virent les règnes éphémères de Pertinax et de Dide Julien, se fit proclamer Empereur à Antioche. Bercé de fausses espérances, et croyant être reconnu en Occident comme il l'avait été en Orient, il ne passa pas en Italie. Septime Sévère fut reconnu Empereur à Rome, marcha contre lui, et gagna la bataille d'Issus, à la suite de laquelle Pescennius fut tué. Les monnaies de cet Empereur, non reconnu à Rome, sont aussi à l'appui de notre opinion, puisqu'on en trouve de coin Romain en or et en argent, mais qu'on n'en a point en bronze. L'examen des monnaies d'Albin est plus décisif en

core.

Ce général gouvernait les Gaules et l'Angleterre

(1) Hist. II, 82.

lorsque Septime Sévère fut proclamé Empereur. Celui-ci, ayant à détrôner Dide Julien reconnu à Rome, et Pescennius Niger qui s'était fait proclamer en Syrie, crut devoir ménager Albin et se l'attacher; il l'adopta et lui donna le titre de César. Après avoir dépossédé Dide Julien et s'être fait reconnaître à Rome, Septime Sévère alla combattre Pescennius Niger et affermit son pouvoir en Orient. A son retour en Italie, il fit déclarer Albin ennemi de la patrie, et se décida à l'aller combattre. Celui-ci prit alors le parti de se faire proclamer aussi Empereur; mais il fut vaincu par Sévère à Trévoux près de Lyon, et périt. Or, on a des monnaies d'Albin de coin Romain, en or, en argent et en cuivre, avec le titre de César, et en or et en argent seulement avec le titre d'Auguste. Les premières furent frappées, pendant la durée de la bonne intelligence entre Septime Sévère et Albin, celles d'or et d'argent par les ordres de Septime Sévère, Empereur, et celles de cuivre par ceux du Sénat, puisque Albin était reconnu comme César; les secondes furent frappées par les ordres d'Albin lui-même, dans les Gaules, ou en Angleterre, depuis qu'il eut pris le titre d'Empereur, mais en or et en argent seulement, Albin, en cela, usant de son droit; et il n'en émit pas en cuivre, parce que l'émission de cette monnaie était dans les attributions du Sénat de Rome, qui ne reconnaissait plus Albin pour César, et bien moins encore pour Empereur.

Les considérations que présentent les monnaies elles-mêmes fournissent une autre nature de preuves

pour l'explication donnée des lettres S. C. Ces preuves naissent sur-tout des rapports nombreux qui indiquent une identité de fabrication et de direction entre les monnaies d'or et d'argent, quant aux types et légendes, rapports qui ne se rencontrent plus avec les monnaies de cuivre.

Les légendes qui se trouvent dans les monnaies Impériales sur les deux métaux précieux et non sur le bronze, et celles qui sont sur ce dernier métal sans être sur les deux autres, fournissent aussi des argumens qui sont à l'appui de tout ce qui vient d'être exposé; les types eux-mêmes confirment aussi cette opinion. Les développemens qui naissent de toutes ces observations seraient trop étendus pour être donnés ici.

35. Ces détails établissent jusqu'à l'évidence l'exactitude de l'explication qui a été donnée des lettres S. C. qui se voient sur les monnaies de cuivre de coin Romain. Cependant on a opposé quelques objections à cette explication, et malgré leur peu de poids, il est à propos d'en rapporter ici les principales et de les réfuter en peu de mots.

On a cité cette légende, qui se voit fréquemment sur les monnaies romaines: III viri auro, argento, æri, flando, feriundo. Cette objection peut être facilement repoussée, en disant que rien ne s'opposait à ce que les mêmes Triumvirs monétaires fussent chargés de faire frapper les monnaies ordonnées séparément par l'Empereur et par le Sénat. La convenance d'employer, pour ces diverses fabrications, les mêmes ouvriers, les mêmes machines et les mêmes

ateliers était un motif suffisant, et plusieurs autres raisons pouvaient s'y joindre.

Une autre objection a été tirée des éloges excessifs qui sont prodigués aux Empereurs sur les monnaies. On en a argué qu'il n'était pas possible que les Empereurs eussent ordonné eux-mêmes de telles adulations, et qu'en conséquence il était à croire que le Sénat ordonnait ce qui avait rapport à la fabrication des monnaies des trois métaux. Mais on peut penser que les Empereurs déterminaient ce qui avait rapport au poids et au titre des monnaies, laissant aux Triumvirs monétaires à fixer les légendes et les types. Ajoutons que des princes qui ont divinisé leurs parens, qui se sont laissé rendre à euxmêmes des honneurs presque divins, ont bien pu ordonner les légendes adulatrices qui furent placées en si grand nombre sur leurs monnaies.

36. Il est à propos, pour compléter ces notions d'ajouter les observations suivantes :

1o. Les lettres S. C. se trouvent, comme on l'a vu, sur toutes les monnaies de cuivre de coin Romain frappées depuis Auguste. Cependant quelques pièces bien certainement Romaines n'ont pas cette indication. Ce sont des monnaies de la seconde grandeur, ou moyen bronze, frappées sous Tibère, Vespasien et Domitien, qui représentent, au revers, un caducée entre deux cornes d'abondance. Il est probable que ce type est le symbole du Sénat et du Peuple, et que, par ce motif, on ne plaça pas sur ces pièces le signe ordinaire S. C.

2o. Le plus grand nombre des médaillons de coin

« IndietroContinua »