Immagini della pagina
PDF
ePub

L'opinion contraire est la seule véritable; presque toutes les pièces qui furent faites dans l'antiquité et qui sont venues jusqu'à nous étaient des monnaies.

79. Il faut ensuite admettre que les anciens ont eu de véritables médailles. Mais tout en établissant ce fait, il est nécessaire de dire que les caractères qui peuvent servir à faire reconnaître les médailles des anciens ne sont pas tellement déterminés qu'il ne reste souvent des incertitudes. Ces incertitudes no portent pas seulement sur le caractère de médailles à reconnaître ou à refuser à un assez grand nombre de ces pièces, on est encore dans le doute de savoir si des pièces frappées comme médailles n'avaient pas aussi une valeur fixe en rapport de quantités d'unités monétaires avec les monnaies et leur donnant cours. Enfin, il est souvent difficile ou même impossible de pouvoir déterminer dans quels buts ou pour quels usages ces pièces étaient frappées.

80. De la connaissance approfondie des pièces frappées dans l'antiquité, on peut conclure en général que, chez les anciens, les médailles étaient les pièces des plus grands diamètres. Des considérations diverses et la rareté de presque toutes les pièces de cette nature établissent cette opinion. Le mot médaillon, qui a été et qui est encore généralement adopté pour désigner les grandes pièces, est donc convenable, puisqu'il dérive du mot médaille, et nous l'emploierons toutes les fois qu'il s'appliquera à des pièces ayant le caractère de médailles.

Ce principe général établi, il convient, quant aux

70

autres circonstances, d'exposer des considérations séparées pour la Numismatique Grecque et pour celle des Romains.

81. Parmi les pièces Autonomes - Grecques, en bronze, il ne paraît pas qu'aucunes aient été des médailles. Il existe bien des pièces de cette espèce d'un grand et même d'un très-grand diamètre; mais elles ont tous les caractères des monnaies. On peut citer entre autres les grandes pièces de cuivre des Ptolémée, dont la dimension était tout-à-fait inusitée chez les Grecs, et qui pourtant doivent avoir été des monnaies, parce qu'elles en ont tous les signes et qu'on les trouve en très-grand nombre. Pour les pièces d'argent, il paraît que les monnaies les plus grandes qui aient été émises étaient les Tétradrachmes (quatre Drachmes), et que les pièces de poids et de diamètres plus grands étaient des médailles. Le petit nombre d'espèces de ces dernières et la rareté actuelle de chacune sont des motifs pour le croire. Je citerai les grands médaillons d'argent de Syracuse représentant la tête de Cérès, et au revers un quadrige. Ces pièces, d'un volume et d'une valeur insolites, étaient très-probablement des médailles. Quelques-unes des variétés de ces pièces portent au revers le mot Ass (Victoriæ præmia). On peut conclure de cette inscription que ces pièces étaient des médailles, et qu'on les frappait pour être remises aux vainqueurs dans les jeux. Quant au rapport qu'elles peuvent avoir avec les monnaies par leur poids, il est difficile d'établir si elles ont pu à-la-fois être des médailles et avoir un cours réglé comme

71

monnaies. Nous n'avons pas de renseignemens assez certains pour l'affirmer. Quelques pièces des Rois, en argent, peuvent être aussi considérées comme médailles. Pour les pièces d'or, il y a lieu de croire que le plus grand nombre de celles de grand volume frappées aux effigies des Rois étaient des médailles, quoique elles offrent, la plupart du temps, les mêmes types et légendes que les monnaies plus petites des mêmes princes: ces pièces sont en général très-rares. Les grands médaillons d'or des rois de Macédoine et d'Égypte sont dans cette classe. Ces idées sontelles justes, et quelles étaient les destinations de ces pièces? Nous sommes à cet égard sans lumières positives.

82. Passons aux Impériales-Grecques et aux Coloniales. On y trouve, à dater du temps d'Hadrien, beaucoup de pièces de bronze de grandes dimensions auxquelles on peut attribuer le caractère de médailles. Entre autres motifs déterminans, nous citerons des médaillons d'Antinous portant les noms de villes qui n'ont pas fait frapper d'autres pièces de grandes dimensions. Si de telles pièces eussent été admises dans ces villes comme monnaies, pourquoi en eût-on frappé seulement à l'effigie de ce personnage? Il est évident que c'étaient là de véritables médailles. Beaucoup de médaillons Impériaux-Grecs de bronze, rares en général, portent des inscriptions relatives aux jeux, qui doivent faire penser qu'ils ont été frappés pour être donnés en prix aux vainqueurs ou pour servir à d'autres usages dans ces spectacles.

72

Cette dernière considération pourrait faire croire que des pièces de la dimension ordinaire des monnaies, que l'on peut considérer comme telles, et qui furent frappées dans les villes Grecques lors des derniers temps où elles émirent des monnaies, étaient aussi des médailles destinées au service des jeux dont elles portent les noms. La monnaie Latine étant alors presque la seule qui eût cours dans l'Empire, on peut croire que ces pièces furent faites à l'imitation de celles de même nature frappées précédemment, mais en en réduisant les diamètres.

Les Impériales-Grecques d'argent paraissent avoir été toutes des monnaies. Il n'en existe pour ainsi dire point en or.

83. Un assez grand nombre de médaillons de bronze Impériaux-Grecs portent des contre-marques. On a voulu établir que ces pièces avaient été ainsi contre-marquées, pour leur donner par là valeur et cours de monnaie. Cette opinion n'est pas assez bien prouvée, et les motifs qui ont fait ainsi contremarquer, dans l'antiquité, diverses pièces, ne sont pas assez connus pour que cette discussion puisse être suffisamment éclaircie.

84. Chez les Romains, le nombre des pieces auxquelles on peut attribuer le caractère de médaille est également assez considérable. Mais il est nécessaire d'abord de faire observer ici que les premières monnaies Romaines de cuivre ne sont pas de cette catégorie, quoique d'un volume très-considérable. Les premiers As et fractions d'As des Romains sont de dimensions très-volumineuses, et étaient pour

tant incontestablement des monnaies. L'introduetion des pièces que l'on peut considérer comme médailles est de beaucoup postérieure. Aucune pièce semblable ne fut faite pendant la durée de la République. Elles commencèrent à être introduites à Rome dans les premiers temps de l'Empire.

85. Toutes les pièces d'or plus grandes que le diamètre ordinairement employé pour les monnaies Impériales peuvent être considérées comme médailles; il en est de même des pièces d'argent. Ces pièces de ces deux métaux, que l'on nomme communément médaillons Latins, sont toutes d'une rareté plus ou moins grande, et paraissent avoir été de véri tables médailles, en leur appliquant toujours les doutes qui ont été établis pour cette nature de pièces. Quant au bronze, le même principe peut être adopté et il se trouve confirmé pour ces pièces-ci par quelques circonstances remarquables pour le sujet qui nous occupe. On peut donc considérer que toutes les pièces de bronze de fabrique Romaine Impériale, qui sont d'une dimension plus volumineuse que les monnaies de la première forme ou monnaies de Grand-bronze, étaient des médailles.

86. Dans ces médaillons Latins de bronze, des différences de fabrique et de dispositions qui se font quelquefois apercevoir, viennent à l'appui de l'opinion qui les fait regarder comme n'ayant pas été des monnaies; on peut citer les médaillons portant la tête seule d'Agrippine jeune (31) : à cette époque, les effigies des femmes de la Famille Impériale n'étaient pas encore admises seules sur les monnaies. Mais

« IndietroContinua »