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ment à le faire, ou par des hommes non avoués, entraînés à ces fraudes secrètes par les bénéfices qu'offrait l'émission des monnaies de billon, dans un temps où la valeur du métal était successivement altérée au gré des princes, et probablement sans règle fixe ni publicité. En effet, il se trouve un grand nombre de pièces de billon de cette époque qui offrent de grandes irrégularités de fabrication dans leurs types, leurs légendes et leurs formes.

99. Après avoir exposé ce qui a trait au procédé du moulage, je passerai à ce qui regarde celui de la frappe au moyen des coins. Les témoignages des auteurs sur ce sujet sont nombreux, et les monumens nous en offrent quelques-uns. Les monnaies ellesmêmes attestent l'emploi du coin, par les nombreuses observations que l'on peut faire sur leur fabrique. Voici les principales preuves qui le constatent, et que l'on pourrait citer, s'il était nécessaire de démontrer l'existence de ce mode de fabrication, qui est de toute évidence : la grande pureté de contours et la finesse des détails que le coin seul peut exprimer; les pièces surfrappées ou qui ont coulé sous le coin et sur lesquelles on remarque les traces des premiers coups, de façon que chaque contour est double; les fentes des flans, causées par la qualité ou la préparation du métal; les pièces dans lesquelles les flans n'ont pas été mis en rapport exact, de sorte qu'une partie des types et légendes ne paraît pas d'un côté et quelquefois des deux; le point creux au milieu de la pièce, point que l'on remarque dans les monnaies de diverses contrées de l'Égypte et de la Syrie, et qui servait

à fixer le flan entre les coins; les monnaies fourrées, c'est-à-dire de cuivre recouvert d'une feuille mince d'argent ou d'or, pièces que l'on considère comme ayant été de fausses monnaies; les monnaies faites avec des pièces antérieures et sur lesquelles on aperçoit des restes des types et légendes précédens; les médaillons formés de deux métaux, etc., etc.

100. Les procédés au moyen desquels la frappe des monnaies était pratiquée ne nous sont connus par aucun renseignement positif; les auteurs anciens et les marbres ne nous apprennent rien à cet égard; il faut donc recourir aux indications fournies par les monnaies elles-mêmes. Quelques coins antiques ont été découverts, ils sont en cuivre plus ou moins allié sans doute avec des parties d'autre métal. On n'a pas pu faire les expériences nécessaires pour connaître les moyens que les anciens employaient pour rendre ces coins suffisamment durs, ni les procédés dont ils se servaient pour la frappe avec ces coins. Il est hors de doute que les anciens ont employé aussi les coins en fer et en acier pour la fabrication des monnaies; mais ces coins n'ont pu parvenir jusqu'à nous et ont été détruits par la rouille.

Les détails relatifs aux métaux en eux-mêmes sont exposés dans le Chapitre VII.

101. Le métal était disposé en flans soit par la taille, soit par le moulage; mais il est difficile d'indiquer les procédés par lesquels ces flans étaient préparés pour les pièces qui n'offrent en elles-mêmes aucun indice à cet égard, et c'est le plus grand nombre

des monnaies antiques. On reconnaît que dans quelques contrées Grecques et principalement dans les premiers temps, beaucoup de flans étaient préparés de forme globuleuse; ce qui indiquerait le procédé du moulage. D'autres monnaies, en assez grand nombre, mais seulement de bronze, et principalement de l'Égypte et de la Syrie, ont été frappées sur des flans dont un côté est plus large que l'autre ; ce qui doit indiquer l'usage de tailloirs imparfaits. Mais une assez grande quantité de pièces de diverses contrées offrent des traces évidentes de moulage antérieur à la frappe. Il est certain que les flans destinés à ces pièces étaient moulés. On peut citer, entre autres, beaucoup de monnaies de la Sicile, de la Grande-Grèce et d'autres contrées. Quelques pièces. offrent des excédans de matière très-considérables sur les bords; on en connaît ainsi de la colonie de Nimes. Ces flans étaient-ils moulés seulement en forme de simples plaques ou globules sans aucune empreinte, ou bien étaient-ils moulés avec les types et légendes, et achevés seulement par le moyen du coin? Cette question a été traitée par des savans; mais elle doit être décidée par l'expérience des résultats de ces sortes de procédés. Or, il est à-peu-près certain qu'une pièce moulée avec ses types et légendes et achevée seulement au moyen du coin ne peut jamais offrir l'exactitude, la finesse, le poli et la perfection du travail, comme on les obtient du coin, sur-tout pour les parties délicates. Les globules laissés sur le champ par l'effet du moulage ne disparaissent pas sous le coin. Les finesses de travail des coins antiques

n'auraient jamais pu être fixées sur les monnaies par ce procédé. Il est donc évident que les flans moulés qui ont été employés pour les monnaies antiques étaient formés lisses, sans l'empreinte des pièces auxquelles ils étaient destinés, et frappés ensuite en entier sous les coins. On pourrait cependant admettre quelques exceptions à cette règle, et elles s'appliqueraient à des médaillons Romains de grand module, qui pourraient avoir été d'abord moulés avec leurs types et légendes et seulement achevés par la frappe.

102. Pour le procédé de la frappe en lui-même, les anciens n'ont connu que des méthodes fort imparfaites. Les flans étaient placés entre les deux coins sans y être fixés par des moyens sûrs ni réguliers, et l'opération avait lieu au moyen de coups de marteau redoublés. On n'a connu dans l'antiquité ni la virole, ni le balancier, ni les autres moyens mécaniques découverts depuis la renaissance des arts, et qui, perfectionnés aujourd'hui, donnent des monnaies parfaitement identiques. De là naissent chez les anciens l'imperfection des monnaies sous le rapport matériel, leur peu d'uniformité, l'inexactitude et les variations dans la rondeur des pièces, et le peu de régularité de la frappe. Les anciens n'en sont que plus à admirer pour avoir obtenu les résultats auxquels ils sont arrivés avec les moyens d'exécution qu'ils pratiquaient.

103. Rien ne peut nous faire connaître les procédés que les graveurs et ouvriers anciens employaient pour la préparation, la gravure et la trempe

pas

des coins. Il y a tout lieu de croire qu'ils n'avaient découvert la méthode de multiplier le même coin par l'emploi successif de l'acier trempé et non trempé agissant sur lui-même. L'extrême difficulté que l'on trouve à rencontrer deux monnaies antiques sorties du même coin (135), prouve que les coins étaient fort multipliés, et que chacun ne fournissait qu'un petit nombre de pièces; ce qui devait rendre en général les monnaies frappées d'une fabrication coûteuse.

104. Les outils employés pour la fabrication des monnaies ne nous sont guère plus connus. Il nous reste seulement un monument de l'antiquité sur ce sujet, et il est d'autant plus remarquable qu'il est le seul. C'est un type qui se trouve sur quelques Deniers Consulaires d'argent de la famille Carisia. Ces pièces représentent à l'Avers une tête de femme que l'on peut regarder comme Juno Moneta, avec la légende : MONETA, et au Revers les tenailles, l'enclume, le marteau et le bonnet de Vulcain, et pour légende : T. CARISIVS (1); sur d'autres deniers semblables, on lit au Revers: SALVTARIS. Une de ces deux pièces a été restituée par Trajan.

105. Quant aux contrées et aux époques dans lesquelles le coin fut employé, ce qui a été exposé pour les pièces fabriquées par le procédé du moulage a déjà fourni à cet égard les éclaircissemens

convenables :

La frappe fut dans l'antiquité d'un usage général, et le moulage ne fut que partiel et momentané;

(1) Cette pièce, soigneusement gravée, est placée au titre de ce volume.

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