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rassurer l'Europe, menacée d'une manière incessante, dans son repos, sa paix et sa prospérité, par l'ambition injuste et persévérante de la Russie.

(Extr. du Moniteur.)

A. LAUNOY.

NOTES

SUR BARAHONA, PETIT-TROU OU SALE-TROU, ET AZUA (CÔTE S. De SANTO-DOMINGO).

Nous détachons du rapport de mer du capitaine Pignonblanc, commandant le Roy-d'Yvetot, qui vient d'arriver au Havre, les passages suivants, où notre marine marchande puisera de très-utiles renseignements, à la fois maritimes et commerciaux, sur trois points de la côte de Santo-Domingo : Petit-Trou, Barahona et Azua.

Le 9 août, je mouillais sur la rade de Petit-Trou, avec grand frais du N. E. Dès le premier soir de mon arrivée, je cassai ma grande chaine, quoique je l'eusse mouillée avec longue trouée. Malgré cette avarie, je ne puis m'empêcher de reconnaître que la rade de Petit-Trou est moins redoutable à cause des périls qu'y courent les navires, que par suite des difficultés qu'on y éprouve pour effectuer le chargement.

Tout capitaine qui ira charger à Petit-Trou, devra être muni de deux bons canots, et d'assez de monde pour en avoir un sans cesse armé de cinq hommes, employé au remorquage des drômes, indépendamment du travail du bord; sans cela; le chargement trainerait en longueur, surtout si les bois sont déposés à un lieu nommé le Camp, qui est à deux lieues et demie du mouillage, et où se trouvaient tous ceux que j'ai chargés à Petit-Trou.

‹ Pour être bien ancré à Petit-Trou, il faut, dès en y entrant, mouiller deux ancres, l'une au N. E, l'autre à l'E. N. E. ou à l'E., avec 60 à 70 brasses de chaîne. Comme le vent est toujours très-frais du N. E. pendant la nuit, et du N. E. à l'E. pendant le jour, on ne fera pas de tours dans les chaînes.

La rade, qui est longue de près de trois lieues, est fermée et abritée par une longue chaîne de roches, courant parallèlement à la côte, N. N. E. et S. S. O.

« Ces roches, presque à fleur d'eau, ne sont cependant pas assez rapprochées l'une de l'autre pour empêcher le ressac

d'entrer dans la rade, et de fatiguer les ancres plus que la houle, qui n'est jamais très-grosse au mouillage, même dans les gros temps.

Il y a deux passes pour desservir la rade du Petit-Trou: l'une dans la partie du N., pour entrer; elle est profonde de 3 mètres 40 à 3 mètres 66, mais les pilotes ne veulent pas y entrer à plus de 3 mètres de tirant d'eau. L'autre passe, qui ne peut servir que pour la sortie, se trouve à l'extrémité S. de la rade, entre une pointe de terre et la fin des rochers dont nous avons parlé. Elle est peu large, mais profonde de 6 à 7 mètres, et on peut en sortir sans danger tirant 4 mètres 70. Avant d'appareiller pour sortir, il faut être certain que la brise est bien faite au N. E., ou au plus E. N. E. Car, si une fois dans la passe, le vent refusait à l'E., on courrait de grands dangers, attendu qu'il est presque impossible de rétrograder. Pour entrer ainsi que pour sortir, il faut que le soleil soit haut et le ciel clair pour pouvoir diriger le navire parmi les roches perdues qui sont éparpillées dans les passes et même dans la rade; ce qui est la cause que cette rade, quoique très-grande, n'offre que peu d'espace pour mouiller.

Le pays est sauvage et dénué de toutes ressources, et ne peut pas même offrir un verre d'eau. Il faudra donc être bien pourvu de tout, avant de s'y rendre.

Après mille contrariétés provenant du temps et des localités, j'étais prêt à mettre sous voile le 26 août. J'ai passé cette journée en appareillage et en calme, et ce n'est que dans la nuit du 26 au 27, que s'est déclaré pour nous ce terrible ouragan qui a dévasté la côte de Santo-Domingo. Quant à nous, ce n'est qu'après des manœuvres incessantes d'ancres et de chaînes, et après avoir cassé et remouillé plusieurs fois les unes et les autres, que le Roy-d'Yvetot s'en est retiré. Le 28, tout était rétabli, et nous étions, de nouveau, prêts à mettre sous voiles; mais, pendant l'ouragan, il était tombé tant de pluie, et les ruisseaux qui débouchent dans la rade avaient tellement saturé les eaux de vase, qu'il était impossible de diriger le navire parmi les roches qui obstruent la passe de sortie. Ce n'est que le 5 septembre que, par hasard, un pêcheur de l'endroit a pu me faire sortir, et non sans me faire toucher trois fois, mais légèrement, et je pense sans avaries, car, depuis, je n'ai jamais fait plus d'eau qu'avant.

Le 7 suivant, je mouillais à Barahona, où j'ai trouvé un très-bon port, parfaitement sûr, et où l'on n'a point à craindre

de perdre du temps dans son chargement par cause du vent ni de la mer. Pendant que j'étais au Petit-Trou, j'ai refait mon eau au bas d'une délicieuse rivière qui vient tomber au fond de la baie, et là même où se font les drômes.

Ayant pris les bois qui m'étaient destinés, à Barahona, j'ai appareillé, dans la nuit du 12 au 13 septembre, pour me rendre à Azua, et j'ai été assez heureux pour y mouiller le 13, au soir. Là, encore, j'ai trouvé une bonne rade, quoique les eaux y soient moins tranquilles que celles de Barahona; le navire n'y a rien à craindre, et, comme la brise tombe plat tous les soirs, au coucher du soleil et ne se reforme du large que le jour suivant, de neuf heures à onze heures du matin, il s'ensuit qu'on a tout le temps nécessaire pour remorquer le long du bord assez de bois pour employer son monde le reste de la journée.

La ville d'Azua offre, en fait de vivres, toutes les ressources désirables, et je dois dire même que toutes les personnes que j'y ai rencontrées se sont fait un devoir de m'être agréables.

Il ne faut pas penser à faire de l'eau à Azua. Les ruisseaux qui la fournissent à la ville allant tomber, très-loin, dans une autre baie, quand auparavant ils n'ont pas été absorbés par les sables qu'ils ont à traverser avant d'arriver à la plage. Ce serait au moyen d'une forte chaloupe qu'on pourrait faire son eau, à six lieues au vent d'Azua, et très-souvent c'est là que les navires, en sortant d'Azua, vont la faire, avant de reprendre la mer. Le navire qui va charger à Azua doit avoir une forte chaloupe pour transporter les gaïacs et les bois jaunes qu'on y charge.

Le pays est très riche par lui-même, mais ne produit presque rien, faute de travail : tous les travailleurs ne se livrent qu'à la coupe des bois. Les terres sont si productives, qu'une fois la canne à sucre plantée, elle y fournit très-bien, pendant au moins trente ans, sans autre culture que le sarclage, sans jamais fumer, et cependant, elle atteint des proportions incroyables, souvent 20 et 24 pieds de longueur, ainsi que me l'a assuré un Français, M. Parent, qui a, près d'Azua, une magnifique propriété.

Pendant tout le temps que je suis resté sur la côte, je n'ai eu connaissance d'aucune maladie endémique, et les gens du pays m'ont assuré qu'ils n'y connaissaient point la fièvre jaune, qui ne se fait sentir qu'au bas des grandes rivières, comme

celle de Santo-Domingo, où les équipages ont souvent à en souffrir.

Je crois devoir terminer mon rapport en signalant à notre commerce un fait qui peut devenir très-grave pour lui et lui causer le plus grand tort:

Les produits français sont recherchés à cause de leur qualité vraiment supérieure; aussi les étrangers, qui l'ont fort bien reconnu, abusent-ils de nos étiquettes. J'ai souvent vu, pendant que j'étais sur la côte de Santo-Domingo, des caboteurs venir s'établir pour y débiter des produits anglais et surtout allemands de la dernière qualité; mais ces marchandises sont ornées de jolies lithographies françaises et sont alors vendues comme étant françaises, et à des prix très-élevés; on comprend que cette camelotte ne pouvant faire qu'un trèsmauvais service doit finir par dégoûter les gens qui ne sont pas capables de reconnaître qu'ils ont été trompés en achetant des marchandises qui ne sont que de mauvaises imitations. Il est donc nécessaire de parer à cette fraude en imprimant sur nos étoffes, en fabrique, des marques bien reconnaissables. ›

NOTICE

SUR LA NAVIGATION DU PARANA, DU PARAGUAY ET DE LEURS AFFLUENTS 1.

LE PARANA.- La navigation de ce fleuve offre habituellement tant de retards pour les bâtiments à voiles qu'elle semble, en dehors du cabotage, réservée aux bâtiments à vapeur. Pour ceux-ci, c'est une navigation facile quand on est pourvu d'un bon pilote et lorsqu'on navigue à l'époque de la crue du fleuve. Les échouages, très-fréquents il y a quelques années, deviennent de plus en plus rares.

1;

Pendant toute l'année, la navigation jusqu'à Parana est possible pour les bâtiments tirant 3TM 30 d'eau ; mais au-dessus de Parana, on rencontre des passes où, quand la rivière est basse, il y a seulement 2 mètres d'eau, et quelquefois même un peu moins. Quand la rivière est haute, un navire calant 4TM 30 peut

1 Cet article est extrait d'un rapport de M. Picard, lieutenant de vaisseau commandant l'aviso à vapeur le Flambeau, sur sa mission dans le Parana et le Paraguay (mars 1855).

aller jusqu'à Corrientes, et seulement jusqu'à la Paz s'il cale 4 80.

Le Parana suit d'ordinaire, dans le mouvement de ses eaux, les phases ci-après le niveau le plus bas s'observe en juillet, août, septembre, c'est-à-dire pendant l'hiver de l'Amérique du Sud. La crue du fleuve se fait sentir au moment de la fonte des neiges des montagnes des Andes et du Pérou; elle commence en octobre, continue en novembre, décembre, janvier, atteint son maximum en février, mars, puis le Parana commence à descendre fin de mars et en avril, en se maintenant à un niveau moyen en mai et juin. On ne peut d'ailleurs rien établir de parfaitement fixe; suivant les chaleurs de l'été, qui influent sur la fonte des neiges, ou encore selon les pluies plus ou moins abondantes, le Parana varie dans son niveau, ainsi que dans les époques de crue et de baisse. Après une baisse de 2 mètres à 2 30, en mai ou juin, survient parfois une crue accidentelle de 30 à 50 centimètres que les pilotes appellent repunte; mais ces crues variables n'ont rien de rêgulier, et les bâtiments d'un fort tirant d'eau doivent s'en défier. La différence de niveau de la rivière dans ces deux états de crue et de baisse est de 3 mètres à 3 65. Les forts vents de S. E. qui font élever le niveau de la Plata exercent aussi une action sur le Parana jusqu'à Obligado et San-Nicolas.

La navigation jusqu'au port de Parana est beaucoup plus facile qu'au-dessus. Un bon pilote ne doit pas passer une année sans visiter le fleuve, car les bancs, les îles, et, par suite, le chenal éprouvent des changements fréquents, de sorte qu'audessus de Parana principalement, il faut une pratique constante pour bien connaître les passes qui se trouvent souvent entre deux bancs.

En général, le cours du Parana s'est amélioré depuis 1846; les passes sont plus profondes, car, à cette époque, les grands bâtiments de 300 chevaux ne pouvaient remonter au delà de la passe Saint-Jean.

Sous le rapport de la navigation commerciale européenne, il ne paraît pas indispensable de faire remonter nos navires à voiles dans cette rivière pour y chercher des produits qu'apportent journellement à Buénos-Ayres et à Montevidéo les caboteurs naviguant sous les pavillons argentin et oriental. Les navires à voiles ne remontent le Parana qu'à l'aide des brises fraiches du S. et du S. E., qui souvent se font attendre des semaines entières; ils ont à refouler un courant de 3 et quel

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