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tournée, les chambres de veille des gardiens et les magasins. Les bâtiments sont entourés d'une muraille et les espaces renfermés sont cultivés en nature de plantes potagères pour les gardiens.

PORT DE BOULOGNE.

Le port de Boulogne est loin de posséder l'ensemble d'établissements maritimes dont jouit celui de Calais. Il ne possède notamment ni quais de marée, ni bassin à flot, et cette dernière circonstance en exclut nécessairement tous les navires fins ou d'un fort tonnage, qui ne peuvent être échoués.

Les seuls ouvrages qui aient été jusqu'ici créés à Boulogne, sont les suivants :

1° Deux jetées dirigées vers le N. O. entre lesquelles a été ménagé un chenal de 70 mètres de largeur. Ces jetées sont construites en charpente sur massif en enrochements. Leur longueur est respectivement de 980 mètres pour celle de gauche et de 600 mètres pour celle de droite, en regardant la mer. Cette différence de longueur est très-favorable à la facile entrée du port.

3o Un port d'échouage auquel aboutit le chenal, et dont la forme affecte sensiblement celle d'un rectangle, large de 160 mètres et long de 540 mètres.

3° Un arrière-port, séparé du port d'échouage par une puissante écluse de chasse, dont il sera parlé tout à l'heure. L'arrière-port a 220 mètres de longueur et 110 mètres de largeur.

4° Un bel ensemble de quais, dont le développement atteint près de 1,800 mètres et le long desquels s'opère le mouvement des marchandises.

5° L'écluse de chasse qui vient d'être mentionnée, et dont le but est d'entretenir le chenal d'accès au port.

Cette écluse se compose de trois pertuis, savoir: deux pertuis latéraux, larges de 6 mètres chacun, sont destinés aux chasses; un pertuis central, large de 12 mètres, est réservé pour permettre aux navires de passer du port d'échouage dans l'arrièreport, et réciproquement.

Ce dernier pertuis est muni de portes d'èbe, dans lesquelles sont percées dix vannes de 0 80 de largeur sur 0m 60 de haut, qu'on lève en même temps qu'on ouvre les portes de chasse, afin d'ajouter à la puissance du courant.

Par les vives eaux ordinaires; c'est-à-dire lorsque la retenue d'eau est haute de 5m 80, le débit atteint 303 mètres cubes, dont

276 mètres cubes s'échappent par les portes latérales et 27 mètres cubes par les vannes du pertuis central.

Au reste, l'action définitive des chasses sur le régime du port ne peut encore être appréciée. Cela tient à ce qu'il existe dans le chenal un banc de roches qui en coupe toute la largeur et qu'il est nécessaire d'enlever. On s'en occupe actuellement ; mais l'opération marche lentement, parce que le banc ne découvre que dans les vives eaux.

Il est à regretter que l'écluse de chasse n'ait pas été établie à 1 mètre plus bas qu'on ne l'a fait; sa puissance aurait été accrue dans une énorme proportion, et c'est là l'élément vital des ports de l'Océan.

6° Un vaste emplacement demi-circulaire creusé en 1803 pour les besoins de la flottille destinée à l'expédition d'Angleterre. Il est aujourd'hui en partie comblé; mais néanmoins comme il communique avec le port d'échouage et que la mer y atteint encore une certaine hauteur, le pourtour de cet emplacement est occupé par des chantiers de construction de navires.

L'ensemble de ces ouvrages aboutit à un vaste bassin de retenue, formé naturellement par la vallée de la Liane. Ce bassin, qui n'a pas moins de 62 hectares, emmagasine une masse d'eau énorme, et c'est en lui que réside la force par laquelle on combat avec succès la tendance à l'ensablement qui se manifeste dans le chenal.

Cette description succincte montre que Boulogne n'est jusqu'ici qu'un port à l'état rudimentaire, pour ainsi dire. Cela n'a toutefois pas arrêté sa marche dans la voie du progrès, et il semble appelé à une destinée tout particulièrement florissante.

PORTEL.

La petite localité du Portel est intéressante par sa population de pêcheurs. Depuis plusieurs années, l'administration y a fait construire une gare de refuge sur laquelle on hisse les bateaux, afin de les soustraire à l'action de la mer, pendant les gros temps. C'est l'unique établissement maritime que possède le Portel.

ÉTAPLES.

Etaples, dans la baie de Canche, est également une population livrée à la pêche. Il y accoste, en outre, quelques rares navires chargés.

Par les soins de l'administration et à l'aide d'une subvention payée par la commune d'Etaples, un large terre-plein y a été construit, pour faciliter les débarquements.

Depuis 1854, époque de l'achèvement du travail, les mouvements commerciaux s'y opèrent avec rapidité et sans peine.

AMBLETEUSE ET WIMEREUX.

Ces deux petits ports, autrefois peuplés de pêcheurs, sont complétement abandonnés aujourd'hui. Cela tient à ce que le voisinage des chemins de fer est désormais une condition essentielle de l'existence de l'industrie de la pêche.

PHARES ET FANAUX.

Les phares et fanaux de l'arrondissement maritime de Boulogne sont, en descendant du N. au S. :

1° Un feu de port à Boulogne, sur la jetée de droite, en regardant le large. Il se compose d'un fanal rouge placé à 30 mè tres de l'extrémité de la jetée. Il domine de 14 mètres le niveau des hautes mers et sa portée est de 4 milles.

2o Deux feux de marée, installés à l'aplomb l'un de l'autre, sur le musoir de la jetée de gauche du même port. Leur élévation au-dessus des hautes mers est respectivement de 10 à 13 mètres, et leur portée de 8 à 9 milles.

Ces deux feux servent à indiquer à la fois la hauteur de l'eau et le mouvement de la marée. Voici comment on les manoeuvre dans ce double but :

On allume le feu supérieur, aussitôt que la marée montante atteint 3 mètres sur la barre du chenal. Au moment de l'étale, le feu inférieur est allumé à son tour, et tous deux restent en activité tant que l'eau se maintient au-dessus de 3 mètres dans le chenal. Enfin, lorsqu'elle s'est abaissée jusqu'à ce niveau, les deux feux sont éteints à la fois et le fanal rouge de l'autre jetée demeure seul allumé.

3o Fanal d'Alpreck (quatrième ordre, grand modèle).

Feu blanc, varié de deux en deux minutes par des éclats rouges précédés et suivis de courtes éclipses. Son élévation au-dessus de la mer est de 49 mètres et sa portée de 10 milles. 4o Fanal de Lornel, à l'embouchure et sur la rive droite de la Canche.

Elévation, 16 mètres.

Portée, 6 milles.

5o Phares de la Canche (deux), de premier ordre.

F

Ces deux phares, à feu fixe, ont été construits récemment sur la rive gauche de l'embouchure de la Canche. Séparés par une distance de 250 mètres qui court exactement N. S., ils sont de tout point semblables. Leur hauteur est de 52 mètres au-dessus du sol et de 53 mètres au-dessus de la mer. Ils ont une portée de 20 milles.

Fanal de Berck (quatrième ordre, grand modèle).

Feu fixe, sur la pointe du Haut-Banc de Berck.
Elévation au-dessus de la mer, 20 mètres.
Portée, 9 milles.

LE PHARE DES ILES BAHAMA.

Les anciens comptaient sept merveilles dans le monde. Quelques-unes d'entre elles sont vraiment dignes des temps fabuleux et héroïques; mais d'autres ont été surpassées de beaucoup par l'industrie moderne, et par exemple, le fameux fanal d'Alexandrie, de l'antique Egypte, ferait triste figure à côté du colossal phare qui vient d'être construit dans les ateliers de MM. Grissell, d'Hoxton, sur commande de l'amirauté anglaise, pour éclairer les parages d'un dangereux rocher situé près d'une des Bahama.

Cette tour, en fer de la base au sommet, mesure 124 pieds non compris l'espace réservé à la lampe tournante, qui aura 13 pieds. Le diamètre est de 25 pieds à la base, et de 14 au sommet (mesure anglaise).

Le poids total du fer employé pour cette merveilleuse construction est d'environ 300 tonneaux, et le prix de revient de l'ouvrage entier s'élève à 8,000 livres sterling, sans compter les frais que nécessiteront le transport de l'appareil et son installation.

Il n'a fallu qu'un an et deux mois pour l'achèvement de cette grande œuvre de l'industrie: entreprise en juin 1855, la tour était terminée à la fin de janvier, et les premiers mois de cette année ont été consacrés à l'appropriation de l'intérieur.

Le travail achevé, les constructeurs ont fait dresser le phare avec le même soin que s'il se fût agi d'une installation définitive, sur un terrain dépendant de leurs ateliers, et de nombreux curieux accourent des environs pour visiter en détail cette masse de fer, prochainement appelée à remplir les fonctions d'étoile de la mer au milieu des récifs et des écueils.

La tour comprend sept étages ou compartiments, chacun d'une hauteur de 16 pieds, à l'exception du premier qui mesure 24 pieds et auquel on arrive par un escalier extérieur en fer. Ce premier étage est destiné à servir de cuisine pour les gardiens; le second étage sera la chambre de conversation; le troisième, la chambre à coucher, et les étages supérieurs seront plus particulièrement affectés aux installations spéciales de la construction. Un arbre de fer de deux pieds de diamètre part de la base au sommet du phare, et à chaque étage des branches de fer rayonnent de cet arbre et vont servir de support aux planchers des diverses chambres.

L'intérieur de la plupart des appartements est calculé de façon à combattre la chaleur du climat tropical où le phare doit s'élever, et des appareils ventilatoires sont fixés sur plusieurs points de façon à établir un système complet d'aérage sur toute la hauteur du monument.

Le fanal, qui est à mouvement rotatoire continu, comprend vingt-quatre lames, toutes à lumière blanche à l'exception d'une qui est rouge. Chacune des lumières, rendue plus intense par des réflecteurs de cuivre fortement argentés et très-brillants, vient frapper de grosses lentilles mobiles en flint-glass, qui la renvoient à de très-grandes distances.

Un mouvement d'horlogerie fait tourner l'appareil en un espace de quinze ou seize heures. Tout ce qui concerne le fanal proprement dit a été installé par M. Wilkins, de Long-Acre, opticien de grand mérite. Le reste du phare, comme nous l'avons déjà dit, sort des ateliers de MM. Grissell.

La tour doit être élevée sur un rocher de l'ilot dit GrandIssac, près du banc de Bahama, dangereux écueil situé dans le détroit de la Floride. Cet endroit a vraiment un aspect désolé.

L'ilot, inhabité, s'étend sur un espace de 2 milles de longueur et de 12 mille de largeur; sans végétation, sans eau douce; il est couvert entièrement par la mer dans certaines saisons et inabordable pendant au moins trois mois de l'année aux navires qui auront à approvisionner les sept ou huit gardiens chargés d'entretenir la lumière sur cette tour isolée au milieu de l'immensité.

(Journal du Havre.)

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