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5 milles au N. de Styrsodde, offre abri contre les vents d'E. par 4 à 5 brasses (7 à 9m) d'eau; de petits bâtiments peuvent aussi entrer dans l'anse d'Olo, qui est située à 2 milles 1/2 plus S. Sur Styrsodde, il y a une petite balise.

A l'E. de celle-ci, la côte est saine à 1 mille de distance.

Avec des bâtiments d'un tirant de 3 7 à 4 mètres, on peut arrondir l'île de Cronstadt par le N. en se portant vers l'embouchure de la Néva.

Observation. Le gouvernement russe a ordonné, dans ces derniers temps, de nouveaux relèvements et sondages dans tout le golfe de Finlande, depuis Cronstadt jusqu'à la Baltique.

(La suite à un prochain numéro.)

VOYAGES DE TERRE ET DE MER.-GÉOGRAPHIE.

L'ILE DES SERPENTS.

L'île des Serpents est située dans la partie N. O. de la mer Noire, à la hauteur des bouches du Danude, par 45° 15′ 15′′ de latitude N. et 27° 52' 15" de longitude E.

L'ile a porté plusieurs noms, qu'elle a empruntés soit à certaines circonstances naturelles, soit à de vieux souvenirs historiques.

Les anciens l'appelaient Leuce, l'île Blanche, ou encore Insula Achillis, l'ile d'Achille.

Les Grecs modernes la nomment Phidonisi ou Fidonisi; les les Turcs, Filan-Adasi; depuis la guerre de Crimée, nous l'avons tous entendu nommer l'île des Serpents.

On suppose qu'elle devait son nom d'île Blanche à la couleur que lui donnent, en certaines saisons de l'année, des troupes d'oiseaux de mer, qui s'y viennent abattre et y construisent leurs nids. Il paraît, en effet, que la quantité de ces oiseaux est si considérable, que le rocher, revêtu d'une sorte de manteau blanc, guide les inatelots au milieu des ténèbres de la nuit et des épais brouillards de la mer Noire. Près des bouches du Danube, la côte est si basse qu'un vaisseau peut être fort peu éloigné du rivage et ne le pas apercevoir, et l'île Blanche, au lieu d'être un écueil dangereux, devient un point de repère très-utile pour les pilotes égarés dans la sombre atmosphère du Pont-Euxin.

Pindare, dans les Néméennes, nomme l'ile Blanche l'île Eclatante, et le commentateur du poëte lyrique ajoute qu'on l'appelait aussi le Blanc rivage de l'Euxin. C'est encore dans Euripide le Blanc rivage d'Achille, et le tragique lui donne l'épithète de polyornithos (qui abonde en oiseaux), allusion évidente au singulier phénomène dont nous venons de parler. On rencontre la même explication de ce nom d'île Blanche au livre XLV des fragments de Scymnus de Chios. Ce géographe grec, qui vivait 80 ans avant Jésus-Christ, à la cour de Nicomède, roi de Bithynie, a écrit en vers iambiques un Periègèse (ou perlustration du monde), ouvrage dont il nous reste à peine un millier de vers, et dont M. Letronne a donné une édition en 1841. Scymnus s'étonne que de l'ile Blanche on ne puisse distinguer le continent, bien qu'elle n'en soit éloignée que de 40 stades; observation pleine de vérité, puisque nous venons de dire qu'on peut être plus près encore de la côte et ne la point apercevoir.

Dans son Périple du Pont-Euxin, Arrien nous donne sur Leuce cette intéressante relation :

<< Naviguant hors de cette bouche de l'Ister (Danube) appelée Psiloë, par le vent Apartias (vent du nord), on rencontre l'île Achille. Plusieurs écrivains nomment cette terre le Dromos Achilleos, et d'autres, à cause de sa couleur, l'ile Blanche. Thétis, dit-on, la donna à habiter à son fils Achille. Son temple et sa statue, l'un et l'autre fort anciens, s'y voient encore. L'île n'est peuplée d'aucun être humain; seulement, on y rencontre des chèvres que les marins y transportent comme offrandes votives. D'autres présents ou dons sacrés sont suspendus dans le temple en l'honneur d'Achille : ce sont des vases, des anneaux ou des pierres précieuses. On y lit aussi des inscriptions de différentes sortes, tant en grec qu'en latin, composées à la louange d'Achille et de Patrocle, car on y révère Patrocle aussi bien qu'Achille... Une multitude d'oiseaux aquatiques, tels que l'alouette de mer, le plongeon et la caille marine, couvrent le rivage. Les oiseaux seuls prennent soin du temple; chaque matin, ils se rendent à la mer, y mouillent leurs ailes et viennent arroser le sanctuaire; puis, avec leurs ailes, ils nettoient le parvis sacré »

Arrien a encore recueilli d'autres traditions superstitieuses qui concernaient cette île de Leuce, une des îles saintes de la mythologie ancienne. Les Grecs, en effet, la considéraient comme le séjour des âmes heureuses, une sorte de Walhalla homérique,

où les ombrés de héros morts, Ajax, Achille, Patrocle jouissaient d'un repos et d'un bonheur éternels. Quand un navire, détourné de sa route par la tempête, approchait de l'île Blanche, l'équipage voyait apparaître les fantômes protecteurs d'Achille et de Patrocle, qui lui indiquaient toujours les lieux où il devait descendre. Ainsi le raconte la légende, et Arrien, qui nous la rapporte, ne doute aucunement que ces assertions ne soient très-dignes de foi. Il paraît que les Turcs du voisinage ont une croyance du même genre, et qui tient plus du système de Pythagore que de la doctrine de Mahomet: dans le corps de ces oiseaux qui hantent l'ile sainte, revivent, disent-ils, autant d'âmes humaines. Le Coran n'enseigne pas la métempsycose; une telle croyance semble un héritage de l'antiquité.

Quant au nom moderne de notre île, on s'est donné bien gratuitement de la peine pour en chercher l'origine. Par la plus étrange méthode étymologique, le comte Potocki arrive à affirmer que Phidonisi ou Fidonisi veut dire île de la foi. Un voyageur contemporain, auquel nous devons les notes qui nous ont servi à composer cette petite monographie, suppose que l'ile qui nous occupe doit son nom à sa ressemblance avec un serpent ou à un grand poisson qui nagerait à la surface de l'eau. Rien de moins vraisemblable, à notre gré, qu'une hypothèse pareille, et les deux explications qui précèdent sont inadmissibles; une troisième nous semble beaucoup plus vraisemblable, parce qu'elle est plus naturelle : l'ile des Serpents est ainsi nommée à cause des serpents dont elle est infestée. On a lieu d'être surpris que cette explication si simple n'ait pas contenté les deux voyageurs dont nous venons de parler, puisqu'ils ont tous les deux fait allusion à l'abondance des serpents dans cette île.

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Le comte Potocki raconte lui-même ce que les indigènes de l'Euxin lui ont répondu quand il les a interrogés sur l'île des Serpents Il est difficile d'y aborder, tant parce que la côte est dangereuse, que parce que la terre y est couverte de serpents venimeux. Le second voyageur nous dit aussi : « La persuasion où sont les marins russes et turcs que cette île est couverte de reptiles dangereux leur fait conter différentes fables absurdes. Rarement les vaisseaux se mettent en panne à cette hauteur pour offrir l'occasion de la visiter. Alors même aucun homme de l'équipage ne se hasarderait sur le rivage. Il y a cependant vingt brasses d'eau de profondeur à la distance d'un câble du bord, et tout vaisseau ferait aisément voile vers ce point. A en

croire les Russes, quatre personnes de l'équipage d'un bâtiment qui s'y perdit autrefois eurent à peine gagné la plage qu'elles y rencontrèrent un ennemi plus dangereux que la mer elles devinrent la proie des serpents.

Que ces faits soient vrais ou faux, que la croyance aux serpents soit absurde ou non, il est constant que cette croyance existe encore de nos jours, qu'elle existait à l'époque d'Ammien Marcellin, qui nous apprend qu'une opinion du même genre faisait déjà de son temps redouter l'approche de ce lieu, et il ne me semble pas douteux que l'ile des Serpents a été nommée ainsi à cause de la grande quantité de serpents dont elle passait pour être désolée.

En tout cas, ce qui paraît incontestable, c'est que cette île a toujours dû être moins peuplée d'hommes que de serpents. Auteurs anciens, auteurs modernes s'accordent à dire qu'elle n'a jamais été habitée. Arrien, pourtant, nous parle d'un temple d'Achille, de sa statue, d'offrandes sacrées déposées en l'honneur du héros de l'Iliade; ce témoignage donne à croire que des hommes ont débarqué sur ce rocher, mais ne démontre pas qu'ils y aient séjourné et formé un établissement durable. Cette ile solitaire, battue des flots, éloignée de la terre, petite, inconnue, se trouvait dans les meilleures conditions pour échapper aux ravages qui n'ont épargné presque aucune partie du vieux territoire classique, et, si elle avait contenu quelque monument, il est permis de penser que les débris en subsisteraient encore. Cependant on n'y a découvert aucun vestige d'antiquité, et la curiosité contemporaine doit s'en tenir encore aux récits des auteurs grecs et aux légendes des poëtes anciens. C'est en vain qu'en 1784, le comte Potocki cherche à savoir si le sol ne garde pas quelque trace de monument, et un voyageur nous dit de nos jours: « L'ile peut avoir un mille de longueur et près d'un demi-mille de large (mesure anglaise). Un faible gazon et des herbages très-bas couvrent le sol. Ayant attentivement examiné cette terre avec un télescope, je ne pus y apercevoir un seul vestige de débris d'antiquité. Sur le bord méridional, des rochers escarpés s'élèvent à cinquante pieds environ... >>

Peut-être eût-il mieux valu débarquer et parcourir l'ile pour s'assurer qu'il n'y a aucun débris d'antiquité; mais on peut répondre que, si l'on n'en découvre pas à l'aide du télescope sur une surface d'une lieue, ceux qu'on y pourrait rencontrer dans une perquisition plus exacte seraient d'une médiocre

importance. Qui, d'ailleurs, songerait à aller exploiter en touriste cet écueil stérile, ce banc de guano isolé au milieu de la mer? Personne n'y aborde, que des pêcheurs naufragés; personne n'y séjourne, que dix pauvres scldats, représentation mi-partie de la Russie et de l'empire ottoman. Sur cette roche nue, l'agriculture trouverait malaisément un terrain à exploiter tout au plus l'industrie pourrait-elle y établir un dépôt de charbon pour la marine; peut-être encore tirerait-on de ces amas de fiente d'oiseaux qui encombrent et blanchissent la plage un engrais utile à la culture d'une terre plus heureuse. En somme, cette île des Serpents, si vivement disputée entre les diplomates, ne deviendra jamais une possession bien importante par elle-même. Elle servira de phare aux navigateurs et de refuge aux marins en danger; mais ces deux petits postes militaires, qui vont y demeurer en présence, et la garder d'un œil jaloux, ne veilleront pas sur un précieux trésor. Puissent-ils, du moins, y vivre en paix et ne jamais troubler du bruit de leurs querelles l'antique silence de l'île sainte et le repos éternel des héros morts Henry d'Audigier.

(Revue de l'Instruction publique.)

RAPPORT

DE M. LE CAPITAINE DE FRÉGATE DUVAL, COMMANDANT LE BRICK DE LA MARINE IMPÉRIALE LE Beaumanoir, SUR SA CAMPAGNE AUX CÔTES DE PATAGONIE. (Suite 1.)

Le 9 février, dans la matinée, l'ile des Pingouins était en vue; vers neuf heures, nous reconnaissions Tower-Rock et le morne Nord, et à une heure et demie nous entrions dans le port Désiré avec fin de flot et entraînés par un courant qui paraissait avoir au moins 6 noeuds de vitesse.

Deux encablures avant d'arriver au mouillage, une brise d'O. avait masqué nos voiles, mais notre vitesse n'en ressentit aucune diminution, et il est difficile de se faire une idée de la rapidité avec laquelle le navire vint à l'appel de son

ancre.

Le bâtiment fut affourché par le flot et le jusant: nous relevions la pointe E. des ruines au N. 28° O., Tower-Roch au

1 Voir ci-dessus, pages 141 et 256.

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