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DE LA MARINE

ET DES COLONIES.

JUILLET 1956.

HYDROGRAPHIE.- NAVIGATION.

NOTES HYDROGRAPHIQUES ET COMMERCIALES, Recueillies par M. Jules LEFEBVRE, commandant l'aviso à vapeur le Prométhée, sur quelques îles de l'Archipel et sur certains points du grand bassin de la Méditerranée (Suite) 1.

PREVESA.

La grande majorité de la population de Prévesa est de race grecque.

Vents. Lorsque le temps est beau, la brise de N. E. qui vient du golfe souffle le matin jusqu'à 8 ou 9 h., puis après un moment de calme, la brise de mer ou de l'O. s'élève quelquefois assez fraiche. Elle dure ainsi jusqu'au coucher du soleil. Rarement elle veille. Cette succession de brises est très-régulière en été. Elle ne l'est pas autant dans les autres saisons; cependant on peut dire qu'elle a lieu environ huit mois sur douze. Pendant l'hiver, les vents sont très-variables, ceux de la partie du S. O. et du N. E. sont les plus fréquents. Ils sont parfois violents.

Atterrages. Les atterrages de Prévesa ne présentent aucune incertitude, puisque les hauteurs de Sainte-Maure indiquent toujours suffisamment la position du navire.

La presqu'île de Prévesa est belle, les collines peu élevées de Mikalitza et de Skafidaki les dominent. En approchant on

'Voir ci-dessus, t. XV, p. 319.

distingue le bois d'oliviers qui la couvre. Plus près, sur le fond vert de ces arbres, on voit se détacher les murailles blanches du fort Pautocratora: plus haut à droite la caserne à toit rouge du fort Georgio.

Mouillage extérieur. Les bâtiments qui calent plus de 3o 35 (11 pieds anglais) ne peuvent passer sur la barre. Ils feront bien d'aller au mouillage extérieur de Sainte-Maure dont la tenue est meilleure, et qui est plus abrité des vents du S. 0. Ceux dont le tirant d'eau est moindre et qui veulent entrer se mettent le plus tôt possible dans le relèvement du fort Pautocratora au N. E., puis ils s'approcheront sous petite vitesse en sondant, et ils mouilleront en dehors des passes dans les relè vements suivants :

Pointe Mitika, N. 5° 0.

Fort Pautocratora, N. 45° E.

L'extrémité de la pointe du Sérail par le moulin de la Punta, N. 61° E.

Fort Punta, N. 72° E.

Phare de Sainte-Maure, S. 15° 0.

Pointe N. O. de Sainte-Maure, S. 46° 0.

On sera ainsi par 13 mètres, fond de sable et coquilles brisées. On enverra à la ville un canot pour chercher le pilote. Quand le tirant d'eau du bâtiment approche des limites de la profondeur du chenal (3m 5), il faut une grande habitude pour en suivre les contours, parce que le courant, qui entre ou qui sort (ce dernier cas est le plus général), fait dévier à chaque instant le navire de sa route. Un homme très-pratique de la localité peut seul redresser incessamment les écarts de la direction, et même les prévenir à l'avance. L'instant le plus favorable pour entrer est le matin vers neuf heures, lorsque la brise de terre étant tombée fait place à la brise du large. Alors la mer est plate; il n'y a point de levée. Quelquefois il y en a peu au large, et, sur les petits fonds de 4 à 6 mètres, l'eau est unie. Nous avons eu plusieurs occasions de remarquer ce fait que l'on peut attribuer à l'action du courant qui sort du golfe; cependant lorsqu'il vente frais, la houle entre et la barre devient un brisant. L'atmosphère est généralement plus pure, et permet de distinguer facilement les amers. Si, au contraire, la brise du large est fraîche, il faut renoncer ce jour là à entrer à Prévesa, et aller attendre une occasion favorable au mouillage extérieur de Sainte-Maure. On peut aussi jeter l'ancre en dehors de la barre de Prévesa, mais il ne faut pas

y rester avec du mauvais temps de la partie de l'O. Le fond de gros sable est parsemé de pierres et de roches sur les-quelles les ancres chassent d'abord, puis s'accrochent de manière à risquer de les perdre. Dans tous les cas, la mer devient très-grosse, et le bâtiment peut être compromis par la rupture de ses chaînes. Il convient donc de mouiller toujours assez au large pour avoir un appareillage facile. Dans ce but, il ne faudra pas venir par un fond moindre que 24 à 30 mètres.

Instructions pour donner dans la passe. Ainsi que nous l'avons dit, un pilote est nécessaire pour donner dans la passe. Il n'y en a qu'un seul à Prévesa. Il est bon et se nomme Georgi Bacca. On l'enverra chercher en ville, si l'on ne veut pas rester longtemps en dehors à l'attendre, parce que les Turcs n'ont pris aucune mesure pour signaler les navires venant du large, et demandant un pilote. On devra se défier de tout autre individu se disant pratique de la localité. A défaut du pilote, il sera indispensable, avant de donner dans la passe, de la baliser avec des embarcations et des bouées. L'incurie des Turcs et la malveillance des Grecs se sont réunies jusqu'à présent pour empêcher de faire un travail aussi utile.

Le navire étant mouillé dans les relèvements indiqués cidessus, deux embarcations partiront du bord, se dirigeant à PE. q. N. E. du monde, le cap droit au milieu de l'entrée du golfe entre les caps Scara et Panagia. Dans cet alignement se trouve, au fond du golfe, une haute montagne en pain de sucre qui s'aperçoit très-bien lorsque le temps est clair. Un autre amer encore, c'est une touffe d'arbres isolée sur les terres basses au S. du fort Punta, en alignement avec une dépression de terrain à droite du cap Panagia. Ayant ainsi parcouru l'espace de 1 mille /3, une des embarcations mouillera en relevant la pointe basse de Skali par la pointe du fort Teki, au S. q. S. O. du monde, et la caserne du fort Punta par la déclivité O. des terres de Skafidaki. Ce dernier alignement servira de route à la deuxième embarcation, qui s'arrêtera lorsque les murailles blanches de Pautocratora couvriront les terres basses et rougeâtres à l'O. de ce fort. A ce point elle mouillera une première bouée, puis elle reviendra à bord en plaçant une deuxième bouée au milieu de la ligne qui joint le navire au premier canot mouillé. L'embarcation aura d'ailleurs le soin de sonder la route que devra suivre le bâtiment. Celui-ci appareillera alors, réglant sa vitesse de manière à

pouvoir sonder fréquemment, mais sans pour cela se laisser dépaler par le courant. Il rangera de près les bouées et le canot en les laissant par tribord. Dès qu'il aura doublé la deuxième bouée, il gouvernera au milieu de l'espace compris entre le fort Punta et la pointe du Sérail. Après avoir dépassé cette dernière pointe, on sera dans le port de Prévesa, et on pourra mouiller partout par un fond de 12 à 14 mètres, fond de vase, excellente tenue. L'espace étant assez resserré, quand il y a un certain nombre de navires, il convient d'affourcher l'ancre de båbord au S. O. et celle de tribord au N. O. 30 brasses de chaque chaîne suffisent ordinairement. Si l'on mouille au milieu du port, on sera dans le fort du courant qui sort presque toujours. Plus près de la ville ou de la pointe Akri, le courant est faible ou remonte.

Pour sortir du port, les mêmes précautions ne devront être prises que pour entrer.

Courants. Le courant sort presque continuellement. Il est occasionné par plusieurs ruisseaux ou rivières dans le golfe d'Arta. A Prévesa, sa vitesse est ordinairement d'un deminœud. Elle augmente et peut aller jusqu'à deux nœuds, lorsqu'après de gros vents d'O., les eaux du golfe ont été refoulées dans les rivières qui y affluent. Alors le calme survenant, le trop plein se déverse à la mer avec rapidité. D'autres causes viennent encore augmenter sa vitesse, ainsi la fonte des neiges, les pluies, les vents de N. E., etc. Quelquefois le courant est nul, et même il remonte, lorsque les vents du large soufflent avec force. Mais, dans cette direction, il atteint rarement une vitesse notable, et il ne dure jamais longtemps.

Aiguades. La meilleure eau se fait à une fontaine située au bord de la mer auprès du fort Nuevo. Elle est abondante et fournit à toute la ville. Les chaloupes accostent à petite distance du rivage. Cependant en été, après de longues sécheresses, le volume d'eau qu'elle donne est beaucoup diminué.

Rivières. En outre des rivières d'Arta, de Louro et de quel ques ruisseaux moins importants qui se déversent dans le golfe Ambracique, il y a une petite rivière qui se jette à 1 mille au N. de la ville dans une crique appelée Port Vathi, qui était autrefois le bassin de carénage et de construction de Prévesa.

Bancs et roches. Toute l'étendue de la côte comprise entre les pointes Mitika et Sainte-Maure est garnie de bancs de roches et de sable. Il ne faudra pas s'approcher de terre à moins de 1 mille, et ne pas venir en dedans du fond de 12 brasses,

sans que la position du navire ne soit bien déterminée par des rélèvements. L'écueil le plus dangereux est celui de Patalla. Il est isolé au large à 2 milles 1/2 au N. 73° E. (vrai) de la pointe Mitika, et à 5 milles au N. 58° O. (vrai) du fort Pauto

cratora.

L'entrée du goulet de Prévesa est obstruée par des bancs qui laissent à peine entre eux un canal étroit et sinueux dont nous avons indiqué plus haut la direction. Vis-à-vis la ville, ce canal s'élargit et forme le port de Prévesa. Il se rétrécit de nouveau par un banc qui part du fort Neuf, et qui, s'étendant vers l'E., ne laisse qu'un passage très-étroit à la hauteur de la pointe d'Akri. Ce bauc qui prend le nom de Banc Nuevo est à peine couvert de quelques pieds d'eau. Il faut donc éviter d'en mouiller trop près.

La ville est entourée du côté de terre par des fossés larges et profonds et est défendue par des remparts solides, bien qu'en mauvais état.

Les fortifications de Prévesa sont les mêmes que celles qui existaient du temps des Français. Construites en pierres de taille, elles ne sont pas entretenues et ne doivent d'avoir résisté à la ruine qu'à leur solidité. Voici à peu près leur

armement.

Le fort Neuf ou Saint-André, situé dans la ville, est assez vaste pour contenir tous les habitants. Il est armé de 16 pièces de canon dont 5 en bronze et 11 en fer et d'un mortier en fer. La redoute à la porte Vathy est armée de 4 canons en fer. Le fort Georgio est armé de 16 pièces dont 2 en bronze et 14 en fer, et de 2 mortiers en bronze.

La redoute en dessous du fort Georgio est armée de 4 canons en fer.

Le fort Pautocratora est armé de 12 pièces de canon dont 6 en bronze et 6 en fer.

La batterie de la pointe du Sérail est armée de 4 canons en fer et de 2 mortiers en bronze.

Enfin le fort Punta est armé de 6 canons en fer.

Il y aurait donc en tout 62 canons et 5 mortiers. Ces pièces de tout calibre, depuis le 12 jusqu'au 36, ont une variété de projectiles en mauvais état et plus ou moins adaptés au calibre de la pièce qu'ils doivent servir.

La garnison se compose d'un bataillon de 820 hommes de troupes régulières, sous les ordres d'un miralaï (colonel) et d'un détachement de 330 artilleurs turcs, albanais, sous les ordres d'un kaïmakan.

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