ses à la sagesse ainsi décrite, à savoir que l'entendement
connaisse tout ce qui est bien et que la volonté soit tou-
jours disposée à le suivre, il n'y a que celle qui consiste en
la volonté que tous les hommes puissent également avoir,
d'autant que l'entendement de quelques-uns n'est pas SI
bon que celui des autres. Mais encore que ceux qui n'ont
pas tant d'esprit puissent être aussi parfaitement sages
que leur nature le permet, et se rendre très agréables à
Dieu par leur vertu,
leur vertu, si seulement ils ont toujours une
ferme résolution de faire tout le bien qu'ils sauront, et de
n'omettre rien pour apprendre celui qu'ils ignorent; tou-
tefois ceux qui avec une constante volonté de bien faire
et un soin très particulier de s'instruire ont aussi un très
excellent esprit, arrivent sans doute à un plus haut degré
de sagesse que les autres. Et je vois que ces trois choses
se trouvent très parfaitement en Votre Altesse. Car pour
le soin qu'elle a eu de s'instruire il paraît assez de ce que
ni les divertissemens de la cour, ni la façon dont les
princesses ont coutume d'être nourries, qui les détournent
entièrement de la connaissance des lettres, n'ont pu em-
pêcher que vous n'ayez étudié avec beaucoup de soin tout
ce qu'il y a de meilleur dans les sciences: et on connaît
l'excellence de votre esprit en ce que vous les avez par-
faitement apprises en fort peu de temps. Mais j'en ai en-
core une autre preuve qui m'est particulière, en ce que
je n'ai jamais rencontré personne qui ait si généralement
et si bien entendu tout ce qui est contenu dans mes écrits.
Car il y en a plusieurs qui les trouvent très obscurs,
même entre les meilleurs esprits et les plus doctes; et je
remarque presque en tous que ceux qui conçoivent aisé-
ment les choses qui appartiennent aux mathématiques ne
sont nullement propres à entendre celles qui se rappor-
tent à la métaphysique, et au contraire que ceux à qui
celles-ci sont aisées ne peuvent comprendre les autres:
ensorte que je puis dire avec vérité que je n'ai jamais ren-