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Déja cependant en bon (a) frere
Je te le pardonne à moitié.
Vois, ami, si je m'interesse
A tout ce qui peut te toucher,
Qu'exige-tu de ma tendresse
Qu'elle te puisse réfuser ?
Parle, Baron, dis si ma vie

Peut t'être un jour de quelque utilit
Veux-tu que je la sacrifie,

A tes vœux, à ta sûreté ?
Faut-il aller braver Neptune;

Prêter mes jours aux vents trompeurs,

Hazarder ce que la fortune,

Peut me promettre de faveurs
Faut-il sous la Zone Torride

'Aller me bazaner le front
On respirer l'air homicide
Du Groënlandois, du Lapon a
Parles, tout me sera possible
Quand je l'entreprendrai pour toi,
Mon amitié doit me rendre impassible
Crois-en et mon zéle et ma foi,
Loin de moi toute ame timide
Qui peut s'effrayer du danger,
En servant un ami solide,

(a) Je traite de frere Mr. le Baron de Chen

Almand.

Pour moi le plaisir d'obliger

Pouroit me rendre un autre Alcide Oui, je le dis, la générosité

Seroit ma vertu favorite s
J'imiterois celle de Tite,
Si mon pouvoir trop limité,
Ne justifioit ma conduite,

Ou ne bornoit pas dans la suite,
Mes vœux et ma facilité.

Qu'un autre par son injustice,
Forme une nouvelle Toison;

Pour contenter son avarice,
Qu'un impitoyable Harpagon,
Sans art, et souvent par caprice,
Fasse un Perou de sa Maison
Pour moi libre de ces foiblesses,
Goûtant peu Pardeur de gagner
Je ne desire des richesses
Que pour le plaisir de donner.
Qu'un Angeli de la Garonne,"
Ait la manie, ait le travers
Pour voir adorer sa personne,
De convoiter la brillante Couronne
Du puissant Prince que je sers';
Pour moi peu partisan du Trône,

Ami, je ne l'ambitionne,

Que pour

faire des Ducs et Pairs;

Tel est, cher Baron, le sistéme

Que mon bon cœur, ma raison même,
Er qu'un certain Art ont formé

Trop heureux (quoique mal limé ).
S'il te plaît autant que je t'aime.d
T:
{

De Tours, Par l'Abbé de l'Orient 7 Habitant imaginaire de la belle Rochelle, le 22. Novembre 1736.

DOUTE proposé aux Sçavans, au sujet des Auteurs des Annales des Rois de France, connues sous le nom de saint Bertin.

I

SECONDE PARTIE

L ne se présente point ici de Faits aussi positifs, que ceux sur lesquels sont apuyées les preuves que j'ai rapor tées, au sujet de l'Evêque Prudence. Aucun Auteur contemporain, pas même Flodoard, qui a fait un long Catalogue des Ecrits d'Hincmar, n'a dit, qu'il eut composé des Annales; mais peut-on conclure de son silence, qu'en effet Hincmar n'en a point écrit ? Cette conséquence ne seroit point juste ; il en résulte toutau plus, que Flodoard l'a ignoré, quoiqu'il ait eu connoissance de l'ouvrage, Comme je le dirai bientôt.

'Au deffaut de preuves démonstratives et parfaitement concluantes, si l'on vient à réunir les circonstances, les conjectures, les vraisemblances, si l'on réfléchit qu'il étoit plus instruit et plus capable qu'aucun autre de son siecle, de composer cette Histoire, dans laquelle il fait très-souvent le Rôle principal, tout cela conduit insensiblement à une conviction. et une persuasion intime, à laquelle on se livre sans peine, parce qu'elle paroît juste et raisonnable.

La premiere observation que j'ai faite; c'est que les Annales furent connues à Rheims peu de temps après la mort d'Hincmar, ce qui se prouve par l'Histoire de Flodoard, dans laquelle le douziéme (Flod. l. 3.p. 319. Annal. Bert. an. 862. p. 213.) et le dix-septiéme (Flod. 1. 3. p. 399. Annal. Bert. an. 867. p. 228.) Chapitre de la vie d'Hincmar, ne sont que deux Extraits transcrits mot à mot des Annales; donc il en avoit vû un éxemplaire. Puisqu'il les a connuës, ces Annales, en un temps si voisin de la mort d'Hincmar, (car il pouvoit écrire trente ou quarante ans après lui)ne peuton pas présumer que l'Ouvrage a pris naissance, pour ainsi dire, à l'endroit où il a été trouvé d'abord, et qu'il a été

composé par qu'un autre ?

celui qui

qui le pouvoit mieux

Après tout, Hincmar n'est point tellement déguisé dans cet Ouvrage, qu'on ne puisse le reconnoître dès le premier instant auquel il entreprend de l'écrire. Il commence à l'année 861. là, il raporte précipitamment deux ou trois événemens, qui precéderent la mort de l'Evêque Prudence: quand il y est parvenu, sa plume devient moins rapide ; il s'arrête pour le considerer de tous les côtés; on sent qu'il est remué en cet endroit par quelque raison particuliere. Pour déveloper ce mystere, je suis obligé de reprendre la chose de plus haut.

Le Synode de Quierzy, ( Act. Conc. Harduini, tom. 5. p. 18.) qui condamna Gottescale, n'arrêta point les disputes sur les points, qui avoient occasionné sa condamnation au contraire, elles n'en devinrent peut-être, que plus vives et plus échauffées.

Alors Hincmar et Prudence n'étoient point entr'eux d'un sentiment contraire, Hincmar (Flod. l. 3. c. 21. p. 437.) consultoit l'Evêque de Troyes sur les dif ficultés qui lui survenoient en cette affaire, ce qui prouve qu'il estimoit sa doc

trine et sa science.

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