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queur, veux-tu que je te traite? — En roi, répondit le vaincu. Charmé de cette réponse généreuse, Alexandre ordonna qu'on prit grand soin de sa personne; il lui rendit ses états, et y ajouta de nouvelles provinces. Porus, pénétré de reconnaissance, suivit son bienfaiteur dans toutes ses conquêtes, après lui avoir juré une fidélité qu'il ne viola jamais.

POSADAS (François), dominicain, naquit en 1644, à Cordoue dans l'Andalousie, de parents pauvres mais vertueux (1). Il se signala dans son ordre par le talent d'instruire les pauvres de la campagne, et de ramener à une vie exemplaire les personnes du grand monde. Son mérite le fit nommer à un évêché; mais son humilité le porta à le refuser. Tout ce qu'il y avait de grand en Espagne avait pour lui une considération singulière. On le consultait comme un oracle. Le P. Posadas mourut à Cordoue le 20 septembre 1713, après une longue vie passée dans les bonnes œuvres et les austérités. La voix publique l'a déjà canonisé, et on a commencé à faire les informations pour procéder un jour à la canonisation authentique de ce serviteur de Dieu (2). Un savant religieux de son ordre a écrit sa Vie, et l'a publiée en 1 gros vol. in-4. Vincent de Castro en a donné un abrégé, Rome, 1818, in-12. On a du P. Posadas plusieurs ouvrages qui respirent la plus haute piété : Le Triomphe de la chasteté contre les erreurs de Molinos, in-4; La Vie de saint Dominique de Gusman, in-4; Sermons doctrinaux, 2 vol. in-4; Sermons de la Sainte Vierge Marie, in-4. On a encore de lui divers Traités de théologie mystique, qui pourraient former 6 vol. in-4. Ils sont restés manuscrits.

POSIDONIUS. Voy. POSSIDONIUS.

POSSEL (Jean), savant philologue, naquit en 1528, à Parchim, dans le duché de Mecklembourg. Après avoir terminé ses études, il fut admis au saint ministère, et, peu de temps après, pourvu de la chaire de littérature grecque à l'académie de Rostock; il la remplit avec beaucoup de distinction, et mourut le 15 août 1591. Outre une Paraphrase en vers grecs, des Evangiles, on a de Possel: Syntaxis græca, Wittemberg, 1560, in-8. On en connaît au moins 28 éditions, jusqu'à celle de Leipsig, 1693. Calligraphia oratoria linguæ græcæ, Francfort, 1582, in-8. C'est un choix d'exemples tirés des meilleurs auteurs, avec des explications. L'ouvrage n'eut pas d'abord tout le succès qu'il méritait; et les libraires chargés de la vente furent obligés de renouveler plusieurs fois le frontispice avant d'avoir vu s'écouler la première édition. Il a été réimprimé, depuis la mort de l'auteur, augmenté d'une troisième partie, et de deux tables ou index, l'un grec, l'autre latin, pour faciliter les recherches; et les catalogues en citent des éditions de Francfort, Hanau, Paris, Genève, etc., enfin de Padoue, 1692, in-8. L'abbé Giacometti, professeur à l'université de Padoue, à qui l'on doit cette dernière édition,

(1) Moreri fait naltre le père Posadas en 1639, et mourir en 4720. Les dates que nous employons, et qui paraissent plus sûres, sont celles qu'a adoptées l'Ami de la religion. (Voyez ce journal, tome 28, page 211.)

(2) Béatifié le 20 septembre 1817, le père Posadas a été canonisé en 1818.

ayant supprimé du frontispice le nom de Possel, mutilé la préface, et retouché toutes les pièces préliminaires, s'est fait accuser, peut-être injustement, de plagiat. Familiarium colloquiorum libellus, gr. et lat., 1586, in-8; Londres, 1652, in-12; et au moins dix autres éditions imprimées en Allemagne.POSSEL (Jean), fils du précédent, et que l'identité de nom a fait confondre souvent avec son père, était né en 1565 à Rostock; il professa la littérature grecque à l'académie de cette ville, et mourut, le 21 juin 1633. Outre des éditions augmentées de la Calligraphia, on lui doit: Apophthegmata ex Plutarcho et aliis selecta, inque locos communes redacta, gr. et lat., Wittemberg, 1595, in-8; Hesiodi opera omnia, gr. et lat., Francfort et Leipsig, 1601, 1603, 1615, in-8. C'est probablement à Possel le fils qu'il faut attribuer l'Oratio de Reimondi Pellisonis et urbis Camberici laudibus, dont ni Moller ni Roterman ne disent rien.

* POSSELT (Ernest-Louis), historien et publiciste allemand, né à Bade en 1765, fils d'un conseilleraulique de Dourlach, acheva ses études classiques à Gættingue, fit ensuite ses cours de droit à Strasbourg, et après y avoir reçu le doctorat, revint dans sa patrie exercer la profession d'avocat. Bientôt dégoûté de cette carrière, il sollicita et obtint la chaire de droit et d'éloquence au gymnase de Carlsruhe, et reçut le titre de secrétaire privé du margrave. Nourri des auteurs anciens, il conçut l'idée de reproduire leur éloquence oratoire en l'appliquant aux intérêts de sa patrie. Les discours qu'il prononça dans les solennités du gymnase commencèrent sa réputation. En 1791 il obtint une place de bailli à Gernsbach, près de Rastadt, qui lui donnant peu d'occupation, lui permit de fixer son attention sur les grands événements qui se passaient en France. Il se déclara chaudement le partisan de la révolution, et écrivit en latin l'Histoire des premières guerres des Français contre les coalisés, et commença l'Almanach de l'histoire de nos jours, qu'il continua de 1792-1800, et qui eut un grand succès en Allemagne; ce succès lui fit entreprendre les Annales européennes, 1795, 1804, l'un des meilleurs ouvrages périodiques que l'on puisse consulter pour cette époque. En 1796, il se démit de sa chaire, se réservant la moitié de son traitement, sous la promesse qu'il n'a pu remplir d'écrire l'Histoire de Bade. Cette même année il fit la connaissance du général Moreau, qu'il revit en 1801 après la fameuse retraite de Bavière, dont il inséra l'histoire dans les Annales Européennes. On en fit à Strasbourg une traduction française avec des notes. Posselt continua de correspondre avec Moreau; mais lorsque ce général fut accusé de trahison en 1804, il craignit d'être impliqué dans la procédure, quitta Bade, erra de ville en ville, ne se croyant nulle part en sûreté; enfin son imagination se troubla à un tel point qu'étant arrivé le 11 juin à Heidelberg, il s'élança d'un troisième étage sur le pavé et expira quelques heures après. On a de cet écrivain un grand nombre d'onvrages, où l'on trouve beaucoup de facilité, mais trop de penchant à l'enthousiasme. Les principaux sont Histoire des ligues des princes allemands,

Leipsig, 1787; cet ouvrage fut fait à l'occasion de la ligue de la Prusse et des petits états d'Allemagne pour protéger la Bavière contre les projets de l'Autriche; Histoire des Allemands, Leipsig, 1789-90, 2 vol. Posselt n'a pas continué cette histoire; mais Politz y a ajouté un 3 vol. en 1805; Remarques sur l'histoire secrète de la cour de Berlin, par Mirabeau, Carlsruhe, 1789, in-8; Archives de l'histoire, de la politique et de la géographie ancienne et moderne, surtout de l'Allemagne, Memmingen, 1790, 1792, 2 vol.; Histoire de Gustave III, roi de Suède, Carlsruhe, 1792, Giessen, 1805, trad. en franç., Genève, 1807, in-8. C'est un des meilleurs ouvrages de Posselt; mais le temps a depuis mis au jour des documents qui lui manquaient; Histoire impartiale, complète et authentique du procès de Louis XVI, Bâle, tome 1 et 2. Cette édition n'a pas été mise en circulation; une seconde fut commencée à Nuremberg en 1802, mais elle n'a point été terminée; Annales Européennes, Tubingue, 1795-1804, 10 années; Dictionnaire de la révolution française ou Recueil de notices biographiques, Nuremberg, 1802.

POSSEVIN (Antoine), né à Mantoue en 1534, fut d'abord précepteur de François et de Scipion de Gonzague, entra ensuite dans la compagnie de Jésus en 1559. Il prêcha en Italie et en France avec un succès distingué, et fut fait successivement recteur des colléges d'Avignon et de Lyon. Evrard Mercurin, général de son ordre, l'appela à Rome en 1573, et le fit son secrétaire. Son génie pour les langues étrangères et pour les négociations le fit choisir par le pape Grégoire XIII pour être envoyé en qualité de nonce à la cour de Suède; Maximien II, empereur d'Allemagne, le décora du titre d'ambassadeur. Il travailla beaucoup en Suède pour les intérêts de la religion catholique, et parvint à engager le roi Jean à abjurer le lutheranisme le 16 mai 1578. Mais ce succès ne fut point de longue durée. Il fut encore envoyé en qualité de nonce en Pologne et en Russie, en 1581, rétablit la bonne intelligence entre Jean III, roi de Pologne, et le czar Basilowitz, et consacra tous ses soins à la réunion des Russes à l'Eglise romaine. On peut voir le succès de cette entreprise dans son ouvrage intitulé Moscovia. De retour en Italie en 1586, il demeura pendant quatre ans à Padoue, où il dirigea la conscience de saint François de Sales. Il travailla à Rome à la réconciliation de Henri IV avec le saint Siége. Ce zèle ne plut pas aux Espagnols, qui se défiaient de la conversion de ce prince, et qui firent donner ordre à Possevin de sortir de cette ville. Il mourut à Ferrare le 26 février 1611, âgé de 77 ans. Nous avons de lui divers ouvrages. Les plus importants sont : sa Bibliothèque choisie, Rome, 1593, in-fol., pleine d'érudition et de recherches ; mais l'auteur ne fait pas toujours un assez bon choix des écrivains qu'il consulte, il en censure d'autres avec trop peu de ménagement: il y a d'ailleurs des négligences et des inexactitudes; Apparatus sacer ad scriptores veteris et novi Testamenti, en 3 vol. in-fol.; ouvrage qui a eu beaucoup de cours; Moscovia, Cologne, 1587, in-fol. C'est une description fort étendue de l'état des Moscovites, de

leurs mœurs, de leur religion, etc.; Judicium de Nuœ (la Noue), Joannis Bodini, Philippi Mornæi et Nicolai Machiavelli quibusdam scriptis, Rome, 1572, et Lyon, 1593, ouvrage fait par ordre d'Innocent IX; Confutatio ministrorum Transylvaniæ et Francisci Davidis, de Trinitate; Miles christianus; quelques Opuscules en italien, dont on peut voir le titre dans le Dictionnaire typographique. Le père Dorigny, jésuite, a donné la Vie de cet habile négociateur, en 1712, in-12. Elle est curieuse et intéressante. Il ne faut pas le confondre avec Antoine POSSEVIN, son neveu, natif de Mantoue, dont on a Gonzagarum Mantuæ et Montisferrati ducum historia, Mantoue, 1628, in-4.

POSSIDIUS, élu en 397 évêque de Calame en Numidie, et disciple de saint Augustin, recueillit les derniers soupirs du saint docteur en 430. On a de lui la Vie de son maître, écrite d'un style assez simple; mais il y a beaucoup d'exactitude et de vérité dans les faits. Il y a joint le catalogue des ouvrages de ce Père, avec lequel il avait eu le bonheur de vivre pendant près de 40 ans. Cette Vie a paru à Naples, avec de savantes notes, 1731, et à Augsbourg, 1764, avec une dissertation critique : De variis gestis, dictis ac visionibus sancto Augustino falsò aut minus solidè attributis.

POSSIDONIUS ou POSIDONIUS, astronome et mathématicien d'Alexandrie, naquit à Apamée en Syrie et vivait après Eratosthène et avant Ptolémée. Il mesura la circonférence de la terre, et la trouva de 30,000 stades (environ 5,600,090 mètres, ou un peu plus du 8 de la circonférence terrestre); mais comme les plus habiles astronomes modernes n'ont pu encore s'accorder sur cette mesure, il ne faut pas s'étonner si Possidonius ne fit pas un calcul bien juste. – Il ne faut pas le confondre avec POSSIDONIUS d'Apamée, célèbre philosophe stoïcien, qui tenait son école à Rhodes. Celui-ci florissait vers l'an 30 avant J.-C. Pompée, à son retour de Syrie, après avoir heureusement achevé la guerre contre Mithridate, vint exprès à Rhodes pour profiter en passant de ses leçons. On lui apprit qu'il était fort malade d'un accès de goutte, qui lui faisait souffrir de cruels tourments. Il voulut du moins voir celui qu'il s'était flatté d'entendre raisonner sur des sujets philosophiques. Il alla chez lui, le salua, et lui témoigna la peine qu'il avait de ne pouvoir l'entendre. « Il ne tiendra qu'à vous, re» partit-il, et il ne sera pas dit qu'à cause de ma >> maladie, un si grand homme soit venu me voir » inutilement. » Il commença donc dans son lit un long et grave discours sur ce dogme des stoïciens : « Qu'il n'y avait rien de bon que ce qui est hon»> nète : » sentiment que les seuls épicuriens s'avisent de contester. Et comme la douleur se faisait sentir vivement, il répéta souvent : « Tu ne gagne>> ras rien, ô douleur! quelque incommode et vio>> lente que tu puisses être, je n'avouerai jamais >> que tu sois un mal. » Bravades philosophiques, froides et pauvres ressources contre les malheurs et les souffrances de l'humanité. Un savant allemand, Jean Bake, a recueilli les Fragments qui nous restent de Possidonien et les a publiés, Leyde, 1810, in-8.

POSSIN. Voy. POUSSINES. POSTEL (Guillaume) savant et célèbre visionnaire, né le 25 mars 1510, à la Dolerie, hameau de la paroisse de Baranton en Normandie, perdit à 8 ans son père et sa mère, qui moururent de la peste. La misère l'ayant chassé de son village, il se fit maître d'école, âgé seulement de 14 ans, dans un autre village près de Pontoise. Dès qu'il eut ramassé une petite somme, il vint continuer ses études à Paris. Pour éviter la dépense, il s'associa avec quelques écoliers; mais il ne fut pas longtemps à s'en repentir: dès la première nuit on lui vola son argent et ses habits. Le froid qu'il endura lui causa une maladie qui le réduisit à souffrir pendant deux ans dans un hôpital. Sorti de cet asile de la misère, il alla glaner en Beauce. Son industrie laborieuse lui ayant procuré un habit, il vint continuer ses études au collége de Sainte-Barbe, où il s'engagea à servir quelques régents. Ses progrès furent si rapides, qu'en peu de temps il acquit une science universelle. François Ier, touché de tant de mérite uni à tant d'indigence, l'envoya en Orient, d'où il rapporta plusieurs manuscrits précieux. Ce voyage lui mérita la chaire de professeur royal de mathématiques et de langues, avec des appointements considérables. Sa façon d'enseigner, et surtout sa façon de vivre, lui suscitèrent divers ennemis. La reine de Navarre, irritée de son attachement au chancelier Poyet, lui fit perdre ses places. Obligé de quitter la France, il passa à Vienne, s'en fit chasser; se rendit à Rome, se fit jésuite, fut exclu de l'ordre, et mis en prison l'an 1545, pour avoir commencé à répandre des erreurs. Après une année de captivité, il se retira à Venise, où une vieille fille s'empara de son cœur et de son esprit. Il s'oublia jusqu'à soutenir que la rédemption des femmes n'était pas achevée, et que la Mère Jeanne (c'était le nom de sa Vénitienne) devait terminer ce grand ouvrage : c'est sur cette enthousiaste qu'il publia son livre extravagant : Des très-merveilleuses victoires des femmes du Nouveau-Monde, et comment elles doivent par raison à tout le monde commander, et même à ceux qui auront la monarchie du Monde-Vieil, Paris, 1555, in-16. Ses rêveries le firent enfermer; mais on le relâcha ensuite comme un insensé. De retour à Paris dès 1552, il continua à débiter ses extravagances. Contraint de fuir en Allemagne, il se retira à la cour de Ferdinand, qui l'accueillit assez bien, et il professa quelque temps dans l'université de Vienne en Autriche. L'amour de la patrie le sollicitant de retourner en France, il adressa une rétractation à la reine, qui le rétablit dans sa chaire du Collége royal. Son changement n'était pas sincère. Il chercha à répandre ses folies, et fut relégué au monastère de Saint-Martindes-Champs, où il fit pénitence, et où il mourut le 6 septembre 1581, âgé de 71 ans. Postel se faisait beaucoup plus vieux; il attribuait sa constante santé et sa longue vie à l'avantage de n'avoir jamais approché d'aucune femme. Il voulait persuader aussi qu'il était ressuscité, et, pour prouver ce miracle à ceux qui l'avaient vu autrefois avec un visage pâle, des cheveux gris et une barbe blanche, il se fardait secrètement et se peignait la barbe et

les cheveux. C'est pourquoi, dans la plupart de ses ouvrages, il s'appelait Postellus Restitutus. Quelques auteurs ont écrit qu'il a vécu cent ans, qu'à la fin de ses jours il rajeunit, et que ses cheveux blancs devinrent tout noirs. Postel était, malgré ses rêveries, un des génies les plus étendus de son siècle. Il avait une vivacité, une pénétration, une mémoire qui allaient jusqu'au prodige. Il connaissait parfaitement les langues orientales, une partie des langues mortes, et presque toutes les vivantes; il se vantait de pouvoir faire le tour du monde sans truchement. François Ier et la reine de Navarre le regardaient comme la merveille de leur siècle. Charles IX l'appelait son philosophe. On assure que quand il enseignait à Paris dans le collége des Lombards, il y avait une si grande foule d'auditeurs, que la salle de ce collége ne pouvant les contenir, il les faisait descendre dans la cour et leur parlait d'une fenêtre. On ne peut nier qu'il n'eût fait beaucoup d'honneur aux lettres, si, à force de lire les rabbins et de contempler les astres, il n'avait pas perdu la tête. Ses principales chimères étaient que les femmes domineraient un jour sur les hommes ; que toutes les sectes seraient sauvées par J.-C.; que la plupart des mystères du christianisme pouvaierit se démontrer par la raison; que l'ange Raziel lui avait révélé les secrets divins, et que ses écrits étaient les écrits de J.-C. même; enfin, que l'âme d'Adam était entrée dans son corps. Ces folles idées étaient plus dignes de compassion que de châtiment, et Postel était un de ces hommes qui sont moins méchants que fous. Dans la foule d'écrits dont il surchargea l'univers littéraire, on ne citera que les principaux : Clavis absconditorum à constitutione mundi, Paris, 1547, in-16, et Amsterdam, 1646, in-12. Cette dernière édition est très-commune, la première est fort rare. Quelques-uns ont comparé à cet ouvrage extravagant celui de Court de Gébelin, Le Monde primitif analysé et considéré dans son génie allégorique, et dans les allégories auxquelles conduit ce génie; mais il faut convenir que, malgré quelques rapports du côté de l'imagination, le parallèle dans sa généralité est peu exact; De ultimo judicio, sans nom de ville ni d'imprimeur, et sans date, in-16. C'est un des plus rares ouvrages de Postel. Apologie contre les détracteurs de la Gaule, qui renferme des choses singulières; l'Unique moyen de l'accord des protestants et des catholiques; les Premiers élements d'Euclide chrétien pour la raison de la divine et éternelle vérité démontrée, traduits du latin, Paris, 1579, in-16; la Divina ordinazione, 1556, in-8, où est comprise la raison de la restitution de toutes choses; Merveilles des Indes, 1553, in-16; Description et carte de la Terre-Sainte, 1553; Les Raisons de la monarchie, Paris, 1551, in-8; Histoire des Gaulois depuis le déluge, Paris, 1552, 1 vol. in-16; La Loi salique, 1552; De Phænicum litteris, Paris, 1552, in-8, petit format; Liber de causis naturæ, 1552, in-16; De originibus nationum, 1553, in-8; Le prime nuove dell' altro mondo, cioè la Vergine venitiana, 1555, in-8; Traité de l'origine de l'Etrurie; Epistola ad Shwenfeldium de Virgine venitiana, 1556, in-8; Recueil des prophéties les plus célèbres du

monde, par lequel il se voit que le roi François Jer doit tenir la monarchie de tout le monde; Alcorani et Evangelii concordia, Paris, 1543, in-8; De rationibus Spiritús sancti, ibidem; De nativitate Mediatoris ultima, 1547, in-4; Proto- Evangelium, 1552, in-8; De linguæ phœnicis, seu hebraicæ excellentia, Vienne en Autriche, 1554, in-4, inséré depuis dans la Bibliothèque de Brême, très-rare. Il fit aussi l'apologie de Servet. De Orbis concordia, Bâle, 1544, in-fol. Le but de l'auteur est de ramener l'univers à la religion chrétienne. Cette production bizarre est divisée en quatre livres. Le premier contient les preuves de la religion; le deuxième, la réfutation de la doctrine de l'Alcoran; le troisième, un traité de l'origine des fausses religions et de l'idolâtrie, et le quatrième, de la manière de ramener les mahométans, les païens et les juifs. Ces écrits sont aussi rares que singuliers. Il y en a encore d'autres que les curieux recherchent, quoique leur rareté en fasse tout le mérite. Consultez les Nouveaux Eclaircissements sur la vie et les ouvrages de Guillaume Postel, par le père Desbillons, Liége, 1773. On voit par cet ouvrage que la folie s'était emparée de l'esprit de Postel longtemps avant qu'il eût la réputation d'en être atteint; c'est un germe qui s'étendait et qui croissait jusqu'à la maturité de ses fruits. Il en est ainsi de presque toutes les folies: elles s'annoncent par des écarts isolés, qu'on ne remarque presque point, et finissent par des délires constants et des extravagances suivies. C'est à tort qu'on a attribué à Postel le livre De tribus Impostoribus. Voy. la MONNOYE et VIGNES (Pierre des).

soldats, repoussa les Germains, et sut pendant plusieurs années se maintenir dans sa dignité, quoique Gallien, fils de Valérien, fit des efforts extraordinaires pour le détruire. Posthume avait un fils qu'il associa à l'empire; il était digne de son père par ses grandes qualités, et lui était supérieur en éloquence. On lui a attribué dix-neuf Déclamations, qui ont paru sous le nom de Quintilien. Les deux Posthumes furent tués aussi par leurs soldats en 267, près de Mayence où ils venaient de vaincre le tyran Lélien.

POSTHUMIUS (Lucius), fut nommé consul après la bataille de Cannes (217 avant J.-C.), et partit pour les Gaules avec une armée; les Boïens, qui habitaient le Bourbonnais, le battirent complétement. Posthumius, couvert de blessures, expira sur le champ de bataille; les Gaulois lui ayant coupé la tête, la portèrent en triomphe dans leur temple, et le crâne du général romain devint un vase sacré, dans lequel ils offraient des libations à leurs dieux. Ces exemples de superstition atroce étaient assez communs parmi ces peuples barbares.

POTAMON, philosophe d'Alexandrie, contemporain d'Auguste, prit un milieu entre l'incertitude des pyrrhoniens et la présomption des dogmatiques. Il emprunta de chaque école de philosophie ce qu'il croyait pouvoir perfectionner sa raison. Il ne paraît pas que ce philosophe ait présidé une école, ni qu'il ait donné naissance à une secte mais sa manière de philosopher se répandit dans le monde savant. Ceux qui l'embrassèrent, soit à Alexandrie, soit à Rome, furent nommés Eclectiques, d'exλeyo, choisir, parce qu'ils choisissaient les opinions qui leur paraissaient les plus convenables.

POSTEL (Henri), jésuite, né le 28 mai 1707, à Binche, petite ville de Hainaut, mourut le 7 novembre 1788 à Douai où il avait professé la philosophie et la théologie pendant un grand nombre d'années. On a remarqué dans ses leçons une soli-naquit près de Smolensk en 1736. Il entra au ser

dité, une précision, une clarté qui en ont fait désirer la publication. Il en a donné une partie sons le titre de l'Incrédule conduit à la religion par la voie de la démonstration, Tournai, 1772, 2 vol. in-8, dont le premier est dirigé contre les athées et autres incrédules, et le second n'est qu'un précis de controverses contre les sectaires. L'élégance et la légèreté du style n'égalent pas la force de raisonnement répandue dans cet ouvrage. L'auteur, l'annonçant par la voie des périodistes, a donné le défi formel de faire voir quelque défaut de logique dans les divers arguments qu'il opposait aux erreurs dominantes. Ce défi n'a point été accepté, et l'ouvrage est demeuré sans réponse.

en

POSTHUME (Marcus-Cassianus-Latinius), l'un des 30 tyrans qui se disputèrent l'empire sous le règne de Gallien, fut proclamé empereur par une partie de l'armée, après l'assassinat de Valérien, en 261. Il commandait les légions stationnées dans les Gaules, et Gallien, fils de Valérien, dut en partie à ses conseils les victoires qu'il remporta sur les Germains. Mais le jeune Salonius, fils de Gallien, que son père avait nommé gouverneur des Gaules, ayant réclamé le butin fait sur l'ennemi, les soldats se révoltèrent, et élurent pour empereur Posthume (257); Saloninus et son gouverneur Sylvanus furent tués. Posthume, toujours cher aux

POTEMKIN (le prince Grégoire Alexandrovitch), le Taurique, descendant d'une famille polonaise,

vice de la Russie, et se distingua par sa bravoure et son intelligence dans l'art militaire. Il remporta de grands avantages contre les Turcs, auxquels il enleva, le 17 décembre 1788, l'importante forteresse d'Oczakow, qu'il prit d'assaut, à la faveur d'un hiver très-rude, qui avait glacé le Borysthène et la mer Noire. Il s'empara d'autres places, occupa la Bessaride, la Moldavie, et réduisit les infidèles à de grandes extrémités. L'impératrice récompensa ses services, en accumulant sur lui une multitude de dignités lucratives et honorifiques; elle le nomma feld-maréchal et commandant en chef de toute l'armée russe, chef des flottes de la mer d'Azof, de la mer Caspienne et de la mer Noire, sénateur et président du collège de guerre, gouverneur-général de Catharinoslaw, de la Tauride; adjudantgénéral, chambellan de S. M. I., inspecteur-général de toute l'armée, colonel des gardes du corps de Préobaschinski, chef du corps des chevaliers et d'un régiment de cuirassiers de son nom, chef des dragons de Pétersbourg et des grenadiers de Catharinoslaw, chef de toutes les manufactures d'armes et de fonderies de canons, grand-hetman des cosaques russes et de ceux de Catharinoslaw et des environs de la mer Noire, chevalier de l'ordre impérial russe de Saint-André, etc., etc. Il était sur le point, dit-on, de devenir prince souverain de quel

ques places démembrées de la Pologne, lorsqu'il mourut le 16 octobre 1791, dans la 55 année de son âge. Croyant que l'air de Jassy, où il s'était rendu pour entrer en conférence avec les plénipotentiaires ottomans, et conclure une pacification entre la Porte et la Russie, lui était contraire, il quitta cette ville le 15, et se mit en route pour Nikolaefka sur le Bog; mais à peine eut-il fait 35 werstes sur le chemin de Bender, qu'il se plaignit de violentes douleurs dans le bas-ventre, descendit de la voiture; et comme il n'y avait point d'habitation à l'entour, il se coucha par terre sur le ventre, et expira quelques minutes après. Ainsi finit, dans un désert et un abandon total, un homme qui avait fait tant de bruit dans le monde, et joui de toutes les faveurs que l'on peut recevoir des puissances de la terre. On a prétendu depuis qu'il allait se soulever contre l'impératrice, et que c'est elle qui s'en est défait. Quoi qu'il en soit, quelles réflexions une telle mort ne fait-elle pas faire sur les grandeurs humaines!.... Que la vraie philosophie se fortifie et se nourrit par de tels spectacles! Du reste, le prince Potemkin était aussi homme de bien qu'on pouvait l'être au faîte des grandeurs, dans le sein d'une cour. Il avait de la probité, de la religion; les catholiques ont toujours trouvé en lui un protecteur; c'est lui qui est la cause principale de ce que certaines imitations n'ont pas eu lieu en Russie. On a cru que sa mort avait été l'effet du poison; mais il semble plus naturel de l'attribuer, avec les écrivains russes, à une décomposition de sang, préparée par son intempérance et hâtée par ses derniers chagrins. Il faut lire dans les Mémoires de M. le Comte de Ségur, le portrait moral de Potemkin, de cet homme dont le caractère offrait le mélange d'une ardeur très-martiale, de l'activité et de la paresse, d'une piété extrême avec beaucoup de superstition et des mœurs déréglées; de l'avarice avec la prodigalité; fier avec ses égaux, affable avec ses inférieurs, il fit peu de bien à ses amis, peu de mal à ses ennemis, et contribua sans contredit à la gloire du règne de Catherine et à la prospérité de la Russie. Sa Vie a été écrite plusieurs fois en russe et en allemand. L'une des meilleures qui ait été donnée en russe est anonyme et a été imprimée à Saint-Pétersbourg en 1811. On en a une en français, par Laverne, publiée à Paris en 1807, in-8.

POTER ou plutôt POTTER ( Paul), peintre, né à Enckhuysen en 1625, mort à Amsterdam en 1654, a excellé dans le paysage. On admire surtout l'art avec lequel il a rendu les différents effets que peut faire sur la campagne l'ardeur et l'éclat d'un soleil vif et brillant. Ses sites ne sont pas des plus riches, n'ayant exécuté que des vues de la Hollande, qui sont plates et peu variées. Son talent n'était point pour la figure; aussi il n'en peignait guère plus de deux, encore avait-il soin de les cacher ensuite. Pour les animaux, on ne peut les rendre avec plus de vérité que ce maître. Du Jardin, un de ses élèves, a imité sa manière.

POTHIER (Robert-Joseph), célèbre jurisconsulte, conseiller au présidial d'Orléans sa patrie, et professeur en droit de l'université de cette ville, naquit en janvier 1699, et mourut au mois de février 1772,

après avoir consacré toute sa vie à la jurisprudence. Un goût particulier le porta d'abord vers le droit romain; il s'attacha ensuite au droit français, et nous avons de lui un très-grand nombre d'ouvrages, qui prouvent qu'il possédait l'un et l'autre. Les principaux sont Pandecta Justinianeæ, 1748 et 1782, 3 vol. in-fol.; Traité des obligations, 1761, 2 vol. in-12, et réimprimé en 1765, avec des augmentations; Traité du contrat de vente, 1765, in-12; Traité du contrat de rente, 1763, in-12; Traité du contrat de louage, 1764, in-12; Traité du contrat de société; in-12; Traité des contrats maritimes, in-12; Traité des contrats de bienfaisance, 1766, 2 vol. in-12; Traité du contrat de mariage, 1768, in-12. Tout n'y est pas exact; quoiqu'il s'éloigne de l'erreur de Launoy, et qu'il reconnaisse dans l'Eglise le pouvoir de mettre des empêchements dirimants, il n'est pas toujours d'accord avec les plus sages jurisconsultes, ni avec lui-même : on peut consulter là-dessus l'excellent traité Apologie du mariage chrétien, Liége, 1788, in-12; et le Journ. hist. et littér., 15 février 1791, p. 247. (Voy. DomiNIS, GERBAIS, GIBERT, LAUNOY.) Coutume du duché d'Orléans, 1740, 2 vol. in-12, et 1773, in-4; Traité de la possession et de la prescription, 1772, in-12, etc., etc. Ces nombreux ouvrages ont été recueillis en 1774 ou 1781, en 4 vol. in-4, à l'exception des Pandecta Justinianeæ. En 1777 et 1778 ont paru 3 vol. d'OEuvres posthumes, publiées par M. Guyot. Les différents ouvrages de Pothier existent aussi en 28 vol. in-12. Ils ont été imprimés plusieurs fois. L'édition de Bernardi, 1806 et années suiv., 23 vol. in-8, eut peu de succès. On n'y trouve ni le traité de la Procédure civile, ni ceux des Fiefs et de la Garde noble, ni la Coutume d'Orléans. Celle de 1817-20, 13 vol. in-8, est plus complète; nous citerons encore l'édition de M. Siffrein, Paris, 182024, 20 vol. in-8; de 1825 publiée sous la direction de M. Dupin, 11 vol. in-8, et de 1826-27; de MM. Rogron et Firbach, gr. in-8, en 2 colonnes avec une table de concordance, et enfin de M. Bugnet, professeur à l'école de droit de Paris, avec des notes, 1845-48, 10 vol. in-8. L'auteur joignait à beaucoup de mémoire une grande facilité de travail; mais son jugement n'égalait pas ces avantages: il est souvent obscur et embarrassé dans ses raisonnements; ses preuves sont incohérentes, quelquefois contradictoires, et presque toujours d'un faible résultat. Son amour pour la jurisprudence l'engagea à faire chez lui des conférences de droit, qui s'y tenaient toutes les semaines. Nommé par le chancelier d'Aguesseau à la place de professeur en droit français, en 1749, sans l'avoir demandée, il établit des prix pour exciter l'émulation parmi les étudiants. C'était un homme doué de toutes les vertus morales et chrétiennes, charitable, bienfaisant, utile à sa patrie par son savoir et par son esprit de conciliation. On lit dans l'épitaphe que la ville d'Orléans fit mettre sur son tombeau dans le grand cimetière, l'éloge suivant: Vir juris peritia, æqui studio,

Scriptis, concilioque,
Animi candore, simplicitate morum,
Vitæ sanctitate
Præclarus.

Civibus singulis, probis omnibus,

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