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avait été moine, soldat, libraire, marchand de café, et qu'il vivait du profit du biribi ( Lettres secrètes, lettre 50)... « Il n'a guère vécu à Londres, dit - il >> ailleurs, que de mes aumônes et de ses libelles. >> On sait que les injures les plus grossières, ainsi que les contes les plus calomnieux, ont constamment été l'arme favorite du philosophe de Ferney; on ne doit donc pas s'arrêter à l'essor qu'il donne à sa bile contre un adversaire qui l'avait mortifié; mais on doit convenir que Saint-Hyacinthe fut un aventurier qui avait l'esprit porté à l'intrigue. Nous avons de lui: Chef-d'œuvre d'un Inconnu, la Haye, 1714, en 2 vol. in-8 et in-12 (1). C'est une critique des commentateurs qui prodiguent l'érudition et l'ennui; mais elle est elle-même très- ennuyante, et ne forme qu'une espèce de commentaire bouffon d'une petite chanson qui n'est point décente. Quoique cet ouvrage ne mérite peut-être pas tout le mépris que Voltaire en a témoigné, on ne conçoit pas comment il a pu obtenir le succès dont il a joui. Les traits ingénieux y sont noyés dans un verbiage assommant par sa prolixité, pétri de grossièretés, de licence. La Déification du docteur Aristarchus Masso, qui est dans le second volume, mérite encore mieux ces reproches. Voltaire l'appelle une infamie; c'est plutôt une platitude; Mathanasiana, la Haye, 1740, 2 vol. Ce sont des mémoires littéraires et historiques, d'un faible intérêt. Plusieurs Romans trèsmédiocres. M. de Burigny a écrit une Lettre sur les démêlés de Voltaire avec Saint-Hyacinthe, 1780, 1 vol. in-8. La matière y est discutée avec candeur et impartialité. L'origine de la querelle n'est pas défavorable à l'auteur du Mathanasius. « Il est entré avec >> moi, dit M. de Burigny, dans des détails que je ne >> rapporterai point, parce qu'ils peuvent avoir été » exagérés. Quoi qu'il en soit, Saint-Hyacinthe » fit dire à Voltaire que s'il ne changeait de con>> duite, il ne pourrait s'empêcher de témoigner >> publiquement qu'il la désapprouvait ce qu'il >> 'croyait devoir faire pour l'honneur de la nation » française, afin que les Anglais ne s'imaginassent » pas que les Français étaient ses complices, et >> dignes du blâme qu'il méritait. On peut bien s'i>>maginer que Voltaire fut très-mécontent d'une >> pareille correction. Il ne tit reponse à Saint» Hyacinthe que par des mépris; et celui-ci de son » côté blama publiquement et sans aucun ménage»ment la conduite de Voltaire. >>

SAINT-IGNACE (Henri de), religieux carme, né à Ath, au comté de Hainaut, professa pendant plusieurs années la théologie dans les couvents de son ordre; il est connu par un livre intitulé Ethica amoris, ou Cours complet de théologie morale, qui fut prohibé à Rome en 1714 et 1722. Il est auteur de quelques pamphlets, notamment du Molinisme renversé, dans lequel il se déclare contre les jésuites. En général, ses ouvrages ne se recommandent ni par le fond ni par la forme. Ce religieux, né dans le xvu siècle, termina sa carrière vers 1720.

* SAINT-JEAN (l'abbé de), inort à Toulouse, le

(4) L'édition la plus récente et la plus complete de cet ouvrage est celle qu'a donnée P. X. Leschevin, Paris, 1807, 2 forts vol. in-8 ou in-42, précédés d'une Notice apologélique de SaintHyacinthe el de ses vuvrages,

12 mai 1828, dans sa 80e année, était professeur émérite de l'université. Il est auteur du Nouveau Manuel ecclésiastique, 1827, in-12 (voyez le n° 4377 de l'Ami de la Religion), auquel il donna la même année une suite sous ce titre : Lettres sur divers sujets relatifs au saint ministère et à l'exercice de ses fonctions, in-12 de 80 pages. On lui doit en outre Esquisse d'un nouveau code moral, religieux et pratique, etc., 1824, in-12. Il remporta un prix en 1801, à l'académie de Chalons-sur-Marne, sur les moyens de rendre les spectacles utiles aux mœurs; enfin il a composé un assez grand nombre de pièces de Vers pour l'Académie des jeux floraux, dont il était membre ainsi que de celle des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Il avait fondé une bourse au séminaire diocésain de cette ville, et il a laissé par son testament 4000 fr. aux pauvres de l'hôtital Saint-Joseph de la Grave.

SAINT-JOSEPH. Voy. JOSEPH (Pierre de Saint-), et ANGE de Saint-Joseph (le P.).

SAINT-JULIEN de BALEURRE (Pierre de ), né en 1520 aux environs de Tournus, d'une famille noble, fut chanoine el doyen de Châlons-sur-Saône. On a de sa plume: De l'Origine des Bourguignons, Paris, 4581, in-fol.; Mélanges historiques, 1589, in-8. Ces deux productions offrent des recherches savantes. mais mal digérées : il en est de même de la suivante : Histoire des antiquités de la ville de Tournus. Cet écrivain mourut en 1595.

SAINJURE (Jean-Baptiste). Voy. JURE.

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SAINT-JUST (Antoine-Louis-Léon de), fameux Conventionnel, né en 1768, à Blerancour près de Noyon, d'une famille noble, venait à peine de terminer ses études lorsque la révolution éclata. Il en adopta les principes avec enthousiasme, et s'étant fait remarquer, fut, ayant à peine 24 ans, député à la convention par le départment de l'Aisne. Robespierre, avec lequel il était déjà en relation, le fit son principal confident. Avant la mise en jugement de Louis XVI, Saint-Just, dans un discours violent, demanda la prompte et sanglante punition « de ce qu'il appelait ses crimes : prétendant que ce malheureux prince devait être jugé non comme citoyen, mais comme ennemi, comme rebelle, et que tout Français avait sur lui le droit que Brutus avait eu sur César. » Pendant toute la durée de ce funeste procès, il montra le même acharnement à l'égard de l'auguste prisonnier, dont il vola la mort sans appel et sans sursis. Il proposa ensuite ou appuya les mesures les plus violentes, ne montant à la tribune que pour dénoncer des conspirations ou pour envoyer de nouvelles victimes au supplice. Dans le même temps ce législateur imberbe y discutait les questions les plus importantes et les plus difficiles de la politique et de l'administration. Il avait un plan formé comme on le voit par ses discours, et jugeant mieux la situation que la plupart de ses collègues, il voulait concentrer le pouvoir dans la convention, et en imposer à l'Europe par la terreur. Ce fut lui qui leur proposa de diriger eux-mêmes les opérations militaires, ou du moins de s'en faire *rendre compte par le ministre de la guerre. Il appuya le projet présenté par Dubois - Crancé sur

l'organisation de l'armée, en s'efforçant toutefois de soumettre le militaire au pouvoir législatif. II contribua beaucoup à la journée du 31 mai où succombèrent les Girondins. Après la chute de ce parti, il fut souvent chargé de missions; et, digne lieutenant de Robespierre, se montra partout trèssévère observateur des lois républicaines. Lors de la prise des lignes de Weissembourg par les Autrichiens, envoyé en Alsace avec Lebas, il adopta des mesures si rigoureuses que les paysans eux-mêmes, effrayés, crurent devoir se réfugier de l'autre côté du Rhin. En rendant compte de cette mission, Robespierre dit : « Saint-Just a rendu les services les >> plus éminents, en créant une commision populaire » qui s'est élevée à la hauteur des circonstances, en » envoyant à l'échafaud tous les aristocrates, mu»nicipaux, judiciaires et militaires: ces opérations » patriotiques ont réveillé la force révolutionnaire. » De retour à Paris, Saint-Just se lia de plus en plus avec Robespierre. Il fut nommé président de la Convention, le 19 février 1794, et dès lors il acquit la plus grande influence dans le gouvernement. Osez, dit-il un jour dans un rapport au nom du comité de salut public, osez: ce mot renferme toute la politique de notre révolution. Ceux qui font des révolutions à moitié, ne font que se creuser des tombeaux. Ce fut lui qui fit les rapports contre Danton, La Croix, Hérault de Séchelles, Camille Desmoulins, etc. (1). Les décrets qu'il provoquait ne donnaient pas lieu à la moindre discussion, même dans les comités auxquels il les soumettait. A la fin d'avril 1794, il fut envoyé à l'armée du Nord et il y mit, comme à l'armée du Rhin, la terreur à l'ordre du jour. Voyant un complot se former contre Robespierre, il lui conseilla à plusieurs reprises de prévenir ses adversaires; mais sur ces entrefaites arriva le 9 thermidor (27 juillet). Dans cette séance mémorable, Saint-Just monta le premier à la tribune; et, au milieu des cris, des vociférations, s'exprima ainsi : « La tribune dût-elle devenir pour moi la >> roche Tarpéienne, je n'en dirai pas moins mon » opinion je ne suis d'aucune faction. Je viens vous » dire que les membres du gouvernement ont » quitté la route de la justice. Les comités de salut >> public et de sûreté générale m'avaient chargé de » faire un rapport sur les causes qui, depuis quel» que temps, semblent tourmenter l'opinion pu>>blique... mais je ne m'adresse qu'à vous... On a » voulu répandre que le gouvernement était di» visé... Il ne l'est pas... » Les cris ne lui permirent pas de continuer. Tout le temps que dura la grande lutte, qui finit par la chute du tyran et de ses complices, il se tint dans un coin de la tribune, jetant des regards de mépris sur ceux qui invectivaient Robespierre. Décrété d'arrestation, il put néanmoins se rendre à l'hôtel-de-ville où, s'étant constitué le chef du comité d'exécution, il se préparait à prendre des mesures lorsqu'il fut arrêté en même temps que Robespierre. Il n'opposa aucune

(1) Desmoulins, qu'il haïssait particulièrement, avait dit dans son Vieux Cordelier faisant usage d'une comparaison peu restueuse, que Saint-Just portait sa tête comme un Saint-Sa crement; à quoi le cruel triumvir répondit : Je lui ferai porter la sienne comme saint Denis.

résistance, et pria seulement ceux que le saisirent de ne lui pas faire de mal, n'ayant pas l'intention de s'évader. Le lendemain, il fut conduit au supplice couvert des malédictions de la populace. Il ne perdit rien de son impassibilité ordinaire; et ce grand coupable mourut avec le calme de l'homme vertueux. Il avait alors 26 ans. Outre un poème licencieux intitulé: Organt, justement oublié, on a de lui des discours et des rapports à la Convention, et les fragments d'un ouvrage sur les institutions républicaines, qui, publiés séparément, ont été réunis sous le titre d'OEuvres de Saint-Just, Paris, 1834, in-8. Ce volume est précédé d'une notice dans laquelle sont exaltés les vertus et les mérites d'un fanatique dont les études mal digérées avaient dérangé le cerveau au point qu'il prétendait faire de la France une autre Sparte, et que pour atteindre à ce but il ne recula devant aucun crime. SAINT-JUST. Voy. DUGAS DE BOIS-SAINT-JUST.

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SAINT-LAMBERT (Charles-François, marquis de), poète, né à Nancy le 16 décembre 1717, fit de très-bonnes études au collége des jésuites de Pont-àMousson. Son éducation terminée, il entra dans les gardes lorraines; mais à la paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748, il s'attacha au roi Stanislas et se lia bientôt intimement avec la marquise du Châtelet, une des dames les plus distinguées de la cour de Lunéville. Après la mort de cette dame, il vint à Paris; et ayant obtenu un brevet de colonel au service de France, fit en cette qualité les campagnes de 1756 et 1757. Renonçant alors à l'état militaire où il s'était peu fait remarquer, il se consacra exclusivement aux lettres. Les lectures qu'il fit dans plusieurs cercles de poésies fugitives vraiment originales le mirent dès lors au nombre des poètes à la mode; mais quand en 1769 parut son poème des Saisons, ce fut de la part des belles dames qui donnaient alors le ton un enthousiasme que l'on ne voit guère maintenant. Admis, l'année suivante, à l'académie française, il se montra fort assidu à ses séances jusqu'à sa destruction. Pendant l'orage révolutionnaire il se retira dans la vallée de Montmorency, à Eaubonne, où il possédait une habitation voisine de celle de medame d'Houdetot, avec laquelle il avait contracté depuis longtemps une liaison intime. Il sortit en 1800 de cette retraite pour assister aux réunions qui eurent lieu dans le but de reconstituer l'académie française, et mourut, le 9 février 1803, deux jours avant La Harpe, dans un état voisin de l'enfance. Il eut pour successeur à l'académie, Maret, duc de Bassano. On a de lui: Les Saisons, 1769, in-8, réimprimé plusieurs fois. « Ce poème, beaucoup trop loué même par La Harpe dans son Lycée, est sans intérêt ; la composition en est froide, la versification souvent médiocre, les sentiments et les principes dangereux. Les mœurs n'y sont pas plus ménagées que la religion. (MARCELLUS, poésies 152.) » Fables orientales, 1772. in-12. Elles sont extraites en partie de la Bibliothèque de d'Herbelot et font honneur au talent de l'auteur. Plusieurs articles dans l'Encyclopédie, entr'autres ceux de Génie, Luxe et Législateurs; des Pièces fugitives dont celle qui a pour titre Les Consolations de la vieillesse, est pleine d'images gracieuses; Principes

des mœurs chez toutes les nations, ou Cathéchisme universel, 1798, 3 vol. in-8, et sous le titre d' OEuvres philosophiques, 1801, 3 vol. in-8. Quoique cet ouvrage auquel il travaillait depuis quarante ans n'eût eu qu'un fort médiocre succès, le Catéchisme de Saint-Lambert fut désigné comme digne du grand prix de morale par le juri institué pour les prix décennaux; et ce choix ne contribua pas peu à jeter du ridicule sur cette distribution de prix à laquelle l'empereur renonça.

*SAINT-LEU (Hortense-Eugénie de BEAUHARNAIS), reine de Hollande, duchesse de ), née à Paris le 10 avril 1783, était fille d'Alexandre de Beauharnais (voy. ce nom), et de Joséphine Tascher de la Pagerie. Conduite dans son enfance par sa mère en Amérique, elle ne revint en France au commencement de la révolution, que pour être témoin des désastres de sa famille. Le 9 thermidor lui rendit sa mère, et le mariage de mad. de Beauharnais avec Bonaparte lui assura un nouveau protecteur. Elevée dans l'établissement de Mme Campan, elle orna son esprit de toutes les connaissances propres à son sexe, et acheva de s'y former aux manières du grand monde. Bonaparte devenu empereur lui fit épouser son frère Louis qu'elle n'aimait pas et pour lequel elle n'eut jamais de sympathie. Hortense quitta Paris malgré elle pour suivre son époux que la volonté de Napoléon venait de faire roi de Hollande. Dès ce moment commença pour elle une série d'infortunes sans interruption. A la perte de son fils aîné vint se joindre bientôt le divorce de sa mère qu'elle alla rejoindre à Navarre, puis à la Malmaison. Elle y reçut, en 1815, la visite de l'empereur Alexandre et lui inspira un tel intérêt qu'il voulut lui assurer un sort indépendant. Ce fut à l'influence de ce prince qu'elle dut l'érection, par Louis XVIII, de son apanage en duché de Saint-Leu. Napoléon, à son retour de l'isle d'Elbe, lui fit un crime d'être restée à Paris et refusa d'abord de la voir; cependant il ne tarda pas à être éclairé sur sa conduite, et lui rendit toute son affection. Hortense n'usa de son retour à la faveur que pour être utile. Après le désastre de Waterloo, elle resta fidèle à Napoléon, et lui prodigua tous les soins de la fille la plus tendre, sans s'inquiéter de compromettre son avenir. Obligée de sortir de Paris, elle passa à Genève, puis à Aix en Savoie où elle avait fondé un hôpital. Pendant qu'elle attendait la décision des princes alliés sur son sort, un envoyé de son mari parut avec l'ordre de réclamer et d'emmener son fils ainé. Elle obtint enfin la permission de se fixer sur les bords du lac de Constance, où pendant l'hiver de 1816 elle s'occupa de rédiger ses Mémoires. L'année suivante elle acquit dans le canton de Thurgovie le château de Arenenberg, qu'elle se plut à embellir, et où depuis elle passa presque tous les étés. A la révoJution de 1830, elle conçut l'espoir de revenir en France avec ses deux fils dont elle ne voulait pas se séparer; mais elle ne conserva pas longtemps cette illusion. Ses fils signalés comme les chefs des mouvements insurrectionnels qui se préparaient, reçurent l'ordre de s'éloigner d'Italie. Elle forma le projet de les conduire en Angleterre en passant par la France. Sur ces entrefaites, l'aîné, Napoléon

mourut de la rougeole à Pesaro. Arrivée à Paris, la maladie de son second fils Louis l'obligea d'y prolonger son séjour. Elle était de retour en Suisse a la fin d'aout 1831. A la nouvelle de la tentative de ce fils chéri pour se faire proclamer empereur à Strasbourg (10 octobre 1856), elle partit sur-lechamp quoique souffrante, pour solliciter sa grâce qui lui fut accordée aussitôt qu'elle l'eut demandée. Elle voulait le suivre en Amérique, mais elle n'avait pas assez de force ni de vie pour entreprendre un si long voyage. Elle mourut à Arenenberg, le 5 octobre 1857. Comme elle l'avait demandé par son testament, son corps a été tran-porté en France, et inhumé près de sa mère, dans l'église de Ruel. Le prince Louis, seul fils d'Hortense, a été élu le 10 décembre 1848, président de la république française.

SAINT-MARC (Charles-Hugues le FEBVRE de), né à Paris en 1698, embrassa le parti des armes ; mais en 1718 il prit le petit collet, et s'attacha àl'histoire ecclésiastique du siècle dernier, et débuta dans lalittérature par le Supplément au Nécrologe de PortRoyal, qui parut en 1755 (voy. DESMARES, Toussaint); il travailla ensuite à l'Histoire de Pavillon, évêque d'Aleth, ouvrage qui marque assez ses liaisons avec les gens du parti. Après avoir quitté l'habit ecclésiastique, et vu échouer plusieurs projets sur lesquels il fondait sa fortune, il s'occupa à donner des éditions de plusieurs ouvrages, qu'il a chargés de beaucoup de pièces et de remarques inutiles. Les 17e et 18e tomes du Pour et contre, et partie du 19o, sont encore de lui, et n'ont ni la variété, ni les agréments des volumes donnés par l'abbé Prévôt. Il a donné aussi la Vie de Philipp Hecquet, et un Abrégé chronologique de l'histoir d'Italie, dont le 1er volume parut en 1761, in-8, et qu'il a continué jusqu'au 6o, qui parut en 1770, après la mort de l'auteur arrivée à Paris en 1769. Cette histoire est d'une lecture fatigante, par la singularité de l'orthographe, le grand nombre de colonnes dont elle est chargée, enfin à raison des efforts pénibles que fait l'auteur pour contourner les faits au profit de la petite église. On a aussi de lui quelques pièces de poésie française.

SAINT-MARC (l'abbé de ). Voy. GUENIN.
SAINT-MARD. Voy. REMOND.

* SAINT-MARTIN (Joseph), jurisconsulte, né vers 1710 à Bordeaux, y remplit plusieurs années avec succès la chaire de droit romain. Il composa un excellent Cours de jurisprudence, à l'usage des étudiants de l'université, qu'il publia sous le titre de Scholastico-forenses Justiniani institutiones, Bordeaux, 1771, in-4. Il a été l'éditeur de l'ouvrage de Lapeyrère, Décisions du parlement de Bordeaux, 1749, où il a inséré plusieurs observations qui ne font que rehausser le mérite de ce livre. Il donna aussi des Mémoires sur des questions importantes, et mourut dans sa patrie en 1780.

* SAINT-MARTIN (Louis-Claude de ), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise le 18 janvier 1745, d'une famille noble, fit de bonnes études au collége de Pont-le-Voy; et lorsqu'il les eut terminées, son père qui le destinait à la magistrature, le fit recevoir avocat au présidial de Tours; mais préfé

rant au barreau la carrière des armes, qui devait lui laisser plus de loisir pour s'occuper de ses méditations philosophiques, à 22 ans il entra lieutenant dans le régiment de Forêt. C'est alors qu'il se fit initier à la secte dite des Martinistes, du nom de Martinez-Pasqualis qui en était le chef (1). Il n'en adopta point entièrement les doctrines, mais ce fut par-là qu'il entra dans les voies du spiritualisme. Au bout de six ans il quitta l'état militaire, peu conforme à ses inclinations; et après avoir visité la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre et l'Italie, il revint à Lyon, où il demeura trois ans, ne voyant qu'un petit nombre d'amis. Il mena la mème vie obscure et paisible à Paris, où il vint ensuite. Reconnaissant dans la révolution un effet des desseins terribles de la Providence, comme il vit plus tard, dans Bonaparte, un grand instrument temporel, il n'émigra point. Son titre de noble l'obligea de quitter Paris en 1794, il revint alors en Tourraine, où il passa les temps les plus difficiles sans être inquiété pour ses opinions, et fut désigné par le district d'Amboise, élève de l'école normale. De retour à Paris, il y publia successivement un grand nombre d'ouvrages qui ont été commentés et traduits en partie, principalement dans les langues du nord. Il mourut le 14 octobre 1804 au village d'Aunay, près de Paris, chez le sénateur Lenoir La Roche son ami. Parmi ses écrits, nous citerons: Des Erreurs et de la Vérité, ou les hommes rappelés au principe universel de la science, par un philosophe inconnu, Edimbourg (Lyon), 1775, in-8. Ce livre fit beaucoup de bruit dans le temps, quoiqu'il soit et peutêtre parce qu'il est inintelligible. Quelle est la science? Selon lui, c'est la révélation naturelle; et cette même révélation, qu'est-elle en substance? C'est ce que Saint-Martin n'a pas su concevoir, ou ce qu'il a mal expliqué. «Son système, dit M. Tour>> let, a pour but d'expliquer tout par l'homme. >> L'homme, selon Saint-Martin, est la clef de toute » énigme et l'image de toute vérité : prenant en» suite à la lettre le fameux oracle de Delphes, » nosce te ipsum, il soutient que pour ne pas se » méprendre sur l'existence et l'harmonie des êtres » composant l'univers, il suffit à l'homme de se >> bien connaître lui-même, parce que le corps de >> l'homme a un rapport nécessaire avec tout ce » qui est visible, et que son esprit est le type de >> tout ce qui est invisible; que l'homme doit étu>> dier, et ses facultés physiques dépendantes de >> l'organisation de son corps, et ses facultés intel>>lectuelles, dont l'exercice est souvent influencé >> par les sens ou par les objets extérieurs, et ses >> facultés morales ou sa conscience, qui suppose en >> lui une volonté libre; c'est dans cette étude qu'il

(1) Martinez Pasqualis, chef de la secte des Martinistes, était, à ce qu'on présume, portugais de naissance, et même juif. Eu 4754, il introduisit dans quelques loges maçonniques de France, notamment à Marseille, à Bordeaux et à Toulouse, un rite caba listique d'élus, dits choens, en hébreu prétres. Il prêcha aussi sa doctrine à Paris, puis quitta soudain cette ville, et s'embarqua, vers 1778, pour Saint-Domingue, où il termina, en 1779, au Port-au-Prince, sa carrière théurgique. — On a lieu de croire, d'après ses écrits et ceux de ses élèves, que sa doctrine est cette cabale de Juifs, qui n'est autre que leur métaphysique, ou la science de l'être, comprenant les notions de Dieu, des esprits et de l'homme dans ses divers étals.

TOME VII.

» doit chercher la vérité, et il trouvera en lui» même tous les moyens nécessaires pour y arriver. >> Voilà ce que Saint-Martin appelle la révélation » naturelle. Par exemple, la plus légère attention » suffit, dit-il, pour nous apprendre que nous ne >> communiquons, et que nous ne formons même » aucune idée, qu'elle ne soit précédée d'un ta» bleau ou d'une image engendrée par notre intel» ligence; c'est ainsi que nous créons le plan d'un » édifice ou d'un ouvrage quelconque. Notre faculté » créatrice est vaste, active, inépuisable; mais en » l'examinant de près, nous voyons qu'elle est se»condaire, temporelle, dépendante, c'est-à-dire » qu'elle doit son origine à une faculté créatrice, » supérieure, indépendante, universelle, dont la » nôtre n'est qu'une faible copie. L'homme est donc >> un type qui doit avoir son prototype; c'est une >> effigie, une monnaie qui suppose une matrice, et » le Créateur ne pouvant puiser que dans son propre » fonds, a dû se peindre dans ses œuvres, et re>> tracer en nous son image et sa ressemblance, >> base essentielle de toute réalité. Malgré le rap>> port et la tendance que nous conservons vers ce >> centre commun, nous avons pu, en vertu de »> notre libre arbitre, nous en approcher ou nous » en éloigner. La loi naturelle nous ramène con»> stamment à notre première origine, et tend à >> conserver en nous l'empreinte de l'image primi» tive; mais notre volonté peut refuser d'obéir à » cette loi; et alors la chaîne naturelle étant inter>> rompue, notre type ne se rapporte plus à son >> modèle, il n'en dépend plus, et se place sous l'influence des êtres corporels qui ne doivent servir » qu'à exercer nos facultés créatrices, et par les» quelles nous devons naturellement remonter à la >> source de tout bien et de toute jouissance. Cette disposition vicieuse, une fois contractée par notre » faute, peut, comme les autres facultés organi>>ques, se transmettre par la voie de la génération : >> ainsi nous héritons des vices de nos parents. Mais » la vertu, mais l'étude et la bonne volonté pour»ront toujours diminuer ou détruire ces affections » dépravées, et corriger en nous ces altérations » faites à l'image de la Divinité; nous pouvons en » un mot nous régénérer, et seconder ainsi les vues >> réparatrices de l'Homme-Dieu. » Malgré cette analyse que nous avons rapportée en entier, on ne voit pas bien clairement quelle était la doctrine de Saint-Martin. « Je me suis permis, disait-il, d'user » de réserve dans cet écrit, et de m'y envelopper >> souvent d'un voile que les yeux les moins ordi»> naires ne pourront pas toujours percer, d'autant » que j'y parle quelquefois de toute autre chose que » de ce dont je parais traiter. » Avec une pareille explication on peut être obscur et inintelligible tout à son aise. Toutefois, au milieu d'un grand nombre de maximes erronées, on en trouve quelques-unes de vraies. Telle est celle-ci : Il est bon de jeter continuellement les yeux sur les sciences, pour ne pas se persuader qu'on sait quelque chose; sur la justice, pour ne pas se croire irréprochable; sur toutes les vertus, pour ne pas penser qu'on les possède. Le livre de Saint-Martin a trouvé beaucoup de partisans en Angleterre, et on en a imprimé une 26

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suite en anglais à Londres, 1785, 2 vol. in-8; mais elle s'éloigne des principes de l'auteur français qui n'y eut aucune part; Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l'homme et l'univers, Edimbourg, (Lyon, 1782, in-8); L'homme de désir, Lyon, 1790, in-8, nouv. édit., 1802, in-12; Ecce Homo, Paris, an 4 (1796), in-12; Le Nouvel Homme, 1792, in-8; De l'esprit des choses ou Coup-d'œil philosophique sur la nature des étres, etc., Paris, an 8 (1800), 2 vol. in-8; Lettre à un ami, ou Considérations politiques, philosophiques et religieuses sur la révolution française, Paris, an 3. (1795), in-8; Eclair sur l'association humaine, an 5 (1797), in-8. Il y cherche les fondements du pacte social dans le régime théocratique; et les communications entre Dieu et l'homme; Réflexions d'un observateur sur la question proposée par l'institut: Quelles sont les institutions les plus propres à fonder la morale d'un peuple, an 6 (1798), in-8; Discours en réponse au citoyen Garat, professeur d'entendement humain aux écoles normales, sur l'existence d'un sens moral, etc., dans la Collection des Débats, des écoles normales, tome 3; Essai sur cette question proposée par l'institut Déterminer l'influence des signes sur la formation des idées, an 7 (1799), in-8; le Crocodile ou la Guerre du bien et du mal arrivée sous le règne de Louis XV, poème épico-magique en 102 chants, Paris, 1799, in-8. Cet ouvrage le plus obscur qu'ait enfanté l'imagination ténébreuse de l'auteur, ne fait nul honneur à ses talents poétiques. On y voit figurer un Jof (la foi), un Sédir (le désir), et un Ourdeck (le jeu), qui sont la clef de tout le poème, sans que cela le rende ni plus intelligible ni moins ennuyeux. Saint-Martin a traduit de l'allemand de Boehm (voy. ce nom, 11, 51), le Ministère de l'homme d'esprit, 1802, 3 part. in-8; les Trois Principes de l'Essence divine, 1802, 2 vol. in-8; et l'Aurore naissante ou la Racine de la philosophie, etc., 1800, in-8. Il avait, dit-on, un caractère doux, bienfaisant; ses connaissances étaient très-variées; il aimait les arts, et surtout la musique. Ses auteurs favoris étaient Burlamaqui et Rabelais; il lisait le premier pour s'instruire, et c'est de lui, dit-il, qu'il prit le goût de la méditation; il lisait le second pour son amusement. Cependant on convient qu'il y a assez de ces deux écrivains pour se gâter l'esprit et se corrompre le cœur. Les OEuvres posthumes de Saint-Martin, Tours, 1807, 2 vol. in-8, renferment un Journal qu'il tenait depuis 1782, et dans lequel il rapporte ses entretiens, ses relations, etc.; ce morceau est intitulé: Portrait de Saint-Martin fait par lui-même. Plusieurs biographes l'ont confondu avec Martinez-Pasqualis qui fut son maître. Gence a publié en 1824, une Notice biographique sur Saint-Martin, in-8, de 28 pages.

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SAINT-MARTIN (Jean-Didier de), missionnaire, né en 1743, à Paris, embrassa l'état ecclésiastique, et devint directeur du séminaire de Saint-Louis. Reçu docteur en théologie, en 1772, il partit la même année pour les missions étrangères. Arrivé à Macao, il fut employé par ses supérieurs dans la province de Sse Tchouan. Il y apprit assez bien l'idiôme du pays pour prêcher en Chinois, et publia dans la même langue une traduction du livre de

l'Imitation. En 1784, il fut nommé coadjuteur de vicaire apostolique de la province, et sacré évêque de Caradre in partibus. Après avoir partagé l'année suivante la persécution qu'essuyèrent différents missionnaires, et qui le força de se retirer quelque temps à Manille, il revint en 1789 dans la province de Sse-Tchouan, dont trois ans après il devint vicaire apostolique. C'est dans ce poste difficile que ce savant et vertueux missionaire a terminé sa vie, en 1801. Il a composé ou traduit en chinois plus de trente ouvrages de piété, entre autres le Catéchisme de Montpellier. On trouve dix-huit lettres de lui dans les Nouvelles lettres édifiantes, et M. l'abbé Labouderie en a publié 23 autres sous ce titre Lettres de M. de Saint-Martin, évêque de Caradre, à ses père et mère, et à son frère, religieuz bénédictin, etc., avec une Notice biographique et des Notes, Paris, 1822, in-8. On y a joint un Essai sur la législation chinoise par M. Dellac, avocat.

* SAINT-MARTIN (Louis-Pierre de), né à Paris, en 1753, embrassa l'état ecclésiastique, et acquit en 1781 la charge de conseiller - clerc au Châtelet. S'étant fait connaitre par ses talents pour la chaire, il fut choisi, en 1784, pour prononcer le Panégyrique de St.-Louis devant l'académie française, et en 1787 il prononça celui de St.-Vincent de Paul, dans une assemblée des dames de la charité. Il adopta les principes de la révolution avec beaucoup de chaleur et fut nommé, dès la fin de 1789, aumônier de la garde nationale parisienne. Entrainé par l'exemple, ou cédant à la peur, il abjura ses fonctions ecclésiastiques en 1793, et bientôt après épousa une femme divorcée qu'il ne tarda pas à répudier. En 1797, il fut fait secrétaire de la commission chargée d'aller recueillir les monuments des arts en Italie. A l'organisation judiciaire des départements de la rive gauche du Rhin, nommé juge du tribunal d'appel à Trèves, il passa ensuite conseiller à la cour de Liége, et maintenu dans ce poste par le roi des Pays-Bas, mourut dans cette ville le 13 janvier 1819 à 66 ans. Le clergé Liégeois lui ayant refusé la sépulture ecclésiastique, la société des francs-maçons, dont il était un des chefs, lui rendit les derniers devoirs avec une pompe extraordinaire. Outre les deux Panégyriques, dont on a parlé et qui ont été imprimés séparément, et quelques opuscules de circonstance aujourd'hui sans intérêt, on a de l'abbé de St.-Martin : Réponse aux réflexions de l'abbé d'Espagnac sur Suger et son siècle, 1780, in-8; Les établissements de St.Louis, suivant le texte original, suivis du Panégyrique du St. Roi, etc., 1786, in-8. Cet ouvrage, réimprimé in-12, pour faire suite à l'Histoire de France de Velly, est fort estimé; Messe pour les jours solennels et anniversaires de la confédération des Français. Cet opuscule, composé en 1790, n'a été imprimé qu'en 1854, in-8, de 24 pages; Considérations sur l'organisation judiciaire et améliorations dont elle peut être susceptible, 1801, in-8.

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SAINT-MARTIN (Jean-Antoine ), orientaliste, né à Paris, en 1791, s'appliqua, dès sa sortie du collége, à l'étude des langues orientales, et, après avoir suivi les cours de Silvestre de Sacy, s'attacha spécialement aux langues arménienne et géor

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