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la parole divine. Ses succès en ce genre lui firent offrir des pensions et des évêchés; mais sa modestie les lui fit refuser. Ses confrères l'élurent supérieur de Saint-Magloire; et il s'y conduisit avec tant de douceur et de prudence, qu'ils le mirent à leur tête en 1662. Il exerça la charge de général pendant dix années, avec l'applaudissement et l'amour de ses inférieurs, et mourut à Paris le 3 août 1672. L'abbé Fromentière, depuis évêque d'Aire, prononça son oraison funèbre. Parmi les ouvrages qu'il a laissés, on distingue : un traité de l'Usage des passions, Paris, 1641, imprimé plusieurs fois in-4 et in-12, et traduit en anglais, en allemand, en italien et en espagnol : ouvrage où l'érudition est unié à la sagesse des principes. L'auteur prouve l'utilité et la nécessité des passions; mais il en montre en même temps la direction et l'objet ; il fait admirablement servir la philosophie à la morale, et les arides leçons des anciens sages à la gloire des maximes de l'Evangile, qui seules peuvent leur donner une sanction et de la consistance. Une Paraphrase sur Job, Rouen, 1667, 9e édition qui, en conservant toute la majesté et toute la grandeur de son original, en éclaircit les difficultés; l'Homme chrétien, 1648, in-4; et l'Homme criminel, 1644, aussi in-4; le Monarque, ou les Devoirs du souverain, in-12, ouvrage estimé Trois volumes in-8 de Panégyriques des saints, Paris, 1655, 1657 et 1658; plusieurs Vies de personnes illustres par leur piété.

SENEBIER (Jean), naturaliste et bibliographe, né à Genève au mois de mai 1742, était fils d'un riche négociant qui lui permit de se livrer à son goût pour l'étude. Obligé de choisir un état, il se décida pour le ministère évangélique qui s'accordait plus qu'aucun autre avec ses penchants studieux. Les fonctions du pastoral ne l'empêchèrent pas de cultiver l'histoire naturelle, science dans laquelle il fit de rapides progrès. Devenu en 1773 bibliothécaire de Genève, il s'occupa de classer la collection confiée à ses soins; prit part à la rédaction du catalogue par ordre de matières des livres imprimés, et fit connaître les manuscrits par une Notice raisonnée. Dans le même temps il suivait les cours de chimie de Tingri (voy. ce nom), traduisait les ouvrages de Spallanzani (voy. ce nom ), et faisait ou répétait de nombreuses expériences dont il publiait les résultats. A la révolution de Genève, il se retira dans le pays de Vaud, et charma son exil par de nouveaux travaux. Il put revenir dans sa patrie en 1799, et il y mourut en 1809, àgé de 67 ans. Sénebier était membre de l'institut de France et de la plupart des sociétés savantes de l'Europe. Ses principaux ouvrages sont : Mémoires physico-chimiques sur l'influence de la lumiere solaire pour modifier les êtres des trois règnes de la nature, et surtout ceux du règne végétal, Genève, 1782, 3 vol. in-8; Recherches sur l'influence de la lumière solaire, pour métamorphoser l'air fixe en air pur, par la végétation, 1785, in-8; Recherches analytiques sur la nature de l'air inflammable, 1784, in-8; Physiologie végétale, ibid., 1800, 5 vol. in-8 l'auteur y a rassemblé dans un ordre méthodique les divers systèmes des botanistes, dont

il signale avec impartialité les lacunes et les défauts; Essai sur l'art d'observer et de faire des expériences, Genève, 1802, 3 vol. in-8; Rapport de l'air atmosphérique avec les étres organisés, ibid., 1807, 3 vol. in-8. Cet ouvrage est extrait en partie des manuscrits de Spallanzani; Catalogue raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Genève, 1779, in-8; Histoire littéraire de Genève, 1786, 3 vol. in-8; Eloges historiques d'Albert Haller avec un catalogue de ses ouvrages, 1788, in-8, et d'HoraceBenéd. de Saussure, 1801, in-8. On a un Eloge de Sénebier, par M. Maunoir, Genève, 1809, in-8.

SENEÇAI ou SENECÉ (Antoine BAUDERON de), poète et littérateur, né à Mâcon en 1643, était arrière-petit-fils de Brice Bauderon, médecin, connu par une des plus anciennes Pharmacopées. Il suivit quelque temps le barreau, moins par inclination

que par déférence pour ses parents. Son humeur querelleuse lui ayant suscité de mauvaises affaires, il fut obligé de s'enfuir d'abord en Savoie, et ensuite à Madrid. Il revint en France et acheta en 1673, la charge de premier valet-de-chambre de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV. A la mort de cette princesse, arrivée en 1683, la duchesse d'Angoulême le reçut chez elle avec toute sa famille, qui était nombreuse. Cette princesse étant morte en 1713, Senecai retourna dans sa patrie, où il mourut le 1er janvier 1737, à 94 ans. Il a fait des Epigrammes, 1717, in-12, publ. par le P. Ducerceau; des Nouvelles en vers, 1695, in-12; des Satires, 1695, in-12, etc. Parmi ses ouvrages, on distingue le poème intitulé: les Travaux d'Apollon, dont Rousseau, le poète, faisait cas. En 1805, on a publié les OEuvres de Senecé, in-12, avec une Notice sur l'auteur, par Auger. Elle a été reproduite en 1826 dans la Collection des petits classiques français de Ch. Nodier. « Seneçai, dit Laharpe, écrit avec >> beaucoup d'esprit et d'élégance, malgré quelques >> inégalités; » et Palissot prétend qu'il n'a pas une célébrité proportionnée à son mérite.

* SENEFELDER (Aloys), inventeur de la lithographie, naquit à Prague en 1771. Cédant aux désirs de ses parents, qui le destinaient au barreau, il commença l'étude du droit à Goettingue, bien qu'il ne se sentit aucune vocation pour le barreau. A la mort de son père, il quitta l'université pour entrer dans une troupe de comédiens, et débuta sur le théâtre de Munich en 1791. Froidement accueilli du public, il ne tarda pas à se dégoûter de son nouvel état; il y renonça pour se faire auteur, et composa deux comédies qu'il fit imprimer en 1792 et 1793. En allant à l'atelier pour en surveiller l'impression, il apprit les procédés de l'art typographique, et éprouva bientôt l'envie d'imprimer ses ouvrages luimême; mais la médiocrité de sa fortune ne lui permettant pas de se procurer le matériel nécessaire, il s'appliqua dès lors à chercher un moyen moins coûteux. Une longue suite d'expériences et de découvertes amenèrent enfin le résultat qu'il désirait, et qui depuis est devenu si populaire. Ses premiers essais lithographiques furent des œuvres de musique et des dessins d'Albert Dürer. On lui doit : L'art de la lithographie, ou Description des différents procédés à suivre pour dessiner, graver et imprimer sur

la pierre, Munich, 1819, in-4. Senefelder mourut dans cette ville au mois de mars 1834.

SENEQUE, père (Marcus-Annæus-Seneca), orateur, né à Cordoue, en Espagne, vers l'an 58 av. J.-C., vint à Rome à l'âge de 15 ans, y professa la rhétorique pendant un grand nombre d'années, et retourna dans sa patrie à l'âge de 52 ans ; il épousa Helvia, qui lui donna trois fils (Marcus Novatus, Lucius Annæus et Annæus Mela), et revint à Rome, où il mourut l'an 52 de J.-C. Il nous reste de lui des Déclamations que l'on a faussement attribuées à Sénèque le philosophe, son fils. Ce sont deux ouvrages intitulés : Suasoriarum liber I, et Controversiarum libri X; il y traite les questions d'école que traitaient aussi les rhéteurs les plus célèbres, comme, par exemple: Alexandre s'embarquera-t-il sur l'Océan? Agamemnon consentira-t-il au sacrifice de sa fille? Cicéron fera-t-il des excuses à Marc-Antoine? Une vestale précipitée de la roche Tarpéïenne a conservé sa vie, sera-t-elle mise à mort? etc., etc. Les défauts du style de Sénèque l'orateur sont les mêmes que ceux de Sénèque le philosophe, dont il est question dans l'article qui suit. Sénèque le père était lié avec les hommes de lettres les plus distingués de Rome, tels que Porcius Latro, Cassius Severus, Montanus, etc. Les Œuvres de Sénèque ont été souvent imprimées à la suite de celles de son fils le philosophe. On trouve, sur cet orateur, une Notice estimée dans les Jugements des savants sur les auteurs qui ont traité de la rhétorique, par Gibert.

SENEQUE, le philosophe (Lucius-Annæus-Seneca), fils du précédent, naquit à Cordoue vers l'an 2 ou 3 av. J.-C. Il fut formé à l'éloquence par son père, par Hygin, par Cestius et par Asinius Gallus; et à la philosophie, par Socion d'Alexandrie, et par Photin, célèbres stoïciens. Après avoir pratiqué pendant quelque temps les abstinences de la secte pythagoricienne (c'est-à-dire s'être privé dans ses repas de tout ce qui a vie), il se livra au barreau. Ses plaidoyers furent admirés; mais la crainte d'exciter la jalousie de Caligula, qui aspirait aussi à la gloire de l'éloquence, l'obligea de quitter une carrière si brillante et si dangereuse sous un prince bassement envieux. Il brigua les charges publiques, et obtint celle de questeur. On croyait qu'il monterait plus haut, lorsqu'un commerce illicite avec Julie, sœur de Caligula, et non comme le dit gratuitement Saint-Evremond, avec Julie Agrippine, veuve de Domitius, l'un de ses bienfaiteurs, le fit reléguer dans l'ile de Corse. C'est là qu'il écrivit ses livres de la Consolation, qu'il adressa à sa mère. Agrippine ayant épousé l'empereur Claude, rappela Sénèque pour lui confier l'éducation de son fils Néron, qu'elle voulait élever à l'empire. Tant que ce jeune prince suivit les instructions et les conseils de son précepteur, il fut l'amour de Rome; mais après que Poppée et Tigellin se furent rendus maîtres de son esprit, il devint la honte du genre humain. La vertu extérieure de Sénèque lui parut être une censure continuelle de ses vices; il ordonna à l'un de ses affranchis, nommé Cléonice, de l'empoisonner. Ce malheureux n'ayant pu exécuter son crime par la défiance de Sénèque, qui ne vivait que de fruits et ne buvait que de l'eau, Néron l'enveloppa dans la

conjuration de Pison (dont, selon quelques auteurs, il était réellement coupable); il fut dévoué à la mort comme les autres conjurés, et l'exécution fut à son choix. Le philosophe demanda de pouvoir disdisposer de ses biens: on le lui refusa. Alors il dit à ses amis: « Que, puisqu'il n'était pas en sa puis»sance de leur faire part de ce qu'il croyait pos» séder, il laissait au moins sa vie pour modèle, et » qu'en l'imitant exactement, ils acquerraient, >> parmi les gens de bien, une gloire immortelle. Paroles pleines de faste et de petitesse. L'horreur de la mort, malgré sa sécurité apparente, l'affecta si fort, qu'il ne coula point de sang de ses veines ouvertes. Il eut recours à un bain chaud, dont la fumée, mêlée à celle de quelques liqueurs, l'étouffa. Tacite en parle assez favorablement, quoiqu'il convienne de ses monstruenses amours, et de ses perfides conseils dans la mort d'Agrippine et de quelques autres Romains. Mais Dion et Xiphilin ne l'ont pas ménagé, et le portrait qu'ils en font est assez conforme à ce qui paraît de plus certain sur ce moraliste fameux, qui a vécu d'une manière très-opposée à ses écrits et à ses maximes, et dont la mort peut passer pour une punition de son hypocrisie. Elle arriva l'an 65 de J.-C., et la 12o année du règne de Néron. Pompéia Paulina, son épouse, voulut mourir avec lui Sénèque, au lieu de l'en empêcher, ly exhorta, et ils se firent ouvrir les veines l'un et l'autre en même temps; mais Néron, qui aimait Paulina, donna ordre de lui conserver la vie. On ne peut nier que Sénèque ne fût estimable par quelques vertus; mais sa sagesse était plus dans ses discours que dans ses actions. Il se laissa corrompre par l'air contagieux de la cour. Comment accorder avec sa philosophie ces richesses immenses, ces magnifiques palais, ces délicieuses maisons de campagne, ces ameublements précieux, cette multitude de tables de cèdre soutenues sur des pieds d'ivoire, etc.? Comment excuser les rapines usuraires qui le déshonorèrent pendant qu'il était questeur? Que n'aurail-t-on pas à dire de ses lâches adulations envers Néron? Qui ne sait qu'il flatta ce prince sur l'empoisonnement de Britannicus, sur le meurtre d'Agrippine sa mère, et qu'il accepta le don qu'il lui lit du palais et des jardins de Britannicus, après la mort injuste de ce Romain? Il se montra en mourant un apologiste enthousiaste du suicide. Enfin, il serait bien difficile de prouver qu'il ne trempa point dans la conspiration de Pison. Si on considère Sénèque comme auteur, il avait toutes les qualités nécessaires pour briller. A une grande délicatesse de sentiment, il unissait beaucoup d'étendue dans l'esprit ; mais l'envie de donner le ton à son siècle le jeta dans des nouveautés qui corrompirent le goût. Il substitua à la simplicité noble des anciens le fard et la parure de la cour de Néron; un style sentencieux semé de pointes et d'antithèses; des peintures brillantes, mais trop chargées; des expressions neuves, des tours ingénieux, mais peu naturels. Enfin il ne se contenta pas de plaire, il voulut éblouir, et il y réussit. Ses ouvrages peuvent être lus avec fruit par ceux qui auront le goût formé. Ils y trouveront des leçons de morale utiles, des idées rendues avec vivacité et avec finesse. Mais

pour profiter de cette lecture il faut savoir discerner l'agréable d'avec le forcé, le vrai d'avec le faux, le solide d'avec le puéril, et les pensées véritablement dignes d'admiration d'avec les simples jeux de mots. La première édition de ses ouvrages est celle de Naples, 1475, in-fol.; les plus recherchées sont celles d'Amsterd. Elzevire, 1640, 3 ou 4 vol. in-12; et cum notis varior., 1672, 5 vol. in-8; on y distingue les traités : De Ira; De Consolatione; De Providentia; De Tranquillitate animi ; De Constantia sapientis; De Clementia; De Brevitate vita; De Vila beata; De Otio sapientis; De Beneficiis; Naturalium quæstionum libri VII, et un grand nombre de Lettres morales. Ces divers traités contiennent d'excellentes choses dans quelques endroits l'on s'aperçoit sans peine que les maximes de l'Evangile, déjà répandues partout, ne lui étaient pas inconnues; mais dans d'autres il s'abandonne à des erreurs étranges et ne se défend pas même des délires du matérialisme. Telle est la mobilité fatale de ces prétendus sages qui parlent de la vérité sans la rechercher sincèrement, et de la vertu sans la pratiquer, qui s'érigent en pédagogues par vanité, et donnent à l'ostentation ce que l'homme de bien se contente de faire et renferme dans le secret du cœur. Malherbe et du Ryer ont traduit en français ces différents ouvrages, 1659, in-fol., et en plusieurs vol. in-12. D'autres écrivains se sont exercés sur cet auteur; mais la seule traduction complète qu'on estime, à quelques inexactitudes près, est celle de la Grange, Paris, 1777, 6 vol. in-12. Nous avons sous le nom de Sénèque dix Tragédies latines, Médée, OEdipe, la Troade, Hippolyte, Octavie et la Thébaïde, Ayamemnon, les Troyennes, Hercule, Thyeste. Mais quelques savants doutent avec raison qu'elles soient de lui. Ils les attribuent à un autre Sénèque; et c'est pour cela qu'on les cite quelquefois sous le nom de Sénèque le Tragique. On y trouve des pensées mâles et hardies, des sentiments pleins de grandeur, des maximes de politique très-utiles; mais l'auteur est guindé, il se jette dans la déclamation, et ne parle jamais comme la nature. Au reste, il respecte partout les mœurs, et ne présente pas aux spectateurs des scènes voluptueuses et lubriques, comme quelques-uns des tragiques modernes. L'abbé de Marolles les a traduites en français. On a Senecæ sententiæ cum notis Variorum, Leyde, 1708, in-8, qui ont été traduites en partie dans les Pensées de Sénèque par la Beaumelle, 2 vol. in-12. On voit à la fin de Flores utriusque Senecce, Paris, 1874, in-12, publié par Haton du Mans, 14 épitres, tant de Sénèque à saint Paul, que de saint Paul à Sénèque, qui ont fait croire à quelques-uns que Sénèque avait été chrétien; mais ces épîtres sont reconnues pour être des pièces supposées, et malgré le témoignage de saint Jérôme, personne ne croit aujourd'hui que Sénèque ait été chrétien. Tacite dit qu'avant de mourir, il prit de l'eau du bain, en arrosa les spectateurs, en disant qu'il faisait ces libations à Jupiter le libérateur. D'ailleurs les paroles pleines de faste que nous avons rapportées, son exhortation à Paulina, pour l'engager à se tuer elle-mème, contrastent étrangement avec la mort d'un chrétien. « Quel chré

» tien, dit le continuateur de Rollin, qui mettait >> son sage au-dessus de Dieu, par la raison que >> Dieu tire sa perfection de sa nature, et que le sage >> ne doit la sienne qu'à son choix libre et volon» taire ! » Est aliquid quo sapiens antecedat Deum ille naturæ beneficio non timet, suo sapiens, épître 55. On trouve plusieurs passages de Sénèque, qui renferment la mème impiété, recueillis par M. Duguet, Jésus-Christ crucifié, t. 2, ch. 3, page 106. M. Jennyngs a eu raison de dire, dans son excellent traité de l'Evidence du christianisme, que des criminels publics et avérés sont moins éloignés des lumières de l'Evangile, que ces hommes vains et présomptueux qui affectent le nom de sages. ( Voy. le Journ. hist. et litt., 15 septembre 1779, page 103.) On a encore l'Esprit de Sénèque; le philosophe y est trop flatté. L'auteur de la Vie de Sénèque (l'abbé Ponçol ), qui est à la tête de la traduction de ses Traités de la clémence et des bienfaits (Paris, 1776), est tombé dans le même défaut. Voy. COLLIUS, LUCIEN, SOCRATE, ZENON, etc. La traduction des OEuvres complètes de Sénèque, avec le texte en regard par Lagrange, a reparu en 1819, 14 vol. in-12, avec les Notes inédites de Naigeon. Les Tragédies ont été traduites par Coupé, 1795, 2 vol. in-8, par Levée, Paris, 1822, 3 vol. in-8, dans le théâtre des Latins, et par Greslou, 1833-34, 3 vol. in-8, dans la Bibl. lat. franç. de Panckoucke. Vernier a donné un Abrégé des OEuvres et de la vie de ce philosophe, Paris, 1812, in-8. Tristan a composé une tragédie intitulée la Mort de Sénèque, 1645, in-4.

SENFFT-PILSACH (Louise - Claire - Julie - Félicité), née en Saxe dans la religion luthérienne, à l'exemple de son père, rentra dans le sein de l'Eglise, et habita longtemps la France, où son esprit vif et élevé, son caractère généreux, sa piété vraie l'avaient fait universellement estimer. Elle accompagna son père à Turin, lorsqu'étant entré au service d'Autriche, il fut nommé ambassadeur à la cour de Sardaigne. Elle y mourut en 1850, à l'âge de 24 ans. Son éducation avait été très-soignée; elle a fourni plusieurs articles aux Mémoires de la religion, de Modène, un entre autres, Sur les derniers moments du comte de Stolberg (voy. ce nom).

SENKENBERG ( Henri-Chrétien, baron de), né à Francfort-Sur-le-Mein, le 19 octobre 1704, fut fait, en 1750, chef du conseil du rhingrave Charles de Dauhn, professeur en droit et syndic de l'université de Gættingue en 1735, professeur en droit à Giessen en 1758. Chargé ensuite de différentes commission honorables, il résida à Francfort en qualité de député de plusieurs princes. L'empereur François Ier l'honora de la charge de conseiller aulique en 1745, le créa baron en 1751, et le députa en 1764 à Francfort, pour assister à l'élection et au couronnement de Joseph II. 11 mourut à Vienne le dernier jour de mai 1768, après avoir publié un grand nombre d'ouvrages, dont son fils a donné le catalogue au public. On y distingue : Selecta juris et histor., 1754-42, 6 vol. in-8; Dissertatio de montibus pietatis, Giessen, 1739, in-4; De restitutione in integrum, Giessen, 1759, in-4; Introduction à la jurisprudence de l'Allemagne, en latin;

Juris feudalis primæ lineæ ex Germanicis et Longobardicis et fontibus deductie; Methodus jurisprudentiæ. On ne peut que rendre hommage à la modération, à l'équité de l'auteur lorsqu'il y parle des pontifes romains et des catholiques: on ne dirait pas que c'est le langage d'un protestant. Oportet, dit-il, ordinem aliquem esse inter christianos; oportet esse caput quod eum regat: non alius huic regimini magis aptus quam Christi vicarius, beatum Petrum continua successione referens. Is ab omni ævo ea fuit æquitate, ut oves suas balantes cxaudiret, ut gravaminibus mederetur. Et après avoir parlé des différends qu'il y a eu entre les papes et les empereurs, il ajoute Et jure affirmari poterit, ne exemplum quidem esse in omni rerum memoria, ubi pontifex processerit adversus eos, qui juribus suis intenti, ultra limites vagari in animum non induxerunt suum. (Meth. jurisp. addit. 4 de libertate Ecclesiæ german., § 3. )

SENNACHÉRIB, appelé aussi SARGON dans le livre d'Isaïe, fils de Salmanasar, succéda à son père dans le royaume d'Assyrie, l'an 714 avant J.-C. Ezéchias, qui régnait alors sur Juda, ayant refusé de payer à ce prince le tribut auquel TéglathPhalassar avait soumis Achaz, Sennachérib entra sur les terres de Juda avec une armée formidable. I prit les plus fortes places de Juda, qu'il ruina, et dont il passa les habitants au fil de l'épée. Ezéchias se renferma dans sa capitale, où il se prépara à faire une bonne défense. (Voy. EZECHIAS.) Sennachérib s'étant retiré dans ses états, fut tué à Ninive, dans un temple, par ses deux fils aînés, vers l'an 710 avant J.-C. Assarhaddon, le plus jeune de ses enfants, monta sur le trône après lui.

SENNAMAR, architecte arabe, vivait dans le ve siècle, sous Noman-Alaouvar, 10e roi des Arabes. Il construisit par ordre de ce prince, deux magnifiques palais, l'un appelé Sédir, et l'autre Khaovarnhack. D'après le rapport des historiens arabes, la structure entière de ces édifices n'est enchaînée que par une seule pierre, et les murs, enduits d'une teinte ou plâtre composé par Sennamar, varient de couleur plusieurs fois par jour par l'action de la lumière progressive du soleil. Noman-Alaouvar récompensa généreusement l'habile architecte, mais il le fit ensuite précipiter dans une basse fosse, craignant qu'il n'allât vendre son secret chez les autres peuples. Cet acte de froide barbarie est d'autant plus étonnant, qu'à cette époque les Arabes passaient pour être la nation la plus policée du monde, et que leurs souverains, en général, cultivaient et protégeaient les sciences et les arts. SENNEL (Jean-Antoine), Hongrois de nation, naquit en 1622, et s'engagea de bonne heure dans l'ordre des capucins, où il prit le nom d'Eméric. Pendant la peste qui ravagea Prague en 1649, il rendit aux citoyens de cette ville des services incroyables au péril de sa propre vie, et convertit en 1631 près de quatre mille hérétiques. Vienne devint ensuite pendant 26 ans le théâtre de ses vertus et de son zèle; l'empereur Ferdinand III l'obligea de demeurer à la cour; et son successeur Léopold Jui donna toute sa confiance: il le nomma à l'évêché de Vienne, et sollicitait pour lui un chapeau

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de cardinal, lorsque la mort l'enleva, en l'an 1685. SENNERT (Daniel), né l'an 1572, à Breslau, d'un cordonnier, devint docteur et professeur en médecine à Wittenberg. La manière nouvelle dont il enseignait et pratiquait son art, lui fit un nom célèbre ; mais sa passion pour la chimie, jointe à la liberté avec laquelle il réfutait quelques anciens, lui suscita beaucoup d'ennemis. On a de lui un grand nombre d'ouvrages, imprimés à Venise en 1645, en 3 vol. in-fol., et réimprimés, en 1676, à Lyon, en 6 vol. in-fol. On y remarque beaucoup d'ordre et de solidité il suit en tout la théorie galénique. Les principes fondamentaux de la médecine y sont savamment établis, les maladies et leurs différences exactement décrites, et les indications pratiques très-bien déduites; quelques critiques lui reprochent cependant d'avoir mis trop de subtilité dans la distinction des maladies. Haller regarde les ouvrages de Sennert comme le résultat de ce qu'il y avait de mieux dans ceux des anciens sur la cure des maladies; et, sous ce point de vue, ils doivent être considérés comme une bibliothèque complète dont un médecin ne saurait se passer ils valent d'ailleurs infiniment mieux que beaucoup de livres modernes fort vantés. Cet habile médecin mourut de la peste en 1637, à 65 ans, regardé, dit un auteur, comme le Galénus de l'Allemagne. On trouvera le détail de ses écrits dans les Mémoires de Nicéron, et dans le Dictionnaire d'Eloy. — André SENNERT, son fils, mort à Wittenberg, en 1689, à 84 ans, enseigna les langues orientales pendant 51 ans, et publia plusieurs livres sur la langue hébraïque.

SENSARIC (Jean-Bernard), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, prédicateur du roi, né à la Réole, diocèse de Bazas, en 1710, mort le 10 avril 1756, se distingua autant par son éloquence et par ses talents, que par les qualités qui forment le religieux et le chrétien. On a de lui des Sermons, 1771, 4 vol. in-12. Des vues neuves dans le choix des sujets, une sage économie dans les plans, une composition soignée, un style abondant telles sont les qualités de dom Sensaric, à qui l'on pourrait désirer plus de nerf, de force et de profondeur; L'Art de peindre à l'esprit, ouvrage dans lequel les préceptes sont confirmés par les exemples tirés des meilleurs orateurs et poètes français, en 3 vol. in-8, Paris, 1758; 2e édition, 1771, revue par Wailly.

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SÉPHER (Pierre-Jacques), savant bibliophile, né à Paris vers 1710, embrassa l'état ecclésiastique. Il fut reçu docteur en Sorbonne et peu après pourvu d'un canonicat de Saint-Etienne-des-Grès, et obtint le titre de vice-chancelier de l'université. Quoique très-instruit, par une modestie rare il ne voulut pas augmenter le nombre des auteurs qui commençait dès lors à se multiplier outre mesure; et se chargea des fonctions plus pénibles que brillantes d'éditeur. Il mourut le 12 octobre 1781, très-regretté pour son obligeance qui lui avait fait de nombreux amis. Homme de goût et connaisseur, il avait formé une bibliothèque de 50,000 vol., dont la plupart étaient annotés de sa main. Le Catalogue qui en a été publié est recherché des curieux. Outre une traduction de l'Office pour la fête de saint Pierre

exorciste, 1747, in-12, on a de lui: des éditions corrigées et enrichies de notes de la Vie de saint Charles Borromée de Godeau, 1747, 2 vol. in-12; des Histoires édifiantes de Duché, 1756, in-12; de l'Histoire des anciennes révolutions du globe terrestre, de Sellius, 1752, in-12; des Mémoires pour servir à l'histoire de Hollande par Aubery-du-Maurier (voy. ce nom 1, 338), 1754, 2 vol. in-12; des Mémoires sur la vie de Pibrac, par Lépine de Grainville, avec les pièces justificatives, 1758, in-12; des Maximes et libertés de l'Eglise gallicane, 1755, in-12; des Madrigaux de la Sablière, 1758, in-16. L'abbé Sepher a travaillé à l'Europe ecclésiastique.

SEPHORA, fille de Jéthro, prêtre du pays de Madian. Moïse, obligé de se sauver d'Egypte, arriva au pays de Madian, où il se reposa près d'un puits. Les filles de Jéthro étant venues à ce puits pour y abreuver les troupeaux de leur père, des bergers les en chassèrent; mais Moïse les défendit. Jéthro l'envoya chercher, et lui donna en mariage Séphora une de ses sept filles, dont il eut deux fils, Gersam et Eliézer.

SEPMANVILLE (François - Cyprien - Antoine, LIEUDE, baron de ) (1), contre-amiral, né en 1762 à Roman, en Normandie, entra, à 17 ans, aspirant dans la marine royale à Brest, fit la campagne de Cadix en 1780, et l'année suivante celle d'Amérique. En 1784, il fut chargé d'opérations géographiques, qu'il continua jusqu'à la révolution. Emigré en 1791, avec le corps des officiers de marine, il fit la campagne des princes, puis se rendit en Angleterre. Il rentra dans sa patrie en 1801; il fut nommé peu de temps après correspondant de l'institut, section d'astronomie, et retiré dans une terre près d'Evreux, s'occupa des sciences et de l'agriculture, et remplit diverses fonctions gratuites d'administration et de bienfaisance. A la restauration, il fut nommé capitaine de vaisseau, et membre de la légion-d'honneur; peu après, admis à la retraite avec le grade de contre-amiral, il renonça à sa pension au profit du trésor royal, et mourut à Evreux en 1817. On lui doit: Manuel des marins, ouvrage élémentaire qui a été approuvé par le bureau des longitudes. On a un Précis de la vie du baron Sepmanville, par Aug. Gady, 1817, in-8.

vrage fut terminé en soixante-douze jours. On le remit à Démétrius, qui le fit lire dans l'assemblée des Juifs d'Alexandrie, et qui reçut leur approbation. Cette traduction fut transcrite par des copistes grecs, et déposée dans la bibliothèque royale, qui renfermait, à la mort de Ptolémée, 200,000 volumes, et que ses successeurs portèrent au nombre de 700,000. Cette même traduction servit pour les synagogues d'Egypte, quand les Juifs de ces contrées n'entendirent plus leur propre langue. Le roi Ptolémée renvoya les interprètes comblés de dons pour eux-mêmes, pour le grand-prêtre et pour le temple, et vécut toujours en bonne intelligence avec les Juifs.

SEPTANTE. C'est sous ce nom qu'on désigne les soixante-dix ou soixante-douze interprètes qui traduisirent l'ancien Testament de l'hébreu en grec. Ptolémée-Philadelphe, roi d'Egypte (monté sur le trône l'an 285 avant Jésus-Christ), voulant composer la célèbre bibliothèque d'Alexandrie, écrivit, disent les historiens grecs et Josèphe, au grandprêtre Eleazar, le chargeant de lui envoyer le livre de la loi. Afin de l'obtenir plus facilement, il fit affranchir par un décret tous les esclaves qui étaient dans ses états. Les ambassadeurs dépêchés à Eléazar lui apportèrent de riches présents; le grand-prêtre leur fit un bon accueil, choisit six Hébreux de chaque tribu et les fit partir pour Alexandrie avec une copie des lois de Moïse écrite en lettres d'or. Ptolémée s'étant assuré de leur capacité, les envoya dans un palais solitaire de l'ile de Pharos, et l'ou

(4) Son père amateur des lettres, ami de Gresset, a publié plusieurs opusc; les en vers et en prose.

• SEPTCHÊNES (LECLERC de), littérateur, né à Paris, fils d'un premier commis des finances, se livra par goût à des travaux d'érudition et à l'étude des langues. Il voyagea en Angleterre, en Hollande, en Italie et en Suisse, et à son retour fut attaché comme secrétaire au cabinet de Louis XVI. Il mourut d'une maladie de poitrine le 9 juin 1788, à Plombières. On lui doit un Essai sur la religion des anciens Grecs, avec des notes, Lausanne, 1787, 2 vol. in-8; et la trad. des trois premiers volumes de l'Histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, de Gibbon. (voy. ce noru, IV, 109). Cette traduction a été attribuée par erreur à Louis XVI.

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SEPTIER (Armand), né en 1744 à Toulouse, chanoine régulier de l'abbaye royale de St.-Victor, en fut nommé bibliothécaire, place qu'il remplit quelques années avec zèle. Bientôt après promu à la dignité de procureur-général de la congrégation, il apporta dans l'exercice de cette charge une capacité qui lui valut le Prieuré de Bucy-le-Roi, diocèse d'Orléans. Privé de ce bénéfice par la révolution, il n'en adopta pas moins les principes; mais sa conduite fut constamment celle d'un homme loyal et modéré. La réorganisation de la bibliothèque d'Orléans l'occupa les dernières années de sa vie. Il mourut en 1824. On a de lui: Manuscrits de la Bibliothèque d'Orléans, ou Notices sur leur ancienneté, etc., Orléans, 1820, in-8.

SEPULVEDA (Jean GINĖS de), surnommé le Tite-Live Espagnol, né à Cordoue en 1491, devint théologien et historiographe de l'empereur CharlesQuint. Il eut un démêlé très-vif avec Barthélemi de Las-Casas, au sujet de la manière dont les Espagnols traitaient les Indiens. Sépulveda, trop affecté du récit qu'on faisait des vices monstrueux, de la barbarie, de la perfidie, de l'anthropophagie et des horribles superstitions des Américains, croyait qu'on pouvait les traiter comme les Chananéens; mais il ne réfléchissait pas que ceux-ci avaient été anathématisés par Dieu même, et que les Juifs avaient un ordre de les détruire comme abominables et incorrigibles. D'ailleurs l'esprit du christianisme obligeait à tout tenter avant d'en venir à cette extrémité. Sépulveda, qu'il ne faut pas juger sur les injures de quelques enthousiastes, était, malgré cette erreur, un homme de mérite et d'une conduite irréprochable, il est prouvé d'ailleurs que Las Casas avait des torts dans cette contestation. Sépulveda mourut en 1575, dans sa

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