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l'Exposition dans sa forme définitive, telle qu'elle devoit passer à la postérité. Cette édition renfermoit la lettre du P. Johnston et d'autres, avec les réponses. On n'y trouva pas le second Avertissement: il parut en 1689, après la nouvelle donnée par le sieur de la Croze, à la fin du sixième Avertissement aux protestans. Les éditeurs modernes ne sont point allés le chercher là; leurs réimpressions ne le donnent pas. Une fois abandonnée au public, l'Exposition fut reproduite coup sur coup; pendant un an l'imprimerie royale, dirigée par Anisson, ne livra point au public d'autre ouvrage, et les provinces en firent de nombreuses éditions. En même temps les savans de l'étranger la traduisirent dans plusieurs langues : le premier Avertissement donne d'intéressans détails sur ces traductions.

Il nous reste à signaler en peu de mots différens écrits qui suivent l'Exposition. Dans toutes les controverses qu'il eut à soutenir, Bossuet repoussa toujours les coups de l'erreur avant qu'elle eût pu faire à la vérité des blessures profondes; toujours il paralysoit l'effet de l'objection par la promptitude de la réponse; quelquefois même il paroissoit sur la brèche avant l'ennemi. Comme il pensoit que les ministres attaqueroient les principaux dogmes exposés dans son ouvrage, préparant d'avance les moyens de la défense, il écrivit cinq dissertations sur le culte dû à Dieu, sur la vénération des images, sur la satisfaction de Jésus-Christ, sur l'Eucharistie et sur la tradition. Le judicieux controversiste se trompa cette fois-là : les protestans ne s'avancèrent pas sur le terrain du dogme; en général ils restèrent loin de la question, plai

Edition des amis.

de saint Pierre pour l'entretenir et la cimenter. C'est pourquoi notre profession nous oblige sur ce sujet à reconnoitre l'Eglise romaine comme la mère et la maitresse (magistram) de toutes les églises, et à rendre une véritable obéissance au souverain Pontife, successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ. Les autres droits ou prétentions que les ministres ne cessent d'alléguer pour rendre cette puissance odieuse, n'étant pas de la foi catholique, ne sont pas aussi énoncées dans la profession que nous en faisons. (Sect. XXI.)

Edition pour le public.

de saint Pierre pour l'entretenir et la cimenter. C'est pourquoi nous reconnoissons cette même primauté dans les successeurs du prince des apôtres, auxquels on doit pour cette raison la soumission et l'obéissance que les saints conciles et les saints Pères ont toujours enseignée aux fidèles. Quant aux autres choses dont on sait qu'on dispute dans les écoles, quoique les ministres ne cessent de les alléguer pour rendre cette puissance odieuse, il n'est pas nécessaire d'en parler ici, puisqu'elles ne sont pas de la foi catholique.

Les ministres protestans répéteront-ils encore, après ce parallèle, la fable de Wake? Certainement oui. Pourquoi donc avons-nous rapporté les variantes qu'on vient de lire? Parce qu'elles font entrer plus avant dans les réponses de Bossuet, parce qu'elles renferment une précieuse leçon de style, et qu'elles ne se trouvent dans aucune édition.

dant des fins de non-recevoir, débitant des contes et prophétisant. Les choses se passant ainsi, Bossuet laissa les cinq dissertations dans ses portefeuilles; c'est l'abbé Leroi qui les publia dans les OEuvres posthumes, en 1753.

De ces cinq morceaux théologiques, celui de la satisfaction de JésusChrist et celui de la tradition peuvent seuls être considérés comme complets; les autres n'épuisent pas, tant s'en faut, le sujet que l'auteur s'étoit proposé. Ainsi le travail sur le culte des images devoit avoir six sections; il n'en a guère qu'une et demie. D'ailleurs ces pièces seroient moins longues, si elles avoient subi une seconde rédaction.

Bossuet cite dans les mêmes ouvrages et dans l'Exposition plusieurs écrivains protestans, nommons-les : l'Anonyme, c'est-à-dire M. de la Bastide, né à Milhau, et mort à Londres en 1704, qui écrivoit sous le patronage du consistoire de Charenton; Noguier, ministre de l'évangile, qui avoit de la réputation parmi les siens; Daillé, né et mort à Châtellerault, aussi ministre; Jurieu, professeur de théologie protestante d'abord à Sedan, puis à Rotterdam; Brueis, auteur dramatique et théologien réformé; Valentin Albert, qui écrivit en latin contre l'Exposition; enfin le susnommé Wake, prélat anglois, docteur d'Oxford, qui découvrit l'édition des amis, et expliqua sa découverte dans une Exposition de la doctrine de l'Eglise anglicane.

III.

Conférence avec M. Claude. C'est mademoiselle de Duras qui mit Claude aux prises avec Bossuet. Fille d'un maréchal de France et nièce de Turenne, mademoiselle de Duras joignoit à la distinction de la naissance la noblesse de l'esprit : docile aux préjugés de sa race, elle professoit avec simplicité les dogmes désespérans de Calvin; du reste pure de cœur, droite d'intention, bienfaisante, charitable, elle étoit digne de connoitre la vérité. Le ministre Claude fut un des hommes les plus honorables de la Réforme; né à Sauvetat, aujourd'hui dans le Lot-etGaronne, après avoir été pasteur d'abord à Nimes, puis à Montauban, il devint en 1666 membre du consistoire de Charenton; l'étendue de ses connoissances, la facilité de sa parole, les ressources de son imagination, la subtilité de son esprit le mirent à la tête du parti protestant. Profondément ébranlée par la lecture de l'Exposition, mademoiselle de Duras conçut des doutes sur la Réforme et des sentimens favorables au catholicisme; mais avant de porter un jugement définitif, elle voulut en avoir pour ainsi dire la confrontation officielle, elle voulut voir les deux croyances mises en parallèle dans une lutte entre les deux plus habiles controversistes qu'il y eût alors. Le ministre Claude consentit à sa demande, et Bossuet se rendit aux vœux du duc de Richelieu. Il fut

convenu que la discussion porteroit sur l'autorité de l'Eglise; dogme fondamental, qui devoit entraîner la décision de tous les autres. Fixée au dernier février 1678, la conférence n'eut pas lieu ce jour-là, parce que le ministre Claude avoit reçu, dit son messager, la défense de s'y rendre. Bossuet, présent à l'heure dite, profita du moment pour donner à mademoiselle de Duras, sur la matière de l'Eglise, une instruction qu'on lira dans l'ouvrage. Le jour suivant, les deux adversaires se trouvèrent en face l'un de l'autre; et la conférence eut lieu chez la comtesse de Roye, devant un petit nombre de témoins, tous calvinistes, excepté la maréchale de Lorge. Tâchons de résumer brièvement la dispute.

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- Bossuet. D'après les principes de la Réforme, il n'y a point d'autorité infaillible en matière de foi; le simple particulier a donc le droit de soumettre les décisions de l'Eglise à l'examen de sa raison? — Claude.Oui. Alors le simple particulier pourra croire qu'il entend mieux l'Ecriture, par conséquent qu'il a plus de science, plus de lumière, plus de graces, plus enfin le Saint-Esprit que tous les docteurs, tous les saints, toute l'Eglise! Pourquoi non? A la venue du Messie, qui le reconnut pour le Sauveur du monde? des particuliers; qui le condamna? les docteurs revêtus de l'autorité? Les individus comprirent donc mieux l'Ecriture que le corps enseignant, que l'interprète de la parole de Dieu, que la synagogue. La synagogue n'avoit reçu l'autorité que pour un temps: les prophètes l'annoncent de la manière la plus claire et la plus formelle. A la venue du divin Maitre, elle tombe pour faire place à une plus haute autorité. Donnez-nous Jésus-Christ enseignant lui-même, nous n'avons plus besoin de l'Eglise; mais si vous ôtez l'Eglise, il nous faut Jésus-Christ en personne. Ici, à la demande de mademoiselle de Duras, le débat s'engagea sur la séparation des réformés d'avec l'Eglise romaine. Bossuet. Vous ne pouvez non plus que tous les hérétiques, répondre à la question que les Pères faisoient aux ariens: « Où étiez-vous hier?» Pourquoi êtesvous sortis de l'Eglise? · Claude. Nous n'en sommes pas sortis : on nous en a chassés. Si on ne vous en avoit pas chassés, y seriez-vous restės? Oui. Vous y étiez donc dans la voie de la vérité et du salut; mais encore une fois, comme communion séparée de l'Eglise, « où étiez-vous hier?» - Rien ne nous oblige de répondre à cette question : les Juifs et les païens ne pouvoient-ils pas l'adresser aux premiers chrétiens? ne pouvoient-ils pas dire à Jésus-Christ même : On ne parloit pas de vous hier? Quoi! lorsque Jésus-Christ commença sa prédication, on pouvoit lui dire, comme je vous le dis, qu'on ne parloit pas hier de lui ni de sa venue! Qu'étoit-ce donc que saint Jean-Baptiste, et Anne la prophétesse, et Siméon, et les mages, et les pontifes qui indiquèrent Bethleem comme le lieu de sa naissance? Y a-t-il eu un seul moment où Jésus-Christ n'ait été attendu dans l'Eglise où il est né,

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si bien attendu que les Juifs l'attendent encore? Les prophètes l'ont constamment rendu présent dans le cours des âges : « Il étoit hier, il est aujourd'hui et sera aux siècles des siècles 1.1 >>

Là finit la discussion. Elle avoit duré cinq heures. Les jours suivans, Bossuet donna de nouvelles instructions à mademoiselle de Duras, et reçut son abjuration dans le mois même de la controverse, le 22 mars 1678.

Après avoir raconté la conférence à plusieurs de ses amis, Bossuet l'écrivit, de même que les instructions, pour mademoiselle de Duras. Son écrit se répandit à l'aide de copies, et Claude en profita pour raconter à son tour la dispute et pour combattre les instructions: dans le récit il changea sa défaite en victoire, et défigura les vérités les plus claires dans l'attaque. Bossuet revit sa Relation de la conférence, et défendit son enseignement dans un petit ouvrage intitulé: Réflexions sur un écrit de M. Claude. Il dit dans l'Avertissement qui précède la Relation : << Partout où M. Claude dira qu'il n'a pas avoué ce que je lui fais avouer dans le récit de la conférence, je m'engage dans une seconde conférence à tirer de lui encore le même aveu; et partout où il dira qu'il n'est pas demeuré sans réponse, je le forcerai, sans autre argument que ceux qu'il a déjà ouïs, à des réponses si visiblement absurdes, que tout homme de bon sens avouera qu'il valoit encore mieux se taire que de s'en être servi. » Claude n'accepta pas ce défi.

La Relation et les Réflexions furent publiées chez Sébastien MarbreCramoisy, en 1682, dans un volume in-12. Seconde édition, 1686. L'écrit de Claude, portant ce titre : Réponse au livre de M. de Meaux, etc., parut à La Haye en 1683. On voit que Bossuet prévint, dans la publicité, l'objection par la réponse.

1 Hebr., XIII, 8.

AVERTISSEMENT

POUR LA DEUXIÈME ÉDITION.

Il sembloit que Messieurs de la religion prétendue réformée, en lisant ce traité, devoient du moins avouer que la doctrine de l'Eglise y étoit fidèlement exposée. La moindre chose qu'on pût accorder à un évêque, c'est qu'il ait su sa religion, et qu'il ait parlé sans déguisement dans une matière où la dissimulation seroit un crime. Cependant il n'en est pas arrivé ainsi. Ce traité n'étant encore écrit qu'à la main, fut employé à l'instruction de plusieurs personnes particulières, et il s'en répandit beaucoup de copies. Aussitôt on entendit les honnêtes gens de la religion prétendue réformée dire presque partout, que s'il étoit approuvé, il lèveroit à la vérité de grandes difficultés; mais que l'auteur n'oseroit jamais le rendre public; et que, s'il l'entreprenoit, il n'éviteroit pas la censure de toute sa communion, principalement celle de Rome, qui ne s'accommoderoit pas de ses maximes. Il parut néanmoins quelque temps après avec l'approbation de plusieurs évêques, ce livre qui ne devoit jamais voir le jour; et l'auteur, qui savoit bien qu'il n'y avoit exposé que les sentimens du concile de Trente, n'appréhendoit pas les censures dont les prétendus Ré⚫ formés le menaçoient.

Il n'y avoit certainement guère d'apparence que la foi catholique eût été trahie plutôt qu'exposée par un évêque, qui après avoir prêché toute sa vie l'Evangile sans que sa doctrine eût jamais été suspecte, venoit d'être appelé à l'instruction d'un prince, que le plus grand Roi du monde et le plus zélé défenseur de la religion de ses ancêtres fait élever pour en être un jour l'un 1

TOM. XIII.

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