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figurer Dieu, ou pour adorer 1. » Voilà les deux choses qu'ils croient condamnées dans ce précepte du Décalogue.

Peut-être nous feront-ils la justice de croire que nous ne prétendons pas figurer Dieu; et que s'ils voient dans quelques tableaux le Père éternel dans la forme où il lui a plu de paroître si souvent à ses prophètes, nous ne prétendons non plus déroger à sa nature invisible et spirituelle que lui-même, quand il s'est montré sous cette forme. Le concile leur explique assez sur ce sujet, « qu'on ne prétend pas pour cela figurer ou exprimer la Divinité,... ni lui donner de couleurs 2; » et je croirois leur faire tort d'en venir à un plus grand éclaircissement.

Passons donc à la seconde partie de leur doctrine, et apprenons de leur catéchisme « quelle forme d'adoration est condamnée. C'est, dit la Réponse, de se prosterner devant une image pour faire son oraison, de fléchir le genou devant elle, ou faire quelque autre signe de révérence, comme si Dieu se démontroit là à nous. » Voilà en effet l'erreur des Gentils et le propre caractère de l'idolâtrie. Mais qui croit avec le concile « que les images n'ont ni divinité ni vertu pour laquelle on les doive révérer 3 ; » et qui en met toute la vertu à rappeler la mémoire des originaux, ne croit pas que Dieu «s'y démontre à nous. » Il n'est donc pas idolâtre de l'aveu des prétendus réformés, et selon la propre définition de leur Catéchisme.

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L'anonyme semble avoir senti cette vérité à l'endroit où, nous objectant ce commandement du Décalogue, il dit lui-même que Dieu « défend de faire des images et de les servir ".» Il a raison. Les paroles de ce précepte sont expresses: et les images dont il y est parlé sont celles qu'il est défendu de faire, aussi bien que de servir, c'est-à-dire, selon l'explication de son Catéchisme, celles qui sont faites « pour figurer Dieu, celles qui sont faites pour le démontrer présent, » et qu'on sert dans cet esprit comme pleines de divinité. Nous n'en faisons, ni n'en souffrons de cette 2 Sess. XXV. — 3 Expos., n. 5.

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TOM. XIII.

'P. 67.

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sorte. Nous ne servons pas les images; à Dieu ne plaise : mais nous nous servons des images pour nous élever aux originaux. Notre concile, si odieux à l'Eglise prétendue réformée, ne nous en apprend pas un autre usage: en est-ce assez pour dire, comme elle fait dans sa propre Confession de foi', que « toutes sortes d'idolâtries ont vogue dans l'Eglise romaine? » Est-ce pour cela que sa discipline nous appelle les Idolâtres, et notre religion l'Idolâtrie? Sans doute ils ont autre chose que notre doctrine dans l'esprit, quand ils nous donnent le nom de Gentils ils croient que nous suivons leurs abominables erreurs, et que nous croyons comme eux que Dieu se démontre à nous dans les images.

Sans ces funestes préjugés, sans ces noires idées qu'ils se forment des sentimens de l'Eglise, des chrétiens n'auroient jamais cru que baiser la croix en mémoire de celui « qui a porté nos iniquités sur le bois, » fùt un crime si détestable, ni qu'une démonstration si simple et si naturelle des sentimens de tendresse que ce pieux objet tire de nos cœurs, nous dût faire considérer comme si nous adorions Baal, ou les veaux d'or de Samarie.

Dans cette étrange préoccupation des prétendus réformés, le Traité de l'Exposition leur devoit paroître, comme en effet il leur a paru, un livre plein d'artifice, qui ne faisoit qu'adoucir et exténuer les sentimens catholiques. Maintenant qu'ils voient clairement que tout l'artifice de ce livre est de démêler les sentimens qu'on a imputés à l'Eglise d'avec ceux dont elle fait profession, comme tout l'adoucissement qu'il apporte dans la doctrine est de lui avoir ôté le masque affreux dont les ministres la couvrent, qu'ils confessent que cette Eglise n'étoit pas digne de l'horreur qu'ils ont eue pour elle, et qu'elle mérite du moins d'être écoutée.

Il ne faut plus qu'ils accusent le Pape ni le Saint-Siége de diminuer l'adoration qui est due à Dieu, ni la confiance que le chrétien doit établir en sa bonté seule par Notre-Seigneur Jésus1 Art. 28. — * Discip., art. 11, 13. — 3 Art. 42. - — 1 Petr., II, 24.

Christ, puisqu'ils voient sans aller plus loin que le Traité de l'Exposition, qui n'est fait que pour expliquer ces deux vérités, a reçu dans Rome et du Pape même une approbation si authentique.

Cela étant, ils auront honte du titre qu'ils donnent au Pape. On n'y peut penser sans horreur, ni entendre sans étonnement que les prétendus réformés, qui se vantent de suivre l'Ecriture de mot à mot, voyant que l'apôtre saint Jean qui a seul nommé l'Antechrist, nous répète trois ou quatre fois que «l'Antechrist est celui qui nie que Jésus-Christ soit venu en chair1, » osent seulement penser que celui qui enseigne si pleinement le mystère de Jésus-Christ, c'est-à-dire sa divinité, son incarnation, la surabondance de ses mérites, la nécessité de sa grace et la confiance absolue qu'il y faut avoir, ne laisse pas d'être l'Antechrist que saint Jean nous a désigné.

Mais on objecte aux papes qu'ils sont « ce méchant et cet homme d'iniquité qui s'est assis dans le temple de Dieu et se fait adorer comme Dieu, » eux qui se confessent non-seulement mortels, mais pécheurs; qui disent tous les jours avec tous les autres fidèles « Pardonnez-nous nos offenses; » et qui n'approchent jamais de l'autel, sans confesser leurs péchés et sans dire dans la partie la plus sainte du sacrifice, qu'ils espèrent la vie éternelle, « non par leurs mérites, mais par la bonté de Dieu, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ3. »

Il est vrai qu'ils soutiennent la primauté que Jésus-Christ leur a donnée en la personne de saint Pierre : mais c'est par là qu'ils avancent l'œuvre de Jésus-Christ même; œuvre de charité et de concorde, qui n'eût jamais été parfaitement accomplie, si l'Eglise universelle et tout l'ordre épiscopal n'avoit sur la terre un chef du gouvernement ecclésiastique pour faire agir les membres en concours, et consommer dans tout le corps le mystère de l'unité

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tant recommandée par le Fils de Dieu. Ce n'est rien dire que de répondre que l'Eglise a dans le ciel son Chef véritable qui l'unit en l'animant de son Saint-Esprit : qui en doute? Mais qui ne sait que cet Esprit, qui dispose tout avec autant de douceur que d'efficace, sait préparer des moyens extérieurs proportionnés à ses desseins? Le Saint-Esprit nous enseigne et nous gouverne au dedans : c'est pour cela qu'il établit des pasteurs et des docteurs qui agissent au dehors. Le Saint-Esprit unit le corps de l'Eglise et le gouvernement ecclésiastique : c'est pour cela qu'il met à la tête un Père commun et un économe principal qui gouverne toute la famille de Jésus-Christ. Nous prenons ici à temoin la conscience de Messieurs de la religion prétendue réformée. Dans ce siècle malheureux où tant de sectes impies tâchent de saper peu à peu les fondemens du christianisme, et croient que c'est assez d'avoir seulement nommé Jésus-Christ, pour ensuite introduire dans le sein de la Chrétienté l'indifférence des religions et l'impiété manifeste, qui ne voit l'utilité d'avoir un Pasteur qui veille sur le troupeau, et qui soit autorisé d'en-haut pour exciter tous les autres, dont la vigilance se relâcheroit? Qu'ils nous disent de bonne foi, si ce ne sont pas les sociniens, les anabaptistes, les indépendans, ceux qui sous le nom de la liberté chrétienne veulent établir l'indifférence des religions, et tant d'autres sectes pernicieuses qu'ils improuvent aussi bien que nous, qui s'élèvent avec le plus d'ardeur contre le Siége de saint Pierre, et qui crient le plus haut que son autorité est tyrannique. Je ne m'en étonne pas ceux qui veulent diviser l'Eglise, ou la surprendre, ne craignent rien tant que de la voir marcher contre eux sous un même chef comme une armée bien rangée. Ne faisons querelle à personne, mais songeons seulement d'où viennent les livres où cette dangereuse licence et ces doctrines antichrétiennes sont enseignées du moins on ne niera pas que le Siége de Rome, par sa propre constitution, ne soit incompatible avec toutes ces nouveautés; et quand nous ne saurions pas par l'Evangile que la

primauté de ce Siége nous est nécessaire, l'expérience nous en convaincroit. Au reste il ne faut pas s'étonner si l'on a approuvé sans peine l'auteur de l'Exposition, qui met l'autorité essentielle de ce Siége dans les choses dont on est d'accord dans toutes les écoles catholiques. La Chaire de saint Pierre n'a pas besoin de disputes: ce que tous les catholiques y reconnoissent sans contestation, suffit à maintenir la puissance. qui lui est donnée pour édifier, et non pour détruire. Les prétendus réformés ne devroient plus avoir ces vains ombrages dont on leur fait peur. Que leur sert d'aller rechercher dans les histoires les vices des Papes? Quand ce qu'ils en racontent seroit véritable, est-ce que les vices des hommes anéantiront l'institution de Jésus-Christ et le privilége de saint Pierre? L'Eglise s'élèvera-t-elle contre une puissance qui maintient son unité, sous prétexte qu'on en aura abusé? Les chrétiens sont accoutumés à raisonner sur des principes plus hauts et plus véritables, et ils savent que Dieu est puissant pour maintenir son ouvrage au milieu de tous les maux attachés à l'infirmité humaine.

Nous conjurons donc Messieurs de la religion prétendue réformée, par la charité qui est Dieu même et par le nom chrétien qui nous est commun, de ne plus juger de la doctrine de l'Eglise par ce qu'on leur en dit dans leurs prêches et dans leurs livres, où l'ardeur de la dispute et la prévention, pour ne rien dire de plus, font souvent représenter les choses autrement qu'elles ne sont; mais d'écouter cette Exposition de la doctrine catholique. C'est un ouvrage de bonne foi, où il ne s'agit pas tant de disputer que de dire nettement ce qu'on croit; et où pour voir combien l'auteur a procédé simplement, il n'y a qu'à considérer son dessein.

Il a promis dès l'entrée, 1° de proposer les vrais sentimens de l'Eglise catholique, et « de les distinguer de ceux qui lui ont été faussement imputés 1. »

2o Afin qu'on ne doutât pas qu'il ne proposât véritablement les 1 Expos., n.

1.

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