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dissipez leurs erreurs par votre présence; et enfin amenez-les avec leur ministre en votre saint temple qui est votre Eglise, afin que nous vous glorifiions d'une même voix, ô Dieu et Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui avec votre Fils et le Saint-Esprit vivez et régnez aux siècles des siècles. Amen.

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OU IL EST PROUVÉ CONTRE LES SUPPOSITIONS DU MINISTRE, QUE LA FOI DU CONCILE DE TRENTE, TOUCHANT LA JUSTIFICATION ET LE MÉRITE DES BONNES OEUVRES, NOUS A ÉTÉ ENSEIGNÉe par l'ancienne église, et qu'ELLE ÉTABLIT TRÈS-SOLIDEMENT LA CONFIANCE DU FIDÈLE EN JÉSUS-CHRIST SEUL.

Le plus insupportable reproche que le ministre fasse à l'Eglise, c'est qu'il dit que la session vr du sacré concile de Trente établit une doctrine nouvelle touchant la justification et les bonnes œuvres, qui renverse cette bienheureuse espérance que le chrétien doit avoir en Jésus-Christ seul. Or encore que cette calomnie si visible ait été suffisamment réfutée, toutefois pour n'oublier. rien qui puisse éclaircir les errans, proposons un peu plus au long la foi de l'Eglise et du saint concile de Trente; faisons voir son antiquité vénérable, et prouvons par des raisons invincibles qu'elle ne tend qu'à glorifier le Père céleste par son Fils bien-aimé notre Rédempteur.

Dans l'explication de notre créance, je la rapporterai simplement comme elle est dans le concile de Trente, parce que c'est ce concile que l'on accuse, et parce que nul ne pourra douter que nous ne tenions pour certain tout ce qu'il prononce.

Afin que notre dispute soit nette, je proposerai avant toutes choses les principes dont nous convenons; et quand nous serons venus au point contesté, après avoir dit quelle est notre foi sans m'embarrasser de questions inutiles, j'en déduirai les vrais fondemens autant qu'il sera nécessaire pour la fin que je me suis proposée, qui est de montrer simplement que bien loin d'avoir détruit, comme on nous l'impose, cette salutaire confiance au Libérateur, nous l'avons très-solidement établie. Commençons à

poser les principes desquels, par la grace de Dieu, nous sommes d'accord.

CHAPITRE PREMIER.

Que l'Eglise catholique enseigne très-purement le mystère de la rédemption du genre humain.

Premièrement, nous confessons tous que par le péché d'Adam notre premier père, toute sa race a été perdue; si bien que tout le genre humain étoit condamné par une juste et inévitable sentence, à cause du péché d'origine par lequel nous naissons tous ennemis de Dieu.

Nulle créature vivante, ni parmi les hommes, ni parmi les anges, de quelque don naturel ou surnaturel que nous nous la figurions embellie, n'étoit capable de payer pour nous ce que nous devions à la justice de Dieu, ni de réparer l'injure infinie que nous avions faite à sa majesté. Tellement qu'il ne restoit autre chose, sinon que Dieu réparât lui-même l'injustice de notre crime par la justice de notre peine, et satisfit à sa juste vengeance par notre juste punition.

Toutefois un conseil de miséricorde rétablit nos affaires désespérées le Fils de Dieu égal à son Père se présenta volontairement pour être la victime du monde : pour satisfaire à la justice implacable, il se destina dès l'éternité une chair humaine; et empruntant la passibilité qu'elle avoit, lui donnant la dignité infinie qu'elle n'avoit pas, il parut en terre au temps ordonné comme la digne hostie de tous les pécheurs, c'est-à-dire de tous les hommes.

Là se vit ce spectacle de charité: un fils uniquement agréable qui se mettoit à la place des ennemis : l'Innocent, le Juste, la Sainteté même qui se chargeoit des crimes des malfaiteurs: Celui qui étoit infiniment riche, qui se constituoit caution pour les in-. solvables.

Là Satan ayant mis la main sur celui qui ne devoit rien à la mort, parce qu'il étoit sans péché, Dieu rendit ce jugement mémorable par lequel il fut arrêté que le diable, pour avoir pris l'Innocent, seroit contraint de lâcher les pécheurs. Il perdit les

coupables qui étoient à lui, en voulant réduire sous sa puissance Jésus-Christ, le Juste dans lequel il n'y avoit rien qui lui ap-' partînt1.

De sorte qu'il n'y a plus de condamnation à ceux qui sont en Notre-Seigneur, d'autant que par un seul sacrifice il a payé pour eux au delà de ce que l'on en pouvoit exiger. Non content d'avoir satisfait pour nous, s'étant ouvert les cieux par son sang, il est monté à la droite du Père pour y faire la fonction de notre Pontife: et non-seulement de notre Pontife, mais encore de notre Avocat.

Je trouve en cette qualité d'avocat une force particulière qui relève merveilleusement notre confiance. Car si l'ambassadeur négocie, si le pontife et le sacrificateur intercèdent, l'avocat presse, sollicite et convainc: le pontife demande.miséricorde, et l'avocat demande justice : le pontife prie, et l'avocat prouve.

Voici l'éloquent plaidoyer de notre miséricordieux Avocat. « 0 mon Père, que demandez-vous aux mortels? Ils étoient vos débiteurs, je l'avoue; mais moi, qui ne dois rien à votre justice, j'ai rendu toute leur dette mienne, et je l'ai entièrement acquittée. Tous les hommes vous étoient dus pour être immolés à votre juste et rigoureuse vengeance; mais une victime de ma dignité peutelle pas remplir justement la place même d'une infinité de pécheurs? Que demande donc votre justice offensée? Veut-elle voir le Juste à ses pieds, pour mériter le pardon des coupables? Je me suis abaissé devant elle jusqu'à la mort de la croix. » Là il montre les cicatrices sacrées des bienheureuses blessures qui nous ont guéris; et le Père se ressouvenant de l'obéissance de ce cher Fils, s'attendrit sur lui, et pour l'amour de lui regarde le genre humain en pitié.

C'est ainsi que plaide notre Avocat, concluant par de vives raisons que Dieu ne peut plus condamner les hommes qui rechercheront la grace en son nom. C'est pourquoi l'apôtre saint Jean parle ainsi : « Si quelqu'un pèche, nous avons un Avocat près du Père, Jésus-Christ le Juste; et c'est lui qui est propitiation pour nos péchés 2. »

1 In me non habet quidquam, Joan., XIV, 30. 21 Joan., II, 1, 2.

Nous convenons donc déjà de ces fondemens, que Jésus-Christ s'est donné pour nous; que le Père ne nous gratifie qu'à cause de lui; que lui seul pouvoit satisfaire pour nos péchés; et que son oblation volontaire étant d'une valeur infinie, il a satisfait pour nous surabondamment. Confesser cette sainte doctrine, est-ce pas déclarer hautement que l'on a toute son espérance en Jésus-Christ seul? Ainsi nous ne disputons pas touchant le bienfait : toute notre controverse consiste à savoir de quelle sorte il nous est appliqué par la grace de la justification..

CHAPITRE II.

Diverses choses à considérer touchant la justification, et premièrement qu'elle est gratuite, selon le concile de Trente.

Il y a trois choses à considérer dans la doctrine de la justification: premièrement, la justification elle-même qui est le fondement de la vie nouvelle; après, le progrès de cette vie dans l'homme justifié; et enfin, son couronnement dans la vie future.

Si nous montrons clairement qu'en ces trois états la doctrine catholique ne diminue point le mérite du Médiateur Jésus-Christ: au contraire, qu'elle le met dans un plus grand jour, la calomnie de notre adversaire sera évidemment réfutée. Parlons de la justification en elle-même.

Je ne vois que trois questions importantes touchant la justification du pécheur: premièrement, pour quel motif Dieu nous justifie; secondement, ce que c'est et en quoi elle consiste; et enfin, par quel acte de nos volontés cette grace de la justification nous est appliquée. Sur quoi il est digne d'observation que dans le point principal, qui est le premier, nos adversaires eux-mêmes ne dénieront pas que notre doctrine ne soit irrépréhensible.

Ce qui est le plus important en cette matière pour relever la grace de Jésus-Christ, c'est de poser que le Père éternel ne nous pardonne nos péchés qu'à cause de lui; et c'est ce que nous confessons de tout notre cœur. Certes nous croyons qu'il nous justifie, non parce que nous lui étions agréables, mais afin que nous lui soyons agréables. Sa grace ne rencontre en nous que des

crimes, parce qu'elle vient effacer les crimes. Ce n'est pas nous qui le choisissons, mais il nous choisit: nous ne l'aimons pas les premiers, c'est lui qui commence: et jamais nous ne le chercherions par la foi, s'il ne nous cherchoit premièrement par miséricorde. Sa bonté nous trouvant criminels, elle nous auroit en horreur, si elle nous regardoit en nous-mêmes; de sorte que pour se pouvoir approcher de nous, il faut qu'elle nous regarde en Jésus-Christ seul.

C'est pourquoi le concile de Trente représentant les pécheurs effrayés par les justes jugemens de Dieu, veut que le premier sentiment qui naisse en leurs ames soit la confiance au Libérateur « Lors, dit-il, que sentant qu'ils sont criminels, de la crainte de la justice divine dont ils sont utilement ébranlés, ils se retournent à la divine miséricorde, et relèvent leur espérance abattue, se fiant que Dieu leur sera propice à cause de JésusChrist. Est-ce là nier cette confiance au Sauveur, ou n'est-ce pas plutôt la poser comme le fondement immobile de notre justification?

Et ce saint concile, pour nous apprendre que toute l'espérance de pardon est en Jésus-Christ, définit expressément « qu'il faut croire que les péchés ne se remettent jamais, et n'ont jamais été remis que par la miséricorde divine GRATUITEMENT A CAUSE DE JésusCHRIST. » Et rapportant les causes de la justification du pécheur : « La cause efficiente, dit-il, c'est Dieu miséricordieux qui nous lave gratuitement et nous sanctifie. La cause méritoire, c'est son très-cher Fils Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui lorsque nous étions ennemis, à cause de la charité infinie par laquelle il nous a aimés, nous a mérité la justification, et a satisfait pour nous à son Père par sa très-sainte passion au bois de la croix 3. » Et en

1 Conc. Trid., sess. VI, cap. VI: « Dùm peccatores se esse intelligentes, à divinæ justitiæ timore quo utiliter concutiuntur, ad considerandam Dei misericordiam se convertendo in spem eriguntur, fidentes Deum sibi propter Christum propitium fore. » — 2 Ibid., cap. IX: « Quamvis autem necessarium sit credere neque remitti, neque remissa unquàm fuisse peccata nisi gratis divinâ misericordia propter Christum. · 3 Ibid., cap. VII: « Efficiens, misericors Deus, qui gratuitò abluit et sanctificat...; meritoria autem, dilectissimus unigenitus suus, Dominus noster Jesus Christus, qui cùm essemus inimici, propter nimiam charitatem quâ dilexit nos..., nobis justificationem meruit, et pro nobis Deo Patri satisfecit. >>

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