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à la vraie Eglise. Dieu ne manque pas de motifs pour faire sentir à ses enfans ce caractère si particulier de son Eglise. Mais quels que soient ces motifs, et sans vouloir ici les étaler parce que ce 'n'en est pas le lieu, il est certain qu'il y en a, puisqu'enfin il faut pouvoir croire sur la parole de l'Eglise avant que d'avoir lu l'Ecriture sainte, et que dans la première instruction que nous recevons, sans nous parler de l'Ecriture, on nousapprend à dire comme un acte fondamental de notre foi: «Je crois l'Eglise catholique. »

M. Claude nous dit que pour autoriser la méthode par laquelle nous prétendons mettre la foi de l'Eglise comme le fondement de tout le reste, il faudroit dans le Symbole avoir commencé par dire « Je crois l'Eglise, » au lieu qu'on y commence par dire: « Je crois en Dieu le Père, et en Jésus-Christ, et au Saint-Esprit. >> Et il ne songe pas que c'est l'Eglise elle-même qui nous apprend tout le Symbole, c'est sur sa parole que nous disons: « Je crois en Dieu le Père, et en Jésus-Christ son Fils unique, » et le reste; ce que nous ne pouvons dire avec une ferme foi, sans que Dieu nous mette en même temps dans le cœur que l'Eglise qui nous l'enseigne ne nous trompe pas. Après donc que nous avons dit sur sa parole: « Je crois au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, » et que nous avons commencé notre profession de foi par les Personnes divines que leur majesté met au-dessus de tout, nous y -ajoutons une sainte réflexion sur l'Eglise qui nous propose cette créance, et nous disons : « Je crois l'Eglise catholique. » A quoi nous joignons aussitôt après toutes les graces que nous recevons par son ministère, « la communion des saints, la rémission des péchés, la bienheureuse résurrection, et enfin la vie éternelle. »

Ve Réflexion sur ce que M. Claude nous allègue ici l'église grecque et les autres semblables que c'est vouloir embrouiller la matière, et non pas résoudre la difficulté.

C'est vouloir embrouiller les choses que de nous alléguer ici avec M. Claude l'église grecque, l'arménienne, l'égyptienne, ou l'éthiopique et celle des Cophtes, et tant d'autres qui ne se vantent pas moins d'être l'Eglise véritable que fait l'Eglise romaine. Ceux, dit-on, qui sont élevés dans ces églises en révèrent l'auto

rité chacune de ces églises a des sectateurs aussi zélés que la nôtre. Le zèle véritable et pur n'a point de marque sensible: chacun attribue le sien, comme nous faisons, à la grace du SaintEsprit; et se reposant sur l'autorité de l'Eglise où il se trouve, il dit que le Saint-Esprit se sert de cette autorité pour le conduire à la foi de l'Ecriture et à toutes les vérités du christianisme.

C'est à peu près l'objection de M. Claude; et c'est ainsi quelquefois que lorsqu'on ne peut se débarrasser, on croit se sauver en tâchant de jeter les autres dans un embarras semblable au sien. Mais il ne gagnera rien par cette adresse, car enfin pour quelle cause prétend-il combattre ? Est-ce pour l'indifférence des religions? Veut-il dire avec les impies, qu'il n'y a pas une Eglise véritable où l'on agisse en effet par des mouvemens divins? Et sous prétexte que le démon, ou si l'on veut la nature, savent imiter, ou pour mieux dire contrefaire ces mouvemens, soutiendra-t-il que ces mouvemens sont partout imaginaires? A Dieu ne plaise nous voulons tous deux éviter cet écueil. Il avouera donc avec moi qu'il y a une vraie Eglise, quelle qu'elle soit, où le SaintEsprit agit, encore qu'à ne regarder que le dehors, on ne puisse pas toujours si aisément discerner qui sont ceux où il habite. Jusqu'ici nous sommes d'accord; voyons jusqu'où nous pourrons marcher ensemble. Nous convenons qu'il y a une vraie Eglise où le Saint-Esprit agit : nous convenons qu'il se sert de moyens extérieurs pour nous mettre la vérité dans le cœur : nous convenons qu'il se sert de l'Eglise et de l'Ecriture. Notre question est de savoir par où il commence, si c'est par l'Ecriture ou par l'Eglise; si c'est, dis-je, par l'Ecriture qu'il nous fait croire à l'Eglise, ou si c'est plutôt par l'Eglise qu'il nous fait croire à l'Ecriture. Je dis que c'est par l'Eglise que le Saint-Esprit commence; et il faut bien qu'il soit ainsi, puisque constamment c'est l'Eglise qui nous met en main l'Ecriture. M. Claude néanmoins me quitte ici, et commence à marcher tout seul : mais il tombe dès le premier pas dans le précipice. Car la peur qu'il a de reconnoître dans la vraie Eglise une infaillible autorité, et de croire que sur la parole de l'Eglise, même véritable, on puisse faire un acte de foi divine et surnaturelle sur la vérité de l'Ecriture, l'oblige à dire qu'il n'est pas pos

sible de commencer la lecture de l'Ecriture sainte par un tel acte de foi, et que tout acte de foi qui précède cette lecture est un acte de foi humaine. Voilà l'état déplorable où il met le chrétien qui va lire l'Ecriture sainte pour la première fois. M. Claude ne peut sortir de cet abîme sans revenir à l'endroit où il a commencé de me quitter, et dire ensuite avec moi qu'il y a une vraie Eglise, quelle qu'elle soit, dont le Saint-Esprit inspire d'abord la vénération aux vrais fidèles; que par cette vénération qu'il leur met d'abord dans le cœur, il les attache à l'Ecriture que cette Eglise leur présente; que cette Eglise exige aussi de tous ceux qu'elle peut instruire, qu'ils adorent sur sa parole l'infaillible vérité de cette Ecriture, et ne reconnoît pas pour ses enfans ceux qui n'ont pour cette Ecriture qu'une foi humaine.

Mais, dit-on, l'Eglise romaine n'est pas la seule à s'attribuer cette autorité : l'église grecque et d'autres églises veulent aussi qu'on les en croie sur leur parole, et enseignent que c'est le moyen de lire l'Ecriture sainte avec une soumission de foi divine. Hé bien, s'il est ainsi, il ne reste plus qu'à choisir entre ses églises. Mais dès là et du premier coup l'église calvinienne est tombée: elle se dégrade elle-même pour ainsi parler du titre d'Eglise, puisqu'elle ne se sent pas assez d'autorité pour faire faire à tous ceux qu'elle commence à instruire un acte de chrétien et un acte de foi divine, pas même sur la vérité de l'Ecriture, d'où on suppose qu'elle doit apprendre toutes les autres.

Mais M. Claude demande comment on choisira entre ces églises. Sera-ce par enthousiasme? Ce seroit par enthousiasme, comme je l'ai remarqué dans la Conférence, si l'Eglise véritable n'avoit pas ses caractères particuliers qui la distinguent des autres. Elle a sans aller plus loin ni approfondir davantage, sa succession où personne ne lui montrera par aucun fait positif aucune interruption, aucune innovation, aucun changement. C'est de quoi nulle fausse église ne se glorifiera jamais aussi clairement que la véritable, parce que s'en glorifiant elle se condamneroit visiblement elle-même. Il y aura donc toujours dans l'instruction que l'Eglise véritable donnera à ses enfans sur son état, quelque chose que nulle autre secte ne pourra ni n'osera dire. C'est par là que nous

convaincrions, s'il en étoit question, les Grecs, les Ethiopiens, les Arméniens et les autres sectes qui semblent à cet égard plus décevantes à cause de l'apparence de succession qu'elles montrent, qui aussi leur donne lieu de s'attribuer avec un peu plus de fondement l'autorité de l'Eglise. Mais pour l'église calvinienne, c'est fait d'abord, puisqu'elle n'a pas même une succession apparente et colorée, et qu'elle n'ose elle-même, comme nous venons de le voir par l'aveu de M. Claude, s'attribuer cette autorité, sans laquelle il ne peut y avoir ni d'instruction certaine, ni de fondement assuré d'une foi divine, ni enfin d'église.

Ce seroit donc bien en vain que nous perdrions ici le temps à disputer aux Egyptiens et aux Grecs la succession dont ils se vantent. Ce ne seroit pas un grand travail de leur marquer le point manifeste de leur innovation. Les prétendus réformés le savent aussi bien que nous, et eux-mêmes quand ils veulent ils le leur montrent. Ainsi quand ils nous pressent de le faire, ce n'est pas qu'ils croient nous engager à une chose impossible, ou même obscure et difficile mais c'est en un mot que dans une cause si mauvaise c'est toujours gagner quelque chose que de se jeter à l'écart, et faire perdre la suite d'un raisonnement.

:

Ainsi j'ai eu raison de dire à mademoiselle de Duras dans une des instructions de ce livre, que si quelqu'un dégoûté de l'église calvinienne, étoit tenté d'embrasser la religion des Cophtes ou celle des Grecs, il seroit temps alors de leur montrer dans ces églises ce point inévitable de leur nouveauté, qu'elles ne peuvent nier non plus que les autres sectes: mais que comme les calvinistes, à qui nous avons à faire, en convenoient, et que personne ne songeoit à les quitter que pour venir à nous : quand nous obligions à les quitter, en montrant, de l'aveu de leur ministre, énormes absurdités de leur doctrine, l'ouvrage étoit consommé, et tout le reste en cette occasion étoit inutile.

les

Et afin qu'on entende bien la méthode de la Conférence et l'état de la question qui y est traitée, il ne s'y agissoit pas directement d'établir l'Eglise romaine, mais de montrer seulement qu'il y a une vraie Eglise, quelle qu'elle soit, à laquelle il faut se soumettre sans examiner : et au reste que cette Eglise ne peut pas

être la calvinienne, puisqu'elle-même veut qu'on examine après elle; ce qui lui fait avouer les absurdités que nous avons remarquées, et perdre par cet aveu le titre d'Eglise.

Cela fait, il ne s'agit plus de prêcher l'Eglise romaine, c'est-àdire ce corps d'Eglise dont Rome est le chef, puisqu'à celui qui veut choisir entre deux églises, en exclure l'une, c'est établir l'autre, sans qu'il soit besoin pour cela de disputer davantage. Outre que l'Eglise romaine porte si évidemment ces beaux caractères de la vraie Eglise, qu'il n'y a guère d'homme de bon sens, même parmi nos réformés, qui ne convienne que, s'il y a au monde une autorité à laquelle il faille céder, c'est celle de cette Eglise.

Mais en tout cas, quand on voit les absurdités qu'on est forcé d'avouer dans le calvinisme faute d'avoir reconnu dans l'autorité de l'Eglise les véritables principes de l'instruction chrétienne, on se retire bientôt d'une église dont la méthode et l'instruction est si manifestement défectueuse; et on est assez sollicité par le reste de christianisme, qu'on sent en son fond, à retourner à l'Eglise d'où on est sorti.

VI Réflexion sur ce que M. Claude réduit, autant qu'il peut, cette dispute à l'instruction des enfans.

On voit dans les discours de M. Claude, que pressé par ce défaut d'autorité qui ruine toute l'instruction dans son église, il affecte de réduire notre dispute à l'instruction des enfans, et qu'il croit trouver quelque avantage à faire dépendre cette instruction des parens et des nourrices que l'on connoît plus dans cet âge que l'Eglise et ses ministres. Par ce moyen il croit nous cacher l'autorité de l'Eglise dans les premiers exercices et les premiers actes que nous faisons de la foi avant que d'avoir lu l'Ecriture sainte. Mais il falloit songer premièrement, que l'argument que je lui faisois ne regardoit pas seulement les enfans: les enfans ne sont pas les seuls chrétiens qui n'ont pas lu l'Ecriture. M. Claude n'ignore pas qu'il n'y ait eu au commencement du christianisme, non pas des hommes particuliers, mais des nations entières, qui au rapport de saint Irénée, n'avoient point l'Ecriture sainte, et

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