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non seulement pour l'explication de Tite-Live, mais encore pour l'explication des autres auteurs latins dont les ouvrages se rapportent à l'époque républicaine; ils y pourront apprendre, par exemple, le sens exact de bien des termes que les dictionnaires ne définissent pas d'une façon suffisante et dont l'ignorance amène, dans les versions, de fréquents contresens.

est

Pour la partie philologique, la seule dont je me sois personnellement occupé, ce volume a été composé d'après les mêmes principes que les deux précédents. Toutefois l'Appendice critique (page 415 et suiv.), — qui, dans mon intention, s'adresse uniquement aux professeurs, et nullement aux élèves, moins développé : les livres XXVI-XXX nous ayant été transmis, non par un manuscrit unique, comme les livres XXI-XXV, mais par plusieurs, il ne m'était pas possible cette fois, dans une édition purement classique, de donner un tableau des variantes, comme je l'avais fait pour les livres précédents, ni même d'indiquer tous les passages où le texte admis n'est pas celui des manuscrits, mais représente une correction moderne. Les professeurs désireux de se rendre un compte exact des fondements sur lesquels repose le texte de chaque passage sont priés de se reporter au beau livre de M. Luchs1; je me suis contenté de donner la liste des changements que j'ai cru devoir apporter à son texte.

La Notice sur Tite-Live qui se trouve imprimée ci-après est de M. Benoist.

1. T. Livi ab urbe condita libri a vicesimo sexto ad tricesimum, recensuit A. LUCHS. Berlin, Weidmann, 1879.

O. RIEMANN.

Paris, ce 1 décembre 1888.

NOTICE SUR TITE-LIVE

Tite-Live naquit à Padoue en 695 de Rome, 59 av. J.-C., l'année du consulat de César et Bibulus, et, au témoignage de saint Jérôme, mourut dans la même ville en 770 de Rome, 16 après J.-C., la même année qu'Ovide. Il avait donc vécu 75 ans. De sa famille, de sa jeunesse, on ne sait rien; il eut un fils et une fille; Sénèque le rhéteur, Controv. X, præf. 2, parle de son gendre le rhéteur L. Magius. Quintilien, X, 1, 39, parle d'une lettre sur l'éloquence adressée par Tite-Live à son fils. La plus grande partie de sa carrière s'écoula à Rome, sans qu'il fût mêlé aux affaires publiques; mais il fut admis dans l'intimité d'Auguste et de sa famille. Il fait mention (IV, xx, 7) de renseignements qu'il tient de la bouche même du prince. Tacite (Ann., IV, 34) rapporte une anecdote célèbre, d'après laquelle l'empereur l'appelait en plaisantant Pompéien, parce qu'il avait comblé de louanges Pompée dans son histoire; le même auteur ajoute que l'amitié que le prince lui témoignait ne souffrit en rien de l'indépendance avec laquelle il avait parlé de Scipion, d'Afranius, de Brutus, de Cassius, se refusant à les appeler brigands et parricides, suivant l'usage que le zèle immodéré des courtisans avait introduit. Suétone enfin (Claude, 41) nous apprend qu'il avait exhorté Claude, alors jeune homme, à écrire l'histoire. Il vint sans doute poursuivre à Rome ses études commencées à Padoue, et son talent lui fit une place parmi les esprits distingués de tout genre qu'Auguste favorisait et dont il aimait à s'entourer. Quelle circonstance le rapprocha du prince? On ne le sait. Un érudit de la Renaissance, Sabellicus, suppose, et cette opinion a été reprise par Wolf, que son nom de Livius, et des rapports peut-être de clientèle établis avec la famille des Livius, à laquelle appartenait Livie, y contribuèrent. Une biographie trouvée sur un manuscrit d'Oxford et citée par Weingärtner, puis par Weissenborn, rapporte qu'il fut chevalier romain, equestri adscriptus ordini. Honoré probablement des bienfaits d'Auguste, qui ajoutèrent à sa fortune personnelle, il mena la vie des gens de lettres de ce temps, suivant l'expression de Wolf, obtenant la réputation de l'homme le plus éloquent après Cicéron et Asinius Pollion (Sénèque, Lettres, c, 9), et

prononçant des jugements littéraires dont quelques-uns sort venus jusqu'à nous. Quintilien, X, 1, 39, nous cite ce précepte contenu dans la lettre à son fils, où il recommandait de lire surtout Cicéron et Démosthène, et les autres écrivains à proportion de leur ressemblance avec Démosthène et Cicéron. Ailleurs, VIII, II, 18, il nous rapporte cette critique que faisait Tite-Live d'un maître qui recommandait à ses élèves de rendre obscur ce qu'ils disaient. L'écrivain dont Quintilien loue les qualités de clarté et d'abondance, clarissimus candor (X, 1, 101) et lactea ubertas (X, 1, 32), ne pouvait goûter l'obscurité et l'affectation d'archaïsme (Sénèq. le Rh., Controv., IX, xxv, 26). Aussi, au contraire de Tacite, qui a imité Salluste, se montra-t-il dur (iniquus, Sén. le Rh., Controv., IX, xxiv, 14) dans son appréciation du style de l'historien de Catilina et de Jugurtha.

Au rapport de Sénèque (Lettres, c, 9), Tite-Live s'appliqua à la philosophie, et écrivit même sur ce sujet : scripsit enim et dialogos, quos non magis philosophiæ adnumerare possis quam historiæ, et ex professo philosophiam continentes libros. Mais son œuvre principale, c'est la grande histoire qu'il entreprit à la force de l'âge et continua jusqu'à la fin de sa vie avec une application soutenue. On place en effet entre 727 et 729 le moment où il commença à écrire. Il donne, I, xix, 3, le nom d'Augusté à l'empereur, qui le portait depuis 727, et il ne parle pas de la seconde fermeture du temple de Janus, qui est de 729. D'un autre côté, le dernier événement qu'il signale est la mort de Drusus et l'expédition de l'hiver de 745 et du commencement de 146. Le tout comprenait 142 livres. Il est d'ailleurs fort vraisemblable que Tite-Live projetait de continuer son histoire jusqu'à la mort d'Auguste, de manière à faire 150 livres, et qu'il en fut empêché par la vieillesse et la mort. Dans le principal ms. des perioche, le Nazarianus, une note placée en tête du sommaire du livre CXXI nous dit qu'il fut publié après la mort d'Auguste, editus post excessum Augusti. De ces 142 livres nous n'avons que trente-cinq, les dix premiers qui comprennent les origines et le commencement de l'histoire romaine jusqu'au cens de 293 av. J.-C., 461 de Rome, et les livres XXI-XLV, où se trouvent contenus les événements de la seconde guerre punique et ceux qui se passèrent jusqu'en l'année 585, av. J.-C. 167. Le reste ne nous est connu que par les sommaires, perioche, d'un auteur anonyme, que l'on a cru quelquefois être Florus, dont quelques-uns sont d'une extrême brièveté et dont les numé

ros 136 et 137 sont perdus. La division de l'ouvrage en sections de plusieurs livres renfermant une suite d'événements qui peuvent se mettre sous un seul titre semble avoir appartenu à TiteLive lui-même. Les livres XXI-XXX comprennent le récit de la seconde guerre punique. Ceux qui portent les chiffres LXXILXXX embrassaient celui de la guerre sociale; le sommaire des livres CIX-CXVI dans le codex Nazarianus porte le titre de Bellum civile. Probablement la publication se faisait de cette manière et Tite-Live donnait au public une série de volumes, où il avait soin de renfermer le récit complet d'événements considérables. Cf. X, xxx1, 10: « Samnitium bella, quæ continua per quartum jam volumen agimus. » Et VI, 1, 1: « Quinque libris exposui. » Quant à la division en décades, comme elle correspond exactement pour certaines parties à la division adoptée par Tite-Live lui-même, elle semble être devenue d'assez bonne heure (dès le V° siècle) une manière régulière de partager l'ouvrage. Le titre authentique du livre, d'après le Palimpseste de Vérone, d'autres anciens manuscrits et le recueil des perioche, était Ab urbe condita libri. Tite-Live lui-même fait allusion à ce titre, VI, 1, 1.

Le texte de Tite-Live nous a été transmis par un grand nombre de manuscrits, dont le plus ancien est le Palimpseste de Vérone, où se trouvent des fragments des livres III-VI. Les manuscrits de la première décade portent diverses suscriptions. A tous les livres est ajoutée l'indication suivante: Victorianus V. C. emendabam domnis Symmachis. Les livres VI, VII et VIII ont en outre celle-ci: Nicomachus Flavianus V. C. III præfect. urbis emendavi apud Hennam; les livres III, IV et V, celle-ci Nicomachus Dexter V. C. emendavi ad exemplum parentis mei Clementiani. On en conclut que la première décade tout entière avait été revue par Victorianus; les deux Nicomachus ne se seraient occupés que de quelques livres. Mommsen ne croit pas que le Palimpseste de Vérone soit copié sur les manuscrits dont se sont servis les deux Nicomachus; il pense qu'il est issu d'un archétype commun aux deux recensions. Les représentants les meilleurs de la leçon des Nicomaque sont le Mediceus du XIe siècle, qui est, selon plusieurs éditeurs, le fordement du texte de la première décade, le Parisinus 5725, du Xe siècle, et le Romanus 3329, du XIe siècle. La troisième décade nous a été conservée par un ms. de Paris, du VI° siècle, le Puteaneus; de plus, pour les cinq derniers livres de cette

TITE-LIVE.

III-b

décade, il y a, comme source du texte, outre le ms. de Paris, un Spirensis, aujourd'hui perdu, dont les leçons sont connues par Rhenanus et Gelenius (cf. p. 416). La quatrième décade repose sur le Bambergensis, qui seul contient XXXIII, 1-17, et sur le Moguntinus, aujourd'hui perdu. Ce qui reste de la cinquième décade s'établit à l'aide du manuscrit du monastère de Lorsch, actuellement déposé à Vienne et qui est du VIe siècle.

Les principales éditions sont l'édition princeps de Jean, évêque d'Aléria, à laquelle manquent les livres XXXIII et XLI-XLV, celle de Venise de 1498, où plusieurs des lacunes des premières éditions sont déjà comblées, l'édition de Mayence, 1519, où il est fait usage du codex Moguntinus, celle de Bâle, 1531, de S. Grynæus, qui use du manuscrit de l'abbaye de Lorsch, aujourd'hui le Vindobonensis, enfin l'édition de 1616, où intervient la leçon du Bambergensis. Il faut y ajouter celle qui parut à Venise en 1555 avec les notes de Sigonius. L'édition ancienne qui fit faire le plus de progrès au texte de Tite-Live est celle de J. Frédéric Gronovius, qui parut pour la première fois à Leyde en 1645, et fut ensuite souvent réimprimée avec des notes et des additions. Nous ne pouvons en France négliger l'édition ad usum Delphini, qui parut en 1679 avec les suppléments de Freinsheimius, ni celle de Crévier, qui fut publiée in-4° à Paris de 1735 à 1742 et in-12 de 1747 à 1748, avec les mêmes suppléments. Cette édition, où l'auteur n'a peut-être pas tiré des manuscrits qu'il avait à sa disposition tout le parti qu'on aurait pu attendre, reste cependant méritoire par le caractère de netteté qu'elle présente dans les annotations, dont plusieurs contribuent à l'interprétation de passages jusque-là négligés ou mal compris. Toutes les éditions antérieures sont alors effacées par celle de Drakenborch, Leyde, 1738-1746. C'est celle qui, jusqu'à ces derniers temps, a joui de la principale autorité; mais, malgré les recherches par lesquelles l'auteur s'est efforcé de connaître toutes les ressources de la critique du texte, malgré l'em- . ploi assidu de tous les travaux qui ont précédé le sien, il a laissé encore des progrès à réaliser à ses successeurs. Il n'a pu avoir l'usage de tous les manuscrits réputés les meilleurs, il a négligé d'en collationner ou d'en faire collationner à nouveat: quelques-uns. Toutefois son texte et son interprétation ont été reproduits avec des améliorations de détail par Ernesti, qui y ajouta un glossaire encore utile, 1769, Kreyssig, 1823, Stroth, 1780-1784 Doering. 1796-1813, Ruberti, 1807-1809. Ce dernier a

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