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Dans le § 130 de sa grammaire, M. Menéndez Pidal dit à propos de et: «La copulativa et era en castellano mirada generalmente como átona y por lo tanto resultaba e; pero en leonés era tónica: ye, y lo mismo en castellano primitivo cuando sela consideraba acentuada por estar junto á un enclítico (los cuendes ye los res) y el diptongo se reduce a i (quel guardasse yl sirviesse.... is acorvan), especialmente cuando precedia á una e (el uno y el otro); luego la i se generalizó y hoy domina, salvo cuando sigue palabra que empiece con i-» La réduction de ie à i est à l'avis de l'auteur du même genre que celle qui a transformé Sietmancas, Sietcuendes en Simancas, Cifuentes, etc. (voir Gram. § 10, 2).

Nous croyons qu'il faut comprendre le développement de et > y et ye d'une autre façon. D'abord, il est certain que cette conjonction, qui sans doute peut de temps en temps prendre jusqu'à un certain degré l'accent, est pourtant presque toujours atone. C'est ce qui résulte par exemple du fait que cette particule est d'une façon générale incapable de servir d'appui à un pronom suivant. Aussi M. Meyer-Lübke1 regarde-t-il ce mot comme absolument atone. Pour l'espagnol, il conclut même à un développement dépendant de la position enclitique: padre y madre se trouverait à patre et matre dans la même relation que ley à lee (< lege). M. Baist, Gr. p. 895, partage l'opinion de M. MeyerLübke sur l'origine de y. Dans le discours rapide voyelle + e passait d'après lui facilement à voyelle + y: yoctu devenait yoytu comme soes devenait soys.

Cette explication de y paraît en effet très probable et préférable à celle de M. Menéndez Pidal. Car s'il faut regarder un et accentué comme existant seulement dans des cas exceptionnels, il est difficile de croire que ces cas auraient pu déter miner le développement d'un mot qui en position atone est peut-être le plus usité de la langue. Et on ne pourra guère non plus regarder le ye du léonais comme le produit d'une diphtongaison, puisque la diphtongaison n'a lieu que sous l'influence de l'accent.

1 Cf. Gram III. § 716 et 726.

Tableau statistique.1

Groupe I. Doc. VII 2, e; IX ye 2, 11, 12, hi el dia 5, e en 15, hi en 18, 18, 18; XV 2, e 32, 44, 47; XVI e, ye alos 2, yel 23, 34; XVIII e, hien 19, 39, 39, 39, hiel 34, hi este 34; XIX 2, ye; XX ye; XXII 2, signe rendu par et, y el 20, y tan buenos 21; XXIII, ye he 5, e todas 13: XXV e; XXVI 2, ela 24, 24, elo 31; XXX 2, elos 15, 17, ela 17; XXXI 2, ye anos 8, ie aluaroch 10; XXXII e, ye atorgo 31; XXXIII 2, ye, e 9, 23, Et 20, 30; XXXV 2, ela 9; XXXVIII 2, E 23, 29, 35, signe rendu par E, ye ela 39; XXXIX, ye; XL e; XLII 2 et, y, e, ye (voir ci-dessous); XLV ye, 2; XLVI 2, E, ye atodos 4; XLVII 2, ye auer, Bartolome ye ñra 5, yen II, y estas 16; XLVIII 2, ye, Et; L 2, yel 39, ye enne 55; LI 2, Et; LII 2, Et; LIV 2, E, ye; LVI e; LVII 2, Et, ye al 42; LVIII, ye aluaroc 6, 33, 46, 54, yen 11, yesta 16, yeste 28, ye ij 45, ye Uan 50; LIX e, en uida ye muerte 3, ye al 14; LX 2, Et; LXIII 2, Et, desse ye pora 18; LXIV 2, E; LXV 2, E; LXVI 2 do ye offrezco 2; LXVIII 2, Et; LXV 2, Et; LXXII 2, Et; LXXIII 2, Et; LXXIV 2, Et.

Groupe II. Doc. IV e, signe rendu par Et; XII ye; XXVIII 2, E; XLIII ye, 2; XLIV e, 2, ye en 10; LXVII 2, Et; LXIX 2, Et; LXXI 2, et; LXXV 2, Et, yel 2, parte ye donna 4, ye sos 4, 10, ye Diego 5, ye el 8, ye los 8, ye aun 12, yelos 16, ye los 26, ye el 28, ye otros 62, ye de 63; LXXVI, ya, e, E; LXXVII, ye, hie, he; LXXVIII ye, y el 8, y el 8, yela 10, y este 35; LXXXII 2, Et; LXXXIV 2, e yo 2, 3, 3, 3, e peche 21, ye appagamiento 10, ye en 11, ye auos 11, ye enayenada 14, ye a 14, ye esta 21, ye en 26, 26, 27 (4 f.), 28; LXXXV 2, e, E, he; LXXXVI e, ya este 15; LXXXVII 2, Et; LXXXVIII 2, e, ya outorgadores 23, ya leer 25, ya este 26; LXXXIX 2, ya a 21; XC 2, Et; XCVI 2, Et; IC, Et. Groupe III. Doc. XCI Et, signe transcrit par et; XCIII 2, et 35, elo 36; XCIV 2, Et; XCV 2, Et; XCVII 2, signe transcrit par et, 22, elo 22; CI 2, Et.

Un regard sur le tableau précédent montre que les notaires se servaient généralement du signe d'abréviation

pour

Les documents où et est toujours représenté par le signe n'entrent pas dans ce tableau. Pour les autres, nous indiquons les différentes formes, et, lorsqu'il y a lieu, les circonstances auxquelles est lié leur emploi.

désigner la conjonction et. Nous avons laissé le signe sans transcription étant donnée l'impossibilité de savoir quelle forme il représente chaque fois. Souvent on rencontre dans la même charte, ye, e, et, ou bien deux ou trois de ces graphies ensemble. Le premier document où l'on rencontre ye, c'est le n:o IX, qui en offre des exemples dans toutes les positions (devant une voyelle aussi bien que devant une consonne), excepté devant e où ye est remplacé par hi. Le doc. XVI emploie e dans toutes les les positions, mais, 1. 2, on trouve ye alos et 1. 23 yel. Le doc. XVIII a toujours e, excepté six fois où la conjonction, se trouvant devant un e, affecte la forme hi. Le doc. XXVI a toujours l'abréviation, excepté 1. 24: la casa ela eglisia ela heredat et, 1. 31, elo que. Les documents XXX et XXXV montrent e dans des conditions analogues. Nous passons au doc. XLII, qui offre un mélange très riche des différentes formes. La statistique que nous avons dressée de ces formes donne pour résultat que le signe abréviatif prévaut de beaucoup, étant employé en somme 52 fois, dont 40 fois devant une consonne, 12 fois devant une voyelle, qui 6 fois se trouve être un e. La forme ye est employée en somme 22 fois, dont 18 fois devant une voyelle, qui II fois est un e. On trouve encore et et e majuscule au commencement de la phrase, ce qui paraît avoir été d'un usage fréquent et qui apparaît presque régulièrement dans les chartes de la fin du siècle. En outre, e apparaît 9 fois à l'intérieur de la phrase, dont 6 fois devant lo, la, los, las.

Il résulte de ce que nous venons de dire et de notre tableau statistique dans sa totalité que, dans les documents où il y a concurrence entre plusieurs formes, ye se trouve plus souvent devant une voyelle que devant une consonne, et que cette forme se trouve avec une fréquence toute particulière devant un e C'est cette dernière position qui à notre avis a donné naissance à la forme ye, qui par conséquent serait due non pas à la diphtongaison, mais à un phénomène appartenant à la phonétique syntactique. On peut se demander si les cas où et était suivi d'un e étaient assez fréquents pour pouvoir déterminer la forme du mot. Il faut se rappeler à ce propos qu'en léonais l'article et le pronom personnel régime commençaient par cette voyelle. C'est là un

fait de la plus grande importance, vu la fréquence extrême de ces parties du discours et la fréquence très grande des cas où elles étaient précédées de et. Cette manière d'envisager le problème explique aussi pourquoi et devient ye justement dans le léonais et non pas dans les autres dialectes. Comme il résulte de nos documents et aussi, par exemple, de ceux publiés par M. Fernández-Guerra, la forme ye s'était de bonne heure généralisée, et les traces qu'on trouve de la différence originaire dans l'emploi de ye et e ne sont pas trop nombreuses. Parmi les exemples que nous venons de citer se trouvent aussi quelquesuns de e. Le fait que dans des chartes qui se servent presque exclusivement du signe, on trouve e justement devant lo(s), la(s), nous paraît fournir une preuve du rapport intime qui existe entre e et elos, etc. L'e représente dans ces cas non seulement la conjonction, mais aussi la voyelle initiale de illam, etc., conservée dans cette combinaison même si elle a disparu partout ailleurs.1

On pourrait objecter contre l'explication que nous venons de tenter que justement dans celles de nos chartes où e ne diphtongue pas, et ne donne pas non plus ye, mais e(t). A cela nous répondons que, même dans le centre et la partie orientale du Léon, la formation dont nous parlons n'est pas partout de la même fréquence et qu'il n'est en somme pas surprenant de trouver dans des chartes qui se rapprochent à plusieurs égards du portugais encore ce trait caractéristique de ce dialecte. Du reste, il y a un document où e ne diphtongue pas et qui a pourtant la forme ye, à savoir le n° LXXVIII. Dans le doc. LXXVI, la forme de et est ya (cf. p. 193), qui s'y trouve 23 fois devant une voyelle, laquelle 14 fois est a, et 12 fois devant une consonne. E y est employé 15 fois devant une consonne et I fois devant une voyelle. Au commencement de la phrase on trouve toujours E. Ces chiffres pourraient faire croire que ya <et a pris naissance dans la position devant a et ce serait alors avant tout la prép. a (<ad), qui aurait contribué à la création de cette forme, Mais, comme nous l'avons déjà dit, il est plus probable que ye est devenu ya par la voie phonétique.

1 Autre circonstance à noter: des doc. qui se servent d'une façon générale de l'art. fém. la, emploient ela après 2 (e), tels VIII 10, 11, 29, XLII 25, LXIV 54.

Si par conséquent ye est, à notre avis, le résultat d'une fausse analyse de la combinasion y+el, ela, elo, etc., il reste à expliquer l'origine de cet y. Nous avons déjà cité l'explication de M. Meyer-Lübke et de M. Baist, qui pour le castillan nous paraît satisfaisante. Mais cette explication ne suffit pas pour le léonais. Si l'y de ye dépendait ici de la position après une voyelle, on s'attendrait à trouver non seulement e et ye, mais aussi y. Or cette forme existe, mais presque toujours devant un e (cf. doc. IX XVIII etc), ce qui rend probable que e (<et) a d'abord passé à i devant un e suivant: e ella > yela > ye ela ou ye la.

Remarque. On pourra comparer cette explication de ye à come et coma (fr., it., cat., etc.) de com+e(t) et com+a(d). Voir Vising dans les Abhandlungen A. Tobler dargebracht p. 113 ss.

L'autre cas où l'on a vu, et avec raison, une diphtongaison particulièrement léonaise, est représenté par certaines formes de esse.1

Tableau statistique.

Groupe I. Doc. XX yes 15; XXIV yera 7; XXVI yes 5; XXXII yes 11, 15, 16, 17, 18, 18, 30, 31; XLIII ye 35; LIV ye 7, 32; LXIII ye 47; LXVIII ye 53, 59.

Groupe II. Doc. XXVIII ye 23, 34; LV yera 9; LXXV ye 23, 29; LXXVII ye 32, 41, 51, 56, hierant 25; LXXXI yera 6; LXXXII ye 8, 11, 20; LXXXIV ye 9; IC ye 10.

Groupe III. Doc. XIV hye 27, yhe 30; CI ye 98, 101, yera 3.

Quant à ces formes, qui, comme on le voit, sont beaucoup moins répandues que ye <et, il n'y a pas de raison pour douter qu'on ne soit en présence d'une vraie diphtongaison. Ces formes pouvaient très bien porter l'accent, et il y avait sans doute une forme diphtonguée pour la position accentuée et une forme sans diphtongue pour la position atone. Bientôt les deux formes ont commencé à être employées l'une pour l'autre, et quelquefois ye est la seule usitée. Dans le doc. XXVI, on trouve les deux formes régulièrement employées: 1. 5 la nuestra casa que yes del hospital (yes = appartient), mais 1. 38 el otra es carral etl

1 Voir Gessner p. 27.

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