Immagini della pagina
PDF
ePub

liénables, dont ils ne peuvent par aucun contrat priver, ni dépouiller leur postérité; que tout gouvernement tire fon droit du peuple (1); qu'aucune autorité ne peut être exercée fur le peuple, que celle qui fera émanée du peuple, ou accordée par le peuple (2); que les différens officiers du gouvernement, revêtus d'une autorité quelconque législative, exécutrice ou ju diciaire, fes magiftrats, fes chefs, font les man dataires, les fubflituts, les agens, les ferviteurs du peuple (3), & lui font comptables dans tous les tems (4); que le but de l'inftitution du maintien & de l'administration de tout gouvernement (qui n'eft & ne peut être établi que pour l'avantage commun, pour la protection & la fùreté du peuple, de la nation ou de la communauté, & non pour le profit ou l'intérêt particulier d'un feul homme, d'une famille, ou d'un affemblage d'hommes (5), qui ne font qu'une partie de cette communauté) eft d'affurer l'existence du corps politique, de le protéger & de procurer aux individus qui le compofent la faculté de jouir en fûreté & avec tranquillité de leurs droits naturels; que tout corps politique eft formé par une affociation volontaire d'individus

(1) Confitution de Delaware, art. I. Maryland, ib. &c. &c,

(2) New York, art. I. & les autres conftitutions. (3) Maffachusets, art. V.

(4) Virginie, art. VI. Pensylvanie, art. IV,

45) Conflitution de Pensylvanie, art. V.

ment,

obligés les uns envers les autres; enfuite d'un contrat focial, par lequel le peuple entier convient avec chaque citoyen, & chaque citoyen avec le peuple entier, que tous feront gouvernés par certaines loix, d'une maniere uniforme (1), & pour l'avantage commun (2); que la jouiffance par le peuple du droit de partici pation à la légiflation eft le fondement de la liberté & de tout gouvernement libre (3); que tout peuple a droit de changer fon gouvernequand ces objets ne font pas remplis ; la doctrine de non-réfiftance contre le pouvoir arbitraire & l'oppreffion étant abfolument abfurde, fervile & deftructive du bien & du bon. heur du genre humain (4). Tels font les principes généraux de la confédération Américaine. Que l'on ouvre leur code (5) on y lit: les privileges exclufifs font odieux & contraires à l'efprit d'un gouvernement libre ils ne doi vent point être foufferts (6) aucun homme, ni aucune corporation d'hommes, ne peuvent avoir droit à des émolumens ou à des privileges diftincts ou exclufifs (7), à moins que

(1) Virginie, art. XVI.

[ocr errors]

(2) Maffachufets, préambule de Penfylvanie, ib. (3) Maryland, art. V.

(4) Maryland, art. IV. Delaware, art. V.

(5) CONSTITUTIONS des treize Etats-Unis de l'Amériqué, ouvrage imprimé à Paris avec permiffion, & traduit par un duc & pair.

(6) Conftitution de Maryland, art. XXXIX.

(7) Conftitution de la Caroline-Septentrionale, art. III.

2

ce ne foit en confidération de services rendus
au public. Pour conferver fon indépendance,
tout komme s'il n'a pas un bien fuffifant)
doit avoir quelque profeffion ou quelque métier,
faire quelque commerce, ou tenir quelque fer-
me, qui puiffent le faire fubfifter honnêtement.
Il ne peut donc y avoir néceffité ni utilité d'é-
tablir des emplois lucratifs, dont les effets or-
dinaires font, dans ceux qui les poffedent ou
qui y afpirent, une dépendance & une fervi-
tude indignes d'hommes libres, &, dans le peu-
ple, des querelles, des factions, la corruption
& le défordre (1).
). Le corps législatif aura
foin de diminuer les profits de tout emploi,
qui deviendra affez lucratif pour émouvoir le
défir, & attirer la demande de plufieurs per-
fonnes (2). Les titres ne font par leur na-
ture ni héréditaires, ni tranfmiffibles à des en-
fans, à des defcendans, à des parens; l'idée
d'un homme né magiftrat, législateur, ou ju-
ge, étant abfurde & contre nature (3).
L'ariftocratie ne fauroit être que nuifible (4).
Il ne doit être accordé ni titres de noblefie, ni
honneurs héréditaires (5).

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Egalité naturelle égalité politique — égalité civile:-telle eft la doctrine des légiflateurs Amé

(1) Pensylvanie, art. XXXVI.

(2) Id. art. XXXVI.

(3) Maffachusets, lere. part. art. V.

(4) Penfylvanie, art. XIX.

(5) Maryland, art. XL. & toutes les autres.

ricains. Leurs loix en préfentent une applica tion continuelle, non-feulement en faveur des peuples qui fe font donné ces loix; mais en faveur de tous les hommes indiftin&tement, &. de ceux-là même que le defpotifme univerfel des nations, compofées cependant de leurs freres, a jufqu'ici le plus impitoyablement dégradés & affervis. » Aucune perfonne importée » d'Afrique dans cet état, ne fera déformais » tenue en esclavage, fous aucun prétexte, & » aucun esclave negre, indien, ou mulâtre, ne fera amené dans cet état, de quelque » partie du monde que ce foit, pour y être » vendu. a (CONSTITUTION de la Delaware, art. 26.) Et dans le plan de gouvernement provifoire, adopté par le congrès, pour les dix nouveaux états, appellés Territoire occidental, & formés dans les contrées entre le lac des Bois & le confluent de l'Ohio & de Miffiffipi, on trouve l'article fuivant: » Après l'anné » 1800 de l'ère chrétienne, il n'y aura, ni » efclavage, ni fervitude, involontaire dans

aucun defdits états, finon pour punition du » crime que l'accufé aura été dûment convaincu a d'avoir commis en perfonne. a

On peut dire que l'Amérique a donné un fpectacle nouveau, dont la politique n'offre point d'exemple. On voit paroître chez un peuple inftruit & guidé par des hommes habiles & prévoyans, une conftitution mûrement réfléchie, unanimement adoptée, & folemnellement proclamée.

( Monthly review. )

LETTRES fur la France, l'Angleterre & l'Italie ; par le comte F. D. H., chambellan de S. M. Imp. & R. A Geneve, 1785, in- 8vo. de 250 pag. & le trouve à Liege, chez Defoer.

CES

Es lettres, dédiées à l'amitié, font écrites avec une naïveté & une facilité qui attache le lecteur. L'auteur ne fe préfente pas avec la morgue d'un favant: il montre fes vues & fes recherches fur les pays qu'il a vifités. Sans être profond, il a faifi avec jufteffe, & préfente de même les objets qui fe font offerts à lui. Ses relations commencent à Rheims, dont il admire la cathédrale, & deux abbayes de bénédictins : mais la cérémonie du facre l'attachoit beaucoup plus à cette ville, que le peu de monumens qu'elle renferme auffi la quitte-t-il bientôt pour fe rendre à Paris, vafte tableau qui réunit fous un point de vue tout ce que le François a de bon & de mauvais.

L'auteur, après avoir vu par lui-même bien des foibles dans l'efprit parifien, en fait un éloge, qui prouve affez bien la facilité du cœur François. » Mettez la vertu à la mode, & tout Paris »fera vertueux. Présentement la mode vient de » faire la loi aux meres d'allaiter leurs enfans ; » auffi voit-on beaucoup d'élégantes, faire gloire » de fe montrer comme nourrices, non-feule»ment dans leurs maisons, mais même dans les " promenades publiques.... Le François, dans » les premiers élans de fa jeuneffe, me paroît trop occupé de fes amufemens pour être fort

« IndietroContinua »