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une partie de cette proposition comme la pensée du sujet principal, alors même que, pour une raison ou pour une autre, elle n'est pas au mode du style indirect (le subjonctif).

2, 55, 6 tum Volero, ubi indignantium pro se acerrimus erat clamor, eo se in turbam confertissimam recipit (« là où il voyait que...; » le subjonctif ne serait pas ici de mise).

26, 38, 1 Hannibalem ante omnia angebat quod Capua pertinacius oppugnata ab Romanis quam defensa ab se multorum Italiæ populorum animos averterat (« ce fait que le siége de Capoue, qu'il n'avait pas défendue, comme il le sentait bien lui-même, avec autant d'opiniâtreté que les Romains en avaient mis à l'attaquer, lui avait aliéné... ; » s'il y avait avertisset, cette conséquence de la prise de Capoue ne serait plus présentée comme un fait, mais comme une simple idée d'Annibal).

28, 8, 14 quia res in Græcia tranquillas et profectio Attali fecerat et in tempore laborantibus sociis latum ab se auxilium, retro in regnum concessit (« voyant la tranquillité rétablie en Grèce, etc.; » avec fecisset, le sens changerait : « parce que, pensait-il, la tranquillité était rétablie »). 39, 23, 6 una eum res maxime angebat, quod, qui Macedonum ab se defecerant in bello, in eos jus sæviendi ademptum ei ab senatu erat. - «Les Macédoniens qu'il savait l'avoir abandonné pendant la guerre, le sénat lui avait ôté le droit de les punir. » Il a plu à T.-Live de présenter la seconde partie de la phrase (in eos, etc.) comme un fait indépendant, et non comme une partie de la pensée de Philippe.

1, 17, 2 ne, quia post Tatii mortem ab sua parte non erat regnatum, possessionem imperii amitterent (ce qui leur donnait cette crainte, c'est qu'ils voyaient que, etc.).

8, 35, 1 stupentes tribunos et suam jam vicem magis anxios quam ejus cui auxilium ab se petebatur (« pour lequel ils voyaient qu'on leur demandait leur secours; » avec peteretur, la phrase semblerait signifier : « pour lequel on leur demanderait leur secours »).

E. Enfin il arrive quelquefois que dans une proposition subordonnée, qui ne dépend pas proprement de la pensée du sujet de la proposition principale, on renvoie néanmoins à ce sujet au moyen du réfléchi. Cette irrégularité semble se rencontrer surtout dans des cas où le sujet principal peut encore être considéré comme étant d'une certaine manière le sujet logique de la proposition subordonnée.

7, 37, 3 centum boves militibus dono dedit qui secum in expeditione fuerant (= quos secum habuerat).

27, 51, 13 Lucanorum qui suæ dicionis erant in Bruttium agrum traduxit (ceux qu'il avait en sa puissance).

2, 43, 6 quantum in se fuit (dans la mesure où il le pouvait ). · De

même chez Corn. Nép., Iph., 3, 4, au lieu que Cicéron dit, p. Flacco, 25, 61, « quantum in ipsis fuit. »

37, 25, 4 non civitatium modo quæ circa se erant contrahebat præsidia (les villes qu'il trouvait autour de soi). — M. Madvig supprime se, peutêtre à tort.

M. Dräger, p. 71 de la 2e éd., cite encore 38, 2, 2, « cum duobus milibus Athenæum, quod unum a præsidio suo retentum fuerat, pervenit; » — mais je crois qu'ici suo se rapporte tout simplement au sujet grammatical de la proposition (1).

Pour des exemples d'autres auteurs, v. Dräger, § 30. Lupus, p. 105106; tous deux confondent les deux cas D, E, que nous avons cru devoir distinguer. Dans la plupart des exemples que cite M. Dräger, la proposition subordonnée dépend de la pensée du sujet principal; ainsi chez Sall., Jug. 88, «statuit urbes quæ viris et loco pro hostibus et advorsum se opportunissimæ erant singulas circumvenire, » le sens est : « les villes qu'il savait être, etc.; » si l'on mettait essent, la phrase signifierait : « les villes qui seraient, » ce qui est tout différent. Toutefois il y a des passages qui ne s'expliquent pas par cette considération; ainsi le vers d'Horace, Epist., 2, 1, 83, « vel quia nil rectum, nisi quod placuit sibi, ducunt (ce qu'ils ont trouvé bon) rentre dans notre catégorie E; un autre exemple qui rentre également dans cette catégorie est le passage trèsremarquable de Plaute, Rud., prol. 47, « is leno, ut se æquomst, flocci non fecit fidem; » M. Naudet rapproche ce dernier passage d'un fragment de Turpilius (Nonius, liv. IV, s. v. tangere, p. 475 de l'éd. Quicherat), «mi est iratus pater, quia se tetigi,» mais ici la proposition subordonnée fait partie de la pensée du sujet principal (2).

Il ne me semble pas du reste que tous les exemples de M. Dräger soient cités à propos; ainsi dans le passage de Caton, De re rust. 157, sua culpa veut dire évidemment « par sa propre faute. » De même, sur les neuf exemples de Cornélius Népos qu'il cite, les deux premiers sont à rayer (3).

Les autres passages de Cornélius Népos sont fort intéressants: Att., 12, 3, « cum L. Saufeii equitis Romani, æqualis sui, - IIIviri bona

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(1) Au même endroit M. Dräger cite 37, 41, 8. « armatas quadrigas, quia, si in extremo aut in medio locatæ forent, per suos agendæ erant, in prima acie locaverat rex; » bien qu'on puisse à la rigueur rapporter suos à quadrigæ (cf. § 5, « quadrigæ in suos terrorem verterunt »), je pense, comme M. Dräger, qu'il vaut mieux le rapporter à rex; mais suos veut dire ici « ses propres soldats» et par conséquent cet exemple est à ajouter à ceux que nous avons donnés p. 95-96.

(2) Un emploi curieux du réfléchi se rencontre dans l'inscription citée plus haut (Willmanns, Exempla inscr. Lat., 2711) : «< ob merita ejus quæ in se sæpius libens contulit » (se représente le nom de la personne qui élève la statue ).

(3) Epam., 8. 3, il faut peut-être lire ausus fui[sse]t au lieu de ausus fuit.

vendidissent consuetudine ea qua tum res gerebantur, Attici labore atque industria factum est, etc., » cum vendidissent est le motif qui fait agir Atticus. Le réfléchi s'explique aussi sans peine dans les deux passages Dat., 6, 8 (« ce qu'il avait vu imaginer pour sa perte ») et Ep., 3,5 (« quand il voyait un de ses concitoyens, etc.»), plus difficilement dans le passage Ag., 7, 4, « domo eadem fuit contentus qua Eurysthenes, progenitor majorum suorum, fuerat usus » (pensée d'Agésilas? c'est le motif qui l'empêche de quitter cette maison). Enfin, si dans les exemples qui précèdent il est possible de rattacher la proposition incidente à la pensée du sujet de la proposition principale, le passage Att., 16, 4, << non enim Cicero ea solum quæ vivo se acciderunt futura prædixit, rentre évidemment dans notre catégorie E « les événements qu'il vit arriver de son vivant. »

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PRÉTENDU EMPLOI DE IPSE AU LIEU DU RÉFLÉCHI POUR
ÉVITER L'ÉQUIVOQUE (1).

>>

On trouve dans certaines grammaires cette règle que, lorsque, dans une proposition subordonnée, l'emploi du réfléchi pourrait faire équivoque, on doit employer ipse pour renvoyer au sujet de la proposition principale et réserver le réfléchi pour renvoyer au sujet de la proposition subordonnée (2). Posée dans ces termes, cette règle ne peut pas se défendre, comme le démontre très-bien M. Dräger. Les Latins ne se préoccupaient pas le moins du monde d'éviter les équivoques apparentes qui pouvaient résulter de l'emploi du réfléchi; on en a vu plus haut des exemples assez concluants. D'autre part on trouve ipse au lieu du réfléchi dans des phrases où il ne pourrait y avoir aucune équivoque. Ailleurs on rencontre ipse employé exactement de la même façon au nominatif ou pour remplacer le pronom is, c'est-à-dire dans des cas où l'on ne pourrait pas employer le réfléchi. Enfin il n'est pas vrai que dans les propositions subordonnées ipse ne puisse pas renvoyer au sujet de la proposition subordonnée; M. Dräger donne des exemples du contraire; on y peut ajouter:

Cornélius Népos, Them., 7, 6, Lacedæmonios autem (c'est Thémistocle qui parle) male et injuste facere qui id potius intuerentur quod ipsorum (« leur propre » ) dominationi quam quod universæ Græciæ utile esset. Quare, si suos [2] legatos recipere vellent, se [1] (d'après la prétendue règle il faudrait ipsum) remitterent.

(1) Dräger, p. 81-82 de la 2o éd. Kühnast, p. 112 et suiv. Grysar, p. 158 et suiv. (2) Cette règle parait avoir été inventée par Laurentius Valla (Lorenzo della Valle) dans son ouvrage : De reciprocatione sui et suus liber (réédité en 1846), ch. 10.

Hann., 8, 2 alii naufragio, alii a servulis ipsius (« ses propres ») interfectum eum scriptum reliquerunt. Il pourrait très-bien y avoir suis,

mais le sens : « ses propres esclaves » serait moins accusé.

Ce qui est vrai, c'est que ipse s'emploie dans le style indirect comme dans le style direct, lorsque le sens le demande, c'est-àdire lorsque l'on veut faire ressortir un sujet en l'opposant à un autre. Or il peut arriver que, le sujet de la proposition principale étant en opposition avec le sujet de la proposition subordonnée, le sens demande qu'on appuie sur le premier; on renverra donc au sujet de la proposition principale par ipse plutôt que par le réfléchi (1). Ce sont de pareils passages qui ont pu tromper des observateurs superficiels. Voici, par exemple, deux passages de César qui semblent justifier la règle traditionnelle: De b. G., 1, 13, 5, « ne ob eam rem aut suæ magnopere virtuti tribueret aut ipsos despiceret. 1, 40, 4 « cur de sua virtute aut de ipsius diligentia desperarent? » Il est vrai que dans le second de ces deux passages sua répété deux fois serait inintelligible (dans l'autre se, au lieu de ipsos, se comprendrait fort bien); mais il y a, en outre, dans l'un et l'autre cas une opposition, et l'emploi de ipse sert à faire ressortir le second terme de cette opposition, lequel représente le sujet de la proposition principale. « Ne va pas pour cela te prendre pour un grand général ou nous mépriser, nous.» « Pourquoi désespérez-vous de votre courage ou de mon zèle à moi? »

D

La grammaire latine de Burnouf (5° éd., p. 222) cite, comme exemple de l'emploi de ipse pour éviter l'équivoque, Salluste, Jug., 46, igitur (Jugurtha) legatos ad consulem - mittit qui tantummodo ipsi liberisque vitam peterent; » l'exemple est bien mal choisi outre que sibi ne pourrait point faire ici d'équivoque sérieuse, qui ne voit que ipsi veut dire « pour lui personnellement, » par opposition à liberis? Les passages de cette espèce sont très-fréquents; chez T.-Live j'ai noté: 1, 4, 3 « aut ipsam aut stirpem. » 1, 26, 12 « nec patris nec ipsius. » 2, 31, 3 « ipsi posterisque. » 2, 51, 8 ipse exercitusque. » 3, 34, 2 « ipsis liberisque corum. » 9, 5, 9, « ipsi majoresque eorum. » 40, 5, 1 « ipsum liberosque ejus. » 45, 44, 7 « ipsum comitesque ejus, » etc., tous passages où il n'y aurait pas lieu d'employer le réfléchi.

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(1) On peut dire encore que l'on emploie ipse au lieu du réfléchi toutes les fois que, dans le style direct, le sens demanderait qu'on exprimât au nominatif le pronom personnel, ego ou nos: T.-Live, 26, 37, 7, « pudebatque adeo se spretos ut sedentibus ipsis ad Romana monia alia porta exercitus Romanus in Hispaniam duceretur» (style direct : « adeo spreti sumus », « dum nos sedemus >>).

Voici encore des exemples instructifs :

César, de b. G., 1, 44, 8: quid sibi [2] vellet (Cæsar)? cur in suas [1] possessiones veniret? provinciam suam [1] hanc esse Galliam, sicut illam nostram. Ut ipsi (st. dir. « à moi non plus ») concedi non oporteret, si in nostros fines impetum faceret, sic item nos esse iniquos, quod in suo jure se interpellaremus.

Corn. Nép., Milt., 3, 5, Histiæus Milesius ne res conficeretur obstitit, dicens non idem ipsis (st. dir. « nous-mêmes »), qui summas imperii tenerent, expedire et multitudini, quod Darii regno ipsorum (« notre propre » niteretur dominatio : quo exstincto ipsos (« nous-mêmes ») potestate expulsos civibus suis pœnas daturos; itaque adeo se (st. dir. « moi ») abhorrere a ceterorum consilio ut nihil putet ipsis (« nous, personnellement ») utilius quam confirmari regnum Persarum.

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Cic., De div., 1, 19, 36, condemnemus, inquam, hos aut stultitiæ aut vanitatis aut impudentiæ, qui CCCCLXX milia annorum, ut ipsi dicunt, monumentis comprehensa continent, et mentiri judicemus nec sæculorum reliquorum judicium, quod de ipsis futurum sit, pertimescere (st. dir. « nous aussi, nous serons jugés; » de se ne ferait aucune équivoque). Sall., Jug., 38, tametsi ipsum cum exercitu fame, ferro clausum teneret, tamen se memorem humanarum rerum, etc. Ici ipsum remplace eum, c'est-à-dire le pronom de la seconde personne du style direct (« toi en personne, et avec toi ton armée »). Si c'était Aulus qui parlât à Jugurtha, il lui dirait de même : « tametsi ipsum (« moi en personne ») cum exercitu clausum teneret, tamen se orare ut humanarum rerum memor esset; » ipsum aurait évidemment le même sens qu'il a dans la phrase de Salluste, et cependant on ne manquerait pas de voir dans cet exemple une confirmation de la règle traditionnelle.

M. Kühnast, p. 117, cite encore divers passages de Cicéron et de César (1). Nous nous contenterons de donner la liste de ceux que nous avons notés chez T.-Live :

26, 37, 7 pudebatque adeo se spretos ut sedentibus ipsis ad Romana monia alia porta exercitus Romanus in Hispaniam duceretur (v. la note (1) de la page 114; se ne ferait aucune équivoque).

31, 26, 6 ut, dum Philocles contineret urbe Athenienses, ipsi Piræeum expugnandi facultas esset (« ego interea Piræeum expugnabo; » sibi ne ferait aucune équivoque).

(1) P. 118, note 73a), il cite trois passages de Quintilien, qui sont très-intéressants: 6, 3, 28. 6, 3, 32. 5, 2, 2; dans la même expression Quintilien emploie deux fois ipse, parce que la pensée contient une opposition; une autre fois au contraire il met le réfléchi, parce que le sens n'exige pas qu'on marque cette même opposition: «< vel quod reccidere etiam in ipsos qui objecerunt potest,»« qui ne id quidem quod in ipsos reccidere possit evitent, »> << nec libenter exemplum quod in se fortasse reccidat facit. >>

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