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qu'elle opposa à Miltiade dans le même temps, quoiqu'elle dût éprouver bientôt après le même sort que le reste des îles, et qu'elle fût obligée de reconnaître la domination des Athéniens. Nous ne connaissons pas exactement la constitution des autres petites îles; chacune renfermait une ville du même nom, et dont le territoire était l'île elle-même.

son

e. La Crète. Les habitans de cette île n'étaient pas seulement des Hellenes; c'était un mélange de Curètes, de Pélasges, etc., auxquels se joignirent des Hellènes, de race dorienne et éolienne. Dans les plus anciens temps, la Crète avait ses rois, parmi lesquels Minos, vers 1300, vraisemblablement le premier souverain de l'île entière; Rhadamanthe, frère, Idoménée, et Mérion, qui suivit ce prince à la guerre de Troie, et qui lui succéda, sont les plus célèbres. Étéarque, vers l'an 800, fut le dernier de ces rois; après lui la forme du gouvernement devint républicaine. Dès le temps de ces rois, la Crète était puissante sur mer, et l'on attribue à Minos la gloire d'avoir nettoyé la mer Égée des pirates qui l'infestaient, d'avoir possédé l'île et assuré la navigation. La législation des Crétois, que Lycurgue prit, dit-on, pour modèle, et qui fut depuis si célèbre, est communément regardée comme l'ouvrage de ce prince. Mais il est encore bien plus difficile de démêler ce qui appartient à Minos, que ce qui appartient à Lycurgue; et le plus habile critique ne peut guère arriver à d'autre résultat satisfaisant, que de reconnaître que tout ce qu'on lui a attribué ne saurait véritablement lui appartenir, et qu'un grand nombre de prétendues institutions, dont on veut qu'il soit l'auteur, n'étaient proprement que des usages anciens, consacrés parmi les Doriens. La position de la Crète, qui, comme île, ne se trouvait pas facilement en butte aux attaques des étrangers, et le voisinage de l'Égypte et de la Phénicie, devaient naturellement contribuer à y développer les germes la civilisation. L'abolition du gouvernement monarchique paraît y avoir été amenée par des troubles intérieurs, auxquels elle demeura encore exposée même sous le régime ré¬ publicain. Ces troubles avaient leur source dans la rivalité des

de

deux plus puissantes villes, Gnosse et Gortyne, qui, lorsqu'elles étaient unies, dominaient toutes les autres; mais, quand elles étaient en querelle, la paix de l'île entière était troublée; et alors Cydonie, en se joignant à l'un ou à l'autre des deux partis, faisait pencher la balance. Les règlemens relatifs à la vie privée, prescrits par les lois qu'on attribuait à Minos, et qui ressemblaient beaucoup à ceux de Sparte, furent introduits dans toutes les villes de l'île; mais ils tombèrent plus promptement en désuétude dans les villes que dans les campagnes. Sans doute chaque ville avait sa constitution intérieure propre; chacune avait son sénat (yapcuoía) à la tête duquel étaient dix inspecteurs (xóoua), ou suprêmes magistrats, pris parmi des familles particulières, et qui devaient aussi commmander les troupes pendant la guerre. Les Crétois n'eurent que rarement, et même presque jamais, occasion de la faire contre les étrangers; mais ils ne la firent que plus souvent les uns contre les autres, ce qui devait nécessairement amener la dégradation de leur constitution et de leur caractère national.

MEURSII Creta, Rhodus, Cyprus, 1675, 4. Laborieuse compilation. Cependant les inscriptions que CHISHULL a fait connaître dans les Antiquit. Asiat., 1728, in-fol, ont répandu une nouvelle lumière sur ce sujet. Ce dernier ouvrage a été mis à contribution par

Sainte-Croix, Des anciens gouvernemens etc. (voyez cidessus, p. 140); c'est le principal ouvrage sur la Crète.

f. Cypre. Cette île fut aussi toujours habitée par des peuples fort mêlés, qui, du temps même d'Hérodote, faisaient remonter leur origine, les uns aux Phéniciens, les autres aux Africains ou Ethiopiens, d'autres à des Grecs de l'Arcadie, de l'Attique et de l'île de Salamine, dont la ville de Salamine, fondée par Teucer, vers 1160, était une colonie. Il est certain que, dans les anciens temps, les Phéniciens avaient exercé sur cette île une longue domination; car, à l'époque de la plus grande prospérité de Tyr, les Cypriotes se révoltèrent contre ce peuple qui les opprimait, dans le même temps que Salma

nassar l'attaquait, vers l'an 720. Depuis cette époque, Cypre paraît avoir conservé d'étroites relations avec les Phéniciens, mais elle ne fut plus dans leur dépendance. Plusieurs petits royaumes se formèrent même alors des différentes villes de l'île : on en compte neuf qui furent tributaires des Égyptiens, sous Amasis, vers 550; des Perses sous Cambyse, vers 525, quoiqu'elles conservassent toujours leurs rois. Pendant la domination persane, les Cypriotes prirent souvent part aux révoltes contre les Perses; surtout les rois de Salamine, qui étaient alors les plus puissans. Dès l'an 500, Onésilus passa du côté des Ioniens rebelles, mais il fut vaincu. Dans la guerre des Perses contre les Grecs, qui suivit bientôt après, Cypre fut souvent attaquée par les flottes des Grecs confédérés (par Pausanias, en 470, et, sous le règne d'Évagoras 1o, en 449, par Cimon, qui mourut au siége de Citium); néanmoins les Perses n'en furent point chassés, et paraissent s'y être maintenus même après la paix, en 449. Parmi les princes qui régnèrent depuis à Salamine, Evagoras II, entre les années 400 et 390, paraît avoir été maître d'une grande partie de l'île. Mais par la paix d'Antalcidas, en 387, Cypre ayant été cédée aux Perses, il fut obligé de soutenir contre eux une guerre dans laquelle il ne conserva que Salamine. Enfin, en 356, les Cypriotes prirent aussi part à la révolte des Égyptiens et des Phéniciens; à cette occasion, les Perses envoyèrent contre eux une armée, sous la conduite du jeune Évagoras, qui avait été chassé par son oncle Protagoras, et de l'athénien Phocion; ils assiégèrent Salamine. Cependant cette affaire fut terminée par un accommodement. Au reste les neuf petits royaumes subsistèrent dans l'île jusqu'au temps d'Alexandre ; ils se déclarèrent pour ce monarque, en 332, pendant le siége de Tyr, et par là Cypre devint une dépendance de la monarchie macédonienne.

2. HISTOIRE DES COLONIES GRECQUES (1).

Histoire critique de l'établissement des Colonies grecques, par Raoul Rochette; Paris, 1815, vol. IV, le traité le plus ample sur ce sujet; il embrasse non-seulement les colonies grecques, mais aussi les colonies anciennes des Pélasges, et celles plus récentes des Macédoniens. Beaucoup d'érudition, mais peu de critique des sources.

Notions historiques et géographiques sur les colonies grecques par D. H. Hegewisch. Altona, 1808, in-8° (en allemand). Excellente dissertation sur ce sujet.

De l'état et du sort des Colonies des anciens peuples, par Sainte-Croix. Paris, 1786. Éclaircissemens très-précieux.

1. Aucun peuple de l'ancien monde ne conduisit audehors autant de colonies que les Grecs et ces colonies sont, sous plusieurs rapports, devenues tellement importantes, qu'on ne saurait absolument embrasser dans son ensemble l'histoire ancienne sans en avoir connaissance. Car c'est à elles que se rattache, en grande partie, non-seulement l'histoire de la civilisation de leurs métropoles, mais aussi celle des premières relations commerciales des hommes. D'ailleurs, quelques-unes de ces colonies devinrent si puissantes, qu'elles eurent la plus grande influence sur les événements politiques.

2. Les colonies des Grecs dont il est ici question sont celles qui furent fondées par les Hellènes depuis l'invasion dorienne jusqu'à l'époque de la domination

(1) Pour qu'on puisse plus facilement saisir l'ensemble de l'histoire des colonies, nous la continuerons sans interruption jusqu'à la fin de la période suivante.

macédonienne. A la vérité on ne saurait douter que, même avant le temps de cette grande révolution, des colonies de Pélasges et même d'Hellènes ne soient passées en Italie: mais parmi ces premiers établissements, les uns ne nous sont que très-imparfaitement connus, les autres finirent par cesser d'être Grecs. Quant aux colonies qui furent fondées postérieurement par les Macédoniens, elles étaient d'une tout autre espèce.

3. La race des Hellènes s'étendit uniformément à l'est, aussi bien qu'à l'ouest de la Grèce. Mais les établissemens des Grecs se bornaient aux côtes de la mer Méditerranée et à celles de la mer Noire. Leurs principales colonies étaient, à l'est, les côtes de l'AsieMineure et de la Thrace; et à l'ouest, celles de l'Italie inférieure et de la Sicile. Cependant il s'en trouvait encore quelques-unes éparses sur les côtes de la plupart des autres pays.

4. Les colonies grecques furent fondées en partie par des vues politiques, et en partie pour donner de l'étendue et de l'activité au commerce. A la première classe appartiennent, sans exception, toutes celles que la mère-patrie établit immédiatement elle-même; à la seconde, celles qui étaient fondées par d'autres colonies, parvenues par le commerce à un haut degré de prospérité. En un mot, presque toutes les colonies grecques ont été plus ou moins des villes commerçantes, même celles qui dans l'origine ne semblaient pas destinées à le devenir.

5. Les rapports entre les colonies et leur métropole, étaient déterminés en grande partie par les motifs de leur établissement. Quand une ville était fondée par des citoyens que le mécontentement ou la violence forçait à sortir de leur pays, son indépendance se trou

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