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analysions dernièrement, mais un monument splendide élevé à l'Art, un livre nourri d'idées, un véritable traité d'éthique écrit par un philosophe et un poète. Zweig a trouvé en Verhaeren la plus haute expression de la poésie moderne. Il l'appelle le plus grand de nos lyriques d'Europe et peut être le seul des hommes de nos jours qui ait eu la conscience claire de ce que le présent enfermait de poésie. Le livre déborde d'enthousiasme et de cette ferveur qui est dans la théorie de l'auteur le faîte de l'art. Il étudie Verhaeren dans toute sa carrière d'écrivain depuis les Flamandes jusqu'à Toute la Flandre; il établit la progression constante du poète depuis le réalisme parnassien du début jusqu'au lyrisme idéal de ses œuvres dernières en passant par les tragiques années de crise maladive. L'exemple de Verhaeren lui sert pour étayer de maîtresse façon sa conception de l'art qui écarte le poète des voies battues de la mélancolie, du sentimentalisme et des autres manifestations du moi pour le ramener à une conception plus moderne de l'humanité qu'il doit embrasser toute entière pour en célébrer l'effort de bonté et d'amour. Certes on peut ne pas partager l'enthousiasme de Zweig pour Verhaeren, on peut même affirmer qu'il se trompe certainement en disant que Verhaeren est le seul des poètes modernes de langue française qui soit devenu vraiment populaire parmi ses compatriotes nous n'avons pas de poète populaire fermera pas le livre sans convenir qu'il y a de la beauté et de la grandeur dans l'œuvre de Verhaeren, qu'il y a de l'ampleur et de la séduction dans les théories esthétiques de Zweig et que lui-même a fait œuvre de poète. En tout cas, nul ne pourra comprendre clairement la poésie de Verhaeren et la juger avec sûreté s'il n'a lu l'ouvrage de Zweig dont les traducteurs ont fait un livre absolument français, ce qui n'est pas un moindre mérite. FRITZ MASOIN.

IO-II.

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LANGUES ET LITTÉRATURES GERMANIQUES.

mais on ne

G. Kalff, Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde. Vijfde deel. Groningen, J. B. Wolters, 1910. VIII-600 pp. in-8°. 6 fl. 5o. J. te Winkei, De ontwikkelingsgang der Nederlandsche letterkunde, 3e deel. Haarlem, De erven van F. Bohn, 1910. 674 pp. in-8°. 8 fl. Le cinquième volume du bel ouvrage de M. le professeur Kalff comprend d'abord la suite du xvIIe siècle (voyez Bulletin, t. XII, p. 267), à savoir la prose (pp. 1-68), le théâtre (pp. 69-315). l'évolution des formes littéraires, de la théorie et de la critique (pp. 316-366), suivis d'un chapitre sur le mouvement littéraire en Belgique pendant la même période (pp. 367-427). Le reste du volume est consacré à une époque bien moins importante, la première moitié du XVIIIe siècle.

L'auteur, après un coup-d'oeil général (pp. 428-439), passe en revue la production des deux premières générations d'écrivains : les poètes (pp 441-509), les auteurs dramatiques (pp. 510-527), les prosateurs (pp. 528 553) et termine par une transition à la seconde moitié de ce siècle : les avant-coureurs d'une vie nouvelle (pp. 554 584)

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Nous savons déjà que M. Kalff fait autre chose qu'énumérer des écrivains plus ou moins intéressants et disserter sur la valeur d'œuvres qui ne méritent pas d'être tirées de l'oubli. Ce qu'il nous dépeint, c'est le mouvement littéraire au milieu des autres manifestations de la vie de tout un peuple, c'est la littérature comme miroir de la civilisation d'une époque. Tout en ne négligeant aucune expression de cette activité, il ne se perd pas dans le détail et ne fatigue pas le lecteur par des particula ités superflues. Aussi bien, personne ne s'avisera de reprocher au savant auteur d'avoir traité avec beaucoup d'ampleur la période la plus intéressante et la plus féconde en œuvres de grande valeur, le siècle d'or » de la littérature; cependant on pourrait trouver quelque peu étrange. qu'après avoir consacré près de 900 pages à la littérature des Provinces-Unies, il n'octroie pas même la quinzième partie à l histoire littéraire de nos provinces. Sans doute, au xviie siècle, la Belgique n'est plus à la tête; la splendeur des temps antérieurs a fait place à un déclin, un dépérissement, qui deviendra dans la suite de la décadence; mais nous ne sommes pas encore à une situation si lamentable, qu'elle mérite à peine 60 pages sur au-delà de 1000. N'y a til pas là un manque de proportion? Il est encore vrai que l'histoire de la littérature, dans nos provinces, peut être comparée à un champ à peine défriché ; cela excuserait l'auteur de n'être point parvenu à nous présenter une récolte abondante, mais ne saurait le justifier d'avoir renoncé à tout essai ultérieur de défrichement.

Loin de nous cependant de vouloir exagérer l'importance de ce détail; nous en faisons volontiers abstraction pour décerner à ce volume les mêmes éloges qu'aux précédents.

Nous n'avons pas moins de bien à dire du troisième tome de l'histoire de M. te Winkel. Il est consacré tout entier à l'époque que l'auteur qualifie de « francisation de la littérature », et qu'il fait aller de 1680 à 1780. Nous voyons, en effet, l'influence française à son apogée dès la fin du xvIIe siècle, spécialement au théâtre, où domine la tragédie classique » de Racine et de Corneille et la comédie de Molière. Mais presque aussitôt commence, sur la prose, l'influence de la littérature anglaise et peu après, vers le milieu du xvIIe siècle, celle de la littérature allemande, de sorte qu'il est peut-être excessif de caractériser cette période en l'appelant tout court imitation de la France.

L'ouvrage du professeur d'Amsterdam offre des qualités aussi solides, bien que différentes, que celui de son collègue de Leiden. Au lieu d'adopter la division un peu arbitraire de M. Kalff quatre générations d'auteurs par siècle M. te Winkel suit strictement l'ordre chronologique, ce qui, malheureusement, nuit parfois au coup d'œil d'ensemble. Du reste, comme nous l'avons déjà fait observer, il est difficile de comparer ces deux histoires. En effet, les deux savants ne considèrent pas l'évolution littéraire du même point de vue; ils n'ont pas la même conception de l'histoire de la littérature. De profondes divergences doivent en découler quant à l'importance relative qu'ils attribuent à beaucoup de faits. Notons simplement que M. te Winkel s'arrête beaucoup plus longtemps que M. Kalff à la première moitié du XVIIIe siècle; il est parfois plus complet; il s'étend davantage sur les productions des écrivains principaux, comme Langendijk, les frères van Haren, etc. Michel de Swaen, pour relever encore ce détail, est examiné avec plus de développements, bien que M. te Winkel n'en exagère nullement l'importance. En somme, le dernier volume de l'ouvrage du professeur d'Amsterdam, pour être conçu tout autrement que celui de M. Kalff, n'en offre pas moins un égal intérêt et n'en possède pas moins une valeur aussi grande. A celui qui veut étudier d'une façon approfondie l'histoire de la littérature néerlandaise, les deux ouvrages sont également indispensables. C. LECOUTEre.

12.

P. Leendertz Jr., Het leven van Vondel. Geïllustreerd onder toezicht van E. W. MOES. Amsterdam, Meulenhoff et C°, 1910. XIV-398 pp. in 8°. 5 fl. go.

Nous sommes heureux d'annoncer aux lecteurs du Bulletin la monographie que M. Leendertz vient de consacrer à Vondel, le prince des poètes néerlandais. C'est un ouvrage de haute vulgarisal'auteur adresse à tout lecteur instruit ; il ne suppose chez lui aucune connaissance spéciale du sujet, aucune étude préliminaire. En même temps, il a voulu écrire un livre qui fût à la hauteur de la

tion,

que

science actuelle.

Disons aussitôt que M. Leendertz a pleinement atteint ce double but. Il est parfaitement au courant de toutes les questions que soulève l'étude de la vie et de l'œuvre de Vondel (1); malheureusement, il ne s'est pas efforcé de les exposer d'une façon objective, s'abstenant

(1) On est cependant surpris que M. Leendertz ne parle pas de la traduction en prose que Vondel entreprit de la Jérusalem délivrée du Tasse, mais qui ne fut jamais publiée. Quelquefois aussi, M. Leendertz avance des choses qu'il ne. prouve pas suffisamment, ou se laisse entraîner par des suppositions gratuites.

de toute controverse et discussion et ne communiquant que les résultats acquis, ou du moins, ceux qu'il considère comme tels. Néanmoins son livre, écrit d'un style simple et limpide, se lit très facilement; le lecteur le moins initié n'a aucune peine à suivre et à comprendre l'auteur; tout est clair et bien ordonné.

L'ordre chronologique s'imposait dans cette vie de Vondel; cela va de soi. A la fin cependant, M. Leendertz aurait pu, en guise de conclusion générale, grouper ensemble les traits caractéristiques de l'homme, du poète, de son œuvre. On regrettera peut-être encore que le savant auteur ne donne pas assez de détails sur les ouvrages de Vondel; par exemple, sur le sujet et la valeur esthétique de certains poèmes et tragédies; M. Leendertz renonce trop souvent à en examiner le mérite littéraire. S'il craignait des redites, pourquoi ne pas aborder, dans un chapitre spécial, quelques-uns de ces problèmes? Mais ne soyons pas trop exigeants. Tel qu'il est, le livre de M. Leendertz présente au public un portrait réussi du grand poète; ce n'était pas chose facile à réaliser et nous devons lui savoir gré de s'être imposé cette tâche. Il a su augmenter encore la valeur de sa publication en s'assurant la collaboration de M. Moes; c'est à lui que nous sommes redevables des nombreuses illustrations, parmi lesquelles nous relevons sept portraits de Vondel. Ces gravures « illustrent » réellement le texte ; elles sont caractéristiques, choisies avec discernement; on n'attendait d'ailleurs pas autre chose de la part du distingué conservateur du cabinet des gravures.

Enfin, ce qui ne gâte rien, l'exécution typographique mérite tous nos éloges. C. LECOUTERe.

13. A. Bley. Eigla-Studien. Gand, Van Goethem, 1910. 253 pp. 13 fr. (Recueil de travaux publiés par la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Gand.)

Dans ce livre, M. Bley, professeur à l'Université de Gand, examine une série de questions se rattachant à l'Eigla, c'est-à-dire à la saga d'Egil Skallagrimsson, une des plus belles sagas de l'ancienne Islande. L'Eigla est avant tout une œuvre poétique ; l'auteur était à la fois poète et historien; la saga vise la glorification de l'illustre famille des Sturlungar; Snorri Sturluson en est l'auteur, mais il ne l'a pas achevée. La discussion de ces questions et de plusieurs autres nous ont particulièrement intéressé et c'est avec une réelle curiosité que nous avons pris connaissance des arguments variés que M. Bley apporte en faveur de ses théories.

Se plaçant à un point de vue spécial, M. Bley se plaît visiblement à critiquer l'exactitude de maintes opinions défendues par des islan

distes de la compétence d'un Karl Maurer et d'un Finnur Jónsson. Il s'attache à bouleverser quelque peu les idées reçues et invoque à l'appui, nous ne dirons pas de ses affirmations, mais de ses négations, des raisons qui certes frappent à première vue, mais qui nécessitent, pour être admises, un contrôle minutieux. Parmi ces raisons, il en est d'inattaquables; d'autres, assez nombreuses, sont sujettes à caution. Les doutes qu'il émet si hardiment au sujet de l'authenticité de Kveldulf, le grand père d'Égil, ne feront-ils pas rêver quelque peu les naïfs savants qui s'imaginaient jusqu'à ce jour que la saga ne rapportait que des choses basées sur la réalité des faits? C'est que les hypothèses, dans le livre de M. Bley, prennent une place vraiment trop grande; elles se suivent, s'accumulent et s'enchevêtrent parfois, si bien qu'enfin de compte le lecteur embarrassé, désorienté, ne sait plus ce qu'il faut croire ou ne pas croire.

M. Bley combat tant d'idées, il conteste tant de théories qui ont eu cours jusqu'ici ! Or, il ne suffit pas de démolir; il s'agit de reconstruire. C'est ce que M. Bley ne fait guère. Il pose des questions comme celle-ci : Qui a achevé la saga, si ce n'est pas Snorri ? Il écrit à ce sujet une longue dissertation et finit par conclure qu'il n'en sait rien. Dans un domaine où les points de repère sont si fuyants, il est prudent, sans doute, d'éviter les affirmations catégoriques. Mais n'estce pas abuser de la bonne volonté du lecteur que de le mener à travers un dédale interminable de suppositions. pour ne laisser subsister que le doute et l'incertitude? Rares sont les points obscurs ou controversés sur lesquels il ait réussi à faire la lumière.

Rendons à M. Bley cet hommage d'avoir scruté jusque dans ses éléments intimes la structure de la saga d'Egil, dont il analyse mainte page avec beaucoup de finesse et de bon sens. Il fait ressortir les aspects originaux de la vie sociale et politique, de l'idéal littéraire et esthétique des anciens Islandais. Mais tout ce faste d'érudition, tout cet étalage de savoir est-il bien ici à sa place? En mainte page on croirait assister à un cours de littérature universelle. Certains chapitres ne constituent, au fond, que des amplifications de théories générales (Voyez la dissertation relative aux caractères distinctifs d'une œuvre poétique, p. 67 et suiv.), où abondent les hors-d'œuvre, où l'esprit de l'auteur accuse des tendances trop franchement négatives, et dont il est difficile de dégager quelques résultats nets, positifs et définitivement acquis.

Pour ces raisons, l'ouvrage, qui témoigne cependant de patientes recherches et d'un travail opiniâtre, ne donne guère satisfaction à ceux qui espèrent y trouver la solution des questions posées en première page.

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