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lorsqu'il mourut. On le fait vivre, lui et Narcisse, deux ans plus qu'ils n'ont vécu. Je n'aurais point parlé de cette objection, si elle n'avait été faite avec chaleur par un homme qui s'est donné la liberté de faire régner vingt ans un empereur qui n'en a régné que huit, quoique ce changement soit bien plus considérable dans la chronologie, où l'on suppute les temps par les années des empereurs.

Junie ne manque pas non plus de censeurs. Ils disent que d'une vieille coquette, nommée Junia Silana, j'en ai fait une jeune fille très sage. Qu'auraient-ils à me répondre, si je leur disais que cette Junie est un personnage inventé, comme l'Émilie de Cinna, comme la Sabine d'Horace? Mais j'ai à leur dire que s'ils avaient bien lu l'histoire, ils auraient trouvé une Junia Calvina, de la famille d'Auguste, sœur de Silanus, à qui Claudius avait promis Octavie. Si je la présente plus retenue qu'elle n'était, je n'ai pas ouï dire qu'il nous fût défendu de rectifier les mœurs d'un personnage, surtout lorsqu'il n'est pas connu.

L'on trouve étrange qu'elle paraisse sur le théâtre après la mort de Britannicus. Certainement la délicatesse est grande de ne pas vouloir qu'elle dise en quatre vers assez touchants, qu'elle passe chez Octavie. Mais, disent-ils, cela ne valait pas la peine de la faire revenir, un autre l'aurait pu raconter pour elle. Ils ne savent pas qu'une des règles du théâtre est de ne mettre en récit que les choses qui ne se peuvent passer en action, et que tous les anciens font venir souvent sur la scène des acteurs qui n'ont autre chose à dire, sinon qu'ils viennent d'un endroit, et qu'ils s'en retournent en un autre.

Tout cela est inutile, disent mes censeurs; la pièce est finie au récit de la mort de Britannicus, et l'on ne devrait point écouter le reste. On l'écoute pourtant, et même avec autant d'attention qu'aucune fin de tragédie. Pour moi, j'ai toujours compris que la tragédie étant l'imitation d'une action complète, où plusieurs personnes concourent, cette action n'est point finie, que l'on ne sache en quelle situation elle laisse ces mêmes personnes. C'est ainsi que Sophocle en use presque partout: c'est ainsi que dans l'Antigone il emploie autant de vers à représenter la fureur d'Hémon et la punition de Créon après la mort de cette princesse, que j'en ai employé aux imprécations d'Agrippine, à la retraite de Junie, à la punition de Narcisse, et au désespoir de Néron, après la mort de Britannicus.

Quoi qu'il en soit, je n'ai point prétendu empêcher qu'on ne parlât contre mes ouvrages; je l'aurais prétendu inutilement. » Faites, au choix, quelques remarques syntaxiques.

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Les fouilles de la basilique des Saintes-Perpétue-et-Félicité nous ont fourni, au milieu des inscriptions si nombreuses qui ont été exhumées, un bloc de grès tendre sur lequel fut gravé deux fois l'alphabet.

Ce bloc mesure 52 centimètres de longueur et 42 centimètres de hauteur avec une épaisseur de 28 centimètres.

La partie qui porte les lettres, a été raclée pour obtenir une surface assez unie. On a peut-être ainsi effacé plusieurs inscriptions succes. sives, car la pierre est considérablement entamée.

L'alphabet le plus complet se lit dans la partie supérieure de cette sorte de tableau d'école. Celui qui a gravé l'alphabet a d'abord tracé les dix premières lettres sur une même ligne complétée par M avec oubli de la lettre L, puis il a continué au-dessous par quatre ou cinq lettres dont l'ordre n'est pas régulier, car O est placé avant N. Cette seconde ligne se termine par les lettres P Q. Enfin, l'auteur de cet exercice a complété son alphabet, en gravant les cinq dernières lettres au-dessus de la première ligne.

L'œuvre du débutant se présente donc ainsi :

RS TuX

A B C DEGHIKM

ON P Q

Plus bas, dans l'angle inférieur de la pierre, se voit un second essai d'alphabet. On ne distingue plus que quelques lettres, mais il est facile de reconstituer celles qui manquent. En voici la copie :

abc DEFGHI
Kim NO P r
stux

Ce double alphabet, tracé d'une main inhabile, sans doute d'une main d'enfant commençant à écrire, sur un grès tendre, c'est-à-dire sur une « pierre de sable », rappelle et explique peut-être une singulière expression de Tertullien dans son traité du Manteau, « de Pallio ». Il appelle << primus numerorum Arenarius », le « pédagogue » qui enseignait à tracer les premiers caractères, chiffres ou lettres.

Le mot « Arenarius » désignait, d'ordinaire, celui qui, dans l'amphithéâtre, répandait le sable dans l'arène ou qui était chargé de l'enlever après les spectacles.

On a pensé que le pédagogue était appelé par Tertullien « Arenarius, parce qu'il enseignait les enfants en écrivant et en faisant écrire sur le sable. Il semble plus naturel d'admettre que le pédagogue faisait écrire ses élèves, pour leurs débuts, non directement sur le sable, mais sur des pierres tendres, « sablonneuses », faciles à racler, comme celle que le grammairien Servius appelle « Arenarius lapis ». Notre découverte ne vient-elle pas confirmer cette explication?

D'après Tertullien, l'« Arenarius », cet instituteur primaire, tout comme les poètes, les grammairiens, les sophistes, les rhéteurs, les médecins, les musiciens, portaient le manteau grec. Le prêtre de Carthage qui, au grand étonnement de ses concitoyens, l'avait adopté, en fit l'éloge par son traité « de Pallio » et le défendit spirituellement, avec verve, ironie et bonne humeur contre les railleries et plaisanteries dont il était l'objet. « Réjouis-toi, ô pallium », s'écrie Tertullien; tressaille d'allégresse, car une philosophie meilleure t'a jugé digne d'elle, depuis que tu as commencé à revêtir un chrétien.»

Mais revenons à nos alphabets tracés sur la pierre de sable. Ils révèlent que, dans le personnel attaché à la basilique de sainte Perpétue et de sainte Félicité, quelqu'un était chargé d'apprendre aux enfants à lire et à écrire.

Chacune des églises de Carthage possédait peut être son école. L'antique église primatiale représentée aujourd'hui par les vastes ruines de « Damous-el-Karita », avait, assurément, son école de lecteurs, annexe de la résidence épiscopale, de la « domus episcopi ».

Une découverte récente réalisée dans les dépendances de la basilique de « Damous-el-Karita », nous fait encore connaître un abécédaire.

Cette fois, il n'est pas gravé sur une pierre de sable, mais sur une pierre plus dure, sorte de calcaire gris connu en Tunisie sous le nom de « Saouân ».

La plaque, épaisse de quatre centimètres et demi, en mesure

quinze de hauteur et vingt-neuf de longueur. L'alphabet y est ainsi disposé :

ABCDEFGHIK L M

N O P Q R S T V X G
OQORS

Les lettres ont trente-cinq millimètres de hauteur.

Celui qui les a gravées semble avoir placé intentionnellement six autres caractères en dehors de l'ordre alphabétique. Il y a là, sans doute, un exercice pour la lecture.

Le triple alphabet que nous avons trouvé dans les basiliques de Carthage se compose de vingt et une lettres. C'est l'alphabet latin sous sa forme primitive, tel qu'on le voit sur les murs de Pompéi. Il se termine par X, cette lettre que Quintillien appelait « ultima

nostrarum ».

Nos alphabets de Carthage semblent remonter au ive siècle. Ceux qui se lisent sur la pierre de sable sont peut-être plus anciens.

Les élèves de nos écoles primaires, des écoles enfantines peuvent envier le sort de leurs devanciers qui vivaient aux premiers siècles de l'ère chrétienne sur le sol de la Tunisie. Leur mémoire avait quatre lettres de moins à retenir pour apprendre à lire. C'était un avantage sur notre temps.

A la fin du Ive siècle, nous voyons qu'en Afrique on fait usage d'un alphabet qui comptait déjà quelques lettres de plus.

En 393, saint Augustin composa, contre les donatistes, un chant populaire connu sous le nom de « psaume abécédaire », parce que l'auteur, pour faciliter la mémoire des fidèles, y suivit l'ordre alphabétique. Il en parle lui-même en ces termes :

« Voulant mettre la cause des donatistes à la portée des plus humbles intelligences, j'ai composé, suivant l'ordre des lettres latines (« per latinas litteras »), un psaume que je désirais entendre chanter. Je n'ai pas été plus loin que la lettre V. On appelle ces chants abécédaires, « Tales autem abecedarios appellant J'ai laissé de côté les trois dernières lettres; mais à leur place, j'ai mis un épilogue où l'Église adresse la parole comme une mère à ses enfants...

» Ce cantique commence ainsi :

<< Omnes qui gaudetis de pace, modo verum judicate. »

>> Vous tous qui vous réjouissez de la paix, jugez maintenant de la vérité.

» Tel est le refrain. »>

Les trois lettres qui manquaient au psaume abécédaire de saint Augustin devaient être X, Y et Z. On voit par là que l'alphabet du temps de saint Augustin n'était déjà plus l'alphabet latin primitif.

C'est à peu près vers cette époque que l'on constate l'usage de tracer la croix en tête de l'alphabet.

Le double alphabet de la basilique des Saintes-Perpétue-et- Félicité, ainsi que celui de la basilique de Damous-el-Karita, tous deux conservant le nombre primitif des lettres de l'alphabet latin paraissent plus anciens.

Nous avions déjà trouvé sur les monuments de Carthage les premières lettres de l'alphabet, telles que A B et A B C. On peut voir dans une vitrine du musée Lavigerie un vase d'argile que l'on croit avoir servi de bénitier pour l'administration du baptême. Il porte la croix accostée des trois lettres A B C et accompagnée de poissons.

Ici, les lettres A B C, comme la simple lettre A sur un autre vase chrétien du même genre exposé dans la même vitrine, symbolisent le commencement de la vie chrétienne par le baptême, le sacrement qui est appelé la porte des autres sacrements. Elles symbolisent aussi le début de l'enseignement chrétien, les premiers rudiments de la foi, tels que le signe de la croix, le nom du Sauveur.

Quant aux poissons, ils symbolisent les fidèles puisant la grâce dans les eaux du baptême. A. L. DELATTRE,

des Pères Blancs.

PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.

290.

ANTIQUITÉ CLASSIQUE

W. Kalb, Wegweiser in die roemische Rechtssprache. Leipzig, Otto Nemnich, 1912. 152 pp.

M. Kalb est connu depuis longtemps par ses études sur la langue des jurisconsultes romains (Das Juristenlatein. 2te Aufl. Nürnberg, 1888; Roms Juristen nach ihrer Sprache dargestellt. Leipzig, 1890), par ses rapports sur les jurisconsultes romains dans le Jahresbericht de Bursian (1896, 1901, 1907), et surtout par sa grammaire latine spécialement destinée aux candidats juristes qui n'ont pas appris le latin dans leurs Humanités (Spezialgrammatik zur selbständigen Erlernung der roemischen Sprache für lateinlose Jünger des Rechts. Leipzig, Nemnich, 1910. (7 m. 50). Le guide dont nous voulons parler aujourd'hui s'adresse aux élèves en droit qui ont fait des études gréco-latines; ce sont les humanistes que l'auteur veut initier à la langue du droit, surtout à celle du Digeste. En effet, le droit romain ne dispose plus, dans les universités allemandes, du grand nombre d'heures qu'on lui

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