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que

établit une mission à Démérari, et en dépit d'une opposition trèsforte, elle obtint des succès immenses. Des chapelles furent bâties, de nombreuses congrégations de nègres furent instruites, non-seulement dans la religion, mais dans les doctrines de subordination civile. En 1816, John Smith fut choisi pour la mission difficile de Démérari, comme un des hommes les plus irréprochables, qui unissait à un zele ardent un profond savoir, du jugement et de la fermeté. Il se conforma de tout point à ses instructions. Malgré le peu d'égards qu'on lui témoigna, il mit dans sa conduite autant de prudence que de patience et de bonté. A son arrivée, il se rendit chez le gouverneur Murray, et en reçut la permission de commencer ses travaux. Il s'assura aussi de l'approbation du planteur sur les propriétés duquel était située la chapelle. Une fois en mesure, il ne s'occupa plus de sa tâche évangélique. Sa congrégation ne s'élevait pas à plus de 800 personnes ; et dans une seule année (1822) il en baptisa 462, célébra 114 mariages, et admit à la communion 203 convertis. L'ordre, la régularité dans le travail, furent les résultats salutaires de son exemple et de ses leçons. Loin de rendre justice à sa douceur et à son mérite, les créoles le prirent en haine ; ils redoutaient son influence sur l'esprit des nègres ; ils craignaient surtout de voir s'accomplir par lui la réforme morale des esclaves, qu'ils seraient alors obligés de traiter comme des hommes, et non comme des bêtes de somme. La suppression de la lettre de lord Bathurst, et différentes mesures de la chambre des communes, firent croire aux malheureux nègres que le gouverneur avait reçu l'ordre de les mettre en liberté, et qu'il ne voulait pas le leur faire connaître. A la même époque, la défense qu'on leur fit de se réunir à l'église vint encore les exaspérer. La révolte commença et s'étendit à cinquante habitations. Il était sans doute urgent de la réprimer pour la sûreté des blancs et pour la tranquillité de la colonie ; mais un événement bien remarquable et presque sans exemple dans une insurrection de cette nature, c'est que les esclaves qui s'étaient soulevés, et qui s'étaient emparés par la force de tous les blancs qui habitaient cinquante plantations, ne versèrent pas une seule goutte de sang. D'après le propre bulletin du gouverneur, il y eut beaucoup plus de deux cents nègres de tués, quand on envoya des troupes contre eux; et parmi les blancs, un seul soldat fut légèrement blessé. Dans la soirée du 18 août, le gouverneur se trouva au milieu de deux ou trois cents insurgés, et leur parla pendant une demi-heure, sans qu'on fit contre lui la moindre tentative. Le colonel Sealy, n'ayant avec lui qu'une

poignée d'hommes, fut entouré par un parti de rebelles considérable, tous armés ; et les ayant sommés de mettre bas les armes, ils le firent aussitôt. Pourrait-on croire, après de tels faits, que cette révolte fût le fruit d'un complot préparé de longue main? M. Austin, ecclésiastique de l'église établie dans la colonie, et par conséquent prévenu contre M. Smith, dit, à l'occasion de cet événement: « Je n'hésite point à déclarer, d'après la connaissance intime des faits dont j'ai été témoin, et sur lesquels j'ai pris des renseignemens exacts, que, dans le dernier châtiment que la main de Dieu a infligé à ce malheureux pays, l'instruction religieuse que M. Smith a donnée aux esclaves, et les principes de l'Évangile de paix qu'il leur a prêché, ont pu seuls prévenir une terrible effusion de sang, et sauver même la vie aux personnes qui aujourd'hui, (je frémis en l'écrivant) voudraient le faire périr. » — M. Smith fut en effet arrêté comme l'un des principaux instigateurs de la révolte. On l'enleva de chez lui; on s'empara de tous ses papiers, et l'on convoqua une cour martiale pour le juger. On l'accusait d'avoir eu des relations avec un des chefs de la rébellion, d'avoir reçu des présens des nègres, de leur avoir enjoint de ne point travailler le dimanche, d'avoir excité en eux un sentiment de mécontentement de leur sort; enfin, d'avoir connu le projet de révolte et de ne l'avoir point dénoncé aux autorités. On ajoutait que, sachant bien que Quamina était un insurgé, il avait eu des communications avec lui, et ne l'avait pas arrêté. Toutes ces accusations étaient si peu fondées qu'elles furent démenties, non-seulement par une foule de témoins, mais aussi par les papiers mêmes où l'on espérait trouver de quoi faire condamner le malheureux Smith. On avait saisi chez lui un journal que sa femme même ne connaissait pas, et qui renfermait ses pensées les plus intimes. Plusieurs passages furent lus au tribunal, et tout ce qu'on put y découvrir, ce fut une grande tristesse causée par les traitemens cruels que subissaient les malheureux esclaves: Du 22 mars 1819: tandis que j'écris ceci, disait-il, mon cœur frémit au dedans de moi, en entendant continuellement résonner les coups de fouet. » et plus loin : « Il me semble très-probable qu'ils (les nègres ) finiront par sentir l'injustice de la conduite dont ils sont victimes. Je croirais qu'il est de mon devoir d'en dire mon opinion à quelques-uns des chefs de la colonie; mais je crains que l'on n'en prenne occasion de persécuter davantage les pauvres esclaves, ou que l'on ne me force au silence, en exigeant de moi que j'incrimine en particulier quelques-uns de ces malheureux. » Il est difficile d'imaginer une âme plus candide, plus pieuse et plus

noble que celle qui se manifeste dans cet écrit, destiné à n'ètre jamais lu. Après avoir clairement démontré qu'il n'avait pris aucune part au tumulte, M. Smith dit devant la cour: Il faut qu'il y ait une causé à la révolte, et l'on a voulu prouver que j'étais cette cause. Cette tentative ayant échoué, mes accusateurs ont seulement prouvé qu'ils pensaient qu'il existait une cause à la révolte. Quelle est-elle ? je vais vous le dire. Il y en a plus d'une. 1° Un travail immodéré; 2o la sévérité des traitemens; 3° une opposition constante aux instructions religieuses; 4° l'ignorance où l'on tient les esclaves des règlemens concernant le fouet et les divers châtimens. Je puis prouver et je prouverai toutes ces causes, si la cour veut me permettre d'appeler en témoignage. « Cette proposition fut rejetée. Il n'en fut pas même fait mention dans les minutes. Après une procédure illégale et d'un odieux arbitraire, la cour condamna M. Smith à être pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive. » Cependant, le tems refroidit un peu la haine de ses ennemis, et cédant peut-être à l'horreur que leur inspirait leur propre conduite, ils le recommandèrent à la merci du Roi, en envoyant sa sentence en Angleterre pour y être ratifiée. Mais, avant que la décision pût être connue, M. Smith était mort. La faiblesse de sa santé, jointe à son emprisonnement, et au dénument complet dans lequel il fut laissé, avança la fin de sa vie. Il mourut, le 6 février 1824, à deux heures du matin. Parmi les médecins chargés d'examiner le cadavre, il y en eut un qui déclara que la petitesse de la chambre dans laquelle on avait tenu le prisonnier, son humidité, sa malpropreté, avaient beaucoup hâté les progrès d'une maladie de poitrine dont il était menacé depuis longtems. Mais cette cause fut omise dans le rapport. L'enterrement eut lieu, par ordre du gouverneur, à 4 heures du matin. Le gouverneur ne permit à personne d'y assister, pas même à la femme de son infortunée victime. Mme Smith fut obligée, pour obéir à cet ordre barbare, de se rendre en secret au lieu de la sépulture pour y attendre le corps. Telle fut la fin d'un des plus vertueux missionnaires qui aient jamais existé. L'atroce vengeance des colons et l'infamie de ce jugement inique sont dévoilées dans l'écrit que nous annonçons; un mot du gouverneur suffit pour le faire connaître. Quand M. Smith arriva, et se rendit chez lui, il lui demanda comment il comptait instruire les negres. « Il répondit : « en leur prêchant, en les catéchisant, et en leur enseignant à lire. » Le gouverneur répliqua avec irritation. « Si j'apprends jamais que vous enseiguiez à lire aux esclaves, je vous bannis de la colonie. L. Sw. B.

T. XXIV. — Octobre 1824.

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14. The Mechanic's weekly Journal. — Journal hebdomadaire de l'artisan, ou Recueil d'inventions, d'expériences, de projets, de perfectionnemens, etc., à l'usage des artisans.-Ce journal, publié à Londres, par MM. Westley et Parrish, Strand, n. 159, paraît le samedi matin. On le trouve chez Underwood, Fleet-Street. Prix, 3 d. ou 6 sols, par numéro.

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15. Mechanic's Magazine, etc. Magasin, musée, registre, journal et gazette de l'artisan. Ce journal paraît aussi à Londres, le samedi matin; et le même jour, on le trouve dans tous les lieux éloignés de moins de 1oo milles de la capitale. Il est publié par par MM. Knight et Lacey; 55, Pater-Noster-Row. Prix, 3 d. par

numéro.

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16. The Artisan; or Mechanic's instructor, etc. L'artisan, on aide-instructeur de l'artisan pour les instituts. Ce petit ouvrage se publie par feuilles, dont chacune paraît de deux samedis l'un. Les rédacteurs traiteront successivement la géométrie, la mécanique, l'hydrostatique, la pneumatique, la chimie, l'optique et l'astronomie. Londres, Hodgson, 10, Newgate-Street. Prix 3 d.

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17. The Chemist.-Le Chimiste.-Les rédacteurs de ce journal sont ceux du Magasin de l'artisan, MM. Knight et Lacey. Les époques de publication et les prix sont les mêmes.

Tandis qu'il se trouve en France des gens qui voudraient refuser l'instruction aux artisans, et les réduire à l'état de machines industrielles; nos voisins s'attachent à répandre dans les ateliers, nonseulement assez de connaissances pour guider les ouvriers dans la pratique; mais aussi, des théories, l'histoire des sciences, et celle des savans les plus illustres. Les ouvrages périodiques, tels que ceux que nous réunissons dans cette notice, ne sont pas une spéculation typographique; les ouvriers forment entr'eux des réunions studieuses, où le tems du repos est consacré à la lecture de ces ouvrages: on les médite, on les commente, on les apprend. Loin que ces réunions provoquent aucune défiance, aucune mesure de précaution, elles sont encouragées partout; ce n'est pas de leur sein que sortent les briseurs de machines, les hommes turbulens, qu'il faut contenir par la force. Malheureusement, la nation anglaise est peut-être la seule en état de mettre en pratique cet excellent moyen d'enseignement; la classe laborieuse y est préparée par une instruction plus étendue et plus générale, qu'on ne lui a point refusée. Sur le continent européen, quelques parties de l'Allemagne formeraient aussi avec succès des associations pour les progrès intellee

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tuels des ouvriers, et les savans de ces pays sont exercés depuis long-tems à la rédaction d'ouvrages élémentaires de technologie. En France, nous ne sommes pas encore prêts, et le secours des écoles publiques d'arts et métiers, aux frais du gouvernement, nous est indispensable, si nous ne voulons point rester en arrière de l'industrie européenne. Nous aurions quelque peine à rassembler un auditoire d'ouvriers qui pussent comprendre les quatre feuilles dont nous allons donner une notion très-incomplète, sans doute, mais suffisante pour faire apercevoir l'une des causes de l'essor étonnant que l'industrie a pris en Angleterre. Dans le premier Journal de l'artisan, numéro de janvier 1824, on trouve une méthode assez exacte et peu compliquée, pour calculer l'effet d'une roue hydraulique, en tenant compte des frottemens. Dans le second (le Magasin de l'artisan), les machines à vapeur, à haute pression, sont comparées à celles ou la force élastique de la vapeur n'est que peu supérieure à la pression atmosphérique; les procédés pour obtenir les différentes sortes de gaz éclairant, et pour mesurer l'éclat de la lumière qu'ils répandent; la presse hydraulique et ses effets; les nouvelles méthodes d'architecture navale, etc.; tous ces arts créés par les sciences, sont exposés avec clarté et précision. Le Chimiste enseigne l'art de préparer en grand les acides nitrique et hydrochlorique, les principes de l'art du distillateur; on y disserte sur l'inégale distribution de la chaleur dans la lumière solaire décomposée par le prisme, etc. Très-souvent, les ouvrages des savans français sont mis à contribution; et, tandis qu'en France ils ne sortent point du domaine de la science, en Angleterre, ils vont augmenter les connaissances de l'ouvrier, et préparer de nouveaux perfectionnemens dans les arts. L'Artisan n'est pas un ouvrage périodique, mais une suite de traités élémentaires publiés par livraisons d'une feuille, et mis ainsi à la portée des hommes qui ne subsistent que d'un salaire quotidien. Ce mode de publication est très en usage en Angleterre, et devrait être imité en France. Par ce moyen, le pauvre qui veut s'instruire n'achète que ce qu'il lit, et à mesure qu'il peut lire: il lui est facile de ne prendre, dans un ouvrage instructif, que ce qui convient à son goût, à son intelligence ou à ses besoins. Chaque feuille d'impression est ornée de gravures assez bien faites, représentant soit des objets d'art, soit des objets que l'imagination du lecteur ne saisirait pas bien, sans le secours du dessin. C'est ainsi que l'on voit paraître à Londres un Recueil

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