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peut avoir influé sur les résultats qu'il a obtenus, et que ce qui ne réussirait point à Brest pourrait être tenté à Toulon avec plus de succès.

L'atlas est composé de 17 planches in-folio. Point de luxe de dessin; mais de la netteté et de la précision. C'est une œuvre de M. Chapuy, ancien ingénieur de la marine, connu par ses belles lithographies. Son nom suffit pour garantir la bonne exécution, jusque dans les moindres détails, du dessin le plus difficile et le plus minutieux.

Terminons cet article, en jetant un coup d'œil rapide sur les prodiges opérés en Amérique par les bateaux à vapeur, et sur les services qu'ils rendrout aux nouvelles républiques de ce continent. Dans ce que nous dirons du passé et du présent, M. Marestier sera notre guide.

Le bassin du Mississipi est au moins six fois aussi étendu que la France, et généralement plus cultivable. Cet immense terri→ toire n'a de contact avec la mer qu'à l'embouchure du fleuve. Aucun établissement européen ne pouvait se former et se maintenir à une grande distance de cette embouchure, sans établir des communications avec les pays peuplés, manufacturiers ou commerçans; mais la terre opposait à ces communications des marais, des forêts impénétrables, des légions de reptiles dan¬ gereux ou dégoûtans, des bêtes féroces, des hommes plus rcdoutables que tous ces animaux. Les rivières étaient donc les seules voies praticables; mais les ressources qu'elles procuraient étaient considérablement diminuées par la lenteur de la navigation. Autrefois, le trajet de la Nouvelle-Orléans à Louisville sur l'Ohio, distance de 570 lieues de poste, suivant le cours des rivières, ne durait pas moins de trois mois ; aujourd'hui, quelques bateaux de la Nouvelle-Orléans vont, en 14 jours, jusqu'à Cincinnati, 54 lieues plus haut que Louisville. Avec ces moyens de transport, de commerce et de relations sociales, les déserts ont reçu des habitans; des cités, des états se sont for

més, l'instruction s'est répandue, les journaux ont circulé; les hordes barbares ont été refoulées jusque dans les régions encore dédaignées par l'homme civilisé. Lorsque des canaux auront établi la jonction des grands lacs du Canada avec l'Ohio et quelques autres affluens du Mississipi, un commerce actif ne tardera pas à répandre l'aisance, les arts, la population sur la vaste étendue de l'ancienne Louisiane. Si la politique européenne n'empêche point la construction de canaux qui, prolongeant la navigation du Missouri, franchissent les limites de son bassin et préparent la jonction des deux Océans, une partie du commerce de la Chine et des Indes prendra cette nouvelle direction: il est aisé d'en prévoir les conséquences.

Dans l'Amérique méridionale, deux fleuves du premier ordre reçoivent les eaux d'une même rivière : la nature a fait tous les frais de cette navigation intérieure. Lorsque des bateaux à vɛpeur circuleront entre l'Orénoque et le Maragnon, passeront de l'un à l'autre sans redouter les forces navales de l'Europe, ils seront pour la république de Colombie un puissant moyen de défense, en attendant qu'ils puissent contribuer à l'accroisement de sa population et de ses richesses.

La république Argentine (Buenos-Ayres) a peut-être encore plus besoin de bateaux à vapeur que celle de Colombie. Ses destinées ne sont point indépendantes de celles du Pérou et du Chili: tous les nouveaux états fondés en Amérique se doivent des secours mutuels, jusqu'à ce que leur affranchissement ne rencontre plus d'opposition. Les opérations de la guerre sur une ligne de plus de mille lieues exigent une grande rapidité de mouvemens, des correspondances fréquentes et assurées; il n'y a que les bateaux à vapeur qui puissent satisfaire aux besoins d'une telle guerre.

Deux colonies françaises sont pourvues de bateaux à vapenr. La Guiane française en possède un dont la machine est de 50 chevaux nous manquons de documens sur l'usage que l'on en

fait. En Afrique, deux bateaux de 32 chevaux naviguent sur le Sénégal, et remontent ce fleuve jusqu'à 350 lieues de son embouchure. En France, les bateaux de la Gironde et de la Garonne transportent des voyageurs; ceux de la Seine ne peuvent rendre le même service, parce que les sinuosités de la rivière rallentissent trop cette voie de communication: on n'en fait usage que pour le transport des marchandises. La Loire commence à tirer parti du nouveau mode de navigation : on a tout lieu d'espérer que les machines de M. Parkins donneront le moyen de placer des bateaux à vapeur sur des rivières qui n'admettraient point ceux qui seraient chargés du poids énorme d'une ancienne machine.

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FERRY.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

DE LA Religion considérée dans sa source, SES FORMES ET SES DÉVELOPPEMENS; par M. B. CONSTANT (1).

Si ces trois mots, source, formes, développemens, étaient déterminés, on aurait, dans le titre et en trois mots, l'analyse de l'ouvrage. Ils le seront, sans doute, mais à grande distance, car l'ouvrage doit avoir trois volumes et il n'y en a qu'un de publié aujourd'hui.

Il n'est peut-être pas très-malaisé de pressentir les déterminations que ces mots recevront de l'auteur, et je voudrais les deviner pour les ranger ici près à près; elles pourraient se prêter par cette proximité plus de lumières encore qu'elles ne pourront en perdre par ma rédaction.

La nature du sujet, la célébrité de l'auteur, les circonstances où le livre est publié, tout concourt à donner plus d'un genre d'importance à cet ouvrage, et même aux jugemens publics qui en seront portés. Tout impose ici tous les scrupules, et ceux du goût qui en a beaucoup, et ceux de la religion qui en a bien davantage.

Il y a dans l'homme, dit M. Benjamin Constant, et dans l'homme seul, parmi tous les êtres organisés et sensibles de notre globe, un sentiment religieux qui se manifeste diversement, mais qui existe également et dans les hommes sauvages et dans les hommes civilisés, et dans ceux qui sont les plus ignorans et dans ceux qui sont les plus éclairés; identité et diversité qui ont pour cause et pour mesure nécessaires la

(1) Paris, 1824. T. Ier. In-8° de XLIV et 370 pages. Bossange père, rue Richelieu, no 60; Firmin Didot; Treuttell et Würtz. Prix 6 fr. T. XXIV.- Novembre 1824.

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presque identité de l'organisation et la variété si grande de tous les degrés de civilisation; voila là source.

Cette source est cachée dans le cœur, puisqu'elle est un sentiment; elle se produit au dehors par des craintes et par des espérances; par des opinions et par des dogmes; par des solennités où le chant reçoit des lois pour donner des émotions pieuses, où le discours crée, avec des mots vulgaires, des formüles sacrées; VOILA LES FORMES. Cette expression formes, peut sembler bien scolastique pour le style de l'auteur et de la matière ; c'est, toutefois, celle dont se servaient les Platon et les Aristote, pour indiquer dans les phénomènes de la nature ce qui en constitue la loi; et Bacon qui change si souvent leur langue, a maintenu ce mot dans le même emploi.

Les formes ou cultes, c'est-à dire, la manière dont se manifeste le sentiment religieux, restent quelquefois les mêmes durant un long cours de siècles; mais, puisqu'ils commencent dans la profonde ignorance de la vie sauvage et qu'ils favorisent la civilisation et les arts par des réunions fréquentes, nombreuses et régulières; ils cessent de convenir dans le progrès des connaissances; ils varient plus d'une fois dans le passage des sanctuaires des forêts aux sanctuaires de l'architec-' ture; quand le culte blesse le sentiment religieux, le sentiment religieux change le culte; et voila LES DÉVELOPPEMENS.

Le titre ainsi expliqué, on peut entrevoir quels seront, dans l'ouvrage, l'objet et le but de chacun des trois volumes, quoiqu'il n'en paraisse qu'un en ce moment.

Le premier, celui que nous venons de lire, que tout le monde lit ou lira, traite du sentiment religieux comme inhérent à la nature de l'homme; comme indispensable à la morale; comme nécessaire pour donner une vraie grandeur à nos destinées; pour que tout l'ordre social privé de ses inspirations ne soit pas flétri et glacé par les calculs de l'égoïsme qui en deviendraient les seuls fondemens.

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