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qui ne craint point la lumière, et qui vole en plein jour. Leur séjour prolongé à l'île de Guam, la plus grande des Mariannes, les mit en état de compléter l'ornithologie de ce petit archipel. Aux îles Sandwich, ils ne purent se procurer, ni même apercevoir le très-petit oiseau dont les plumes rouges forment les manteaux des chefs. C'est à la Nouvelle-Hollande qu'ils devaient trouver le plus d'objets nouveaux, enrichir leurs collections et préparer la plus grande partie des matériaux de cet ouvrage. Nos auteurs décrivent sommairement cet île immense, l'aspect du sol aux environs de la ville de Sidney, les animaux indigènes, et la guerre d'extermination que l'homme civilisé a déclarée aux espèces déprédatrices, tandis que son imprévoyance poursuit avec le même acharnement, quoique par d'autres motifs, les espèces les plus innocentes lorsquelles ont le malheur de fournir d'utiles dépouilles. Le paisible kanguroo est déjà très-rare aux environs de Sidney; attaqué par les naturels et par les nouveaux colons, il disparaîtra à mesure que l'homme étendra son domaine, et la connaissance de cette espèce d'animaux ne sera perpétuée que par les écrits sur l'histoire naturelle. Les oiseaux échappent plus facilement à ces causes de destruction. On sait déjà que plusieurs espèces appartiennent exclusivement à la Nouvelle-Hollande. Tels sont « le beau menure, qui déploie en lyre élégante les plumes de sa queue; la perruche à bandeau rouge, qui conserve long-tems après sa mort l'odeur aromatique des fruits d'eucalyptus dont elle se nourrit; le philedon, à pendeloques, le plus grand de ce genre, et ensuite une espèce grisâtre dont nous avons nourri pendant quelques jours des individus, en leur présentant de l'eau sucrée dans laquelle ils plongeaient sur-le-champ leur langue effilée. » Ici, nos auteurs rappellent ce qu'ils ont dit des souïmangas et des promérops du cap de Bonne Espérance, et ils font remarquer que les contrées où ces oiseaux suceurs abondent ont nécessairement plusieurs traits de ressemblance dans leur constitution physique. Il faut que les

sucs mellifères s'y trouvent en tout tems en assez grande quantité; que, par conséquent, le sol ne soit pas occupé par de grands arbres, couvert de forêts obscures et d'une grande étendue. Une grande partie des côtes de la Nouvelle-Hollande se présente sous le même aspect que la plaine du cap de BonneEspérance; de grands espaces arides, ou ne produisant que des arbrisseaux et des plantes herbacées à feuilles dures et garnies d'épines; une teinte grisâtre sur toute la végétation, une monotonie désagréable, mais dans toutes les saisons, des fleurs mielleuses ou des sucs qui fournissent une nourriture convenable à ces oiseaux, destinés à vivre, comme les abeilles, dans un air pur, sur des végétaux éclairés par un soleil bril lant et chargés de tous les trésors du printems.

La dernière station de nos deux naturalistes ne fut pas une relâche, mais un naufrage sur les côtes des îles Malouïnes; ils y perdirent la plus grande partie de leurs collections. Leur constance ne fut peut-être pas à l'épreuve de ce malheur; ils ne jugèrent pas sans prévention une terre qui leur avait été si fatale. « Les îles Malouïnes, disent-ils, ne paraissent propres qu'aux herbivores ou aux phoques amphibies. » Cependant, leur climat est plus traitable que celui de l'Islande, où l'homme a fixé sa demeure et trouve le secret d'être heureux. On ne leur préfèrera pas même les Orcades, que l'on peut regarder comme tempérées, en comparaison de la froide Islande. Les lagunes du fond de l'Adriatique, les marais des bouches du Rhin, les påturages des Alpes au pied des glaces éternelles, ont été le berceau de nations illustres, industrieuses, et dont la prospérité n'a été troublée que par les orages politiques qui agitent aussi les plus grands empires et les renversent quelquefois. Le bonheur de l'homme sur la terre dépend beaucoup plus des causes morales que du sol et du climat : le premier de ses besoins est de vivre dans des lieux où ses facultés ne soient ni dénaturées ni restreintes; où il puisse les développer et les exercer dans

leur plénitude. Ce sera vainement que la nature lui aura prodigué ses dons les plus précieux, s'il ne peut en jouir avec sécurité, si les lois ne lui assurent point une garantie suffisante, si des castes orgueilleuses avilissent sa nation, si des institutions absurdes ou cruelles rendent les mœurs barbares, repoussent l'instruction et les perfectionnemens dont elle est la source. En prenant l'état social tel qu'il est, on pourrait citer des pays très-fertiles dont les habitans vivraient plus heureux s'ils étaient transportés aux îles Malouines.

Après ces notions sommaires sur les pays parcourus par l'expédition, nos zoologues placent les descriptions méthodiques des animaux qu'ils ont observés. Les trois livraisons que nous avons sous les yeux présentent six genres de mammifères et sept espèces; un appendice sur les phoques et les cétacés n'a pas reçu la forme méthodique : les auteurs n'ont pas regardé comme assez complètes des observations faites au milieu du plus grand désastre, dans la situation d'esprit et de corps la plus pénible, lorsque le premier soin de tous était de ne point mourir de faim, et le premier devoir des médecins de s'occuper des malades. Ce ne fut qu'aux îles Malouines qu'ils virent des phoques et des dauphins. Un phoque, de l'espèce que les Américains ont nommé lion marin, suffit, durant plusieurs jours, à la nourriture de cent vingt personnes; on estima qu'il devait peser plus de deux mille livres. Le phoque à fourrures, la plus précieuse des espèces que l'on trouve dans ces îles, fut décrit d'après un individu mâle qui paraissait avoir atteint ses plus grandes dimensions. D'après les faits recueillis par nos observateurs, il paraît que certaines espèces de cétacés connaissent les douceurs des habitudes sociales, et que ces mammifères manifestent, même au sein des mers, la supériorité d'instinct qui caractérisent leur classe.

Nous suivrons avec intérêt les publications successives de cet important ouvrage. L'ornithologie est déjà commencée dans la T. XXIV. - Octobre 1824.

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3o livraison; mais il sera plus convenable d'en rendre compte lorsque nous connaîtrons tout ce que MM. Quoy et Gaimard ont ajouté à cette partie de l'histoire naturelle. Nous pourrions nous dispenser de parler de l'atlas: on sait depuis long-tems à quel point de perfection les artistes français ont porté cette application des arts du dessin. Les noms de MM. PREVOST et COUTANT sont assez connus, et cet ouvrage ne peut qu'ajouter à leur réputation.

FERRY.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

HISTOIRE ABRÉGÉE DES SCIENCES MÉTAPHYSIQUES, MORALES ET POLITIQUES, depuis la renaissance des lettres; traduite de l'anglais de Dugald STEWART, et précédée d'un Discours préliminaire; par J.-A. BuCHON (1).

La première partie de cette Histoire avait été placée à la tête du supplément de l'Encyclopédie Britannique, en forme d'Introduction; les deux autres parties ont paru ensuite dans le cinquième volume du même recueil. L'utilité généralement reconnue de ce travail a déterminé M. Buchon à le traduire pour en répandre la lecture en France; et, afin de le faire mieux apprécier encore par les lecteurs français, il l'a fait précéder d'un Discours préliminaire, destiné à leur rendre plus facile l'étude de l'ouvrage. Comme M. Dugald Stewart compare et juge tous les divers systèmes de philosophie, en les rapprochant de celui qu'il professe, et qui domine dans l'école écossaise, M. Buchon, qui n'y est pas étranger, a cru indispensable de nous y arrêter quelques momens. Pour cela, il nous présente un extrait des leçons que M. Cousin a données à l'Académie de Paris, et dans lesquelles ce savant professeur a exposé avec une grande précision l'histoire et l'esprit de cette école, dont voici la substance.

(1) Paris, 1823. 3 vol. in-8°. J.-G. Levrault, à Paris, rue des Fossés-M.-le-Prince, no 33; et à Strasbourg, rue des Juifs, u° 33. Prix 18 fr.

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