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est un obstacle, bien plus qu'un secours; il faut faire un choix; ces faits généraux si nombreux demandent une classification; la plupart attendent une rédaction physiologique, et ne sauraient être, sans elle, de quelque utilité. » Citons quelques-uns de ces faits, en les abrégeant autant que nous le pourrons.

« Des fièvres infestent régulièrement, chaque année, plusieurs postes militaires de l'île de Corse, et entre autres le petit port de Saint-Florent qu'avoisine un marais pernicieux de soixante-douze arpens. Elles y prennent, sur la fin de l'été, et dans les six premières semaines de l'automne, un caractère putride et malin, à raison, dit Volney, de l'intensité des chaleurs et des exhalaisons. Il faut alors, tous les quinze ou vingt jours, en renouveler les garnisons françaises, en tout ou en partie, sous peine de voir les soldats frappés de maladies graves, et souvent mortelles. Deux postes dans toute l'île sont privilégiés : jamais aucune fièvre n'approche de Vivario et de Vizzavano. Non-seulement ils sont éloignés de tout marais, de toute eau stagnante; mais en outre ils sont placés comme deux nids d'aigle sur la chaîne des monts qui partagent l'ile suivant sa longueur. Un officier suisse tomba dangereusement malade de la fièvre à Saint-Florent: on le transporta dans le fort de Vivario, que son régiment occupait; il y recouvra la santé, en moins de quinze jours. Le médecin répéta cette expérience sur des soldats français de son hôpital, et elle lui réussit si bien que l'usage s'est établi d'y envoyer les fiévreux dont l'état est presque désespéré. Il ne leur faut pas d'autre remède; jamais la maladie n'a persisté au delà du onzième jour. (1).....

(1) Cette observation n'est pas bornée à la Corse. On sait que l'hôpital militaire de Dunkerque est ordinairement rempli de soldats tombés malades à Berg: une économie bien entendue et le vœu de l'humanité provoquent depuis long-tems le desséchement des marais aux environs de Berg et de Saint-Florent. (N. d. R.)

« ...

Des maladies surviennent, non-seulement auprès des marécages formés par la nature, mais encore au voisinage des lacs et des bassins dont on néglige l'entretien. Les bords du canal qui se trouve dans le parc de Parme sont désertés par cette seule raison. La pièce d'eau de Chantilly a donné lieu à plusieurs épidémies fâcheuses et consécutives. La proximité du canal de Versailles cause en certains endroits des accidens aux gens qui en sont trop voisins... Ces maladies ont été vues souvent autour des lacs de la Suisse et des grands lacs de l'Amérique méridionale.

« Une épidémie terrible exerça de grands ravages sur l'armée française, et surtout sur l'armée anglaise, en 1809, dans l'île de Walcheren. Les émanations marécageuses qui se dégagent si abondamment dans la Zélande, mirent hors de service les deux tiers des troupes britanniques, et donnèrent la mort à mille hommes pendant les quatre dernières semaines de l'épidémie... >>

Dans la troisième partie ( inductions tirées des faits), l'attention du lecteur est également sollicitée par la plupart des sujets que l'auteur a traités; mais les mots terribles de fièvre jaune et de peste arrêteront plus long-tems la pensée et la méditation sur le chapitre x111, où il s'agit de l'influence des émanations marécageuses sur la production de ces deux fléaux. L'auteur commence par énumérer et classer les maladies causées par les marais et les eaux stagnantes. Il les divise en trois séries: 1o les maladies pyrétiques, fièvres ; 2o les apyrétiques, ou sans inflammation; 3o les secondaires, subordonnées presque toujours aux irritations gastriques, ou coexistant avec elles. C'est à la suite de celles-ci qu'il place les recherches sur les rapports entre les maladies causées par les eaux stagnantes, et la fièvre jaune et la peste. Le chapitre sur la nature des fièvres mérite d'être lu, non-seulement par les hommes de l'art, mais

T. XXIV. - Décembre 1824.

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aussi par ceux qui ne sont pas médecins; c'est un modèle de bonne dissertation.

Nous voudrions pouvoir nous arrêter long-tems sur la quatrième partie, d'autant plus qu'elle est accessible à toutes les classes de lecteurs, en ce qui concerne le régime et les établissemens sanitaires. L'auteur apprécie, d'après l'expérience et l'autorité des meilleures observations, la propriété désinfectante du chlore et de ses préparations : cet agent ne peut être qu'une sauvegarde individuelle; il n'est efficace que dans les lieux clos et d'une étendue médiocre. Les feux allumés en plein air ou dans les habitations n'agissent que comme ventilateurs. L'hygiène spéciale des habitans des pays marécageux ne manque

de préceptes: M. Monfalcon les résume et finit par le plus important de tous, celui qu'il regarde comme la base, comme la condition nécessaire et préalable pour toute amélioration : c'est l'instruction. Les moyens généraux d'assainissement sont bien connus, et les services qu'ils ont rendus donnent la mesure de ce qu'on peut en attendre. Le tems n'est pas loin, sans doute, où la machine à vapeur, déjà si utilement employée pour le curage, creusera des canaux de desséchement et d'irrigation.

L'ouvrage est terminé par la thérapeutique appliquée aux maladies des pays marécageux. L'auteur donne ensuite une bibliographie de l'histoire des marais, avec des remarques critiques sur la plupart des ouvrages cités.

On doit de la reconnaissance à l'Académie de Lyon qui a provoqué l'apparition de cet excellent travail de M. Monfalcon. Il fallait sans doute que les matériaux fussent tout prêts dans la tête et dans le portefeuille de l'auteur; mais ils y seraient restés peut-être long-tems encore, et le public en eût moins profité.

FERRY.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

CONSIDÉRATIONS SUR L'INDUSTRIE ET LA LÉGISLATION, sous le rapport de leur influence sur la richesse des Etats, et Examen critique des principaux ouvrages qui ont paru sur l'économie politique; par Louis Say, de Nantes (1).

L'auteur de cet ouvrage a fait, pour l'économie politique, et avec d'assez grands développemens, ce que la Revue Encyclopédique entreprend de faire pour toutes les branches des connaissances humaines, et par conséquent, dans un espace plus resserré pour chacune de ces branches. Marquer le point de départ, reconnaître l'espace déjà parcouru, indiquer les obstacles que l'on a rencontrés, les retards ou les funestes effets qu'ils ont produits, et quelquefois les routes nouvelles qu'ils ont fait découvrir; tirer de l'histoire des sciences quelques préceptes utiles à ceux qui se livrent à l'étude, assigner à l'érudition l'emploi qui lui convient, les recherches d'une utilité réelle et les plus dignes de l'occuper; substituer des vérités à des préjugés, des certitudes à des doutes : voilà ce que l'on doit attendre d'un livre bien fait. Celui de M. L. Say remplit un certain nombre de ces conditions; mais, sur le sujet qu'il traite, il ne pouvait satisfaire complétement les esprits accoutumés à l'exactitude mathématique, et qui ne se laissent point séduire par une apparence de calculs. Il commence par bien établir le sens des mots richesse des états, et il en fait un inventaire dont

(1) Paris, 1822. 1 vol. in-8° de 408 pages. Aillaud, libraireéditeur, quai Voltaire, n° 21. Prix 5 fr.

personne ne voudra rien retrancher; mais, lorsqu'il s'agit d'évaluer ces sommes de biens d'une nature si diverse et de les soumettre à une mesure commune, afin de leur appliquer les méthodes du calcul, il reconnaît l'impossibilité d'obtenir un pareil résultat dans l'état actuel de nos connaissances. Il se borne donc à combattre les fausses notions sur la nature des richesses publiques, sur la valeur absolue ou relative des différens objets qui composent ces richesses, et sur les moyens de les comparer entre elles; puis, il trace le plan d'une construction nouvelle dont les matériaux exigeront des travaux ultérieurs, des révélations du génie, et par conséquent un tems assez long.

Après un premier chapitre qui porte le titre d'introduction, l'auteur passe en revue, dans l'ordre de leur publication, les principaux ouvrages qui ont été publiés sur l'économie politique, en commençant par la physiocratie de Dupont-de-Nemours, et en finissant par un traité sur les impôts, « que l'on peut regarder comme représentant toutes les opinions vulgaires en économie politique. » Quoique ce dernier chapitre soit trèscurieux et très bien fait, et l'un des plus longs, nous devons nous borner à l'indiquer. M. L. Say n'a point voulu laisser sans réponse les assertions et les doctrines désastreuses d'un conseiller d'état, préfet et député. Quant à nous, nous garderons le silence, par égard pour la raison publique, à laquelle on ferait injure en croyant nécessaire de prouver qu'il est juste et convenable que chacun garde ce qui lui appartient, et qu'un impôt inal réparti fatigue plus que celui qui pèse sur tous les contribuables en raison de la fortune de chacun. La liste des écrivains dont notre auteur examine les ouvrages, comprend Dupontde-Nemours, Adam Smith, Canard, le comte de Lauderdale, MM. Ganilh, David Ricardo, Malthus, J.-B. Say et Destutt de Tracy. Les observations de M. L. Say sur chacun de ces neuf auteurs sont relatives aux sens divers qu'ils donnent au mot valeur, aux résultats de la division du travail et aux diffé

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