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de comparer entre elles les richesses de deux peuples differens par les mœurs, le sol et le climat, comme, par exemple, un état américain avec une partie de l'Europe chargée du même nombre d'habitans. Dans ce cas, l'économie politique devrait renoncer à tout calcul, d'autant plus que la richesse d'un peuple consiste principalement en capitaux dont l'utilité n'est mesurée ni par le travail qu'ils ont coûté, ni par l'argent qui les paierait. C'est ainsi que les valeurs relatives des ports, des forteresses, etc., ne sont pas plus susceptibles d'une estimation numérique que la bravoure des soldats et l'industrie des artisans.

Ces observations suffisent pour faire sentir combien il est dangereux de se tromper sur les moyens d'une science, et de lui demander plus que ne comportent sa nature et les progrès qu'elle a pu faire. Les écrivains sur l'économie politique ont voulu courir après une chimère, comme les alchimistes et les chercheurs de quadrature du cercle: ils ont perdu beaucoup de tems, et quelque chose de la justesse de leur esprit, en s'obstinant à trouver une valeur soumise à une mesure commune, c'est-à-dire, un moyen de comparaison entre des choses absolument hétérogènes. Si l'on retranche de leurs écrits tout ce qui est relatif à ces tentatives infructueuses, on connaîtra les richesses réelles de la science, et l'amour-propre n'en sera point satisfait. Ne perdons pas de vue que les prix vénaux ou d'échange ne sont pas une mesure avouée par la science, mais une estimation qui sert à guider, comme une faible lueur, au milieu d'épaisses ténèbres, et qui, dans certains cas, semblable aux feux follets, pourrait ne conduire qu'à des précipices.

AN INQUIRY INTO THE EXPEDIENCY, etc.

RECHERCHES

SUR LA CONVENANCE DU SYSTÈME COLONIAL POUR LE

gouvernement de l'Inde (1).

FIRST, and Second Letter to SIR CHARLES FORBES, etc. DEUX LETTRES A SIR CHARLES FORBES, M. P., sur la suppression de la discussion publique dans l'Inde, et le bannissement sans jugement de deux Anglais, éditeurs de journaux (2).

Un écrivain, que l'Europe place au premier rang parmi les maîtres des sciences économiques, a récemment publié dans ce recueil un Précis de la situation de la puissance anglaise■ dans l'Inde, avec cette connaissance certaine des faits et cette clarté dans les raisonnemens qui le distinguent. (Voyez t. XXIII, p. 281 à 299.) Il a signalé les erreurs dans lesquelles tombe le commun des hommes, sur les profits que l'Angleterre retire de l'Inde, sur la nature de sa souveraineté, sur la condition des habitans de ces immenses régions, et sur les chances de changement que l'on peut entrevoir dans l'avenir. Cet excellent tableau, loin de nous décourager d'appeler de nouveau sur l'Inde l'attention des lecteurs de la Revue, nous rend plus facile, au contraire, une tâche que nous avions repoussée jusqu'ici; celle de rendre compte des écrits destinés à éclairer l'administration et la nation anglaise sur les améliorations à apporter au sort des habitans d'un des plus beaux empires de l'univers.

Ces écrits, le plus souvent, n'excitent point en Angleterre

(1) Londres, 1822. 1 vol. in-8° de 382 p. M. Richardson, 23, Cornhill.

(3) Londres, 1824. 2 brochures in-8°, l'une de 42, l'autre de 70 pages. M. Richardson, 23, Cornhill.

une attention proportionnée à l'importance du suje: qu'ils traitent. Sans doute la presse est libre chez les Anglais; mais elle est occupée : une nation si puissante, qui prend une part si active à son gouvernement, a des milliers d'intérêts divers qui se croisent sans cesse, qui se mêlent à des passions plus ou moins vives, qui se présentent souvent à elle sous une forme dramatique, selon le degré d'attachement ou de curiosité que lui ont inspiré les personnages qui se chargent de les faire valoir. S'il s'agit par hasard d'un abus de pouvoir, d'une injustice commise à Londres, ou dans les comtés plus rapprochés de la capitale, les têtes s'échauffent, les cœurs s'enflamment, les esprits développent toutes leurs facultés. Ce n'est point là qu'on peut craindre qu'une usurpation, qu'une violation des droits des citoyens puissent long-tems échapper à la vigilance, à la persistance de l'opinion publique et de ses libres organes. Mais il ne faut pas croire que l'empire britannique soit protégé au même degré dans toutes ses parties par ce sentiment si vif avec lequel le public s'efforce de redresser les torts et de venger les injures: même dans la Grande-Bretagne, il y a des régions qui ne participent point aux avantages les plus signalés de la constitution britannique. Ainsi, par exemple, le pays de Galles n'a point les mêmes juges que l'Angleterre; les députés gallois ont porté devant le parlement et devant la nation les plaintes les plus amères sur l'état de dépendance et sur l'incapacité des juges de leur principauté. D'autre part, en Écosse, les jurys sont organisés tout autrement qu'en Angleterre, et les députés de l'Écosse ont fait voir que ces jurys nommés par le gouvernement, presque sans récusation, ne donnent aucune garantie aux parties ou aux prévenus. L'Angleterre a momentanément écouté ces plaintes : elle a été étonnée de voir que ses ministres, qui en toute occasion célèbrent dans leurs discours la constitution britannique, s'opposent cependant de toutes leurs

forces à ce que cette constitution s'étende, et répande ses bienfaits sur les provinces de l'empire qui n'en jouissent point encore. Mais bientôt l'attention du public a été appelée ailleurs; les Gallois et les Écossais ont été oubliés, et tout est resté sur le même pied. L'Irlande, par sa turbulence et ses malheurs, réveille plus souvent l'observation; la nation anglaise la plaint, elle ne fait pour cette île que des vœux fraternels, des vœux où dominent toujours la bienveillance et la générosité; mais sa volonté sur un objet éloigné n'est pas assez ferme, pas assez constante, pour dominer celle du ministère, et l'Irlande demeure jusqu'à ce jour l'un des pays de l'Europe les plus mal gouvernés.

La politique de l'Angleterre vis-à-vis des autres nations. de l'Europe est, pour les Anglais, d'un intérêt inférieur en importance à celui de leur administration intérieure; mais supérieur à celui de leur politique dans l'une et l'autre Inde. On a, sur le Continent, accusé la nation anglaise avec une grande injustice, selon moi, d'être animée d'un esprit machiavélique, d'aimer la liberté avec jalousie, et de désirer d'autant plus de la détruire chez les nations rivales qu'elle en connaît mieux tous les avantages. Des écrivains anglais mercenaires ont sans doute beaucoup contribué à accréditer cette accusation; mais jamais le public anglais ne l'a méritée : jamais les journaux qui ne reçoivent point de paie pour trahir leur conscience et déshonorer leur nation, jamais ceux qui ne recherchent d'autre patronage que celui du public anglais, n'ont exprimé sur la politique extérieure des sentimens qui ne fussent pas libéraux, moraux, philanthropiques. Le seul tort de la nation, quant à ses relations extérieures, c'est d'avoir trop peu estimé les nations étrangères, de les avoir trop mal connues, et d'avoir en conséquence trop faiblement voulu le bien. Le gouvernement avait des vues plus égoïstes et des volontés plus prononcées; aussi, il a souvent, avec les forces, mais contre

la volonté de la nation, fait beaucoup de mal à l'Europe. L'opinion britannique a été très-lente à se former sur la politique extérieure; mais enfin elle exerce aujourd'hui une influence prépondérante sur le gouvernement anglais, et l'on ne peut méconnaître les progrès qu'a faits celui-ci, en obéissant à l'opinion publique, vers la protection de tout ce qu'il y a de libéral, de vertueux, de généreux chez les autres peuples.

:

L'Angleterre l'emporte sur toutes les nations de l'Europe par l'étendue et la richesse de ses possessions en Amérique et en Asie la presse libre de la Grande-Bretagne jette de tems en tems sur ces régions lointaines des rayons de lumière; mais l'attention nationale, sans cesse ramenée à la maison, par des intérêts plus immédiats, se trouve encore rebutée, lorsqu'elle se promène sur ces pays presque inconnus, par la difficulté de comprendre ce qu'elle doit juger; aussi elle n'exerce point un contrôle suffisant sur l'autorité qui doit gouverner ces royaumes sujets. Elle oublie presque que des millions d'êtres humains peuvent, dans les deux mondes, ou souffrir et s'abrutir, ou jouir et s'élever à la vertu et à l'intelligence, selon la nature des lois que la métropole leur donne.

Le zèle religieux des amis des Noirs a fixé l'attention des Anglais sur l'esclavage aux Antilles. Malgré la résistance de toutes les passions basses et cupides, un grand bien a déjà été opéré en faveur de cette portion de l'humanité par la volonté nationale qui a dominé celle du gouvernement; un plus grand bien s'y opèrera encore; et quoique l'état social des Indes occidentales soit encore révoltant, il est sans aucun doute progressif vers le bien, et son progrès est dû à l'influence de la presse libre d'Angleterre.

Mais, combien il s'en faut que les Indes orientales attirent autant l'attention! Cet immense empire comprend la partie la plus populeuse et la plus riche de l'Asie; entre ses sujets et ses vassaux, il compte déja près de quatre-vingt millions d'ha

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