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de l'Oaristis de Théocrite; mais M. Lemercier, auteur dramatique, doit et peut les trouver.

J'aurais encore beaucoup de choses à dire sur les chants des Grecs modernes, en poursuivant une utile et curieuse comparaison avec l'antiquité; mais de plus habiles que moi sauront le faire, et je me borne à unir dans le même tribut de reconnaissance MM. Fauriel et Lemercier qui viennent, suivant moi, d'ouvrir une nouvelle route à la poésie lyrique. Tous deux peuvent encore améliorer leurs ouvrages; le premier, en s'écartant quelquefois de cette fidélité meurtrière qui défigure le texte par des expressions communes, sans avoir l'excuse d'une vive originalité ou d'une vigueur extraordinaire; l'autre, en supprimant quelques paraphrases, en rendant sa poésie plus svelte et quelquefois plus tendre et plus caressante. Personne ne sent plus fortement et plus vivement la poésie que M. Lemercier; personne n'est plus digne de parler cette langue sacrée qui doit avoir d'abord la mélodie du chant et la flexibilité de la voix pour plaire et pour toucher, en prenant tous les tons avec grâce et facilité.

P.-F. TISSOT.

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III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

260.

LIVRES ÉTRANGERS (1).

AMÉRIQUE.

NOUVELLE-ÉCOSSE.

* A general Description of Nova Scotia, etc. Description générale de la Nouvelle-Écosse, avec une carte nouvelle et correcte de ce pays. Halifax (Nouvelle-Écosse), 1823. In-8° de 208 pages.

L'Acadie ou Nouvelle-Écosse, ne peut être sans intérêt pour nous. Quelques familles de cette ancienne colonie française n'ont pas voulu subir la domination de l'Angleterre ; réfugiées, depuis 60 ans, au sein de la métropole, et condamnées à traverser, avec nous, la longue et terrible période de nos troubles politiques, elles ont sans doute regretté plus d'une fois leurs paisibles habitations de l'Amérique. On ne croit pas tout-à-fait à ce que Raynal a écrit sur l'Acadie; on ne prend point pour une réalité la peinture séduisante qu'il s'est plu à faire de la vie simple et pure de ces heureux colons; mais on ne doute point que leur sort ne fût digne d'être envié par les Français, au fort des tempêtes révolutionnaires. Le géographe acadien commence par l'histoire de cette contrée, depuis sa découverte jusqu'à nos jours: tout ce qui est antérieur à la cession que la France en fit à l'Angleterre, en 1763, est tiré des ouvrages français.

La géographie physique du même pays nous apprend un fait dont les auteurs français n'ont point parlé, c'est la hauteur prodigieuse à laquelle la marée s'élève sur la côte occidentale de l'Acadie: elle varie de 7 mètres à 21 mètres. L'agriculture, à laquelle le sol est extrêmement propre, fut long-tems négligée; mais elle commence à prospérer. Le commerce est encore fort au-dessous de ce que l'on peut attendre de la position avantageuse de cette péninsule, de la

(1) Nous indiquerons par un astérisque (*) placé à côté du titre de chaque ouvrage, ceux des livres étrangers ou français qui paraîtront dignes d'une attention particulière, et nous en rendrons quelquefois compte dans la section des Analyses.

multitude de ses ports, de l'étendue de ses côtes, de ses moyens de navigation intérieure. L'organisation politique de la colonie est la même que celle de la Nouvelle-Angleterre : le gouverneur général y exerce les mêmes fonctions; les conseils et les cours de justice y sont composés de la même manière, avec la même étendue de juridiction. Le corps législatif, élu comme en Angleterre, a le pouvoir de faire des lois locales, pourvu qu'elles ne soient pas contraires à celles de la métropole; mais elles peuvent être annulées par l'autorité royale. Le college royal de Windsor peut prendre le titre d'université on y enseigne la théologie, la métaphysique et la morale, les mathématiques, l'astronomie, les sciences naturelles, la logique, les langues, y compris l'hébreu, la grammaire, la rhétorique. Plusieurs autres colléges sont établis pour les degrés inférieurs d'enseignement. L'instruction reçoit de puissans encouragemens, ainsi que l'agriculture. Sous le gouvernement sage et libéral qui régit cette colonie, la prospérité publique et le bien-être des habitans sont garantis pour le présent, et promettent un avenir encore plus heureux.

ÉTATS-UNIS.

F.

etc.

261A Course of study preparatory to the bar, and the senate, Cours d'études préparatoires pour le barreau et le sénat, avec un Mémoire sur la vie privée et domestique des Romains; par George WATTERSON. Washington, 1823. In-12 de 240 pages.

Ce livre de M. Watterson prouve que, relativement aux études, il n'y a point de Nouveau-Monde. Partout où les européens s'établissent, c'est l'Europe que l'on doit s'attendre à trouver, et à peu près, l'assortiment complet de ses usages, de ses institutions, y compris ses universités. Cependant, si les études commencent toujours au même point, et suivent, de siècle en siècle, la même route, il sera difficile que les générations futures soient beaucoup plus avancées ou plus habiles que nous ne le sommes. On peut avoir, en Europe, des motifs pour rendre l'instruction stationnaire: mais au delà de l'Océan, le seul obstacle qui puisse les retarder, ce sont les erreurs de méthodes. Celle de M. Watterson est entièrement conforme à la marche des universités : l'étude des langues, et avant tout, celle du grec et du latin; la rhétorique, et enfin l'étude des choses. L'objet spécial de l'auteur exigeait qu'il recommandat principalement les sciences historiques: mais a-t-il bien choisi les historiens? Est-il bien certain qu'il faille accorder ce titre à Millot et à

Rollin? Il faut le dire: cet ouvrage, qui ne contient aucune idée nouvelle, et qui, en Europe, n'aurait obtenu que cette sorte d'estime qu'on ne refuse point à ce qui n'est pas mauvais, un tel ouvrage ne devait point paraître aux États-Unis. Nous ne pouvons imaginer, en France, par quels motifs un habitant du Nouveau Monde se met à écrire et fait imprimer, si ce n'est pour apprendre à ses compatriotes quelque chose de neuf et d'utile.

262. - A communication on the improvement of government, etc. Discours sur les améliorations de gouvernement, lu à la Societé Philosophique américaine, dans la séance à laquelle assistait le général LAFAYETTE, le 1er octobre 1824; par Charles-J. INGERSOLL. Philadelphie, 1824. In-8° de 24 pages. Imprimerie d'Abraham Small.

Cette brochure est très-difficile à traduire, non ssar la faute de l'orateur, mais par celle de notre langue. Les mots qui pourraient exprimer en français les pensées les plus remarquables du discours de M. Ingersoll, disent trop ou trop peu, et tout autrement que les expressions anglaises. Le titre même, tel que nous le mettons ici, est mal traduit: le mot anglais communication n'a point d'équivalent dans notre langue; le mot discours ne le rend pas exactement, et beaucoup d'autres observations critiques pourraient être faites sur ces deux lignes. Il est aisé de s'apercevoir que la langue des ÉtatsUnis a pris une teinte intime et profonde, communiquée par le gouvernement et les usages du pays; les idiomes européens, modifiés dans un sens opposé, ne se prêtent pas aux mêmes nuances d'idées et d'impressions. Cet écrit, cependant, mérite de passer dans notre langue, comme faisant partie de l'histoire de l'un des plus grands événemens de ce siècle, la réception du général Lafayette aux États-Unis. Ce fait, dont l'antiquité n'offre aucun exemple, est un témoignage irrécusable des progrès de la pensée et de la moralité des peuples, du discrédit dans lequel sont tombées les vieilles erreurs et les institutions funestes à l'humanité. La chute de Napoléon, malgré tout le fracas, tous les bouleversemens qui l'accompagnèrent, ne fut que l'effet de causes connues et jugées depuis long-tems: malgré sa grandeur apparente, elle rentre dans la classe des événemens ordinaires. L'épisode de la guerre d'Espagne a produit ce qui devait résulter des élémens hétérogènes mis en contact ou lancés les uns contre les autres: misère, dévastations, supplices, exils. La conduite des États-Unis envers un simple particulier dont ils n'ont pas oublié les services, est le plus grand et le plus noble exemple

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qu'un peuple ait jamais donné à la terre; il ne sera pas perdu. M. Ingersoll décrit avec une éloquence républicaine l'accueil fait partout à l'hôte de la nation. A l'arrivée de cet hôte, le magistrat, l'administrateur, tous les fonctionnaires publics suspendent leurs occupations; le négociant ne pense plus à son commerce; l'ouvrier quitte le travail journalier qui le fait vivre; les passions se taisent; on se porte en masse, mais sans tumulte, au devant du voyageur. Et quel est l'homme qui met ainsi en mouvement toute une nation? Un vieillard, un simple particulier, qui n'apporte aucuns dons, et qui, en échange de l'accueil qu'il reçoit, ne peut offrir que des bénédictions. S'il y a quelque philosophie dans l'histoire, donnat-elle jamais au monde une leçon plus utile? Les volontés unies et sympathiques d'un peuple libre sont vives, glorieuses, formidables. Ses cris d'acclamation rassurent et encouragent l'Amérique; ils avertissent l'Europe, annoncent à l'humanité un meilleur sort dans l'avenir. C'est ainsi que la religion, d'accord avec la politique, fait voir que la voix du peuple est celle de la divinité.

263.The North American Review, etc. Revue Nord-Américaine, no 44, juillet, 1824 (voyez, sur cet ouvrage périodique, Rev. Enc., t. xxII, page 124.)

Parmi les excellens articles que renferme ce cahier, les publicistes donneront une attention particulière à des observations sur les débats qui ont eu lieu dans le congrès, au sujet du bill pour réformer le tarif des droits sur les importations. Le président du comité des manufactures, chargé du rapport sur le bill, énonça quelques opinions qui sont combattues dans cet article; il témoigna très-peu d'estime pour les ouvrages sur l'économie politique écrits en Europe, vanta les lumières de l'expérience, invita les législateurs à se tenir en garde contre les erreurs de la théorie... «En quoi consiste l'expérience d'un homme d'état? dit l'auteur de l'article. On sait ce que le mot expérience signifie dans les arts; on sait avec certitude que tel procédé produira tel résultat : mais l'homme d'état, dans un gouvernement représentatif, sait-il mieux, doit-il mieux savoir que le simple citoyen quel effet ont produit les mesures administratives? connaît-il mieux que tout autre membre de la société, l'accroissement de la fortune publique, l'influence des taxes sur les fortunes privées, etc.? L'expérience, s'il y en a une, n'est-elle pas commune à tous ? N'est-ce pas en considération des lumières acquises hors des fonctions publiques, qu'un citoyen est appelé à remplir ces fonctions? Dans un état despotique, il peut arriver que les sujets ne sachent

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