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Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes,
Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel
Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel.
Ainsi donc un perfide, après tant de miracles,
Pourrait anéantir la foi de tes oracles;
Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons,
et que nous attendons!

Le saint que tu promets,

Non, non,
ne souffre pas que ces peuples farouches,
Ivres de notre sang, ferment les seules bouches
Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits,
Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.

Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles,
Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles,
Et que je mets au rang des profanations
Leur table, leurs festins et leurs libations;
Que même cette pompe où je suis condamnée,
Ce bandeau dont il faut que je paraisse ornée
Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés,
Seule et dans le secret je le foule à mes pieds;
Qu'à ces vains ornemens je préfère la cendre,
Et n'ai du goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre.
J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt.
Ce moment est venu. Ma prompte obéissance
Va d'un Roi redoutable affronter la présence.
C'est pour toi que je marche : accompagne mes pas.
Devant ce fier lion qui ne te connaît pas.

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Commande en me voyant que son courroux s'apaise, Et prête à mes discours un charme qui lui plaise. Les orages, les vents, les cieux te sont soumis : Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis.

SCÈNE V.

Toute cette scène est chantée.

LE CHOE U R.

UNE ISRA ÉLITE seule.

Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes;
A nos sanglots donnons un libre cours.
Levons les yeux vers les saintes montagnes
D'où l'innocence attend tout son secours.
O mortelles alarmes !

Tout Israël périt. Pleurez, mes tristes yeux :
Il ne fut jamais sous les cieux
Un si juste sujet de larmes.

TOUT LE CHOEUR.

O mortelles alarmes! etc.

UNE AUTRE ISRAELITE.

N'était-ce pas assez qu'un vainqueur odieux
De l'auguste Sion eût détruit tous les charmes,
Et traîné ses enfans captifs en mille lieux?

TOUT LE CHOE U R.

O mortelles alarmes!

LA MÊME ISRAÉLITE.

Faibles agneaux,

livrés à des loups furieux,

Nos soupirs sont nos seules armes.

TOUT LE CHOEUR.

O mortelles alarmes !

UNE ISTRA ÉLITE.

Arrachons, déchirons tous ces vains ornemens Qui parent notre tête.

UNE AUTRE.

Revêtons-nous d'habillemens

Conformes à l'horrible fête

Que l'impie Aman nous apprête.

TOUT LE CHOEUR.

Arrachons, déchirons tous ces vains ornemens
Qui parent notre tête.

UNE ISRAELITE, seule.

Quel carnage de toutes parts!

On égorge à-la-fois les enfans, les vieillards,

Et la sœur et le frère,

Et la fille et la mère,

Le fils dans les bras de son père.

Que de corps entassés! que de membres épars,
Privés de sépulture!

Grand Dieu, tes saints sont la pâture

Des tigres et des léopards!

UNE DES PLUS JEUNES ISRAELITES.

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Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ?
Ma vie a peine a commencé d'éclore ;

Je tomberai comme une fleur

Qui n'a vu qu'une aurore.
Hélas! si jeune encore,

Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur ?

UNE AUTRE.

Des offenses d'autrui malheureuses victimes,
Que nous servent, hélas! ces regrets superflus ?
Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus,
Et nous portons la peine de leurs crimes!

TOUT LE CHOEUR.

Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats. il ne souffrira pas

Non, non,

Qu'on égorge ainsi l'innocence.

UNE ISRAELITE, seule.

Hé quoi! dirait l'impiété,

Où donc est-il ce Dieu si redouté,

Dont Israël nous vantait la puissance?

UNE AUTRE.

Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux,
Frémissez, peuples de la terre,
Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux,
Est le seul qui commande aux cieux.
Ni les éclairs ni le tonnerre

N'obéissent point à vos dieux.

UNE AUTRE.

Il renverse l'audacieux.

UNE AUTRE.

Il prend l'humble sous sa défense.

Le Dieu

TOUT LE CHOEUR.

que nous servons est le Dieu des combats; Non, non, il ne souffrira pas

Qu'on égorge ainsi l'innocence.

DEUX ISRA ÉLITES.

O Dieu, que la gloire couronne ;
Dieu que la lumière environne,

Qui voles sur l'aile des vents,

Et dont le trône et porté par les anges!

DEUX AUTRES DES PLUS JEUNES.

Dieu, qui veux bien

que de simples enfans

Avec eux chantent tes louanges!

TOUT LE CHOEUR.

Tu vois nos pressans dangers:

Donne à ton nom la victoire.
Ne souffre point que ta gloire
Passe à des dieux étrangers.

UNE ISRAELITE seule.

Arme-toi: viens nous défendre.

Descends, tel qu'autrefois la mer te vit descendre. Que les méchans apprennent aujourd'hui

A craindre ta colère.

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